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Feuilles de match et feuilles de maîtres

Qui a dit que football et littérature étaient incompatibles ? Voici le forum où vous pourrez parler de vos lectures récentes et anciennes, liées ou non avec le ballon rond.

Un conseil de lecture ? Une bonne librairie ? =>> "You'll never read alone", le Gogol Doc: http://bit.ly/11R7xEJ.

  • Pierluigi Scollina le 09/01/2022 à 01h10
    Sens, je rebondis sur ton message pour vous faire part d'une interrogation. Je lis beaucoup, depuis toujours, des auteurs, des styles et des genres très différents (par exemple Mitch, Balthazar et Raspou, c'est vous dire mon éclectisme) mais pour autant je n'ai jamais éprouvé l'envie d'écrire.

    Je me doute qu'il y a autant de réponses que de répondants mais qu'est-ce qui vous donne cette envie ? Et pour ceux qui l'ont fait (sans parler d'être publié), y a-t-il eu un élément déclencheur, un moment clé ?

  • Balthazar le 09/01/2022 à 11h51
    On comprend maintenant en échange de quoi j'ai laissé Utaka me battre lors du dernier tournoi de blitz.

    Sans rire, merci Utaka, ton message me réjouit et me touche. Je l'ai juste avant de m'endormir, eh bien tu sais quoi ? J'ai bien dormi. Et en plus du reste, s'agissant d'un récit où il se passe si peu de choses, les trois derniers mots font bien plaisir.

    Merci aussi Sens de (mais cela va de soi si avec Utaka vous n'êtes qu'un).

    Tant que j'y suis, une remarque évidente que m'inspire la question de Pierluigi : pour beaucoup de ceux qui s'essaient un jour à l'écriture, la toute première expérience a été scolaire. Soit pleinement scolaire (les rédactions), soit parascolaire (par exemple dans mon école, en CE2, la maîtresse avait institué un concours de « textes libres » et ç'a m'avait beaucoup marqué (j'ai même essayé de le raconter, mais ça n'a pas pris)).

    Ce qui est curieux, c'est que l'école entretient des rapports assez différents avec les pratiques artistiques. Que l'écriture soit plus valorisée que le dessin, cela peut s'expliquer par l'importance de la langue, et on pourrait considérer que la part d'invention, de fantaisie, etc., dans l'une et l'autre, est traitée à peu près de la même manière. Mais en musique, à moins que cela ait changé, il me semble qu'on n'est jamais invité à produire quoi que ce soit. (Bon, dans mon cas, c'est sans aucun doute une bonne chose.)

  • Pascal Amateur le 09/01/2022 à 12h05
    Salut Pierluigi, récusant toute modestie, je me permets de répondre – du moins tenter – à ta question, pour peu que l'écriture jeunesse (seul domaine, pour moi, de publication, et presque exclusivement d'écriture) t'apporte des éléments. Tu parles de moment déclencheur, et pour moi, oui, il y en eut un. Vers trente ans. Jusque-là, il y avait tout de même un plaisir d'écrire, d'inventer des mondes – mais je crois que ce l'était sur un mode très défensif ; pour le dire simplement, l'écriture était pour moi la construction d'un monde à moi, opaque (j'allais à l'illisibilité), afin de créer un monde où nul – disons : mes parents – ne pût s'y aventurer, s'emparer de quoi que c'y soit. Défense essentiellement névrotique donc, construction pour se protéger, très artificiellement, contre un Autre ravageur. Puis il y eut la naissance de ma première fille ; et dès qu'elle eut neuf-dix mois, nos premières lectures, Popi, puis Tralalire, puis d'autres mondes – et le bonheur extraordinaire de voir dans ses yeux un émerveillement, des voyages ; l'écriture avait ce pouvoir magique, avec de simples phrases – et plus encore, avec des phrases simples – de pousser au rêve, à une invitation vers des univers enchanteurs – Ponti en fut un, mais les lectures et relectures s'ajoutèrent. Un dépaysement absolu. Contemplant ces étoiles dans les yeux de ma fillette, je voulais en faire aussi. Et j'abandonnai l'illisibilité, peu à peu. Je fis ce qui me répugnait : des phrases simples, sujet, verbe, complément. À mon tour, j'invitai – que ce fut dur d'accueillir sur ma barque des lecteurs ! Mais ils y furent. Demeure aujourd'hui, pour moi, l'impossible d'une écriture pour "adultes" – plus exactement d'émerveiller celui-ci, comme s'il fallait d'abord qu'il cesse d'être un enfant – je me débats contre un monde où le divertissement a pris tant d'ampleur. Mais cet écueil, car c'en est un, je cherche à l'atténuer, car il est tout aussi défensif. La beauté, la joie, la surprise n'ont pas d'âge – reste à l'accepter.

  • Utaka Souley le 09/01/2022 à 13h39
    Ce n'est pas la moindre de mes fiertés que d'avoir à mon palmarès échiquéen un ex-membre des Petits Rois.

  • Balthazar le 09/01/2022 à 14h33
    Le nom a été changé, je ne voulais pas leur faire honte...
    (Merci Pascal, très intéressant.)

  • Utaka Souley le 09/01/2022 à 14h56
    Tu bluffes, Martoni ! T'avais publié avant de perdre contre moi !

  • Pierluigi Scollina le 09/01/2022 à 15h10
    Merci Pascal, vraiment.

    (Il y a longtemps, une histoire de mouton qui joue à saute-moutons au moment de l'endormissement fût pendant plusieurs semaines l'histoire préférée de ma fille, cela te dit peut-etre quelque chose ?)

  • John Six-Voeux-Berk le 09/01/2022 à 15h14
    Réponse de quelqu'un qui n'en a pas dormi pendant deux ans et qui, pendant deux ans, ne pouvait pas penser à autre chose (en dormant quand il y arrivait, à table, en marchant, sous la douche, en parlant à d'autres personnes, même). Qui n'avait jamais sérieusement pensé à écrire et qui s'y est mis malgré tout, dans l'enthousiasme et le doute. Que le résultat n'ait pas été publiable est une autre question, même si celle-ci a un rapport évident avec cette manière "patheuse" d'écrire.

    A vrai dire, j'avais toujours pris les déclarations de certains grands écrivains pour du pipeau : "Ah, qu'est-ce que je souffre ! mais pourquoi faire cela ? Ecrire ou la folie... c'est tout un..." (Céline, Duras, Blanchot, Michon (pour Vies minuscules.. les reste relevant du jeu), et bien sûr Flaubert...). Une manière de se faire valoir, d'exagérer le sacrifice, etc.

    Mais je crois les comprendre : il faut être fou pour se mettre à écrire sérieusement dans le genre "littérature sérieuse" (ce point est essentiel : tout dépend du "genre" d'écriture considéré et de ses "prétentions") ; ou bien s'être minutieusement dirigé vers l'écriture pour que celle-ci apparaisse comme une pratique nécessaire ou naturelle.

    Ecrire ses fantasmes (en racontant des histoires), ses "coups de gueule", son avis sur la question, le résultat de ses recherches, son témoignage, sa leçon de vie, sa proposition ludique dans le cadre de règles et de contraintes déterminées... tout cela s'inscrit dans des cadres sociaux ou psychologiques lisibles - ce qui ne signifie pas que ce soit facile d'ailleurs. Mais essayer de produire un machin hors règles, tout en pensant que ce truc peut intéresser quelqu'un d'autre qui ne vous connaîtrait pas, exige un orgueil fou, une confiance folle ou tout simplement de l'inconscience. Ou alors une nécessité (psychologique, sociale, économique peut-être) : ce qui explique d'ailleurs que certains , pour "écrire", commencent par soigneusement brûler tous leurs vaisseaux. Ce qui explique aussi que l'écriture passe souvent d'abord par des formes connues et rassurantes, par une fréquentation de milieux qui normalisent l'activité, la professionnalisent en quelque sorte. Lui donnent une raison sociale.

    Et donc concrètement, il m'a fallu avoir le sentiment de devenir fou (ne plus comprendre les autres, ne plus savoir ce que j'étais...) pour souhaiter, par un autre tour de folie, vouloir affronter ma folie les yeux ouverts, en abandonnant les défenses classiques. Et surtout en faisant l'expérience d'une solitude extrême.

    Aucun éditeur n'a voulu du texte, mais ce n'est pas si grave : la traversée a bien eu lieu. Depuis, dès qu'un embryon de nouveau projet se présente, je diffère, j'en élude la pensée, de peur de replonger. Concrètement, pendant ces deux années, mon travail quotidien ordinaire s'est dégradé, mon corps s'est défait, mon attention aux autres et à ma famille en a souffert... et petit à petit, j'ai eu l'impression de devenir une autre personne, personne que l'"oeuvre" potentielle aurait prise comme véhicule pour s'accomplir (=symptôme d'aliénation au sens propre)

    C'est une manière très dramatique de présenter mon expérience ; et je crois que si on ne l'a pas vécue, il est difficile de la prendre au sérieux. C'est en tout cas un des critères selon lequel, désormais, je vais vers les textes "sérieux" modernes (pour les autres : la littérature passée, la poésie, le roman de genre (policier, SF...), le témoignage, j'ai d'autres critères) : ceux qui me paraissent faire semblant me dégoûtent littéralement, et leurs livres me tombent des mains (faire semblant = ne pas follement soigner son texte, sous tous ses aspects). Je pourrais faire des listes sans fin d'ouvrages récents qui se présentent frauduleusement sous l'apparence de la littérature sérieuse, alors qu'ils sont des exercices de rhétorique. J'aime aussi les exercices de rhétorique, mais quand ils s'avouent tels.

  • Balthazar le 09/01/2022 à 15h55
    Je voulais dire : "leur faire honte avec ce que je racontais sur eux"... mais ton interprétation est beaucoup plus rigolote.

  • Raspou le 09/01/2022 à 17h25
    Pas seulement plus rigolote, d'ailleurs.