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Le fil de l'eau

Du large a la plage. Et Kelly.

  • Josip R.O.G. le 29/09/2022 à 18h08
    Oui évidemment "Bienvenue au Club" et je suis impardonnable puisque j'ai encadré l'affiche publicitaire Gallimard (des jeunes de Birmingham en noir et blanc) sur un mur de mes chiottes.
    Voilà, vous saurez tout.

  • Red Tsar le 05/11/2022 à 10h23
    TOUTES LES ROUTES MÈNENT AU RHUM
    Départ demain, opportunément à 13h02.



    ** La course
    - C'est une des courses au large les moins intéressantes, mais c'est de loin la plus populaire. Il est vrai qu'elle a connu un paquet de drames et d'épisodes légendaires : la disparition d'Alain Colas dès la première édition en 1978, le petit trimaran jaune de Mike Birch qui coiffe sur le fil le monocoque géant barré par Malinovski la même année, la victoire avec record d'Arthaud, première femme, en 1990, Alex Thomson qui s'endort et s'emplafonne contre la roche alors qu'il avait course gagnée...
    - Comme les autres sports, la course au large est pris dans un engrenage de démesure : 36 concurrents lors de la première édition, 24 en 1994, 138 en 2022, avec des bateaux de plus en plus gros, de plus en plus carbonés et de plus en plus rapides.
    - Les mêmes débats agitent le milieu que dans les autres sports : le 9 octobre, un collectif (« La Vague » : Joyon, Gabart, Autissier...) publie un texte dans lequel on trouve, notamment : « nous pratiquons un sport magnifique mais il est déraisonnablement polluant et élitiste. » Pour la première fois, par ailleurs, ça grogne à Saint-Malo : lien
    - Le parcours est archi-connu et parfaitement maîtrisé par les prévisionnistes et les marins (selon leur classe, certains doivent se router eux-mêmes). Globalement, il n'y a pas trop à se casser la tête. Soit on part sur l'orthodromie, soit on part un peu plus au sud, en fonction de la position des alizés. Rares sont les routes au nord. Le gros des risques, c'est la traversée du golfe de Gascogne.


    ** La météo
    - Cette année, comme d'habitude, on attend de grosses cartouches : lien
    Après, si tout va bien, ce sera tapis roulant jusqu'au contournement de la Guadeloupe.
    - Partir dans le dur, c'est toujours risqué. Ça multiplie les risques de casse (un peu comme commencer un match sans échauffement).
    - La polémique a commencé : maintenir le départ ou pas ? lien
    Les gros ont intérêt à y aller : visibilité, pression des sponsors... Les petits risquent de la casse et des grosses pertes financières, alors que leur budget est très limité, parfois de leur poche.
    - Tout le monde doit avoir en tête le scénario rocambolesque de l'an dernier sur la Mini Transat : un inconnu prétend ne pas avoir entendu les skippers se mettre d'accord pour s'abriter et il emporte l'étape : lien


    ** Les classes
    - Ultim : Gabart a réussi à imposer sa présence après un recours devant la justice civile. Son bateau est le plus récent, ce qui est un avantage (dernières technologies pour la conception, dont certaines jugées non-conformes par ses pairs) et un inconvénient (encore peu éprouvé). C'est l'inverse pour Caudrelier, qui dispose du premier Ultim capable de voler, depuis 2017. Le Cléac'h est également dans la course. Souvent malchanceux, mais un gros mental. La grande bataille technologique se joue sur les foils, notamment sur l'ajout de winglets, qui permettent de diminuer les turbulences.
    - IMOCA : la classe est toujours très active, avec sept bateaux neufs en course. Les bateaux sont de plus en plus violents, pratiquement invivables, comme une sorte de luge dévalant une pente à pleine vitesse. C'est pas impossible qu'un cosmonaute ait plus de confort qu'un skipper d'IMOCA. Dalin est le grand favori. Il gagne pratiquement tout depuis deux ans et les nouveaux bateaux ne sont pas encore fiabilisés. Budget annuel pour un favori : 3M€/an.
    - Ocean Fifty : les « kartings des mers ». La classe la plus homogène, réputée pour sa bonne ambiance. Les skippers font tout pour maîtriser les coûts et affichent une grosse solidarité, mutualisant même leurs achats. Un Anglais et sept Français. Et l'Anglais serait favori. On ne peut pas laisser faire ça. Budget annuel pour un favori : 1M€/an.
    - Class 40 : la classe qui affiche la plus grande diversité. La jauge interdit les quilles basculantes et les foils. Elle limite strictement le nombre de voiles et les prix de l'électronique embarquée. La principale évolution technologique, c'est l'étrave scow (arrondie). Parfaite pour le portant, ce qui est l'allure principale pour le Rhum. C'est la seule classe dont les skippers évoluent sur des bateaux de série. Budget annuel pour un favori : 300k€/an.
    - Classe Rhum : une sorte de musée vivant de la courge au large. On y trouve de tout. Seule classe qui accueille des amateurs. Signalons notamment la présence de Pen Duick III. Philippe Poupon (68 ans), qui a participé à la première édition du Rhum, s'aligne demain à bord de l'ancien trimaran de son amie Florence Arthaud, alors dénommé Pierre Ier, qu'il a retapé (démarche peut-être non dénuée d'un certain esprit promotionnel...).

  • Toni Turek le 05/11/2022 à 13h10
    Le départ est reporté, à cause de la météo, d'au moins 48 heures.

  • Run le 05/11/2022 à 14h30
    Precision pour les Ultim, le Bp XI de Le Cleac'h est plus vieux de 2 mois que le bateau de Gabart, on peut dire qu'ils sont egaux. Celui de Coville a 2 ans de lus mais un cockpit ferme devant le mat, repartition differente.

    Et sinon, le budget des Imoca est un peu plus eleve que ca, 4 a 5 millions...6 a 8 millions un bateau neuf et 2 a 2.5 millions de fonctionnement par an.

    Mais voila, fait pas beau, on part pas...ca rapelle un autre fil.

  • serge le disait le 05/11/2022 à 17h52
    Très intéressant. Peux-tu expliquer quels sont les frais annuels que tu évoques pour chaque classe de bateau avec certains Très élevés ?

    Edit : et la pollution dont parle les skippers d'ultim, elle est où ?

  • Run le 05/11/2022 à 21h21
    145.000 tonnes de CO2 juste pour la route du rhum...c'est enorme.
    Les 3/4, c'est la logistique et les transports.

  • Tonton Danijel le 05/11/2022 à 23h47
    Et aussi certaines installations de départ, genre bateaux pour placer les spectateurs au plus près de la course. "Le canard" avait fait un article dessus il y a quelques semaines, et c'est vraiment dommage pour l'image de la course au large (qui est plutôt associée à la préservation de l'environnement).

  • Run le 06/11/2022 à 03h00
    Ce sont tous les evennements majeurs, la CdM, les tournois du GC, le TdF (360kT!!! 50% de plus qu'une saison de F1...), etc, etc, etc.

    En plus ici, le support lui meme est polluant, 100t de Co2 pour construire un Imoca, ce n'est juste pas un sport "propre".

  • Red Tsar le 06/11/2022 à 08h51
    Merci, Run. Si tu as une source ça m'intéresserait.
    J'aimerais bien avoir, si ça existe, un comparatif du coût carbone moyen d'une journée de Route du Rhum par rapport au coût carbone moyen d'une journée de JO, de Coupe du Monde, de Tour de France, etc. (pourquoi pas rapporté au nombre de spectateurs, on peut rêver).

  • Red Tsar le 06/11/2022 à 08h52
    Sur la pollution :

    - C'est un sujet qui a longtemps été tabou, comme disait Tonton, car contraire à l'image que la voile voulait se donner (mer, nature...). D'autres sports ne peuvent pas faire semblant d'être écolo, la voile a longtemps joué sur une image de sport « nature ». Elle peut l'être, mais c'est loin d'être le cas de manière globale aujourd'hui.

    - Sur le bilan environnemental du Rhum (incluant la venue des spectateurs, etc.), je te renvoie au chiffre donné par Rhum. C'est dur à chiffrer, mais c'est de toute façon trop et de pire en pire à chaque édition. Par contre, on peut évaluer la pollution générée par un marin professionnel en compétition.

    - Le gros de leur pollution vient de la conception/fabrication. Pour les bateaux des plaisanciers, en gros, il faut multiplier le poids du bateau par 2 pour avoir son coût équivalent carbone. Exemple : un First 44 (course-croisière de taille moyenne) = 10 tonnes = 20 tonnes d'équivalent carbone pour la construction. Certains chantiers se sont spécialisés dans l'écoconception et affichent un coût carbone qui divise le poids par deux. Exemple : l'ACE 30, en contreplaqué, 3 tonnes = 1,5 tonne pour la construction. Pour les pros, le coût est plus élevé, car toutes les étapes sont plus gourmandes en énergies et en matériaux. Et, par ailleurs, quand on parle de coût carbone, on en parle y compris au sens propre. Il y a du carbone partout, même dans les voiles, sur les bateaux pro. On est donc sur du x5. Exemple : Class 40 = 5 tonnes = 25 tonnes éq. carbone pour la fabrication (chiffres tirés d'un audit commandé de l'intérieur et possiblement sous-estimés). Un Ultim, c'est 15 tonnes, donc potentiellement 75 tonnes éq. Carbone (Run dit 100 et c'est très possible, car le facteur peut être encore plus élevé pour un Ultim).

    - Sur l'année, leur pollution vient en grande partie du matériel qu'il faut changer (j'en reparle après). Tu peux appliquer grosso modo la même règle : poids matériel x5 pour le coût carbone. Un foil d'Ultim, c'est presque 500 kg = 2,5 tonnes éq. carbone.

    - La consommation de gasoil, c'est assez peu. Les entrées/sorties de port se font au moteur (avec Zodiacs pour sécuriser pour les Ultim). L'énergie à bord est principalement générée par moteur thermique (des scellés permettent de s'assurer que le moteur n'a pas embrayé et n'a servir que comme générateur électrique pendant une course). Mais là-dessus c'est marginal (la dernière fois, une semaine de navigation à 6 = 30€ à la pompe) et les progrès technologiques (éoliennes + solaire + hydrogénérateur + batteries au gel) permettent d'avoir des bateaux 100 % autonomes ENR, même si la bière sera pas forcément hyper-fraîche. Le gros enjeu, c'est le pilote automatique, qui consomme énormément. Je te laisse imaginer la puissance du vérin pour un Ultim de 32 mètres/15 tonnes lancé à 30 nœuds sur une mer agitée. Or les skippers barrent très peu. L'essentiel de la navigation se fait sur pilote.

    - Enfin, pour ce qui concerne les coureurs, il faut intégrer les A/R en avion : faire venir les équipes sur le départ, revenir... Il est très probable que le vainqueur du Rhum rentre en avion pour faire la tournée des médias pendant qu'une équipe viendra en Guadeloupe s'occuper de ramener le bateau en métropole. Sur certaines courses, comme The Ocean Race, en équipage et avec étapes, des équipes se font livrer des pièces par avion d'un bout à l'autre du monde.



    Sur les budgets annuels :

    - Les chiffres sont sujets à caution, car il n'y a rien d'officiel, juste des estimations, variables selon les sources que tu consultes. Pour un Ultim, il faut compter 15M€ l'achat du bateau puis 4M de budget de fonctionnement par an. En général, le bateau est revendu, ce qui amortit un peu la dépense. Tout existe sur l'achat du bateau : neuf, occasion, en propriété par le skipper (dans les plus petites catégories), en propriété du sponsor qui le prête au skipper...

    - Chaque année, il faut changer voiles + cordes + tout ce qui casse. Pour un Ultim : un mât = 750k€ ; un foil = 450k€ ; un jeu de voile : 450k€ (chiffres pré-inflation des matières premières)... Certaines classes ont eu l'intelligence d'acheter groupé. Par exemple, il faut impérativement avoir un mât de rechange, car s'il casse, le temps de le faire fabriquer, la saison est fichue. Mais en avoir chacun un de rechange, c'est du gâchis écologique et économique, donc on en achète 3 collectivement, qui serviront à ceux qui casseront.

    - Dans les grosses écuries, il y a des salariés à temps plein, surtout pour préparer le bateau, les entraînements, community manager + le salaire du skipper. Ensuite, il y a les « pigistes » : nutritionniste, spécialiste du sommeil, préparateur physique, prévisionniste, routeur, convoyeurs qui vont amener/ramener le bateau...

    - Autres : abonnement pour les communications, frais d'inscription aux courses (Rhum : 80k€ pour un Ultim), places de port (parfois avec gardiennage), assurance, locaux techniques (et il en faut de la place)...

    - Bien sûr, les petits vont faire un maximum eux-mêmes, réparer une voile au lieu de la changer, racheter du matériel d'occasion, ou se faire aider par des amis à titre gracieux ou prix plancher.

    - Au passage : les skippers sont entre les mains des sponsors. Les revenus liés aux courses sont minimes (64k€ pour le vainqueur du Rhum en Ultim, par exemple). Même en gagnant toutes les courses auxquelles on participe, il est impossible de financer sa saison.



    Bref, tu l'auras compris, tout ça c'est un peu une course folle, d'où des réflexions pour revenir à des choses plus raisonnables. C'est compliqué dans le domaine de la course au large, car la volonté d'être plus rapide que les autres pousse à la surenchère. Mais le principe de l'organisation collective par classe, qui organise elle-même ses règles, une partie son calendrier, etc., peut être un levier. Par contre, pour la plaisance, il y a de grosses marges possibles dès à présent avec un peu de volonté.