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Entraîneurs noirs, c’est noir

When Saturday Comes – Racisme latent ou inertie, qu'est-ce qui explique la rareté des entraîneurs noirs dans le football anglais?

Auteur : Joe Sandler Clarke le 4 Oct 2013

 


Extrait du numéro 320 de
When Saturday Comes (octobre). Titre original : "Opportunity Knocks". Traduction: Toto le zéro.


* * *
 

Avant même le début de l’entretien, Michael Johnson savait qu’on ne lui confierait pas les rênes des U20 d’Angleterre. Hormis un bref intermède en tant qu’entraîneur à temps partiel de Birmingham City, l’ancien défenseur de Derby County était resté deux ans sans travail avant de postuler.
 

Malgré ses vingt ans de carrière dans le milieu professionnel et ses nombreuses références d’entraîneur, c’était seulement son troisième entretien en trente-cinq candidatures. Et pourtant l’intéressé admet que, pour lui, franchir la porte était déjà une réussite en soi: "Rares sont les entraîneurs issus des minorités ethniques à avoir l’opportunité de s’asseoir devant un groupe de personnes, donc lorsque l’on est dans cette situation, on a l’impression de remporter une victoire alors que cela ne veut pas dire grand-chose."
 

 



 


3 sur 92

Sur les 92 clubs professionnels du pays, seuls trois ont un manager noir: Blackpool (Paul Ince), Charlton Athletic (Chris Powell) et Norwich City (Chris Hughton). Il y a douze ans, lorsque Jean Tigana et Ruud Gullitt officiaient encore en Premier League, il y en avait six… "Ces chiffres sont parlants", déplore Brendon Batson, qui fut la vedette de West Bromwich Albion et occupe actuellement de hautes responsabilités à la Fédération Anglaise (FA). "Nous semblons régresser, à l’heure actuelle."
 

Cofondateur de l’Association des entraîneurs noirs et asiatiques (Black and Asian Coaches Association), affiliée à la campagne de lutte contre le racisme "Kick It Out" sans en recevoir de subventions, Colin King a son idée sur le sujet: "S’il y a aussi peu d’entraîneurs noirs, c’est parce que le système est basé sur la cooptation et les réseaux de connaissances. Chris Powell avait fait du très bon boulot à Charlton, mais avait dû retourner dans un club où il avait été joueur."
 

Paul Hall, l’ancien avant-centre de Coventry City et de la Jamaïque, avait dû compter sur ses propres contacts afin d’obtenir son premier poste d’assistant de Duncan Russell à Mansfield Town en 2010, poste qu’il n’occupera que six mois malgré une finale de FA Trophy (coupe réservée aux clubs évoluant de la D5 à la D8) à Wembley. Depuis, le travail s’est fait plus rare, si ce n’est une pige effectuée à titre gracieux en 2012 à la tête de l’équipe première de Tamworth, qu’il aidera à se qualifier au troisième tour de la Coupe d’Angleterre – mais devra quitter car le club ne pouvait plus rembourser son trajet de plus de 190 kilomètres aller-retour jusqu’au centre d’entraînement.
 


Étiquette

Chaque poste d’entraîneur compte des centaines de postulants et, du fait de l’arrivée massive de techniciens étrangers, les opportunités pour les Britanniques sont restreintes d’autant. Selon Colin King, les entraîneurs noirs ont davantage de pression: "Les échecs sont bien plus lourds de conséquences car ils s’en trouvent affublés de l’étiquette «d’entraîneur noir». Il existe une méritocratie sur le terrain et il est vite évident si un joueur est à la hauteur ou non. Mais cette méritocratie est également déterminée par la couleur de la peau dans certains niveaux de l’économie. Le mouvement Kick It Out est une organisation à dominante blanche, les comités directeurs sont en majorité composés de mâles blancs, comme la plupart des médias. Il y a des barrières dans tous les domaines."
 

Lors d’une conférence récemment organisée à Londres sur la question du racisme dans le football, l’assemblée avait estimé que le système de signalisation des incidents à caractère raciaux à la FA n’était pas du tout fiable. Trevor Hutton, président de l’AFC Wembley, l’un des rares clubs dont les propriétaires sont noirs, a déclaré que dans la mesure où la représentation de la FA dans le comté n’avait pas réagi à une série d’incidents racistes ayant concerné de jeunes joueurs du club, celui-ci dénoncerait désormais ces incidents à des autorités plus haut placées telles que Kick It Out ou à la police: "En ce qui me concerne, se plaindre auprès la FA locale revient de toutes façons à se plaindre auprès de ceux qui nous ont agressés."
 


Plan anti-discriminations

Mark Ives, responsable des questions disciplinaires au sein de la FA, a reconnu ces problèmes, mais estimé que le nouveau plan d’action anti-discrimination permettrait d’améliorer le processus: à compter de cette saison, la FA chargera du personnel de superviser la manière dont les incidents sont traités par la FA au niveau des comtés et ceux qui s’occuperont de ces cas devront obligatoirement suivre une formation sur les questions de racisme et d’égalité.
 

Brendon Batson gère un programme de bourses qui offre un soutien financier aux entraîneurs issus des minorités ethniques qui suivent des cours pour obtenir des diplômes. Pour lui, plus les Noirs seront qualifiés, plus ils seront nombreux à trouver du travail. Toutefois, l’exemple des anciens pros blancs rapidement promus à divers postes laisse Michael Johnson particulièrement amer: "Gary Neville a directement intégré les moins de 21 ans, tout comme Phil Neville et Dougie Freedman. Je n’ai rien contre ces types, mais je repense à d’autres joueurs aussi qualifiés et à la carrière aussi brillante. Je n’ai pas vu Andy Cole intégrer aussi rapidement Manchester United ou bien Sol Campbell obtenir ce genre d’opportunités. Frank Sinclair entraîne désormais à un niveau non professionnel malgré sa belle carrière. De nombreux Noirs de talent ont déchanté devant le manque d’opportunités, ce malgré tous leurs efforts consentis pour obtenir les qualifications nécessaires."
 

Notre homme commence à envisager un départ à l’étranger, à l’instar de Brian Deane, l’ancien avant-centre de Leeds United parti en Norvège. Il commence également à se demander s’il ne devrait pas plutôt abandonner complètement le métier: "La question que je dois me poser, c’est combien de temps je vais encore frapper à des portes qui ne semblent pas s’ouvrir."

 

 

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Réactions

  • Mangeur Vasqué le 05/10/2013 à 12h21
    Oui, certes, je centre mon dossier sur le foot britannique noir mais si t’as une photo de ces affiches ou un lien, ça m’intéresserait, je pourrais l’inclure dans mon dossier, pour illustrer comme ces années 70 et 80 et leur racisme virulent et « débonnaire » furent merveilleuses…

    Le sentiment anti-Français – ou une certaine hostilité – est toujours malheureusement bien ancré, j’ai eu maintes fois l’occasion de le constater (dans ma belle-famille, par exemple. Et souvent de la part de gens, toutes classes confondues, qui n’ont bien sûr jamais mis les pieds en France. Des gens souvent anti-tout d’ailleurs, pas que les Français ; ma partenaire me racontait y’a quelques années une histoire sur son ex patronne - Chef de service dans un grand hôpital - qui lui avait confiée ne jamais avoir voulu recruter… des rouquins et des Gallois. Et ouais, elle partait à la retraite et s’était « lâchée »).

    Cette affiche “No Blacks, lien était « standard » et courante dans les années 60, lien ; il fallut faire voter une loi pour l’interdire, en 1965. J’en parlerai dans mon dossier.

    Pour plusieurs raisons que je développerai, les choses se gâtèrent terriblement pour les joueurs noirs / non-blancs à partir des années 60. Le club dont je parle dans le dernier article TK (Leyton Orient) fut d’ailleurs l’un des premiers à combattre les préjugés et faire sauter les barrières, par le biais de leur manager (George Petchey). A leur niveau (de petit club), ils firent avancer les choses, notamment avec leurs quelques joueurs juifs et noirs (souvent insultés, menacés, etc.), surtout Laurie Cunningham bien sûr, à Orient puis à WBA, tout ça sera dans mon dossier.

    L’article de WSC mentionne d’ailleurs Brendon Batson, aujourd’hui « consultant for Equality » à la FA. Et bien Batson fut l’un des 3 joueurs noirs de WBA à la fin des années 70, les fameux Three Degrees de West Brom, le premier club à aligner 3 Noirs régulièrement. Ironique d'ailleurs que Ron Atkinson ait été l’instigateur de cette petite révolution dans le foot britannique. Le troisième Three Degrees était Cyrille Regis (qui, lui aussi, s’en prit plein les oreilles – chants orduriers – menaces de mort aussi).

    A propos de Brendon Batson d’ailleurs, il fut victime de racisme mais ça ne l’empêcha pas de refuser l’entrée d’une soirée de récompense de la PFA (syndicat des joueurs) à la seule femme agent alors inscrite à la Fifa juste parce que c’était une femme (qui s’occupait de 50 joueurs), je parle de l’affaire Rachel Anderson en 1997. Batson était alors le chief exec adjoint de la PFA. Ce soir-là, dans les yeux et à l’entrée de cette réception prestigieuse, télévisée et compagnie, il lui dit : « Désolé, l’entrée aux femmes est interdite ici ».

    Elle contacta Tony Blair qui lui conseilla de porter plainte. Elle essaya de voir avec la PFA mais rien à faire, eux (Gordon Taylor en tête) lui répétèrent que les femmes ne seraient pas admises à leurs soirées de gala. Elle traîna donc la PFA devant les tribunaux et obtint gain de cause. C'était y’a à peine 15 ans hein…

  • bijou le 05/10/2013 à 17h00
    Il a un article très bien sur le même sujet dans Le Guardian: lien
    L'article plaide pour la mise en place d'un équivalent de la Rooney rule en Angleterre. La Rooney rule a été mise en place en 2003. Avant sa mise en place, la NFL n'avait compté que 6 entraineurs noirs en 80 ans. Depuis sa mise en place, 12 entraineurs noirs ont été embauchés.
    L'obligation faite de recevoir au moins une personne d'une minorité ethnique pour un entretien a ouvert les perspectives pour les entraineurs comme pour les dirigeants.
    J’apprécie le pragmatisme dont peuvent faire preuve les ricains pour tenter de régler certains problèmes.
    Et les commentaires de l'article sont pas mal:

    "djpoopypants
    An American fan of EPL here-

    Over here, this NFL rule has hardly raised any issues, and I'm sure many have accurate/inaccurate conceptions of USA race issues.

    If an owner is willing to interview 4 candidates for the job, an extra interview with a 'minority' candidate is no extra problem.

    If the owner isn't impressed-nobody cares. But this provides an opportunity for a 'minority' candidate to get a chance to impress and get the job.

    There are no quotas where an owner has to give a job to a minority candidate- they just have to give one a chance in an interview. And I think the NFL has shown that once that door is opened and a minority candidate has a chance to convince an owner that he is a great option, sometimes old owners with historical prejudice are impressed with someone who might have worked twice as hard as any other candidate.

    Again - it really isn't a big deal over here, in a place with perhaps far worse race relations than in Britain. Pittsburgh ain't exactly a model of race-blind fans, but fans sure did like a winning minority coach who could perform as well as or better than the reworked over coaches that failed.

    What is the downside to giving a minority candidate an interview? I completely fail to see the downside"


  • Vas-y Mako! le 05/10/2013 à 17h03
    Mangeur Vasqué
    aujourd'hui à 12h21

    Oui, certes, je centre mon dossier sur le foot britannique noir mais si t’as une photo de ces affiches ou un lien, ça m’intéresserait, je pourrais l’inclure dans mon dossier, pour illustrer comme ces années 70 et 80 et leur racisme virulent et « débonnaire » furent merveilleuses…

    .....

    ..pas de portable sur moi à l'époque pour immortaliser cela!
    Juste des baskets qui m'ont permis (ainsi que 2 ou 3 autres Français en séjour linguistique) d'échapper au caillassage lors d'un petit match de football improvisé sur un terrain vague... C'était chaud de parler français dans certaines villes de la grande banlieue londonienne.

  • Mangeur Vasqué le 06/10/2013 à 20h06
    bijou
    05/10/2013 à 17h00
    Il a un article très bien sur le même sujet dans Le Guardian: lien

    ###################

    Je mets ce lien que tu donnes sur le compte Twitter de Teenage Kicks & dans mon premier post ici vendredi soir en évoquant les résultats probants de la Règle Rooney (on est passé de 6 % d’entraîneurs / entraîneurs adjoints noirs en 2003 à 22 % aujourd’hui).
    Depuis que cette législation est apparue y’a 10 ans, on en parle pas mal en Angleterre. Ce débat dure depuis longtemps en fait et on a toujours pas avancé.

    Dès la fin des Nineties en Angleterre, on parla d’un schisme avec la PFA (syndicat des joueurs) pour créer une PFA des joueurs noirs (qui s’appellerait Black Players' Association ou The Federation of Black Players, lien), sur le modèle des Black Police Association et Society of Black Lawyers britanniques.

    La PFA refuse – évidemment – et la communauté concernée est divisée sur cette question. David James par exemple est contre, tandis que Rio Ferdinand et Sol Campbell pour, les frères Ferdinand ayant même pris la tête du mouvement sécessionniste à l’automne dernier. Gros conflit actuellement d’ailleurs entre Clarke Carlisle et les frères Ferdinand (Carlisle vient de raccrocher les crampons – en même temps que démissionner de son rôle de président de la PFA car il n'est plus actif ; il ne vous dira probablement rien mais il est très high-profile en Angleterre, TV, radio, etc.). Conflit larvé qui est reparti depuis la sortie du bouquin de Carlisle le mois dernier où il s'en prend aux Ferdinand pour avoir refusé de porter le fameux t-shirt anti-racisme de l’organisation « Kick it out » il y a un an.

    Ça revient régulièrement sur le tapis depuis plus d’une décennie, la dernière fois l’an dernier bien sûr avec les affaires Suarez et Terry. Les chiffres sont accablants : 25 % de professionnels sont noirs, 18 % de Noirs en Angleterre dans le cursus diplômes d’entraîneurs (UEFA A, B et Pro Licence) pour seulement entre 2 et 5 % de managers noirs dans le foot pro anglais depuis des décennies (4 cette saison : Hughton, Ince, Powell et Kiwomya à Notts County).

  • Mangeur Vasqué le 06/10/2013 à 20h32
    Vas-y Mako!
    05/10/2013 à 17h03
    Mangeur Vasqué
    aujourd'hui à 12h21

    ..pas de portable sur moi à l'époque pour immortaliser cela!
    Juste des baskets qui m'ont permis (ainsi que 2 ou 3 autres Français en séjour linguistique) d'échapper au caillassage lors d'un petit match de football improvisé sur un terrain vague... C'était chaud de parler français dans certaines villes de la grande banlieue londonienne.

    =====================
    Dommage. L’incident n’était peut-être pas lié à votre nationalité, ce genre de crétins s’en prenant souvent à tout le monde, sans discrimination.

    Tu parles de séjours linguistiques, j’ai bossé en tant que prof pour des boîtes linguistiques y’a 22-25 ans de ça (EF et SILC pour ne pas les nommer, z’étaient excellents SILC d’ailleurs, super boîte, à l’époque maintenant j’en sais rien) et on emmenait des groupes de Français à Brighton, Oxford, Nottingham, etc. des milliers au total.
    Jamais eu aucun problème de ce type en 3 étés.

    Ce genre d'incident que tu décris reste heureusement rare (contre les Frenchies), c’est plus dans les attitudes et leurs propos que, parfois, les gens dérapent, envers les Français en tout cas (malgré ça, le nombre de « hate crimes* » reste élevé en England & Wales & N.I – Ecosse toujours comptabilisée à part –, environ 50 000 recensés en 2012 ; 85 % pour raisons raciales/d’origine, 10 % pour raisons d’orientation sexuelles et 4 % pour motifs religieux, 1 % divers).

    [*hate crimes (also known as bias-motivated crimes, or race hate) occur when a perpetrator targets a victim because of his or her perceived membership in a certain social group. Examples of such groups include but are not limited to: racial group, religion,sexual orientation, ethnicity or gender identity. Hate crime is a category used to describe bias-motivated violence: "assault, injury, and murder on the basis of certain personal characteristics: different appearance, different colour, different nationality, different language, different religion.).

La revue des Cahiers du football