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Habitus baballe

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  • lalizou le 17/12/2021 à 12h32
    Ah désolé O Marc d'éveiller ta nostalgie, j'ai aussi passé la soirée à me remémorer mille souvenirs. Quel peuple fascinant... Belle anecdote de s'improviser motodop de Ong Thong Hoeung !

  • Ô Marc, Overmars le 17/12/2021 à 13h55
    Ahah, aucun souci l'ami, je suis ravi de tomber sur un khmérophile. Et à vrai dire cette nostalgie m'est présente au quotidien depuis des années, tu l'as simplement invitée sur les cdf... Autre anecdote, je ne sais pas si tu connais Kong Nay (le barde aveugle) : après son concert, je l'aborde pour lui témoigner mon admiration ; il prend mes mains dans les siennes et nous parlons musique pendant 5 minutes, au bord de la route, au milieu des badauds amusés ou intrigués. S'il l'avait pu, il aurait vu mes larmes couler.
    J'en ai plein d'autres en réserve, certaines ne sont pas piquées des vers et ne peuvent se raconter par écrit, même ici.

  • Classico le 17/12/2021 à 16h48
    @ Red Tsar sur Chapoutot et son livre "Libres d'obéir".

    Ton post :

    "Chapoutot ne dit pas que le nazisme a engendré le management ni le management moderne. Il s'appuie sur ce qui fait consensus chez les historiens aujourd'hui : le nazisme n'était pas ordre et centralité, mais chaos et ''démerde-toi sur le terrain''. C'est notamment un élément mis en avant pour expliquer l'emballement génocidaire. Donc Chapoutot met en avant le fait qu'il y avait une forte responsabilisation des officiers/sous-officiers sur le terrain pour la gestion des ressources humaines et une remise en cause de l'État comme régulateur légitime. Ce qu'il montre ensuite, par un travail d'archive classique et besogneux, c'est qu'un ancien SS (nom à vérifier) crée puis dirige la plus grande école de cadres d'Allemagne, par laquelle transite la plus grande partie d'entre eux en formation initiale ou continue. Ce qu'il montre c'est que le nazi en question reprend dans cette école des méthodes utilisées sous le Reich. Il domine jusqu'aux années 1970 avant d'être écarté en étant ''démasqué'' (je n'ai plus la date précise en tête), mais les manuels de vulgarisation continuent longtemps de le citer."

    J'ai une grande admiration pour Chapoutot et son collègue Ingrao, que O'Gordhino m'a fait découvrir. Même leur récent petit Hitler, écrit en commun, qui a essuyé de nombreuses critiques, m'a paru très intéressant. Avec "Libres d'obéir", en revanche, j'ai un problème. Chapoutot y développe le fait bien connu, en effet, que les nazis avaient adopté un mode de management "darwinien", où les chefs étaient placés dans une sorte de concurrence chaotique leur permettant d'exprimer librement leur supériorité aryenne. La Loi d'airain, n'est-ce pas un truc de juifs ? Du point de vue de Hitler, c'était aussi une façon parfaite de diviser pour mieux régner, là où un organigramme cohérent et efficace au sein du "top management" SS, par exemple, aurait sans doute contribué à diluer ses directives.

    Tout cela est bien connu donc, et il est en effet difficile, à partir de là, de ne pas penser à la mode managériale contemporaine qui valorise la "pro-activité", l'initiative individuelle, le fait d'être soi-même, en tant que cadre, entrepreneur de sa propre activité, et autres balivernes semblables. Chapoutot retrouve même la trace d'un général SS qui survit à la dénazification et qui monte une école de management enseignant les consignes de ce genre. Tu as beau dire, Red, la suggestion est tout à fait claire, et dans le dernier chapitre du livre c'est plus qu'une suggestion : il y a un fil qui chemine du nazisme jusqu'aux grandes entreprises d'aujourd'hui, gavées de ce genre de management. C'est d'ailleurs ce que tous les lecteurs ont compris du livre, que ce soit pour l'encenser ou pour le critiquer.

    Que l'on fasse le rapprochement, je l'ai dit, c'est inévitable. Qu'on le fasse autour d'un verre, en se disant qu'il y a des coïncidences amusantes quand on étudie l'Histoire, c'est entendu. Mais qu'on fasse de ce rapprochement un livre qui suggère que ce rapprochement n'est pas fortuit mais qu'il s'y trouve une causalité directe - qu'il y a donc, pour le dire clairement, un peu de nazisme dans la grande entreprise contemporaine qui forme ses managers selon ces principes : c'est très amusant, surtout lorsqu'on est de gauche, mais c'est pas sérieux, et c'est à ce point précis qu'on bascule, selon moi, dans l'outrance interprétative.

    Il y a un idée, disons, intemporelle et universelle, basée sur la simple observation : lorsqu'une personne remplit sa mission en ayant intériorisé ses finalités, avec enthousiasme, en y mettant son initiative et sa créativité, les résultats sont bien meilleurs que lorsque la même personne remplit la même mission sous la contrainte, en s'emmerdant, sans plaisir. Cette idée n'appartient évidemment pas aux nazis, toutes les époques et toutes les sociétés l'ont connue. Au hasard, j'ai lu il y a longtemps un beau livre sur le système féodal qui montrait comment ce système était d'autant plus efficace qu'il laissait une marge d'initiative maximale aux échelons inférieurs de la pyramide (les vassaux étaient censés faire leur serment librement au seigneur, etc.). Maintenant, il se trouve que :

    1) le pouvoir nazi va faire un usage hyper extensif de cette idée et de cette méthode parce qu'il se trouve qu'elle correspond à son idéologie : à la race aryenne des seigneurs il faut laisser le maximum d'initiative individuelle, ne pas la brimer sous des organigrammes contraignants, faire jouer la concurrence entre les chefs pour sélectionner les plus forts, etc.

    2) l'entreprise contemporaine va faire un usage très extensif de cette idée parce qu'il se trouve qu'elle correspond à l'idéologie et à l'ambiance de son époque, aux travaux de la sociologie des organisations, à l'évolution générationnelle : la valorisation néolibérale de la concurrence, certes (mais qui n'a rien à voir avec une théorie racialiste !), mais aussi tous les travaux post-fordiens qui ont quantifié l'efficacité de cette méthode managériale, et aussi l'aspiration des nouvelles générations à davantage d'autonomie dans l'organisation du travail.

    Des facteurs externes favorisent donc cette méthode managérialle et expliquent sa généralisation dans l'entreprise contemporaine. D'autres facteurs externes favorisaient la généralisation de cette méthode à l'époque nazie. Mais ces deux séries de facteurs sont de toute évidence complètement disjointes ! Qu'il y ait des fils étonnants entre les deux, comme ce général SS qui fait une sorte de lien, ok, pourquoi pas, le nazisme est encore quelque chose de relativement récent historiquement pour qu'il n'y ait pas ce genre d'histoires à raconter. Mais suggérer que les ordres de causalité pourraient se confondre - bah, c'est vraiment de l'interprétation à la tronçonneuse, je crois. Et c'est typiquement ce qui arrive lorsque, en sciences humaines "molles", le chercheur se laisse précéder par sa subjectivité politique.

  • Raspou le 17/12/2021 à 16h59
    Ah, on commence à se rapprocher du Heart of Darkness.

  • Ô Marc, Overmars le 17/12/2021 à 17h25
    Mmmmh... tu es un connaisseur, Raspou. Alors oui, entre autres, quelques histoires rocambolesques à la sortie du Heart !

  • Red Tsar le 17/12/2021 à 18h21
    D'abord, je ne connais de Chapoutot que ses livres. Je n'ai pas le souvenir de l'avoir entendu dans une quelconque émission et j'ignore tout de ses éventuels engagements.
    Pour moi, le gros défaut de Libres d'obéir, c'est son sous-titre et sa 4ème de couverture, qui ont un côté « putaclic ». Mais je ne sais pas si c'est l'auteur ou l'éditeur le responsable.

    Dès le Prologue, Chapoutot écrit (c'est juste que j'ai le livre numérique, je ne suis pas allé passer la nuit à la BPI) : « Notre propos n'est ni essentialiste, ni généalogique : il ne s'agit pas de dire que le management a des origines nazies – c'est faux, il lui préexiste de quelques décennies – ni qu'il est une activité criminelle par essence. Nous proposons simplement une étude de cas. »
    Dans l'épilogue, il rappelle : « Dans un monde largement désenchanté, celui de la matière à transformer et de la nature à dominer, l'horizon, purement immanent, se résume à la production et au profit ou, plus précisément, à l'augmentation de l'une et à l'optimisation de l'autre. Cela vaut, c'est exact, partout : des usines Renault de Billancourt ou Citroën de Javel à la gigantesque forge à Ford T de Détroit, de l'URSS stalinienne des Plans Quinquennaux en plein « rattrapage » industriel à l'Allemagne nazie. »
    Au passage, je n'ai pas été vérifier, mais je suis presque certain qu'il montre bien que le management pensé par les nazis se veut en rupture avec ce qui se faisait avant en la matière et qu'il va être concurrencé par de nouvelles formes par la suite. Donc Chapoutot critiquerait éventuellement une des formes précises du management, pas le management dans son ensemble.

    Là où on rentre dans l'interprétation et qu'on diverge, c'est que Chapoutot écrit effectivement (mais c'est réduit à l'épilogue et le corps du livre me semble inattaquable) que son étude de cas peut servir à réfléchir à certains paradoxes contemporains : vous êtes libres d'obéir, travaillez dans la joie... Quand, par exemple, Azoulay dit qu'on peut réfléchir sur Périclès pour penser la démocratie aujourd'hui, çà paraît moins choquant et c'est sûr (et normal) que ça devient plus sensible quand on procède de même avec le nazisme.

    À partir de là, il y a trois possibilités, au moins :
    1- comme beaucoup de chercheurs, Chapoutot cède à l'illusion, humaine et tout à fait compréhensible, que son sujet est crucial pour comprendre le monde d'aujourd'hui : si, si, regardez, c'est là que ça se joue, voyons,
    2- Chapoutot a des intentions ''malveillantes'' (ton option et ce que tu écris est tout à fait cohérent, même si je n'ai pas vu ces ficelles, mais pourquoi pas : le terme ''malveillant'' serait excessif, je suppose, mais je n'en trouve pas d'autre là),
    3- Chapoutot est dans une démarche sincère, visant à comprendre les ressorts des rapports humains : pas de dire les managers sont des nazis, mais, en passant par ce révélateur, au sens photographique, repérer des formes d'organisation qui sont en fait dangereuses et camouflées sous des libellés ''joyeux'' (mon option). Au passage, ce n'est pas propre à ce livre : Chapoutot a déjà travaillé cette veine auparavant, de dire : ne pensez pas que les nazis sont si différents de nous, c'est trop confortable. On ne le lui avait alors pas reproché.

    Je pense qu'on ne pourra jamais trancher entre ces hypothèses, sauf si Chapoutot fait son coming out politique un jour.

    Après, plus largement, ça ne me gêne pas que des chercheurs soient engagés. Je trouve ça utile qu'ils enrichissent le débat public, tant qu'ils restent honnêtes dans leurs démarches de recherche, évidemment. Et puis franchement, travailler sur la Princesses de Clèves, ça sert à quoi, je vous le demande ?

    Par contre, c'est sûr que la carte "nazie" brouille vite les choses et enflamme les débats, ce qui ne sert pas forcément le fond de la discussion. Sur ce sujet, par exemple, du management actuel, il y a les très bons Le Nouvel esprit du capitalisme (qui déborde ce cadre), La Comédie humaine au travail ou Le Capitalisme paradoxant. Je ne vois plus mon N+1 de la même manière depuis que je les ai lus...

  • John Six-Voeux-Berk le 17/12/2021 à 19h38
    «  Et puis franchement, travailler sur la Princesses de Clèves, ça sert à quoi, je vous le demande ? »
    ——
    Figurez-vous Robert, que ce roman a beaucoup à dire sur notre époque de quasi guerre civile ; en effet, etc. Etc.

    (Et en plus, c'est vrai ! Ou du moins on peut le montrer. On y voit comment une société se comporte face à la montée des périls communautaires en les intériorisant ; le tout raconté de loin, du haut d'un Etat qui vend des promesses de paix et de réjouissances fictionnelles)

  • Red Tsar le 17/12/2021 à 22h00
    Tu n'auras aucun souci pour me convaincre, ni pour convaincre Robert, très probablement. Par contre, avec Nicolas, ce sera une autre paire de manche...

  • sehwag le 19/12/2021 à 15h13
    Désolé du décalage, beaucoup de travail avant les vacances des enfants.
    Malheureusement la thèse n'a jamais été terminée.

    La bibliographie est bien là, elle a quand même 10 ans d'âge maintenant mais certaines choses sont toujours intéressantes.

    De toutes façons ces sujets ne relèvent pas de la vérité et la réalité des faits est constamment réinterprétée.

    J'ai déjà eu l'occasion de citer ici Orlando Patterson ou David Brion Davis comme les meilleures références à mon avis sur ces questions. Mais l'intérêt du travail que je faisais à l'époque était d'inciter à les lire en même temps que leurs collègues antiquisants : Moses Finley, l'indispensable Peter Garnsey ou même Jean Andreau.
    De ce point de vue et pour raccrocher avec les travaux de Chapoutot qui a travaillé sur l'impact de l'antiquité dans la vision du monde des nazis, je trouve que sa vision manque de hauteur, mais c'est un reproche dhistoriographe, pas vraiment d'historien. Je n'ai jamais été le 10eme de l'historien qu'il est.
    On peut en parler avec plaisir quand vous voulez, c'est un sujet qui ne m'a jamais vraiment quitté.

    @Tricky,c'est vrai qu'il y a eu quelques virées de bord un peu abruptes !

  • liquido le 19/12/2021 à 16h40
    D'un côté, il va de soi qu'il y a une vie en dehors de la thèse et c'est heureux. Mille deviations peuvent survenir, bien souvent pour le meilleur. La thèse n'est pas une fin en soi, juste le début d'emmerdes nouvelles, souvent pires que les anciennes.

    D'un autre côté, PUTAIN CE QUE ÇA ME FOUT LES BOULES LES THÈSES PAS FINIES!