Si vous saisissez votre mot de passe PUIS votre e-mail, vous aurez la confirmation que ça n'a aucun effet particulier. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Pas de Blacks, "pas de problème" ?

En préconisant de traiter le (faux) problème de la binationalité avec des mesures discriminatoires, certains membres de la DTN et le sélectionneur national ont exprimé une piètre idée de leur mission, imprégnée de préjugés désolants.
Auteur : Jérôme Latta le 2 Mai 2011

 

S'il a été vendu avec un sensationnalisme qui a pu nuire à la crédibilité de la démarche, le verbatim de la réunion du 8 novembre au siège de la Fédération, publié par Mediapart samedi, n'est plus contesté à l'issue du week-end. Le débat sur la légitimité de la publication de propos tenus dans un cadre privé peut quant à lui être écarté en ne les jugeant justement pas comme des propos publics. La question est surtout de savoir, maintenant, si leur contenu légitimait ou non leur révélation. La retranscription ne comporte pas de propos explicitement racistes, et elle n'apporte pas la preuve que le système de quotas envisagé a été mis en chantier. Mais le dialogue révèle des conceptions et des modes de pensée consternants à ce niveau de responsabilité au sein du football français et, de glissement en glissement, il témoigne d'une racialisation de la question initiale - celle de la binationalité - au travers d'une inquiétante vision de la formation des joueurs.

quotas_1.jpg


Binationalité : un faux problème

Il est légitime que la DTN se pose la question des conséquences de la double nationalité sportive, qui permet à des joueurs ayant effectué toute leur formation en France et évolué dans les sélections nationales de jeunes, d'opter pour une autre sélection à laquelle leur origine leur donne droit. Cette mesure adoptée par la FIFA en deux temps (2005 et 2009) a créé un effet d'aubaine à la fois pour les joueurs et les sélections concernés. Ces "défections" peuvent être amèrement vécues par des formateurs qui, au sein de la FFF, ont pour mission de renforcer l'équipe de France. Pourtant, le problème n'en est pas véritablement un: pour un Moussa Sow, la plupart des joueurs optant pour un autre maillot national évoluent à un niveau moyen et ne manqueront pas réellement à l'équipe de France (même si le phénomène tend aujourd'hui à prendre de l'ampleur – lire "Les 'binationaux', enquête sur ces footballeurs français qui ne jouent pas en bleu").
Les protagonistes de la réunion ne l'ignorent pas, mais ils en font une question de principe, au travers notamment de "l'attachement au maillot" conçu sous un angle étroitement patriotique. Étroitement, car ces joueurs, quelle que soit leur nationalité sportive, profitent aux clubs français sur le terrain et dans leurs bilans comptables, l'exportation de joueurs étant une ressource majeure pour eux. Ce rétrécissement implique aussi de négliger totalement la satisfaction professionnelle et personnelle de voir un joueur que l'on a formé accéder au haut niveau et devenir international. Parallèlement, n'entre pas en ligne de compte, aux yeux des débatteurs (en dehors de Francis Smerecki, entraîneur des moins de 20 ans), le fait que les joueurs exercent là un droit légitime, et que la France contribue ainsi à renforcer sportivement des pays dont les enfants ont fait et font encore le bonheur du football français [1]. Inconcevable, aussi, semble l'idée que cela puisse être profitable à l'image de la France, pays formateur...



Une volonté de discrimination

Malheureusement, la discussion ne s'arrête pas là. D'abord, la mesure proposée est explicitement d'imposer des quotas de joueurs binationaux aux portes des pôles de formation ("même pas" 30%): "Les clubs pros, ils peuvent les prendre. Ils se répartissent! (...) Nous on travaille pour le football français, on ne travaille pas pour les sélections étrangères", dit ainsi Erick Mombaerts. Or, cela revient mécaniquement à barrer l'accès des structures fédérales aux jeunes ayant des origines africaines, ceux-ci étant très majoritaires dans le vivier français.
La démarche est clairement discriminatoire, comme le fait remarquer un Francis Smerecki manifestement perturbé par la tournure du débat, et évidemment contraire au droit. Les protagonistes ne s'y trompent pas, qui insistent sur la confidentialité à respecter: "L'idéal effectivement, c'est de dire, mais pas officiellement: de toute façon on ne prend pas plus de tant de gamins qui sont susceptibles de changer (de nationalité, NDLR) à terme" ; "il ne faut pas que ce soit dit" (François Blaquart) ; "On est obligé de le faire sous le coude" (Erick Mombaerts). Difficile, ensuite, de plaider la candeur.

Plus inquiétant: il apparaît au fil des échanges qu'on n'en était pas seulement au stade des intentions en novembre dernier. Selon Mediapart, le DTN François Blaquart "se dit non seulement favorable à l'instauration d'un quota, mais lâche qu'il a d'ores et déjà passé la consigne à Gérard Prêcheur", directeur de l'INF Clairefontaine. Cette politique des quotas, loin d'être une simple idée en l'air, est décrite par Mombaerts comme déjà à l'œuvre au sein des clubs: "Il y a bien des clubs comme Lyon qui le font dans leur centre de formation. Ils le font systématiquement. J'étais à Marseille là. Et Henri Stambouli (directeur du centre de formation de l'OM, NDLR) le met en place sur Marseille. Pareil, ils vont limiter le nombre."



"Prototypes de joueurs"

Déjà accablant, ce projet de discrimination sur le critère de la (bi-)nationalité s'accompagne de fortes ambiguïtés dans le discours, dans la mesure où la conversation finit par rapporter à l'origine la question des critères de sélection qu'il s'agit de transformer: il est bien question de mieux "sensibiliser" les jeunes, de les "aider à (s')identifier", mais les intervenants en arrivent à amalgamer le physique des joueurs, leurs qualités techniques et leur mentalité en les liant à leur origine – et donc à leur couleur de peau (lire l'article du sociologue Éric Fassin, qui analyse ces glissements).

Démarrée sur la question de la binationalité, la question dérive franchement. Laurent Blanc, qui évoquait pourtant le souci de mieux sensibiliser les jeunes à l'appartenance nationale, désigne "les Blacks" et verse tout particulièrement dans cette confusion. Dans ses interventions, il boucle le raisonnement en assimilant profils athlétiques, style de jeu et origine africaine. "Je vois quelques centres de formation: on a l'impression qu'on forme vraiment le même prototype de joueurs: grands, costauds, puissants. (...) Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants? Les blacks".

quotas_2_blanc.jpg

On entend aussi Laurent Blanc recommander de "recentrer" la sélection "surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans" sur des "critères, modifiés avec notre propre culture (...) avec notre culture, notre histoire". Son invocation de l'exemple espagnol aggrave l'impression: "Je vais vous citer les Espagnols: ils n'ont pas ces problèmes-là. Ils ont des critères de jeu qui sont très précis, à 12-13 ans. Les Espagnols, ils m'ont dit: «Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas»". Erick Mombaerts leur oppose les "petits gabarits blancs" et sa conclusion, même si le lien direct est incertain, parachève le malaise: "Le jeu, c'est l'intelligence, donc c'est d'autres types de joueurs. Donc tout est lié, tout est lié!"



Indigence du raisonnement

Si Laurent Blanc ne parle que de culture footballistique, cela signifie d'abord qu'il pense que "les Blacks" – déjà réduits au sempiternel stéréotype du Noir "grand, costaud, puissant" (lire l'article de Michel Wieworka) et présumés peu enclins à s'identifier au maillot national – sont également en peine d'assimiler "notre culture" du jeu. Dans l'hypothèse où le sélectionneur évoquerait dans le même temps leur mentalité sous l'angle de leur caractère inassimilable, le cas serait désespérant de la part d'une telle personnalité, investie d'une telle fonction [2]. On se raccrochera à l'hypothèse d'une grande maladresse.

Tout en laissant au DTN et au sélectionneur national le bénéfice du doute, il faut clamer l'indigence du raisonnement suivi par les plus hauts responsables de la formation française. Leur métier est de repérer et de former les meilleurs jeunes et d'en faire les meilleurs footballeurs possibles. Si leur projet est de redonner une dimension plus technique et moins physique aux joueurs formés, de renouer avec des principes de jeu plus ouverts, il leur incombe de changer les critères (physiques, techniques, voire liés à la motivation) de sélection sans aucune autre considération que l'impératif de recruter les meilleurs à cette aune [3].
Là, au prétexte (largement fallacieux, répétons-le), de la "fuite" des binationaux, non seulement ils prônent en amont de la démarche une méthode de discrimination par la nationalité, mais de surcroît ils l'accompagnent par des préjugés à la fois physiques, techniques et moraux sur les joueurs concernés. Craignent-ils que "les Blacks" puissent tout aussi bien fournir des petits gabarits techniques et intelligents, ou pensent-ils vraiment qu'ils ne le pourraient pas? [4].



Discrimination négative

Le but de l'enquête commanditée par le ministère au sein de la Fédération est notamment de déterminer si ce programme de discrimination s'est concrétisé, mais la controverse ne saurait s'arrêter là en cas de quitus sur ce point. Si, une fois qu'ils sont révélés, on tolère de tels propos tenus dans le secret des réunions, il n'y aura aucune surprise à les voir devenir, dans quelques années, une politique officielle parfaitement assumée.

Le choc né des révélations de Mediapart procède moins du constat, hélas maintes fois attesté, de la banalisation des préjugés simplistes qui font le lit du racisme ordinaire, que de l'évidence que des programmes discriminatoires peuvent être évoqués, voire mis en œuvre, en toute bonne conscience par des personnes pour lesquelles on trouve déjà des flopées de témoins prêts à jurer de leur impeccable moralité [5]. S'il faut le condamner, comment s'en étonner? Depuis une dizaine d'années, le football a été instrumentalisé par une cause xénophobe qui s'est nourrie des psychodrames nationaux survenus depuis France-Algérie 2001 jusqu'au fiasco de la Coupe du monde 2010. L'interprétation de ce dernier comme une conséquence de la mentalité de joueurs issus des banlieues a contribué à rendre possible les raisonnements tenus au siège de la Fédération. Raisonnements dont la gravité apparaît d'une tout autre ampleur que celle du vaudeville de Knysna, et bien plus "honteux" pour notre pays...


L'obsession raciale s'est elle-même enracinée dans la société française tout entière [6]. À ce titre, les conversations de la DTN ne sont que le symptôme, non pas de "dérapages" mais bien du déplacement de ce qui est devenu tolérable ou imaginable. Avec ces projets de discrimination négative, le message envoyé aux jeunes "issus de l'immigration" (puisqu'on les renvoie toujours à cette identité) est absolument désastreux: il s'agit de refermer la porte de cet ascenseur social – aussi illusoires et réservées à une extrême minorité soient les possibilités d'ascension qu'il offre –, en contradiction complète avec les "valeurs" incessamment proclamées du sport, censé incarner une forme pure d'égalité des chances.

On n'aura pas fait le tour de la question dans cet article, et d'autres interprétations peuvent être faites du débat ainsi révélé (lire par exemple les articles d'Olivier Villepreux ou Daniel Schneidermann). Il reste difficile de se voiler suffisamment la face pour ne pas éprouver une immense tristesse en découvrant la façon dont, fût-ce entre eux, les responsables de la Direction technique nationale conçoivent leur mission et élaborent des politiques de formation.


[1] D'autant que préempter précocement des joueurs en les sélectionnant dans les équipes nationales de jeunes ne constituait pas une pratique très équitable.
[2] D'autres citations l'exonèrent d'un racisme ouvert, notamment quand il s'en tient à la question du choix de la nationalité sportive: "Moi c'est pas les gens de couleur qui me posent un problème. C'est pas les gens de couleur, c'est pas les gens nord-africains. Moi j'ai aucun problème avec eux. Mais le problème, c'est que ces gens-là doivent se déterminer et essayer qu'on les aide à se déterminer. S'il n'y a que des – et je parle crûment – que des blacks dans les pôles (de préformation, NDLR) et que ces blacks-là se sentent français et veulent jouer en équipe de France, cela me va très bien."
[3] Sans occulter non plus que leur institution est à l'origine d'un recrutement orienté vers des morphotypes athlétiques et vers l'enseignement d'une culture tactique défensive. Par ailleurs, ont-ils renoncé à former les joueurs comme des citoyens responsables, susceptibles d'être attachés au maillot et de manifester leur bon esprit collectif?
[4] Plus accessoirement, ils semblent ne pas avoir conscience de l'impasse dans laquelle leur politique mènerait, notamment pour les sélections de jeunes et les clubs. Francis Smerecki rappelle pourtant: "Si on enlève la totalité des gens qui peuvent choisir, pour une autre sélection éventuellement, je ne sais pas si on a une division. Parce que quelque part, même s'ils vont jouer dans un autre pays, il y a des clubs de Ligue 2 qui vivent avec ces joueurs-là."
[5] Notons la charge d'André Mérelle, ancien directeur de l'INF Clairefontaine qui a estimé que François Blaquart avait "ce qu'il mérite".
[6] On peut impunément tenir des propos racistes au plus haut niveau de l'État, la xénophobie est devenue un levier électoral comme un autre, les pouvoirs publics ont légitimé la stigmatisation de populations particulières et tenté d'inscrire dans la loi des mesures discriminatoires, la montée du Front national est médiatisée comme un excitant phénomène de marketing politique, etc.

Réactions

  • Metzallica le 02/05/2011 à 23h35
    Dans un cas quelqu'un pense qu'il y a des races, dans l'autre il discrimine en fonction de çà.
    Par exemple le premier dira: les noirs courent vite. Tant mieux pour eux.
    L'autre il dira: les noirs courent vite. Je vais donc les empêcher de s'inscrire au critérium d'athlé de Triffoulli les oies pour pouvoir gagner.

    En gros non?

  • Rigoboum Song le 02/05/2011 à 23h35
    Sans vouloir faire la lèche, je tiens quand même à tirer mon chapeau à Jérôme pour cet excellent papier, peut être le mieux écrit que j'ai lu jusqu'à présent (en toute objectivité). Le grand manitou des CDF aura notamment réussi à mettre en mots quelques unes des pensées qui m'ont traversé en découvrant toute cette polémique.

    Un passage retient particulièrement mon attention. Le premier, c'est celui-là.

    "Là, au prétexte (largement fallacieux, répétons-le), de la "fuite" des binationaux, non seulement ils prônent en amont de la démarche une méthode de discrimination par la nationalité, mais de surcroît ils l'accompagnent par des préjugés à la fois physiques, techniques et moraux sur les joueurs concernés. Craignent-ils que "les Blacks" puissent tout aussi bien fournir des petits gabarits techniques et intelligents, ou pensent-ils vraiment qu'ils ne le pourraient pas?"

    C'EST EXACTEMENT CA, PUTAIN ! C'est exactement ça, la petite question troublante qui me trottait dans la tête depuis des heures. Et que je n'arrivais pas à mettre en forme. Merci pour ça, donc.

    Un autre point me pose vraiment question et me fait vraiment, vraiment mal à mon foot : cette fameuse politique de quota qui ne veut pas dire son nom serait manifestement d'ores et déjà à l'oeuvre dans certains clubs.
    ...
    Je ne comprends même pas que cette "info" ne soit pas plus commentée, creusée ou même réfutée par exemple par les clubs directement cités par Mombaerts (ou alors ça m'aura échappé). Je suis en particulier très étonné de l'absence de réaction de Stambouli, dont le nom a été manifestement cité directement par le sélectionneur des espoirs.

    Ca me fout totalement sur le cul.

  • Tonton Danijel le 02/05/2011 à 23h47
    sansai
    lundi 2 mai 2011 - 23h10
    José-Mickaël
    lundi 2 mai 2011 - 23h06

    Je pense que tu exagères. Je vois deux sens au mot "racisme" :
    - Un sens faible : les racistes croient qu'il y a plusieurs races humaines (ce qui est faux si on emploie le mot "race" dans son sens scientifique).
    - Un sens fort : les racistes sont ceux qui discriminent les gens suivant leur appartenance « raciale » (soi disant : couleur de peau, origine, faciès...)

    Quelqu'un qui croit que les Noirs ont des prédisposition à courir plus vite que les Blancs ou qu'ils ont un plus gros **** est raciste dans le 1er sens, ce n'est pas trop grave à mon avis (au pire il sera jaloux...)

    -----

    Relis-toi, Josémi, et essaie de me réexpliquer la nuance là, parce que j'ai du mal à la saisir.
    - - - - - - -

    Pour faire court, le premier est un ignorant, le genre de types qui vit avec des préjugés mais qui n'a pas de haine, si un type de couleur lui demande service il le lui rendra, c'est juste qu'il ne connaît pas l'autre donc il vit avec ses stéréotypes. C'est le gars de la campagne qui dira "j'aime pas les arabes, j'aime pas les noirs, mais toi je t'aime bien"*

    Qualifier le deuxième me vaudrait d'être hors charte.

    * Oui bon d'accord, citer du Kamini me vaudrait d'être hors charte, mais je dois avouer que son texte est assez véridique pour les deux trois jeunes noirs ou arabes que j'ai croisé dans mes villages nataux...

  • OldSchool le 02/05/2011 à 23h48
    Tant d'émotions pour seulement un raisonnement aussi pauvre, dis donc. ( je comprends toujours pas comment on peut préférer imposer des quotas au lieu de proposer un nouveau projet de jeu ou de formation ).

    Bref, peut-être que je me prends un point, mais je sais même pas de quoi on parle puisque le seul cas vraiment notable sur les 10-15 dernières années, ça doit être un jeune type parlant même pas français ou si mal et qui est devenu champion du monde en 1998. Evidemment, c'est la France qui a profité de la double nationalité dans ce cas, et évidemment², personne pour se plaindre d'un étranger chantant pas la marseillaise et parlant si mal français. ( peut-être c'est sa coupe de cheveux, ou je ne sais quoi, qui le rendait sympathique). Bien moins génant par exemple qu'un black parlant très bien français ( même si c'est pour dire des bétises ) et chantant la marseillaise ( même si très faux). Un grand nombre de français n'aiment pas les lunettes, j'imagine, et même si dans ce cas ça n'a plus rien à voir avec le sujet.

    Bref, tout ça a assez peu de sens, en dehors de déchainer les passions sur la même question qu'on nous ressert à toutes les sauces, et qui sert les intérêts de ceux qui en font leur commerce ( c'est d'ailleurs plutôt chouette pour eux même s'ils y sont pour rien, ils ont des victimes punies avant même d'avoir été jugées, alors que c'était même pas du racisme mais juste une incompréhension visant à défendre les hauts intérêts de la France, pauvres d'eux qui peuvent même plus s'exprimer en privé à propos de traitres et profiteurs des assed.. heu non, des centres de formations, pardon... ).

  • José-Mickaël le 03/05/2011 à 00h28
    Metzallica : bien résumé !

    (Tonton : le premier n'est même pas obligé de ne pas aimer les Noirs ou je ne sais qui. Il peut par exemple croire en son for intérieur que - mettons - les Noirs ont des prédisposition à la danse ou que les Blancs ont des prédispositions au chant sans pour autant avoir de haine, de peur, de jalousie ou de sentiment de supériorité (ou d'infériorité). C'est juste qu'il croit que les Noirs et les Blancs sont différents en tant que Noirs et en tant que Blancs, alors qu'en fait non.)

  • sansai le 03/05/2011 à 00h39
    Donc il discrimine (différencie) les gens suivant leur appartenance « raciale ».

    Ce que j'essaie de souligner c'est que j'ai l'impression que tu essaies d'atténuer, dans le premier cas, une position strictement similaire à la seconde.

    En fait ce qui différencie les deux selon toi, arrête-moi si je me trompe, mais ça va juste être le degré de haine dans sa discrimination.

    Le premier est tout aussi susceptible, dans son ignorance, que le second, de trouver normal de prendre des décisions sectaires à grande échelle quand il va avoir une position importante dans la société (je sais pas moi, responsable de la DTN de football par exemple), sauf que ce sera probablement moins assumé, avec un peu plus de malaise.

    Les mêmes décisions mais avec moins de colère et de haine à la clé.

    Donc en gros c'est plus de racisme qu'on parle là, mais de haine ou pas. Le racisme restant ce qu'il est, qu'il soit haineux ou non.

  • narcoleps le 03/05/2011 à 00h56
    Rigoboum Song
    lundi 2 mai 2011 - 23h35
    Sans vouloir faire la lèche, je tiens quand même à tirer mon chapeau à Jérôme pour cet excellent papier, peut être le mieux écrit que j'ai lu jusqu'à présent (en toute objectivité).
    ---------

    Gros +1. Le traitement du sujet, la structure de l'article, les mises en contexte et en perspective sont d'un très haut niveau. Un des sommets des CDF, en tout cas un de ceux dont je me souviendrai longtemps.

  • PiMP my Vahid le 03/05/2011 à 00h59
    nard
    lundi 2 mai 2011 - 20h08
    Pimp: le foot portugais, c'est celui ou t'as pas le droit de faire une passe ?
    -----
    Pour recentrer le débat sur la seule question qui en vaut vraiment la peine, sache que j'ai jamais bien compris la nuance, mais dans mon patelin de banlieue comme dans pas mal d'autres, il y a à côté du club de foot "normal" un club de foot portugais. J'imagine que le Créteil-Lusitanos en est l'exemple le plus abouti.

  • olerouge le 03/05/2011 à 01h17
    PiMP my Vahid
    mardi 3 mai 2011 - 00h59

    Pour recentrer le débat sur la seule question qui en vaut vraiment la peine, sache que j'ai jamais bien compris la nuance, mais dans mon patelin de banlieue comme dans pas mal d'autres, il y a à côté du club de foot "normal" un club de foot portugais. J'imagine que le Créteil-Lusitanos en est l'exemple le plus abouti.

    >>Ces clubs "communautaires" sont légions en France. Thuram a d'ailleurs fait un passage par les Portugais de Fontainebleau, dans ses jeunes années. Dans le même genre à Issy, il y a cette année deux clubs en DH dont l'Ararat Issy, anciennement Arménienne, qui a joué durant plusieurs années en CFA2.

  • José-Mickaël le 03/05/2011 à 01h30
    sansai
    mardi 3 mai 2011 - 00h39
    > En fait ce qui différencie les deux selon toi, arrête-moi si je me trompe, mais ça va juste être le degré de haine dans sa discrimination.

    Je crois que tu te trompes.
    - Le premier croit qu'il existe plusieurs races humaines, mais il n'a pas forcément de haine, de peur, de sentiment de supériorité, etc.
    - Le second croit qu'il y a plusieurs races et en prend prétexte pour faire de la discrimination.

    > Le premier est tout aussi susceptible, dans son ignorance, que le second, de trouver normal de prendre des décisions sectaires à grande échelle

    Je ne vois pas pourquoi. Il croit qu'il y a plusieurs races, mais il ne croit pas forcément que l'une est supérieure à l'autre.

    Par exemple, si la fédération internationale d'athlétisme décide que les sprinteurs noirs auront un handicap de 5 mètres au départ sous prétexte qu'ils ont des prédisposition raciales à courir plus vite, il sera d'accord avec ces prédispositions raciales mais n'approuvera pas forcément la mesure : il peut considérer que la prédisposition raciale d'un coureur noir, c'est comme la prédisposition technique de Maradona (il est né avec des mains à la place des pieds) ou la prédisposition de ceux qui ont l'oreille absolue : oui, il y a des gens qui ont quelque chose en plus que les autres, ainsi les Noirs courent plus vite, et ce n'est pas une raison pour les traiter différemment. S'il croit qu'il faut leur donner un handicap, là il fait de la discrimination, donc passe à la catégorie 2 du racisme. (Disons que je sépare un racisme passif et un racisme actif.)

    (En fait, je crois qu'on peut dire que le racisme de type 1 n'en serait pas un si réellement il existait différentes races, alors que celui de type 2 est moralement condamnable même s'il existait différentes races. Un peu comme si on ne donnait pas les mêmes droits aux femmes : elles sont distinctes des hommes par certains aspects mais n'en méritent pas moins d'avoir les mêmes droits.)

La revue des Cahiers du football