Seuls 36% des internautes parviennent à saisir leur e-mail / password du premier coup. En feras-tu partie ? Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Habitus baballe

Pour causer socio, éco, sciences-po, anthropo, histoire-géo, philo, épistémo, Adorno, filporno, Bernard Pardo...

  • Pascal Amateur le 12/04/2022 à 07h54
    Ah, plein de bonne lecture pour aujourd'hui, merci !

  • Franco Bas résilles le 12/04/2022 à 08h45
    Red, tu demandes où aller : j'ai connu l'existence de Tristan da Cunha par l'ouvrage de Bazin (Hervé).
    lien
    Mais le climat, comment dire...

  • Red Tsar le 12/04/2022 à 17h11
    L'histoire a l'air très sympa. Rapportée comme elle l'est là, elle montre bien que la question n'est pas celle du progrès ou de la modernité vs vie primitive, qu'il ne s'agit pas d'être contre la science, la technique, etc.
    Par contre, pour le climat, si en plus c'est un René qui le dit... :)

    Allez hop, suite d'hier.

    @GJ : oui, tu as deviné en grande partie le casting de la semaine prochaine. Sauf Lacan, que je ne maîtrise pas du tout et sur lequel je serais d'ailleurs curieux d'en savoir plus.

  • Red Tsar le 12/04/2022 à 17h11
    ** 3/5. Extension de la pression sur l'environnement
    - L'exploitation des ressources « naturelles » n'est pas le propre du capitalisme. C'est un impératif pour toute société humaine. Mais le capitalisme les transforme en valeur d'échange et il étend le champ des ressources exploitées (hydrocarbures...), y compris des ressources vitales. On a désormais un marché de l'eau pratiquement globalisé, un marché de l'air qui émerge, un marché des émissions « carbone », etc.
    - Autre point notable, les dommages ne se plus localisés, mais globaux. C'est l'oekoumène entier, désormais, qui est en péril. La Terre est-elle destinée à devenir un érème géant ? Les divers groupes de l'humanité ne sont pas également responsables et victimes du global warming. La hausse des émissions carbonées suit ainsi celle de l'investissement en capital, pas celle du nombre d'humains sur Terre. C'est pourquoi de nombreux auteurs préfèrent parler de « capitalocène » pour désigner la période que nous vivons.
    Sur ce sujet, un excellent petit ouvrage de synthèse : L'Événement Anthropocène La Terre, l'histoire et nous, de Jean-Baptiste Fressoz et Christophe Bonneuil ( lien). On peut aussi s'intéresser aux intéressantes réflexions sur le sujet d'Andreas Malm, notamment L'Anthropocène contre l'histoire. Le réchauffement climatique à l'ère du capital (2017) : lien
    - Parmi les dérèglements environnementaux liés aux modes de production actuels, on peut également mentionner la croissance inédite des zoonoses, plus nombreuses et se diffusant plus vite, dont le SARS-CoV-2, ce qui a amené Jérôme Baschet à qualifier la dernière pandémie de « maladie du capitalocène ». Des chercheurs s'intéressent également au concept de « syndémie », c'est-à-dire des maladies croisant facteurs biologiques et environnementaux. Une petite notice de Philosophie Magazine, ici : lien
    Ce sujet est un bel exemple de perte de temps des complotistes : la vérité « officielle » interroge bien plus les fondements du système qu'une supposée histoire de laboratoire (lire les travaux sur le « One Health », concept adopté par la FAO, l'OMS, l'UE, les institutions françaises : lien, notamment suite à la grippe aviaire H5N1).
    - Tous ces éléments rappellent évidemment Polanyi, qui, dès 1944, mettait en avant une particularité du capitalisme : il menace la survie même des hommes.

  • Red Tsar le 12/04/2022 à 17h11
    ** 4/5. Extension de la rationalité comptable
    - Weber et Sombart avaient mis en avant le principe de rationalité comptable comme fondement du capitalisme, puisque l'objectif est de maximiser les gains financiers (« capitalisme moderne rationnel », de Weber, « comptabilité en partie double » de Sombart).
    - Cette approche comptable de la vie s'est étendue au monde du travail lors du deuxième âge du capitalisme (taylorisme, organisation scientifique du travail).
    - Elle s'est étendue à de larges pans de notre vie sociale depuis les années 1970 : les algorithmes décident des entrées à l'université, orientent nos rencontres, nos visionnages ou nos écoutes musicales, tranchent sur des décisions pour des contrats bancaires ou d'assurance, achètent ou vendent des titres financiers, gèrent des flux humains... Des expériences sont même menées pour gérer les frontières avec des robots (smart borders) ou faire réaliser des procédures d'enquêtes ou des jugements par des intelligences artificielles. Sur le sujet, un intéressant ouvrage de Cathy O'Neil, Weapons of Math Destruction (2016), préfacé par Villani, donc pas un opuscule particulièrement anti-système, qui interroge le modèle de société qui se dessinent avec ce mode de rationalité. Les travaux de Supiot ont également été cités et, effectivement, La Gouvernance par les nombres (2015) est un incontournable, plus complexe, mais plus riche aussi. Il montre que cette gouvernance modifie en profondeur notre rapport au travail, notre rapport aux autres et à la société, mais aussi les manières de gouverner. Cette gouvernance par les nombres remplace la gouvernance par la loi ou la gouvernance par les hommes et « substitue la carte au territoire ; il congédie les faits au profit de leur représentation imaginée ». Supiot s'appuie en partie sur le travail de Polanyi, appelant à « réencastrer » les marchés dans la société. On peut aussi retrouver dans ses propos l'analyse de Debord selon lesquels l'entrée dans le capitalisme est marquée par le passage du qualitatif au quantitatif.

  • Red Tsar le 12/04/2022 à 17h11
    ** 5/5. Extension du « fétichisme » et de l'« aliénation »
    * Fétichisme et aliénation ne datent pas des années 1970. Mais on peut voir alors un renforcement de ces phénomènes.
    - Pour Marx, une des caractéristiques du capitalisme est le processus d'aliénation du travailleur, une triple aliénation : travailleur dépossédé de sa force de travail, qu'il doit vendre à autrui, de ses outils de travail et du fruit de son travail. Cette aliénation, forme de scission, explique le paradoxe selon lequel « l'ouvrier devient d'autant plus pauvre qu'il produit plus de richesse, que sa production croit en puissance et en volume. L'ouvrier devient une marchandise d'autant plus qu'il crée plus de marchandises. La dépréciation du monde des hommes augmente en raison directe de la mise en valeur du monde des choses […]. Plus l'ouvrier s'extériorise dans son travail, plus le monde étranger, objectif, qu'il crée en face de lui, devient puissant, plus il s'appauvrit lui-même et plus son monde intérieur devient pauvre, moins il possède en propre. » (Marx, Manuscrit de 1844). Marx ne parle pas de pauvreté économique ici, bien évidemment. On est là sur un plan plus philosophique.
    - Le second trait « philosophique » du capitalisme est son fétichisme. La marchandise occulte la réalité des relations sociales, le travail réel devient un support abstrait... Supiot en parle aussi, qui dénonce le « fétichisme du chiffre » dans nos sociétés contemporaines. Pour Marx, le capitalisme crée un « monde enchanté et inversé », dans lequel les apparences masquent le réel, par le fétichisme de la marchandise, le fétichisme au carré de l'argent et le fétichisme au cube du capital, présenté comme sa propre cause (causa sui, attribut réservé aux dieux), qui nous fait des tenir des propos comme : « le salaire est le prix du travail », ce qui occulte le processus d'exploitation, ou « l'argent travaille », occultant le travail humain réel. Ce fétichisme est le fruit d'un double processus : la « chosification » (ou naturalisation) des relations sociales, notamment d'exploitation, et, en miroir, la « personnification » des choses. Marx compare ce fétichisme aux religions. Mais le fétichisme capitaliste est d'autant plus puissant qu'il s'agit d'illusions matériellement produites.
    - Ces notions d'aliénation et de fétichisme font l'objet de nombreux travaux à partir des 1970. Debord, dans La Société du spectacle (1967), étend les concepts de Marx à l'ensemble de la société. Nous sommes aliénés dans l'ensemble de notre vie : de sujet nous sommes devenus objets, d'acteurs nous sommes devenus spectateurs. En 1972, Deleuze et Guattari publient leur fameux Anti-Oedipe, sous-titré Capitalisme et Schizophrénie 1. J'y reviendrai plus en détails dans la prochaine partie. Mais pour ce qui nous concerne ici, il faut relever que les deux compères analysent le capitalisme comme un double processus de déterritorialisation et d'abstraction progressive, bref de perte de relations au concret, de scissions. C'est une idée que l'on retrouve aussi chez Alfred Sohn-Rethel dans les années 1970, notamment dans La pensée-marchandise. Pour Sohn-Rethel, le capitalisme est un système qui génère des « abstractions réelles », des abstractions qui ne surgissent pas de la pensée, mais de l'agir, du processus marchand.
    - Cette idée continue à être travaillée aujourd'hui, chez Matthew Crawford, par exemple. Dans Éloge du carburateur. Essai sur le sens et la valeur du travail (2010), Crawford raconte son itinéraire de professeur d'université au bas de la hiérarchie, qui décide de reprendre un garage de réparation de motos. Il veut montrer que l'épanouissement passe par une articulation entre travail manuel et intellectuel et que la scission entre ses deux instances est une impasse. Hartmut Rosa, dans Résonance. Une sociologie de la relation au monde (2018), appelle aussi à un rapport plus direct et concret au monde, moins médiatisé par des appareils, par exemple.
    - Plus nous produisons et consommons des marchandises, plus notre rapport au monde s'appauvrit dans cette optique du fétichisme et de l'aliénation. Or, comme l'écrit Frank Trentmann « the story of consumption has been about more » (2017, pas lu). Un dernier nom intéressant dans ce domaine est le philosophe coréen Byung-Chul Han, qui relève que les relations ont été remplacées par des connexions. Plus encore, dans Thanatocapitalisme (2020, pas lu), il allie Marx et Freud et estime que le capitalisme se servirait de notre pulsion de mort pour la rediriger vers la consommation, nous amenant à vivre dans un monde vide de sens.

    * Mais, comme dans les autres types d'expansions, les années 1970 ne sont pas seulement des années de « plus » sur les dynamiques déjà existantes. Elles sont aussi des années d'ouvertures de nouvelles modalités d'expansion. En effet, à partir des années 1970, il apparaît que le capitalisme n'arrive pas seulement, par le fétichisme, à faire oublier le concret derrière la marchandise et ainsi à invisibiliser le processus d'exploitation. Il en vient même à susciter une aliénation désirée.
    - Un des premiers à mettre cet aspect en avant est Michel Clouscard. Il est bien regrettable que Clouscard soit aussi peu considéré par la gauche. Ses œuvres sont éditées soit par des groupes de droite particulièrement nauséabonds, soit par une maison d'édition néo-stalinienne. Pour résumer le propos de son ouvrage majeur, Le Capitalisme de la séduction. Critique de la social-démocratie libertaire (1981), le capitalisme a ouvert de nouveaux marchés par le désir de consommation, par exemple avec des événements comme le plan Marshall ou mai 68, dont un des principaux héritages sera, selon lui, la victoire du marketing. Ces nouveaux « marchés du désir » permettent de régner non plus par l'autorité, mais par la séduction. Une bonne recension critique ici : lien

    - Cette intuition a été magistralement reprise et étayée par Luc Boltanski et Ève Chiapello dans leur énorme pavé : Le Nouvel esprit du capitalisme (1999, pas lu en entier, j'avoue, mais une bonne partie).
    Le titre est évidemment un clin d'œil à Weber. Les auteurs partent de ce constat : « Le capitalisme est, à bien des égards, un système absurde : les salariés y ont perdu la propriété du résultat de leur travail et la possibilité de mener une vie active hors de la subordination. Quant aux capitalistes, ils se trouvent enchaînés à un processus sans fin et insatiable, totalement abstrait et dissocié de la satisfaction de besoins de consommation, seraient-ils de luxe. »
    Ils ajoutent : « Le capitalisme est en effet sans doute la seule, ou au moins la principale, forme historique ordonnatrice de pratiques collectives à être parfaitement détachée de la sphère morale au sens où elle trouve sa finalité en elle- même (l'accumulation du capital comme but en soi) et non par référence, non seulement à un bien commun, mais même aux intérêts d'un être collectif tel que peuple, État, classe sociale. La justification du capitalisme suppose donc la référence à des constructions d'un autre ordre d'où dérivent des exigences tout à fait différentes de celles imposées par la recherche du profit. Pour maintenir son pouvoir de mobilisation, le capitalisme va donc devoir aller puiser des ressources en dehors de lui- même. »
    Pour faire face à ces manques, et parce que « la contrainte est insuffisante », il convient de développer un « esprit du capitalisme […,] idéologie qui justifie l'engagement dans le capitalisme. » Or un nouvel esprit émerge à partir des années 1970. Boltanski et Chiapello travaillent surtout sur les discours du management dans l'entreprise pour le saisir. Les formes de ce nouvel esprit (baptisé « cité par projets ») sont principalement, pour eux, la valorisation de l'auto-contrôle (et non l'auto-gestion), la flexibilité, la mise en réseau, la créativité, la mobilité, la fluidité, le rejet de la hiérarchie, bref, un « nouvel esprit du capitalisme louant les vertus de la mobilité et de l'adaptabilité alors que le précédent se préoccupait sans doute plus de sécurité que de liberté ».
    Cette nouvelle forme du capitalisme rend d'autant plus difficile sa contestation. Car qui peut contester a priori la liberté, la créativité, etc. ? La « critique artiste » (distinction des auteurs) est absorbée par le capitalisme, quand la « critique sociale » est mise sous l'étouffoir du chômage.

    - Aujourd'hui, c'est un aspect également travaillé par Byung-Chul Han. Pour lui, le stade actuel du capitalisme, c'est de permettre aux gens de maximiser leur auto-aliénation. Dans un entretien, il dit : « aujourd'hui, vous vous exploitez et pensez qu'ainsi, vous vous réalisez ».
    - On pourrait ici faire un lien avec les « nudges » : la contrainte a été remplacée par l'incitation. Par là, non seulement on obtient plus d'obéissance, mais, en plus, l'obéissance par consentement.

  • Franco Bas résilles le 12/04/2022 à 18h37
    Non, non, Hervé Bazin, pas René ;)

  • Red Tsar le 13/04/2022 à 07h59
    Je suis peut-être l'arroseur arrosé dans cette affaire, mais au cas où, je récidive et je redonne quand même un coup d'arrosoir. Le René dans l'affaire n'était pas Bazin, mais toi ;) Un René de la route de Lorient (quoi, ça a changé de nom ? Encore un coup de la cancel culture ?)

  • Pascal Amateur le 13/04/2022 à 08h05
    Oui eh bien ta langue de vipère, elle est pas au point.

  • Kireg le 13/04/2022 à 10h42
    Bazin-ga !