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Habitus baballe

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  • Red Tsar le 22/04/2022 à 18h40
    4/7. Un nouveau rapport aux États

    * Pour les néolibéraux, la transformation de l'État, aussi bien de son rôle que de ses modalités d'organisation (new public managment) est un point-clé. Les hauts-fonctionnaires sont sous « la fascination du privé » et on passe d'une gestion par les moyens à une gestion par les résultats (Vincent de Gaulejac et Fabienne Hanique, Le Capitalisme paradoxant. Un système qui rend fou, 2015). Encore une fois, il ne s'agit pas de détruire l'État, mais de le mettre au service du marché pour réaliser ce que Jean-Paul Hirsch appelle « les deux rêves du commerce » : la combinaison de la liberté et de la protection, garanties par l'État, au profit du commerce. Les grandes opérations de privatisations lancées à partir des années 1980 aussi bien au Royaume-Uni qu'en France sont emblématiques à cet égard.

    * Au-delà, on peut noter que les États se trouvent en concurrence avec de nouveaux acteurs à partir des années 1970.
    - Au début des années 1980, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), on comptait 7 000 multinationales dans le monde. En 2002 elles étaient 83 000 contrôlant 810 000 filiales employant 80 millions de personnes et représentant 80 % des flux commerciaux mondiaux.
    - On peut aussi mentionner les ONG, reconnues par l'ONU dès 1945, mais qui prennent un essor important dans les années 1970. En 1974, le président d'Amnesty international reçoit le prix Nobel de la paix. En 1977, c'est l'organisation elle-même qui reçoit ce prix Nobel. Greenpeace naît à Vancouver en 1971. Médecins sans frontières (MSF) est créée la même année, suite à la crise du Biafra. Médecins du Monde est créée en 1980, en sécession de la première.
    - Ce recul relatif des États dans la mondialisation est à la source de l'essai de Thomas Friedman, La terre est plate (2006). L'auteur identifie trois âges de la mondialisation : les États pour la première mondialisation qu'il fait courir de 1492 à 1800 (« le monde de taille moyenne », « comment collaborer avec les nations »), les entreprises pour la deuxième, qu'il situe entre 1800 et 2000 (le « petit monde » ou « l'économie mondiale »), et enfin les individus pour la troisième (le monde « minuscule »).


    * Plus encore, les États sont parfois soumis aux impératifs du secteur privé.
    - En 1975, les ¾ de la dette française est « non-négociable ». En 1987, les ¾ de la dette est « marchande ».
    - Des entreprises comme Amazon mettent en concurrence les acteurs publics pour choisir leurs lieux d'implantation (qui paiera les meilleures infrastructures et/ou offrira les meilleures conditions fiscales...). Sur Amazon, un titre incontournable : Alec MacGillis, Le système Amazon, une histoire de notre futur (2021).
    - Les États sont également à présent évalués par des agences de notation.
    - Ils font face à des opérations de lobbying intenses, dont parle aussi bien MacGillis pour Amazon (premier lobbyiste à Washington) que Stéphane Horel, dans l'excellent Lobbytomie. Comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie (2018).

    * Dardot et Laval reprennent le propos de Polanyi, pour qui la mise sous tutelle de la société par l'économie est violente. Ils soulignent que le néolibéralisme s'accompagne de la montée de formes d'autoritarisme et de répression de la part de l'État, pour imposer l'extension du marché, à laquelle les populations sont rétives. La séquence de la loi « travail » El Khomri (2016) et de la gestion des manifestations est emblématique à cet égard.
    - Là encore, les années 1970/1980 sont à la source de la rupture. Aux États, Reagan licence 11.000 contrôleurs aériens en grève 1981. En 1984-1985, c'est la violente répression de la grève des mineurs par Thatcher.
    - Vient de sortir, mais je ne l'ai pas lu : Sebastian Roché, La Nation inachevée. La jeunesse face à l'école et la police. Pour l'auteur, la jeunesse par ses expériences concrètes avec les administrations expérimente un rapport conflictuel à l'État.

  • Red Tsar le 22/04/2022 à 18h40
    5/7. Le retour des inégalités

    * Sur cette question, Piketty est incontournable, notamment son Le Capital au XXIe siècle (2013).
    - Quoi qu'on pense du personnage et de ses positionnements politiques, il n'est pas possible de ne pas rendre hommage à l'incroyable travail qu'il a fourni sur la question.
    - Outre le côté monumental des données traitées, on lui doit d'avoir mis en lumière le fait que les inégalités étaient en hausse et, surtout, qu'il fallait dépasser la question des revenus pour les observer, mais s'intéresser aussi aux patrimoines.
    * Jusqu'aux années 1970, la croissance s'accompagne d'une baisse des inégalités. Depuis, elle s'accompagne d'une hausse de celles-ci.
    - Aux États-Unis, les 1 % les plus riches disposent de + de 40 % du patrimoine de 1910 à 1930, puis une décrue commence. Ils ne possèdent plus « que » 25 % du patrimoine en 1970. C'est alors une remontée des inégalités. Ils possèdent aujourd'hui plus de 35 % du patrimoine. Leur part dans les revenus passe de 10 % en 1983 à près de 20 % aujourd'hui.
    - En Europe, la bascule a lieu une décennie plus tard. Les 1 % les plus riches passent de 55 % à 20 % du patrimoine de 1910 à 1980. Ils approchent à présent des 25 %. Les 1 % les plus riches engrangent 7 % des revenus en 1983 en France. Ils engrangent 11 % en 2007. En Allemagne, on passe de 9 % à plus de 13 %.
    - À partir de l'indice de Theil, François Bourguignon, qui a été économiste en chef et vice-président de la Banque mondiale) relève un même « renversement » : « après plusieurs décennies de stabilité, les inégalités à l'intérieur d'un grand nombre de pays, développés ou en développement, tendent à augmenter à nouveau. »
    - Ceux qui s'intéressent à la question peuvent consulter le très riche Rapport sur les inégalités mondiales de 2022 :
    lien
    On s'y intéresse aux questions de revenus, de patrimoines, d'inégalité de genres, d'inégalités géographiques, d'impact carbone...

    * Au-delà des aspects quantitatifs, il faut remarquer qu'il y a aussi un nouveau rapport « qualitatif » aux inégalités.
    - Les inégalités s'atténuent à l'échelle mondiale, mais s'ancrent de plus en plus aux échelles locales, ce qui les rend d'autant plus insupportables à vivre (Laurent Davezies, La République et ses territoires. La circulation invisible des richesses (2008), et Bourguignon, cité plus haut).
    - Dubet va plus loin. Pour lui, les inégalités sont désormais démultipliées (sociales, culturelles, territoriales...) individualisées, ce qui accroît les « frustrations » par un jeu de comparaison infini (Le Temps des passions tristes. Inégalités et populisme, 2019). Ce n'est plus en tant que classe sociale qu'on se compare à une autre classe sociale, mais en tant qu'individu à d'autres individus.

    * Cette inversion dans le rapport aux inégalités n'est évidemment pas un phénomène naturel. Il est porté par des idéologies et des décisions politiques qui les légitiment et leur donne corps. Outre ce qui a déjà été dit sur le néolibéralisme, on peut citer ici le très intéressant ouvrage de Christopher Lash : La Révolte des élites et la trahison de la démocratie (1995), auteur diffusé en France grâce à Michéa. Pour Lasch, les élites s'enferment (gated communities), se moquent et dévalorisent le peuple, ont perdu le sens du bien commun et abattent les protections sociales ou règles fiscales pour assurer leurs seuls intérêts... À cet égard, le discours populiste « anti-élite » ne serait qu'une réaction de défense certes regrettable, mais bien compréhensible.

  • Red Tsar le 22/04/2022 à 18h41
    7/7. Une géographie inversée

    * Comme on arrive à la fin, reprécisons bien qu'il ne s'agit en rien de dire « c'était mieux avant », juste de constater des phénomènes d'inversion et des pertes de repères à partir des années 1970. Le capitalisme ne se déployant dans un espace abstrait, il impacte évidemment l'organisation géographique du monde. On peut, notamment, mettre en avant quatre nouvelles logiques : essor des métropoles, explosion des flux, règne de la logistique, archipélisation de la production et du monde. Elles sont à relier à deux phénomènes décrits précédemment : remise en cause du rôle des États et financiarisation de l'économie.

    * L'essor des métropoles.
    - Les travaux pionniers sont ceux d'Olivier Dollfus et son Archipel mégalopolitain mondial et de Saskia Sassen avec son fameux The Global City (1991). Son ouvrage n'a été que tardivement traduit en France. Peut-être parce qu'elle avait honteusement oublié Paris dans sa liste des global cities... On peut aussi mentionner Stade Dubaï du capitalisme de Mike Davis (1997). Si les travaux émergent dans les années 1990, c'est que le phénomène, lui, prend corps dans les années 1970-1980.
    - Quelles sont les caractéristiques de ces métropoles ? : ultra-concentration de capital (Mike Davis montre que les gratte-ciel jouent cette fonction, par l'immobilier, de concentration de capital à Dubaï), promotion d'une société ludique, volonté d'expulsion ou d'invisibilisation de la pauvreté... Surtout, ces métropoles ne sont pas connectées à leur territoire proche. Elles sont connectées les unes aux autres. Là encore, Dubaï en est un exemple emblématique.
    - Il faut bien comprendre que ces métropoles ne sont pas des villes plus « grosses ». Leurs logiques fonctionnent à l'inverse de l'ancien système urbain. Dans ce système, les populations allaient vers les villes (exode urbain) et les capitaux quittaient les villes (où se trouvaient les banques) pour être investis dans les zones périphériques où la rentabilité serait meilleure, la main-d'œuvre moins coûteuse, etc. Ici, c'est l'inverse. Le coût de la vie oblige les populations (hors élite) à quitter les zones centrales et les capitaux vont vers ces zones centrales à la recherche de main-d'œuvre très qualifiée.


    * L'explosion des flux
    - En 1983, l'Europe exportait pour 1000 Md de $ de marchandises en valeur. En 2010, elle en exporte pour 6000 Md$. L'Asie passe de 300 à 4000, l'Amérique du Nord de 300 à 2000.
    - Le nombre de touristes internationaux passe de 150 millions en 1970 à 1,2 Md en 2019.
    - Les investissements directs à l'étranger ont été multipliés par sept depuis 1995.
    - On est passé d'un site Internet en 1991 à 1,7Md en 2017. Depuis 2000, le nombre de serveurs dédiés aux sites Internet a été multiplié par 10.
    - Certains chercheurs estiment qu'aujourd'hui les flux comptent davantage que la production dans le système capitaliste, ce qui amène certains à parler de « capitalisme de chaîne d'approvisionnement ».
    - Cette logique de flux provoque une perte de contrôle des salariés sur leurs entreprises ou du politique sur l'économique, qui peut se dérober par le flux. C'est la thèse de Timothy Mitchell dans Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l'ère du pétrole (2013) : « la pesanteur du charbon, la nécessité de l'extraire des mines puis de le charger dans des convois, etc., ont donné à ses producteurs un pouvoir considérable sur les flux d'énergie alimentant l'économie ; en utilisant la menace de les interrompre, ils créèrent syndicats et partis de masse, à l'origine des premières démocraties de l'ère moderne. Face à ces forces concurrentes, les classes dominantes occidentales ont cherché à organiser la transition énergétique à l'échelle mondiale. En effet, grâce à sa fluidité, sa légèreté et son exceptionnelle concentration en énergie, le pétrole permettait de contourner les réseaux et pouvoirs anciens. Ainsi fut créé un système d'acheminement beaucoup moins intensif en travail, plus flexible, résolument international… et beaucoup plus facilement contrôlable par les États et les multinationales. »
    - Cette logique flux modifie notre rapport au monde, mais de manière différenciée, selon le capital spatial dont on dispose. Un Japonais a par exemple accès à 191 pays avec un passeport sans visa, contre 26 pour un Afghan. De même, David Goodhart oppose les « anywhere » et les « somewhere » dans Les Deux Clans, la nouvelle fracture mondiale (2019). Les premiers, mobiles et fortunés, profitent de la mondialisation. Les seconds la subissent.

    * Le règne de la logistique
    - L'essor des flux a engendré dans les années 1980 ce que certains ont appelé la « révolution logistique ». Désormais, les magasins ne sont plus dépendants des producteurs. Ce sont au contraire Carrefour ou Wallmart qui commandent aux producteurs. Le rapport de force s'est inversé.
    - Les emplois d'activité logistique ont ainsi été multipliés par 3 depuis 1998 aux États-Unis. On compte aujourd'hui 1M d'emplois logistiques en France, contre 190 000 ouvriers de l'automobile, incarnation du capitalisme de l'âge de l'usine.
    - Une entreprise comme Amazon est emblématique des fortunes qui se créent non plus par la production, mais par la distribution. Mais on retrouve cela à toutes les échelles, avec le capitalisme de plateforme (Uber...).
    - Un ouvrage passionnant sur un des moments-clés de cette révolution de la logistique, l'invention du conteneur : Marc Levinson, The Box. Comment le conteneur a changé le monde (2011).

    * L'archipélisation de la production et du monde
    - Les métropoles ne sont plus connectées à leur territoire environnant, mais forment des archipels à l'échelle mondiale.
    - De même, les entreprises se dissocient de plus en plus d'un territoire en particulier pour fonctionner sur une logique d'archipélisation. Les entreprises se sont d'abord internationalisées, c'est-à-dire qu'elles ont cherché à trouver à l'étranger des débouchés pour écouler sur de nouveaux marchés une production qui demeurait localisée dans leur pays d'origine quand elles étaient confrontées à un marché national saturé. Ford ouvre ainsi à Paris dès 1908 puis à Londres en 1909 des espaces de vente destinés à écouler les Ford T produites dans les usines de Detroit, aux États-Unis.
    Dans un second temps, pour répondre au succès commercial, réduire les coûts de transport et surtout contourner les barrières douanières, les entreprises ne se contentent plus de vendre hors de leur pays d'origine. Elles décident également d'y produire. Cela leur permet aussi de bénéficier éventuellement de commandes publiques. Ford ouvre sa première usine européenne à Manchester en 1911, suivie par celle de Bordeaux en 1916. La même année, est inaugurée à Buenos Aires la première usine latino-américaine du groupe, suivie par celle de Sao Paulo en 1920. Plus qu'à des multinationales, on a alors affaire à des entreprises multidomestiques, en ce sens que si elles ne sont plus cantonnées à un seul marché national, elles sont encore loin d'opérer à l'échelle d'un marché réellement mondial.
    Dans un troisième temps enfin, les entreprises tendent à réduire la dispersion géographique de leurs unités de production. Les coûts de transport des matières premières et des produits finis de même que les tarifs douaniers ayant considérablement diminué, il n'est plus nécessaire de produire sur les marchés de consommation. Mieux vaut concentrer la production dans les espaces où elle est la moins coûteuse et la moins contraignante, en l'occurrence là où la main-d'œuvre est la moins chère, les normes sociales et. environnementales les moins exigeantes et les conditions fiscales les plus avantageuses. Dans le cas de Ford, le lancement de la Mondeo en 1993 illustre jusque dans le nom du véhicule cette logique qui aboutit à concentrer l'ensemble de la production de ce modèle, vendu à l'identique dans le monde entier, sur deux sites de production. Ce n'est donc plus tant la demande (rapprocher la production des marchés de consommation), mais bien l'offre (produire là où c'est le plus profitable) qui devient le critère de localisation déterminant. L'Asie et notamment la Chine, qui a lancé ses zones économiques spéciales (ZES) à la fin des années 1970 pour attirer les investisseurs étrangers, s'imposent alors progressivement comme les « usines du monde ». Ce troisième temps ne signifie pas pour autant que les entreprises se « renationaliseraient » du fait qu'elles concentrent progressivement. Leur production dans un seul ou dans quelques pays. D'abord parce qu'elles y ont de plus en plus souvent recours à des sous-traitants et n'y sont donc qu'indirectement implantées : Nike, archétype de la firme sans usines, n'emploie que 18 000 salariés, essentiellement dans les pays du Nord, mais ses sous-traitants en emploient 650 000, principalement en Asie. Ensuite et surtout parce que si la production est concentrée géographiquement, la commercialisation est, au contraire, de plus en plus étendue. Ce qui fait que ces entreprises peuvent être qualifiées de transnationales ou de globales, c'est donc que même si les décisions y demeurent centralisées et que la production tend à être géographiquement concentrée, le marché qu'elles visent est lui d'emblée pensé à l'échelle globale.
    D'une extrême souplesse, la DIPP (Division/Décomposition internationale des processus productifs) met en concurrence les territoires et les hommes afin de donner naissance à des biens que Suzanne Berger a qualifiés de Made in monde (2006).

    * Pour finir, je reviens à L'Anti-Oedipe, de Deleuze et Guattari. Leur propos sur les flux, même s'il n'est pas à proprement parler géographique, il interroge quand même la relation au territoire.
    - Pour Deleuze et Guattari, la réalité est constituée de « flux ». Mais ces flux ne se montrent pas d'eux-mêmes. Ils ne sont pas à voir. Ils doivent être « codés » et « décodés » pour être perçus. Pour eux, l'histoire de l'humanité peut être lue à travers des grands âges qui, chacun, ont leurs propres modes de codage/décodage.
    - Avec le capitalisme, les « codes » anciens, traditionnels, s'effondrent comme victimes d'une irrésistible poussée : c'est ce que nous appelons parfois la « mondialisation » : c'est-à-dire la disparition des frontières (qui participent incontestablement du « code »), des États, des souverainetés, l'unification du marché, des modes de vie, des consommations, la marchandisation universalisée, c'est-à-dire le fait que tout, sans exception, est destiné à devenir marchandise (d'où, par réaction, le fameux slogan de Millau : « le monde n'est pas une marchandise »), c'est-à-dire à entrer dans le règne de la quantité, de l'évaluation, de l'achat, de la vente et du profit –à quoi il faut ajouter les mouvements de population, les délocalisations, la circulation ininterrompue et frénétique des gens, des biens, des objets, une sorte de nomadisation généralisée, valorisée et favorisée par les développements du « télé » sous toutes ses formes : télévision, Internet, ordinateurs portables, téléphones sans fil, avions, etc. : tout ce qui nous permet (ou nous promet) une quasi « ubiquité », qui nous permet de nous détacher de plus en plus de la « terre », de voler au ciel comme des dieux, c'est-à-dire, pour parler comme Deleuze, de nous « déterritorialiser ». Le capitalisme, la mondialisation, apparaissent bien en effet comme une espèce de « décodage » généralisé des « flux » (plus rien ne doit s'opposer à la circulation des flux et à leur libre propagation) : frontières, douanes, lois ou coutumes locales faisant très vite figure, dans un monde capitalistique, d'archaïsmes ayant pour destin d'être supprimés ou folklorisés. Dans le capitalisme, finalement, fluide et décloisonné à l'extrême, le monde est présent en tout point du système. Ici se fait le lien entre capitalisme et schizophrénie.
    - Cette capacité de décodage ultime fait que le capitalisme est à la fois fou et créatif. Il libère tous les flux et il est donc du côté du désir contre les codes. Tandis que les autres régimes transforment la « plus-value de flux » en « plus-value de code », le capitalisme, inversement, transforme la « plus-value de code » en « plus-value de flux ». Tandis que les autres systèmes détournent une partie des « flux » au profit des « codes » (c'est-à- dire se réfèrent nécessairement à de l'extra-économique), le capitalisme fait inexorablement revenir tout ce qui est « code » dans les « flux » : autre façon de dire que pour lui rien n'est sacré, que tout peut être acheté ou vendu ; de cette façon, les flux, toujours plus alimentés, deviennent proprement irrésistibles –ce qui explique finalement que le capitalisme soit souvent comparable à une vague capable de submerger toute formation sociale traditionnelle, par dissolution généralisée des codes : « pour le travailleur libre, déterritorialisation du sol par privatisation ; décodage des instruments de production par appropriation ; privation des moyens de consommation par dissolution de la famille et de la corporation ; décodage enfin du travailleur au profit du travail lui-même ou de la machine –et, pour le capital, déterritorialisation de la richesse par abstraction monétaire ; décodage des flux de production par capital marchand ; décodage des États par le capital financier et les dettes publiques ; décodage des moyens de production par la formation du capital industriel, etc. »
    - Cependant, le capitalisme étant schizophrénique, bien qu'il soit d'essence déterritorialisante et révolutionnaire, ne manque jamais de reterritorialiser, paradoxalement, selon des modes « réactionnaires », « artificiels » ou « néo-archaïques ». De là, par exemple, l'oscillation, dans la culture américaine entre un pôle déterritorialisant (la frontière à dépasser) et un pôle reterritorialisant (la famille), la nation capitaliste par excellence laissant ainsi clairement voir, dans les représentations qu'elle donne d'elle-même, la double tendance révolutionnaire / réactionnaire qui est la contradiction même du capitalisme.
    - Le décodage capitaliste n'a donc pas pour fin de provoquer la jouissance, mais de la différer ou de l'entraver indéfiniment [« différance de la jouissance »]. Par opposition à la schizophrénie, le capitalisme est donc lié à « l'instinct de mort » : « On voit les plus défavorisés, les plus exclus, investir avec passion le système qui les opprime, et où ils trouvent toujours un intérêt, puisque c'est là qu'ils le cherchent et le mesurent. L'intérêt suit toujours. L'antiproduction infuse le système : on aimera pour elle-même l'anti-production, et la manière dont le désir se réprime lui-même dans le grand ensemble capitaliste. Réprimer le désir, non seulement pour les autres, mais en soi-même, être le flic des autres et de soi-même, voilà ce qui fait bander, et ce n'est pas de l'idéologie, c'est de l'économie. Le capitalisme recueille et possède la puissance du but et de l'intérêt (le pouvoir), mais il éprouve un amour désintéressé pour la puissance absurde et non possédée de la machine. Oh, certes, ce n'est pas pour lui ni pour ses enfants que le capitaliste travaille, mais pour l'immortalité du système. Violence sans but, joie, pure joie de se sentir un rouage de la machine, traversé par les flux. »

  • Red Tsar le 22/04/2022 à 18h42
    6/7. Affaissement des collectifs

    * L'affaissement des collectifs prend différentes formes.
    - Il est évidemment à mettre en relation avec la montée des inégalités, la diffusion de l'idéologie néolibérale et l'affaissement du consensus envers l'État, lequel assurait un lien entre les différentes catégories sociales. Un exemple représentatif du basculement idéologique en la matière est la publication par Garret Hardin de La Tragédie des communs (article), en 1968. Pour Hardin, les ressources gérées collectivement (forêts, zones de pêche, champs...) sont vouées à l'épuisement écologique, car elles seraient mieux gérées sous le régime de la propriété privée. En théorie, pourquoi pas. Dans la réalité, Elinor Ostrom, qui reçoit le prix dit « Nobel d'économie » pour ces travaux en 2009 (première femme dans cette catégorie), montre que c'est l'inverse. Les « communs » sont soigneusement gérés par les communautés. Une fois privatisés, ils sont épuisés ou dilapidés en quelques années ( lien).
    - Il s'agit là d'une inversion marquante. Jusqu'aux années 1970, plus le capitalisme se développe, plus il produit des classes sociales de plus en plus homogènes et de plus en plus conscientes d'elles-mêmes et de leurs intérêts. C'est donc un véritable basculement.


    * Mode de vie et consommation
    - L'individualisation passe d'abord par les modes de vie et les consommations. Dans Le Système des objets (1968), Baudrillard pose que « toute personne se qualifie par ses objets. » Si de tout temps il y a eu des objets différents en fonction de sa classe sociale (vêtements...), il n'y a plus aucune transcendance (de classe, par exemple) dans le rapport à l'objet. Tout objet peut désormais être acheté et circuler d'un individu à un autre. Or «  le fait qu'un système de lecture et de reconnaissance soit aujourd'hui valable pour tous, que les signes de la valeur soient entièrement socialisés et objectivés ne mène pas du tout à une « démocratisation » réelle. Il semble au contraire que la contrainte de référence unique ne fasse qu'exacerber le désir de discrimination ».
    - Bourdieu, avec La Distinction (1979, pas lu), montre que nous sommes à présent, par nos modes de vie et de consommation, dans une lutte pour la distinction qui transforme des différences très faibles en différences radicales, puisque hiérarchisées. Bien évidemment, il faut savoir se distinguer, mais avec style. Il faut savoir « rester bourgeois » sans en donner l'air (Anaïs Collet, Rester bourgeois. Les quartiers populaires, nouveaux chantiers de la distinction, 2015 : avec des pages très intéressantes sur Montreuil et La Croix Rousse, si ça intéresse certains ici).
    - Chacun est à présent entièrement responsable de lui-même et de son bonheur (Edgar Cabanas et Eva Illouz, Happycratie. Comment l'industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, 2018). À chacun de gérer ses échecs et de se reconstruire (Thierry Ribault, Contre la résilience, à Fukushima et ailleurs, 2021). Le système ne peut pas être mis en cause : ce sont les individus qui sont défaillants.

  • Red Tsar le 22/04/2022 à 18h42
    * Au travail
    - Le marché du travail est également impacté par l'affaissement des collectifs. Il est désormais découpé en « segments (INSEE : lien). La prise de conscience a lieu dans les années 1970, comme en témoigne la publication en 1982 de l'ouvrage collectif Segmented Work, Divided Workers. Pour Xavier Vigna, la « fissure du consensus » (gestion collective et non individuelle des salariés) s'opère à partir de 1968. De même, pour Chiapello et Boltanski, les « éléments essentiels de ce compromis [forgé en 1945] – à savoir le diplôme, la carrière et la retraite – ont été ébranlés » à partir des années 1970.
    - Le « capitalisme de plateforme » (Srnicek) et le statut d'auto-entrepreneur (Sarah Abdelnour, Moi, petite entreprise. Les auto-entrepreneurs, de l'utopie à la réalité, 2017, pas lu) posent chacun un rapport individuel au travail. Le « précariat » (Guy Standing) nuit aussi aux collectifs de travail.
    - Mais l'individualisation s'opère également au sein des entreprises, entre collègues. C'est le temps de l'agilité, de l'adaptabilité, du management par objectifs (Boltanski/Chiapello). Chacun est appelé à être exceptionnel, à se dépasser, recevant par là de multiples injonctions paradoxales (Vincent de Gaulejac et Fabienne Hanique, Le Capitalisme paradoxant. Un système qui rend fou, 2015). Danièle Linhart décrit ces mutations dans La Comédie humaine du travail. De la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale (2015) :
    « L'usine sans ouvriers a été longtemps un rêve caressé par les employeurs capitalistes. Plus que jamais, les managers sont convaincus que les rigidités auxquelles ils sont confrontés, et qui menacent la performance de leur entreprise, se trouvent du côté de ce qu'on appelle les ressources humaines (RH). C'est de là que viennent, selon eux, les résistances, les inerties, le déficit d'adaptation et de réactivité. En France, cette conviction vire à l'obsession. Il faut tarir les sources de la contestation, de la critique et rendre les salariés conformes à ce que l'on attend d'eux dans la tourmente de la concurrence mondiale. Il faut les faire entrer dans le moule. Cela passe par un certain nombre de phases : orchestrer l'oubli (le passé est disqualifié en tant que tel, il faut que les salariés se défassent de leurs habitudes et représentations antérieures), promouvoir l'idée d'une sélection attentive (tout le monde ne peut pas contribuer efficacement à la performance), et miser sur les qualités humaines plus que professionnelles des salariés. Le management moderne se met donc en place à travers des dispositifs et des procédures portés par une idéologie bien spécifique, celle d'une révolution humaniste : désormais, dans un environnement de plus en plus incertain et difficile, c'est l'homme que l'on met au cœur du modèle. En contrepartie, on attend de lui qu'il s'engage à fond et selon les méthodes mises au point par les experts en management et organisation. »
    « Un des fondements de cette domination est sans doute l'individualisation systématique de la gestion des salariés enclenchée par le patronat au milieu des années 1970. Étienne de La Boétie écrivait en 1549, dans son célèbre ouvrage (1993) Discours de la servitude volontaire, « pour que les hommes, tant qu'ils sont des hommes, se laissent assujettir, il faut de deux choses l'une : ou qu'ils y soient contraints, ou qu'ils soient trompés ». On pourrait ajouter qu'un des moyens de les contraindre et de les tromper est de les isoler, de les atomiser, en ne voyant en eux que des individus en quête de réalisation personnelle, ou en proie à des problèmes personnels. »
    « Dans la période de modernisation managériale que nous connaissons depuis les années 1980, il semble que, malgré la diffusion des nouvelles technologies de l'information et de la communication, la capacité des individus à questionner le modèle et à introduire une distance critique s'est encore amoindrie. Sans doute l'individualisation et la mobilisation explicite de la subjectivité des salariés mises en place par le management moderne jouent-elles un rôle important dans cette vulnérabilité accrue à l'influence de l'idéologie dominante, qui entraîne elle-même une fragilité plus forte. »
    « Un deuxième phénomène, bien plus massif, plus systématique et de plus longue durée devait accentuer cette mise à mal des collectifs : la politique d'individualisation de la gestion des salariés et d'organisation de leur travail, initiée par un patronat traumatisé par la puissance de la grève générale de trois semaines avec occupations, qui a secoué la France au cours du mois de mai 1968. Cette capacité de contestation massive devait être contrée, et le choix fait dans la première moitié des années 1970 de l'individualisation s'est appuyé sur une rhétorique bien huilée. C'est en surfant sur l'écume de la démocratisation et des aspirations à plus de liberté, d'autonomie et de reconnaissance, que le patronat français a réussi à légitimer un processus d'individualisation qui avait pour cible ces collectifs sources de contestation et d'opposition. Ces collectifs qui faisaient à leur façon obstacle à la domination que revendiquent les directions au nom du bon fonctionnement de leur entreprise. »
    « L'individualisation commença donc dans l'après-Trente Glorieuses au milieu des années 1970, en réaction et comme parade aux événements de Mai 68 qui compromettaient l'avenir ; elle se présente sous des formes variées, mais qui toutes présentent une forte ambivalence. Elles correspondent à des libertés supplémentaires, des avantages bien réels, tout en ayant toujours cet effet de diminuer l'influence des collectifs et ainsi d'accentuer l'emprise patronale sur les salariés. Prenons le cas des horaires variables, initiés au milieu des années 1970 dans certaines entreprises : ils se présentent comme un desserrement des contraintes temporelles accordé aux salariés, qui peuvent désormais disposer d'une certaine marge dans les heures d'embauche. Si le gain est réel, il contribue cependant à déstructurer la vie collective, car les salariés ne prennent plus leur pause ensemble, ne déjeunent plus ensemble et ne sortent plus en même temps. Il en va de même avec la polyvalence, qui permet aux salariés et surtout aux ouvriers de changer de postes dans la journée ou dans la semaine, ce qui incontestablement introduit une certaine variété dans un univers répétitif, mais complique, là encore, la vie des collectifs, dans la mesure où les salariés ne travaillent plus dans la durée côte à côte. Les augmentations individuelles de primes, puis de salaires, auront les mêmes effets ambivalents : d'un côté, cela permet une reconnaissance des qualités et des efforts de chacun, ce qui satisfait certaines aspirations bien réelles ; de l'autre, et de façon évidente, cela institue des logiques de compétition, de concurrence entre les membres des collectifs, et parachève la perte de substance qui les affecte.
    Et que dire de ces fameux entretiens individuels d'évaluation avec le N+1 (le supérieur hiérarchique immédiat) au cours desquels chaque salarié, quelle que soit sa place dans la hiérarchie, se voit assigner des objectifs personnels pour l'année et, un an plus tard, subit une évaluation, elle aussi personnelle, de sa performance ? On mesure là à quel point le chemin parcouru depuis les années 1970 jusqu'aux années 2000 est spectaculaire : qui aurait pu imaginer un seul instant qu'un ouvrier aille, durant les Trente Glorieuses, tout seul dans le bureau de son chef, sans être accompagné par un représentant du personnel, un délégué syndical ou des collègues, pour se voir définir des objectifs individuels (assiduité, disponibilité, qualité de la coopération avec les collègues, attention aux ordres, implication, augmentation de la productivité…) ?
    L'individualisation s'est encore imposée dans le monde du travail de manière plus sophistiquée, par une intrusion dans les relations entre salariés. En effet, sous couvert de modernisation, le management a introduit la logique de prestations de services en interne afin de réguler les rapports que les salariés établissent entre eux spontanément. Il a commencé par l'instaurer entre départements, entre services, et pour finir, également entre salariés et jusque sur les chaînes de fabrication entre opérateurs ; chacun étant considéré comme le client de celui qui travaille en amont et le fournisseur de celui qui travaille en aval, avec les droits et les devoirs qui accompagnent toute relation de ce type. »
    Comme le montre Linhart, ce n'est plus l'entreprise, le travail, voire la société qui doit changer. C'est le salarié qui doit s'adapter.

    - Qui de l'œuf ou de la poule ? Mystère. Mais les données restent incontournables. Aux ÉU, le taux de syndicalisation passe de 25 % en 1977 à 15 % en 1988, puis 12 % aujourd'hui (6 % chez temps partiels). En France, le taux de syndicalisation est aujourd'hui de 11 % pour l'ensemble (1 % pour les salariés intérimaires, 8 % pour les salariés à temps partiel). Il était à près de 30 % en 1945.

  • Red Tsar le 22/04/2022 à 18h43
    * Peut-on encore faire société ?
    - Debord voit dans la société du spectacle un monde dans lequel nous devenons spectateurs de nos vies et spectateurs les uns des autres. Pascal avait rapporté une magnifique citation de René Major, que je ne connaissais pas : nous sommes passés « de la société du spectacle au spectacle sans société ».
    - Toni Negri et Michael Hardt interrogent la pertinence du concept de classe sociale et se demandent si nous n'avons pas basculé dans un monde de « communautés de singularités ».

  • Pascal Amateur le 22/04/2022 à 18h46
    Merci, oh là là, que de lecture ! Ça va être bien.
    S'agissant de l'amphibologie "une magnifique citation de René Major, que je ne connaissais pas", que ne connaissais-tu pas, la citation ou l'auteur ? (ou les deux)

  • Red Tsar le 22/04/2022 à 18h46
    J'ai dû découper la fin en petits morceaux, car un truc passait pas. J'ai pas trouvé quoi et du coup vous n'aurez pas la fin sur Bauman et la société liquide, désolé.

  • Red Tsar le 22/04/2022 à 18h49
    >>> Pour finir, je vous remets dans l'ordre les différents liens :

    I. DÉFINIR LE CAPITALISME lien
    I.1- Les « idéalistes »
    * Weber
    * Sombart
    I.2- Les « matérialistes » lien
    * Marx
    * Braudel
    I.3- Le cas Polanyi lien

    II. LES MUTATIONS DU CAPITALISME lien
    II.1- Le retour d'un cycle d'hubris capitaliste ?
    * Extension de la marchandisation
    * Extension géographique
    * Extension de la pression sur l'environnement lien
    * Extension de la rationalité comptable
    * Extension du « fétichisme » et de l'« aliénation »

    II.2- Un capitaliste inversé ? lien
    * D'un capitalisme de la prospérité à un capitalisme de crises
    * De la production à la financiarisation
    * Un basculement idéologique néo-libéral
    * Un nouveau rapport aux États lien
    * Le retour des inégalités
    * L'affaissement des collectifs
    * Une géographie inversée

    >>> Et si vous voulez aller plus loin, dix propositions de titres :

    ** Les Classiques
    - Max Weber, L'Esprit du capitalisme
    - Karl Marx, Contribution à la critique de l'économie politique (une première tentative de somme globale, avant le Capital : moins complet et moins systématique et donc plus lisible)

    ** Les nouvelles lectures
    - Guy Debord, La Société du spectacle
    - Jean Baudrillard, Le Système des objets
    - Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le Nouvel esprit du capitalisme

    ** Les thématiques
    - Capitalisme et environnement : coll., L'Événement anthropocène
    - Capitalisme et féminisme : Silvia Federici, Le capitalisme patriarcal
    - Capitalisme et identités/cultures : Arjun Appadurai, Condition de l'homme global
    - Le Néolibéralisme : coll., Le choix de la guerre civile. Une autre histoire du néolibéralisme
    - La « dysfable » de l'île Nauru : Luc Folliet, Comment la civilisation capitaliste a anéanti le pays le plus riche du monde

  • Red Tsar le 22/04/2022 à 18h50
    Ni l'un(e) ni l'autre !