Habitus baballe

• Franco Bas résilles le 17/11/2021 à 15h17
  Pascal suppute que Balthazar prend la pose...
  (pardon, contrepèterie peu compatible avec le sujet, mais j'ai bien lu et compris que l'imprécision engendre d'énormes doutes...)

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• Red Tsar le 17/11/2021 à 17h17
  En réponse à Pascal Amateur le 17/11/2021 à 09h49

  (voir le message)
  Et oui, Pascal, c'est pour ça que je m'excusais pour le recul dans la discussion. J'en suis un peu à vouloir m'assurer de bien maîtriser les pistes bleues avant de tenter une noire (cherche pas un jeu de mot, Pascal).
  Mais s'ils avancent quand je recule, comment veux-tu...

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• Cush le 24/11/2021 à 16h07
  Je viens recommander le très beau documentaire Retour à Reims dispo sur le site d'Arte : lien
  Une adaptation de l'essai de Didier Eribon illustrée magnifiquement par des images d'archives, qui permet de dresser un portrait de la classe ouvrière et de son évolution au XXe siècle.

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• liquido le 14/12/2021 à 10h34
  Une lecture pour Cush, s'il ne connait pas déjà: lien
  Stupéfiant d'intelligence, en plus d'être incroyablement agréable à lire.

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• Sens de la dérision le 14/12/2021 à 11h27
  En réponse à liquido le 14/12/2021 à 10h34

  (voir le message)
  Je l'ai lu l'année dernière. Il est effectivement diablement intelligent. Il remet en cause pas mal de choses en s'attaquant à la forêt, à l'exploitation forestière, aux conséquences de celles-ci, aux réseaux interdépendants du vivant (pins/champignons/êtres humains notamment).

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• liquido le 14/12/2021 à 12h45
  En réponse à Sens de la dérision le 14/12/2021 à 11h27

  (voir le message)
  Yep! C'est aussi une passionnante exploration des réagencements de la vie (humaine et non humaine) après la dévastation capitaliste. Je suis bluffé. Le genre de bouquin qui, par un angle oblique, aide à comprendre le merdier qui nous entoure.

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• sehwag le 14/12/2021 à 14h26
  Merci pour ce partage, ça a l'air super intéressant en effet.

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• sehwag le 14/12/2021 à 14h36
  @liquido,
  
  En lisant le résumé je trouve que ça fait penser à un livre que j'avais beaucoup aimé à l'époque de ma thèse "Sweetness and Power" qui s'intéressait de la même manière transversale à l'impact de l'économie, de la production et de la consommation du sucre dans l'espace Atlantique en cours de mondialisation. Ça pourrait valoir le coup de rapprocher les deux travaux, l'un décrivant une des clefs de la mise en place du système capitaliste et celui qui parle d'en sortir.
  
  lien

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• liquido le 14/12/2021 à 16h22
  En réponse à sehwag le 14/12/2021 à 14h36

  (voir le message)
  oh merci, super intéressant. Je ne connaissais pas. Je pense de fait qu'il existe une sorte de tradition d'anthropologie économique (je ne suis pas anthropologue) consistant à partir du particulier pour interroger les grandes catégories (le Marché par exemple).
  
  Quoi qu'il en soit la thèse du sucre comme dopant (littéralement) du capitalisme est reprise dans le bouquin tout récent d'Howard French, que je viens juste d'entamer, Born in Blackness, dont le projet est de recentrer l'Afrique dans l'histoire économique mondiale. Le commerce transatlantique et ses horreurs y tiennent logiquement une place centrale. Ca démarre plutôt bien, avec une superbe description de Djenné. Le bouquin est couvert de louanges. Un exemple ici:
  
  lien

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• Classico le 14/12/2021 à 18h41
  Quelqu'un a lu la dernière production de Lordon / Friot ? «En travail. Conversation sur le communisme». Ma pile de livres à lire menaçant de déranger l'orbite de l'ISS, je crains de ne pas pouvoir ouvrir celui-ci avant longtemps. Mais ça semble être un objet intellectuel tout à fait fascinant, puisque ça déplie le modèle d'un société communiste possible jusque dans le détail opérationnel. On peut s'en faire une idée trop rapide avec le passage des auteurs chez Taddéi : lien
  
  D'un côté, il est tout à fait évident que c'est la boucle surproduction-surconsommation au coeur du capitalisme qui détruit la planète à grande vitesse. Puisque supprimer cette boucle, c'est vraisemblablement supprimer le capitalisme tout entier, nos auteurs en concluent que, si du moins on prétend réellement vouloir sauver la planète, il faut cesser de se payer de mots et réfléchir dès maintenant à un modèle radicalement alternatif.
  
  Ca se tient, mais le problème c'est que le tableau qu'ils nous dressent de la société post-capitaliste qu'il ont conçue n'est pas franchement attirant - pour dire le moins. Pourtant, ils font visiblement leur possible.
  
  D'abord, comme toujours lorsqu'on veut faire entrer des constructions théoriques bien pures et bien parfaites dans la jungle luxuriante du réel, il va falloir sectionner sans pitié tout ce qui dépasse :
  
  - exproprier tous ceux qui possèdent une "propriété lucrative" - cela ne concerne pas que Bernard Arnault, j'en ai peur, mais bien des millions de personnes, en France, par exemple ;
  - faire "adhérer volontairement" tous ceux qui sont satisfaits de la société capitaliste actuelle, car s'il y a des gens qui en souffrent, il y a aussi des gens qui s'y sont fait leur nid, dans toutes les classes sociales et dans toutes les activités productrices, et on serait bien en peine de mesurer lesquels sont les plus nombreux ;
  - évacuer toutes les forces politiques et intellectuelles "réactionnaires" (à la question malicieuse de Taddéi sur la possibilité d'un parti politique qui prônerait le retour au capitalisme, Lordon répond innocemment que, bien sûr, un tel parti serait absolument interdit. Hihi).
  
  Et puis bon, une fois qu'on y est, dedans, ça va pas beaucoup mieux.
  
  - On est sur un régime de salaire à vie généreux complètement découplé de l'activité productrice, qui devient non obligatoire. Dès lors, les innombrables activités déplaisantes mais nécessaires au maintien de la société devraient faire l'objet d'un roulement obligatoire auquel personne ne saurait se soustraire.
  - L'innovation et l'esprit d'entreprise ne sont pas découragés, bien au contraire ! On a retenu les leçons de l'histoire. Cependant, si vous voulez monter votre petite entreprise, il va falloir 1) que votre projet productif soit approuvé par une commission. A la question de Taddéi il est répondu ingénument que non, très certainement, si vous aviez voulu créer le smartphone, la commission n'aurait pas approuvé le projet, et vous n'auriez pas pu vous lancer. Pourquoi pas, moi j'aime pas trop ça, le smartphone, je trouvais beaucoup plus cool d'aller sonner directement chez les copains. Mais qu'on se figure tout de même le niveau de complaisance idéologique, d'instinct grégaire et de corruption généralisée qui seraient les caractéristiques inévitables de telles "commissions". 2) Puisque la propriété lucrative est supprimée et mise définitivement en commun, l'entreprise que vous allez créer (une fois reçu l'aval de la commission) ne vous appartiendra évidemment pas ; il va falloir trouver des partenaires et les convaincre de se lancer à vos côtés, en égaux. Ils auront les mêmes droits que vous dans le pilotage de l'entreprise à venir. Wow. A l'individu calculateur, solipsiste et hystériquement ambitieux sélectionné par le capitalisme succède donc l'individu ultra-social, en négociation permanente avec tous les cons qui l'entourent et doté d'une rouerie politique parfaitement aiguisée. C'est lui qui sera le winneur du nouveau monde.
  
  Bref, je sais pas vous, mais moi je me suis nettement représenté l'enfer.

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