Habitus baballe
Pour causer socio, éco, sciences-po, anthropo, histoire-géo, philo, épistémo, Adorno, filporno, Bernard Pardo...
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Edji le 15/12/2021 à 12h13Et puis ce n'est pas comme si le Cambodge 1975-1979 n'avait pas déjà existé pour avoir une petite idée de ce que représente *en vrai* une construction aussi délirante...une petite idée de l'enfer, en effet.
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Red Tsar le 15/12/2021 à 13h05Est-ce que ta thèse est publiée et/ou accessible en ligne ? Et si ça te gêne (ce que je peux tout à fait comprendre, pas de souci) quelles seraient tes principales recommandations bibliographiques sur le sujet, en français ?
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liquido le 15/12/2021 à 13h28+1
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Marquet Moon le 15/12/2021 à 23h43liquido aujourd'hui à 11h39
La question qui me brûle les lèvres désormais: qui l'a goûté, ce champignon de la périphérie du capitalisme?
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Coucou liquido,
Eh bien, moi! Il se trouve que j'habite désormais à Rabat, et qu'il y a au Maroc quelques-uns endroits où poussent des matsutake, dans le Rif notamment. Mon dealer de champignons, ce saint homme, me racontait d'ailleurs récemment que sous Hassan II, les cinquante premiers kilos de matsutake ramassés dans les forêts royales étaient envoyés à l'empereur du Japon. La tradition aurait pris fin depuis.
Bref, de la mi-octobre à maintenant (j'en ai encore acheté samedi dernier), en gros, il y a sur un petit marché (un seul !) de Rabat, le samedi matin, de superbes matsutake, cueillis dans le Rif, donc. Le prix (300 dirhams le kilo, soit une trentaine d'euros) est évidemment très élevé pour les standards locaux, mais il n'a rien à voir avec les extrémités atteintes au Japon, la demande étant, naturellement, beaucoup moins pressante. C'est fort bon, avec une saveur assez délicate (rien à voir avec la puissance aromatique d'un cèpe, ou évidemment d'une truffe, avec laquelle leur prix au Japon force souvent la comparaison), et surtout une texture étonnamment ferme. Régis Marcon, le grand chef des champignons, en propose une seule recette dans son superbe bouquin sobrement intitulé "champignons" (quel à-propos), qui est une sorte de tisane de matsutake, très simple. Elle donne un résultat sympathique, pas non plus foufou, mais qui éclaire peut-être l'attrait japonais pour ce champignon : une fois infusée, la bête envoie de l'umami, la fameuse cinquième saveur si difficile à définir, comme pas possible. Il reste pour être complet à signaler que les jeunes matsutake (ceux qui sont encore en forme de bouton, avant que le chapeau ne s'épanouisse) s'avèrent très nettement meilleurs que les plus grands. Voilà, tu sais tout.
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Tricky le 16/12/2021 à 01h55+2, tranquille, sous réserve que ce soit dans une langue que je puisse lire.
(et à l'occasion, une fois que tout le monde l'aura lue, je suis assez fasciné par la manière dont on passe de ça à tes pérégrinations professionnelles ultérieures)
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Tricky le 16/12/2021 à 01h59Ceci étant, la délicieuse histoire de MM réveille en moi la question la plus frustrante de la galaxie : comment on reconnaît l'unanimité ?
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Dédie mon Stück le 16/12/2021 à 02h25Je débarque intrigué par ce problème de comptage de votants pour découvrir que Tricky a en fait les doigts fourchus. Donc l'umami tu mets le doigt dessus en goûtant ça pur. MSG ou monosodium de glutamate*, en sachets pour presque rien dans un supermarché asiatique.
Je ne sais pas pourquoi on est sur ce fil, j'espère ne pas être complètement à côté de la plaque avec ma réponse, mais en même temps je suis bien trop fainéant pour remonter et vérifier.
* Si le nom fait peur, se rappeler que le sel de table est du chlorure de sodium, et qu'on pourrait dire monosodium dans ce cas-là aussi mais ce serait une tautologie chimique assez malvenue et mieux vaut donc rester sobre.
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Utaka Souley le 16/12/2021 à 08h56Je reste interdit devant la transition rapide depuis Lordon et sa tentation Pol Pot-esque vers le matsutake et l'umami.
La puissance de la pensée couplée à la force du désir, sûrement.
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liquido le 16/12/2021 à 09h17Haaaan. Kestufiches à Rabat ?
C'te chance d'avoir goûté au goût de l'automne dans sa plus pure forme.
Et impossible de ne pas relever que cette provenance rifaine du champi soutient l'argument du bouquin. Si ça trouve on en trouve aussi à Bruxelles, cette périphérie du Rif.
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Marquet Moon le 16/12/2021 à 12h29Je bosse à l'Ambassade (entre temps j'ai laissé tomber la recherche pour passer par une école strasbourgeoise de formation des fonctionnaires...).
Je n'ai pas encore lu le bouquin, je me tâtais mais ton avis et vos discussions me donnent assez envie ! Je vais me plonger dedans quand j'aurai fini ma pile de Serge Audier (qui est aussi intéressant qu'il est bavard).