Feuilles de match et feuilles de maîtres
Qui a dit que football et littérature étaient incompatibles ? Voici le forum où vous pourrez parler de vos lectures récentes et anciennes, liées ou non avec le ballon rond.
Un conseil de lecture ? Une bonne librairie ? =>> "You'll never read alone", le Gogol Doc: http://bit.ly/11R7xEJ.
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Jeremie Janette le 09/02/2023 à 08h39Un collègue étranger m'a posé une colle : il aime bien Gide et Camus et voudrait lire des auteurs français "modernes" (je suppose donc du XXIè siècle) du même style.
Quelqu'un a des suggestions ?
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Balthazar le 09/02/2023 à 15h33Il est dur, ce quignon... (En plus ce sont des auteurs plutôt dissemblables, non ? J'ai du mal à comprendre ce "du même style".)
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Pascal Amateur le 09/02/2023 à 15h37Le seul fan de Camus que je connaisse est aussi admirateur de Giono, ça fait une piste. Mais c'est siècle dernier. En même temps, XXIe siècle, à part "La vie sans savoir", "La dernière ronde" et "Jo champion de foot", j'ai rien lu.
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Pierluigi Scollina le 09/02/2023 à 16h23Ah ok donc tu ne lis pas Mitch ? Bravo...
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Pascal Amateur le 09/02/2023 à 16h27Ah non voilà, c'est ça que j'ai confondu avec "Jo champion de foot", je me disais bien : une équipe foutraque, des amitiés cheloues, non non en fait c'est les romans de Mitch. Merci pour la correction !
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Red Tsar le 09/02/2023 à 16h42Quelques pasticheries pour le goûter...
[MILIEUX]
* Marco Verratti (d'après Le Cancre, de Jacques Prévert)
Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le cœur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non aux trois arbitres
Il est debout
On le sermonne
Et toutes les caméras sont braquées sur lui
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les avertissements et les sermons
Les doutes et les non
Les tacles et les pièges
Et malgré la menace d'un carton
Sous les huées des tribunes adverses
Avec des dribbles de toutes les couleurs
Face au tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.
* Fabian Ruiz et Carlos Soler (d'après En attendant Godot, de Samuel Beckett)
Fabian Ruiz : Qu'est-ce que tu as ?
Carlos Soler : Je n'ai rien.
Fabian Ruiz : Moi je marche.
Carlos Soler : Moi aussi.
Silence.
Fabian Ruiz : Il y avait longtemps que je dormais ?
Carlos Soler : Je ne sais pas.
Silence.
Fabian Ruiz : Où irons-nous ?
Carlos Soler : Pas loin.
Fabian Ruiz : Si si, allons-nous-en loin d'ici !
Carlos Soler : On ne peut pas.
Fabian Ruiz : Pourquoi ?
Carlos Soler : Trop loin [long silence]. Et il faut revenir demain.
Fabian Ruiz : Pour quoi faire ?
Carlos Soler : Attendre Rabiot.
Fabian Ruiz : C'est vrai [un temps]. Il n'est pas venu ?
Carlos Soler : Non.
Fabian Ruiz : Et maintenant il est trop tard.
Carlos Soler : Oui, c'est la nuit.
* Ander Herrera, après son crochet par le bois de Boulogne (d'après Mon rêve familier, de Paul Verlaine)
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétra(ïe)nt
D'une femme ? Inconnue, que je paie, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, qui m'aime et qui me prend.
* Renato Sanches (d'après Les Petites Vieilles, de Charles Baudelaire)
Dans les plis sinueux de notre capitale,
Où l'horreur achève tous nos enchantements,
Je guette les montées, confuses, jamais fatales,
De ce joueur singulier, décrépit et charmant.
Son corps disloqué fut, avant de vilains drames,
Pivot du LOSC vainqueur ! Monstre brisé, bossu
Et tordu, aimons-le ! Il a encore une âme,
Sous ces longues dreadlocks et sous de froids tissus.
* Danilo (d'après le portrait de Jean Valjean, dans Les Misérables, de Victor Hugo)
C'était un homme de moyenne taille, trapu et robuste, dans la force de l'âge. Il pouvait avoir quarante-six ou quarante huit ans. Le crâne dégarni, il avait son visage brûlé par le soleil et le hâle et ruisselant de sueur. Sa tunique rouge et bleue, avec près du col une fleur de lys, laissait voir sa poitrine dodue. Personne ne le connaissait. Ce n'était évidemment qu'un passant. D'où venait-il ? Du midi. Des bords de la mer peut-être. Cet homme avait dû marcher tout le jour. Il paraissait très fatigué.
* Vitinha (d'après l'aristie de Diomède, dans L'Iliade, d'Homère)
Au sortir des nuages, paraît un astre sinistre, resplendissant, qui replonge dans les sombres nuages : ainsi Vitinha se montrait. Il courait à travers la pelouse, semblable à un fleuve lourd et débordé, qui roule sans cesse et renverse les opposants. Ni les milieux ne l'arrêtent ni les défenseurs. Ainsi les lignes adverses sautaient devant le Tirsoéide, et leur multitude ne pouvait soutenir son choc. Par ses traits mortels, il frappait à gauche, il frappait à droite, il frappait au loin, il frappait au près. Et comme l'ennemi tombait, brisé, déjà ses pas légers le portaient à un nouvel assaut.
* Pablo Sarabia (d'après l'incipit de L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, de Miguel de Cervantes)
D'une une bourgade d'Espagne, dont je ne veux pas me rappeler le nom, venait un hidalgo. Il était maigre de corps, sec de visage, fort matineux et grand ami de la passe. On a dit qu'il avait le surnom de Sarabia. Or, il faut savoir que cet hidalgo, dans les moments où il restait oisif, c'est-à-dire à peu près toute l'année, s'adonnait à lire des livres de padel et de chats, avec tant de goût et de plaisir, qu'il en oublia presque entièrement l'exercice de son métier et même l'administration de sa carrière.
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Jeremie Janette le 09/02/2023 à 17h45Je ne sais pas ce que veut dire "du même style", je n'ai pas assez lu l'un et l'autre.
C'est pour ça que j'ai balancé mon quignon ici, chez les pros !
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Serg(inho) Camara-Zoff le 09/02/2023 à 21h15Je m'incruste dans la discussion, pour vous faire part de mes lectures de vacances.
Je suis étonné que personne n'ait parlé du "Cher Conn***" de Despentes, pourtant sorti depuis quelques semaines.
Je vais vous épargner une quelconque analyse, j'en suis bien incapable, et d'autres le feront bien mieux que moi.
Juste pour dire que j'ai beaucoup aimé. Le style est du Despentes, rien de bien nouveau, mais j'ai, beaucoup aimé le fond. Ça parle évidemment de féminisme, mais en amenant un échange entre un homme (cible par MeToo) et une actrice qui a passé son heure de gloire. Et justement ça ne parle pas que de féminisme. Alors certes je ne suis ni l'un ni l'autre, mais on sort un peu des clichés habituels et de la violence (gratuite ?) de Despentes envers le mâle et on réfléchit un peu.
Plus léger, on m'a conseillé "Sukkwan Island" de David Vann. Il était temps me direz vous, il date de 2010. Je l'ai lu en 2 jours, très bien écrit.
Enfin je conseille " Mamie Luger" de Benoît Philippon. Roman tendance noir, mais très drôle, où on suit l'histoire d'une vieille dame de 102 ans, en garde à vue.
Désolé pour cette interruption, vous pouvez reprendre vos activités habituelles.
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Julow le 09/02/2023 à 21h18Sukkwan Island, "léger".... ? J'ai rarement lu un truc aussi noir de noir de désespéré...
(et bravo Red !)
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Serg(inho) Camara-Zoff le 09/02/2023 à 21h23Léger c'était dans le sens que le thème était moins sensible et d'actualité que Desoentes. Mais effectivement ça va pas vous remonter le moral.