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Habitus baballe

Pour causer socio, éco, sciences-po, anthropo, histoire-géo, philo, épistémo, Adorno, filporno, Bernard Pardo...

  • Pascal Amateur le 29/04/2022 à 19h24
    Ils ont des Chapoutot, vive la Bretagne ?

  • Le génie se meurt ? Ah mais l'mage rit le 29/04/2022 à 22h28
    Pour faire écho (certes lointains) avec les derniers message de redstar,
    en linguistique on a remarqué un truc "rigolo", l'utilisation de vocabulaire autour des émotions aurait diminué au profit de celui autour de la raison et de la logique entre 1850 et 1975. Mais à partir de 1975-80, on voit l'inverse, un retour de l'utilisation de vocabulaire centré autour de l'émotion.
    De là à y interpréter un nouvel âge de l'individualisme poussé à l'extrême dans la société de consommation actuelle...

    lien

  • Red Tsar le 30/04/2022 à 18h52
    Ca a l'air très intéressant. Je ne sais pas si tu peux accéder au contenu de l'article et, le cas échéant, avoir quelques données chiffrées ou, pourquoi pas, un graphique ?

  • Le génie se meurt ? Ah mais l'mage rit le 02/05/2022 à 09h45
    Dans l'article, il y a des chiffres sur l'augmentation du nombre d'études scientifiques menées dans le domaine de l'émotion.
    Tu peux retrouver le graphique ici : lien

    Pour ce qui est de la lexicologie (qui prend en compte d'autres sources que simplement les études scientifiques), il faut que je retrouvre le bouquin, dès que je l'ai je reviendrai vous en parler ou au moins vous donner la référence.

  • John Six-Voeux-Berk le 02/05/2022 à 10h31
    C'était un peu "mon" domaine dans le champ littéraire, ou du moins ce qui aurait pu le devenir, si j'avais été un peu plus courageux pour aller au bout de mes recherches.

    Quand j'ai travaillé sur la question (début des années 2000), le sujet était déjà bien balisé en philosophie morale, en esthétique, en rhétorique, et de plus en plus en économie et en psychologie (pour notamment compenser la fragilité des modèles de rationalité économique en vigueur). Depuis, le concept s'est répandu en histoire notamment (je pense entre autres à Sophie Wahnich et à sa lecture "émotionnelle" de la Révolution).

    La philosophie "émotionnelle" (du moins celle à laquelle j'avais eu accès) partait souvent de l'idée qu'une émotion était toujours un crypto-jugement de valeur (ce point de départ permet d'élaborer beaucoup de théories intéressantes à mon avis).

    Pour ma part, je m'intéressais au XVIIIème siècle, qui, c'était du moins mon hypothèse de travail, avait subi un glissement de conception émotionnelle : en gros, on passe d'un vocabulaire des "passions", à un lexique des "émotions". On passe de forces psychiques hypostasiées (désolé, je ne vois pas comment le dire autrement : en gros les passions sont des actants dotés de leur propre logique, qui peuvent même faire de l'"âme" une arène), aliénantes à des affects transitoires, sentis, interprétables par un sujet (les émotions). Le roman du XVIIIème était mon terrain de chasse.

    Cette modification transformait, toujours selon mon hypothèse, notre morale, notre manière de nous concevoir comme sujets, notre relation aux autres, au monde, aux oeuvres, etc. Entre autres, l'émotion s'impose comme concept descriptif quand "l'âme" et ses "passions" ne convainquent plus.

    Faire de cette bascule un jalon de l'hyperindividualisme, pourquoi pas? Mais ce serait se débarrasser trop vite de ce que les grands penseurs du XVIIIème ont élaboré : Adam Smith (sa théorie des sentiments moraux est essentielle), Diderot, Rousseau... Diderot par exemple considère que le seul moyen de créer une collectivité serait justement d'inventer un théâtre émotionnel qui n'en appellerait plus aux passions tragiques mais aux émotions partageables. Un peu avant, les romanciers (Prévost, Marivaux notamment) se débarrassent des modèles aristotéliciens du pathos, pour susciter des réactions plus fines, et une expérience émotionnelle qu'ils considèrent comme éminemment morale, et à ce titre aussi, sociale.

    Il faudrait aussi parler de Hume et de sa manière de considérer la "raison" comme une "émotion" simplement affaiblie. Etc.

  • Pascal Amateur le 02/05/2022 à 10h59
    À ma modeste mesure, je noterais le développement dans la littérature enfantine des ouvrages visant à "cerner" les émotions, c'est-à-dire à les "symboliser" – poser un mot, un nom sur un affect par définition difficile à cerner. J'y vois un souhait de maîtriser l'équivoque, de maîtriser tout simplement l'autre dans son affectivité, et dans l'ambiguïté de ce registre affectif – est-ce de la colère, de la haine, de la jalousie qui se nourrit de cela ? Etc. Le risque est mécanique : qu'à une expression émotionnelle donnée soit fournie une réponse prétendument adéquate (qui consiste le plus souvent à apaiser cette émotion, donc à la dévaloriser, jusqu'à la taire). C'est la même logique que l'espéranto ou la langue universelle de Leibniz, la suppression de l'ambivalence, de l'indéfinissable, du non-saisissable.

  • Red Tsar le 02/05/2022 à 11h55
    Merci pour vos intéressantes considérations (ainsi que celles sur le Fil littéraire, JSVB). Désolé, Génie si je t'ai fait bosser pour un truc que j'aurais pu faire moi-même, mais je n'arrivais pas à accéder à l'article.

  • John Six-Voeux-Berk le 02/05/2022 à 12h27
    Précisément, les oeuvres du XVIIIe qui témoignent du passage des passions à l'émotion ne visent pas seulement lieu à nommer ou à classer les "émotions", par définition instables et transitoires (même si la "néo-préciosité" d'un Crébillon fils ou d'un Marivaux consiste aussi à développer le vocabulaire qui s'y rapporte), mais d'abord à les faire sentir.

    Une partie du reproche de mièvrerie formulé à l'encontre de la "sensibilité" larmoyante du XVIIIème (et on parle aussi bien du Diderot théâtral que de Bernardin de Saint Pierre ou que d'un certain Voltaire) est justifiée : certains auteur préfèrent travailler les émotions faciles, massives, quitte à abandonner tout travail critique au profit de l'intensité ; mais à côté de cet emploi sentimental de l'émotion (qui fait sangloter hystériquement... ou qui fait "décharger" chez Sade... pornographie et sentimentalité, excrétions différentes, mais fondements similaires), il existe aussi une littérature délicieusement ambiguë qui met en échec nos jugements de valeur et donc également nos réponses affectives programmées (cf : "émotion=jugement de valeur").

    Les deux grands exemples de cette exploitation de l'indiscernable (émotionnel et moral) étant Prévost et Marivaux (ou Diderot, lorsqu'il abandonne son ambition de prêcher la vertu sur scène). Les contemporains avaient parfaitement raison de reprocher à l'un et à l'autre de saper la morale ordinaire ; ils avaient tort de ne pas voir que ce travail de sape permettait aussi de reconstruire une autre morale commune.

  • Pascal Amateur le 02/05/2022 à 12h43
    Les premières pièces de Marivaux sont délicieusement troublantes, et l'on sent un auteur dépassé par son écriture, par la cruauté qui s'en dégage – laquelle, me semble-t-il, sera peu à peu apprivoisée (l'écriture, mais aussi bien les aspérités brutales), jusqu'à aboutir à une seconde moitié m'a-t-il paru assez conformiste, et sans grande surprise. C'est cette première écriture qui est palpitante, comme a pu l'être bien plus tard celle de Bernanos, et que Barbey d'Aurevilly ose trop peu (quelques passages des "Diaboliques" mettent le doigt au feu). Mais quand la morale, le message s'en mêlent, rare est l'œuvre qui touche à la grâce.

  • Le génie se meurt ? Ah mais l'mage rit le 02/05/2022 à 13h55
    Youpi, j'ai retrouvé ce que je cherchais.
    The rise and fall of rationality in language :
    lien

    résumé traduit avec deepl :
    "L'ère de la post-vérité a pris beaucoup de monde par surprise. Nous utilisons ici une analyse massive du langage pour démontrer que l'essor de l'argumentation sans faits peut peut-être être compris comme faisant partie d'un changement plus profond. Après 1850, l'utilisation de mots à connotation sentimentale dans Google Books a systématiquement diminué, tandis que l'utilisation de mots associés à une argumentation fondée sur des faits a augmenté de manière constante. Ce schéma s'est inversé dans les années 1980, et ce changement s'est accéléré vers 2007, lorsque, dans toutes les langues, la fréquence des mots liés aux faits a chuté tandis que le langage chargé d'émotions a augmenté, une tendance parallèle à un passage d'un langage collectiviste à un langage individualiste."