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De la liberté de supporter un autre club

When Saturday Comes – Le supportariat implique généralement l'exclusivité de la passion. Pourtant, se procurer une deuxième "équipe de cœur", bien que réprouvé par la morale, procure de vrais avantages.

Auteur : Ed Wilson le 21 Mars 2014

 


Extrait du numéro 324 de
When Saturday Comes (février). Titre original : "Freedom of choice". Traduction: Toto le zéro.

* * *
 


La définition même des "authentiques" supporters de football fait régulièrement l’objet de débats, que ce soit dans les ruminations semi-érudites des articles de presse ou les messages systématiquement enflammés des forums. L’une des caractéristiques indiscutablement essentielle de la panoplie desdits fans authentiques, au même titre que la possession d'un élément de la tenue d’entraînement, est la fidélité envers un seul club.
 

 


 


Les joies de la nouveauté

Cette dévotion envers une cause unique, entretenue par des pubs condescendantes financées par divers sponsors, qui va au-delà du bon sens et parfois même de la décence, a néanmoins pris une telle importance en tant que mesure d’un supportariat noble que toute déviance serait inquiétante: le supporteur authentique ferait mieux de renoncer à sa passion pour le football, voire à la vie, que de suivre une autre équipe.
 

 

Conséquence d’un tel positionnement, le fan qui changerait d’allégeance, dans sa quête d’une préférence plus satisfaisante, manquerait totalement de crédibilité. Au football, exercer un choix est fondamentalement suspect: prendre ce qui vous est donné, aussi préjudiciable que ce soit, et le conserver en toutes circonstances, est inhérent aux véritables fans. Dans ce contexte d'absolutisme moral, la "seconde équipe" devient un concept plaisamment désinvolte et ambigu, permettant aux supporteurs de vivre l’exaltation liée à la nouveauté tout en éludant les procès en dilettantisme.
 

Correctement choisie, cette autre équipe peut être source de variété et venir compenser les errements du club auquel vous vous êtes indéfiniment, et sans doute avec regret, enchaîné. Si l’équipe dont vous avez hérité se compose de tâcherons des divisions inférieures dotés d’un haut niveau d’engagement et gavés de Viandox – mais au bagage technique limité –, le choix logique pour la seconde équipe serait un effectif de haut vol de la Premier League débordant de créatifs en pantoufles, que la seule idée de racler les ballons pour les balancer loin devant plongerait dans un infini désespoir existentiel.
 


Un peu de glamour

La seconde équipe propose un exercice créatif permettant d’essayer une identité footballistique à la fois nouvelle et sans doute moins dysfonctionnelle. L’expérience quotidienne du supporter d’un des grands clubs anglais les moins en vue (du genre à être entraînés par Mark Hughes) peut par exemple être égayée par le glamour importé d’un second choix étranger. Nous avons donc la possibilité, même éphémère, d’essayer une nouvelle personnalité: en quoi nos vies deviendraient différentes, quelle personne pourrions-nous devenir si les circonstances avaient fait que ce que nous supportons prendrait la forme du toucher de balle et de l’insolence d’un Lionel Messi plutôt que la laborieuse sincérité et la casquette d’ouvrier d’un Jonathan Walters? [1]
 

 

Ces dernières années, face au train-train quotidien de ma vie de supporteur de Coventry City, j’ai pu trouver du réconfort en m’intéressant à la Roma. Ces deux clubs sont réputés pour leur instabilité et leur inconstance, mais c’est bien là ce que des joueurs tels que Francesco Totti et Daniele de Rossi peuvent rendre supportable, et ce d’une manière dont le peu classieux défenseur Andy Webster [2] serait bien incapable.
 

Il y a aussi des raisons à la fois nobles et fort pratiques de suivre une seconde équipe, des raisons que même les plus ardents des supporteurs d’un seul club devraient concevoir: une seconde équipe est souvent une nécessité, car pour ceux qui sont géographiquement éloignés du principal objet de leur supportariat, elle représente une autre source régulière de football. De plus, et alors que les prix des billets grimpent dans les divisions supérieures, suivre négligemment une équipe du niveau semi-professionnel peut offrir une gamme abordable de matches à vivre. Ainsi, même une seconde équipe européenne peut s’avérer un moyen plus économique d'aller au stade que d’assister à des rencontres de haut niveau au Royaume-Uni… On nous rappelle souvent que le prix des billets et des transports pour un match de Bundesliga est moins cher qu’un paquet de Haribo.
 


Oui à la bigamie footballistique

Le choix d’une autre équipe est généralement une prérogative du supporter de ligue inférieure, désireux de s’associer d’une manière ou d’une autre à la gloire, et recherchant un engagement plus significatif grâce au spectacle offert par la Premier League. Difficile d’imaginer un fan de Manchester United parcourir fiévreusement le Net pour connaître les résultats d’Alfred Town, la principale raison étant que la D5 Anglaise n’est pas suffisamment couverte pour qu’elle en devienne digne d’intérêt. Sans l’attrait d’un lien personnel, géographique ou familial, le supporteur d’un gros club n’a pas tellement besoin du répit proposé par une seconde équipe.
 

 

Suivre de manière insouciante un autre club n’égalera jamais les émotions vécues dans une relation footballistique monogame, mais il est bon de pouvoir, de temps en temps, apprécier un match pour ce qu’il offre, un match dénué du long discours préexistant empreint d’optimisme, de déception et d’exploitation financière que l’on partage avec son équipe. Un second club peut nous offrir une forme de jouissance moins complexe, sans mobiliser une trop grande partie de notre temps ou de notre énergie émotionnelle. On peut suivre les résultats ou regarder les résumés, et les tensions propres aux supporters "authentiques" en sont temporairement apaisées. Il devient inutile de s’appesantir plus que de raison sur les défaites, pas plus que de s’acheter une tenue d’entraînement.

 

 

[1] International irlandais ayant évolué à Bolton, Hull City, Barnsley, Scunthorpe United, Wrexham, Chester City, Ipswich Town et Stoke City.
[2] Footballeur écossais passé par Heart of Midlothian, Wigan Athletic, les Rangers, Bristol City, Dundee United et Coventry City.

 

 

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Réactions

  • Mama, Rama & Papa Yade le 21/03/2014 à 11h58
    Un club de cœur peut se choisir. Combien de gens ont par exemple élu l'OM par la grâce d'un quart de finale contre le Milan AC devant leur télé et décidé de sacrifier à leur objet de culte un voyage annuel au temple du Vélodrome? Ma région est en remplie (je ne juge pas).
    Ces gens pourront toujours revendiquer un petit plus dans leur démarche face à ceux comme moi qui n'ont pas choisi (portant le maillot du MPSC en poussins l'après-midi et au stade de la Mosson le soir): celui du libre arbitre. Auquel les gens comme moi opposeront les petits moins de la facilité et de l'opportunisme.

    Sinon, le mieux pour éviter des scènes de ménage, c'est d'avoir une maîtresse à l'étranger. Pour ne pas réveiller les foudres de Mama, Papa s'acoquine à l'occasion avec le Genoa FC 1893, belle italienne qui lui fournit finalement des plaisirs aux antipodes de ceux de son épouse (la longévité, la lose fière et digne...)

  • Hugo by Hugo Broos le 21/03/2014 à 13h11
    Alfred Town ?? Non, Alfreton Town, petite ville du Derbyshire dont le stade fait de l'ombre aux ateliers de mon ancien employeur qui espérait exproprier le club de ses terrains mais n'a pas pu à cause du succès sportif (et populaire).

    On a plein de raisons d'apprécier plusieurs clubs, qu'une péripétie de la vie nous a rendu sympathique. Comme Nick Hornby, fan d'Arsenal ET de Cambridge.

  • Jean-Luc Skywalker le 21/03/2014 à 13h47
    Tiens un article anglais qui mentionne le Viandox. Pourquoi je ne suis pas surpris ?

  • Toto le Zéro le 21/03/2014 à 14h01
    @Jean-Luc Skywalker

    Parce que le terme original, "Bovril", ne veux rien dire pour de nombreux cédéfistes!!

  • Jean-Luc Skywalker le 21/03/2014 à 14h14
    Haaaa, tout s'explique.

  • Sens de la dérision le 21/03/2014 à 15h32
    Moi je suis du genre à avoir une femme pour la vie, enfin j'espère. Certes je ne la visite pas toutes les semaines mais c'est elle que je regarde le matin avant de bosser.
    Ce qui ne m'empêche pas de regarder discrètement d'autres filles, pas forcément plus belles, ni plus clinquantes mais qui ont leur petit quelque chose, souvent le souvenir d'un simple sourire d'un soir. Et ce ne sont pas les catins maquillées comme des camions volés et physiquement supérieures à grands coups de chirurgie esthétique qui me sont les plus attirantes même si je comprends qu'elles puissent réveiller la libido de certains mâles.

  • Radek Bejbl le 21/03/2014 à 17h00
    De mon côté je suis célibataire. J'ai des coups de coeur, certains qui durent plus longtemps que d'autres, mais les déceptions amoureuses ne m'empêchent pas de voir une autre fille le lendemain comme si rien ne s'était passé. Il y a bien sûr l'amour de jeunesse, mais tu n'y pense que par nostalgie, elle qui est a perdu ce truc en plus. Et s'il y a une régulière, c'est une relation sans engagements, sans sentiments profonds ni pardon.

    Je regarde donc les autres avec curiosité, sans comprendre. Je m'interroge sur la naissance de l'amour, sur mon intolérance au quotidien dès qu'il devient banal. Et je me dis que quiconque n'a pas reçu d'héritage familiale supporteriste ni bénéficié des diffusions télévisées de C+ a beaucoup plus de chances de vivre le foot comme un produit télévisuel globalisé (et de le consommer sans s'impliquer).

  • Moravcik dans les prés le 21/03/2014 à 18h15
    C'est quelque chose que j'ai souvent expliqué à ceux qui n'arrivent pas à comprendre comment on peut être passionné par un match de foot : le truc, c'est de prendre parti pour l'un des deux. Si vous faites ça, vous verrez, ça va devenir vraiment chouette.

    La fidélité à un club, c'est compliqué comme question, parce que ça dépend de l'histoire de chacun (un parcours géographique par exemple). Et puis se choisir un deuxième club peut effectivement résulter d'un certain opportunisme, mais aussi être une décision plus raisonnée (là ou le premier choix, en général effectué durant l'enfance, est souvent irrationnel, familial ou grégaire) : on se prend un deuxième club parce qu'il correspond à une philosophie de jeu qu'on partage, une identité dans laquelle on se reconnait, etc...

    Perso je serais sans doute capable de filer une note d'affection à chaque club que je connais, et donc du coup il y a des clubs que j'aime bien (et d'autres non), mais depuis que j'ai 7-8 ans, quand Sainté perd, je passe une sale semaine, vraiment, je n'y peux rien, et aucun autre club ne me fera jamais ça : quand je vois d'autres clubs, c'est comme si le foot n'était qu'un jeu quoi (n'importe quoi en somme).

  • Toto le Zéro le 21/03/2014 à 19h19
    Pour ceux (comme OLpeth) qui y voient une apologie de l'infidélité, je me souviens des propos de Nick Hornby lorsque son roman Fever Pitch avait été adapté au cinoche (Carton Jaune).

    Pour lui, l'amour d'un club (en l'occurence Arsenal dans son cas) est plus fort que l'amour d'une femme car le club, lui, ne vous quittera jamais!

  • chapoto le 22/03/2014 à 03h17
    Le spectre d'une ligue européenne fermée pourrait conduire à un modèle Américain où d'aucuns supportent une équipe universitaire et une équipe professionnelle pour un même sport. Les puristes y considèrent le sport professionnel comme une déviance.
    Pour ceux qui souhaitent ajouter dix clubs supplémentaires à supporter, avec des dominateurs et des perdants magnifiques changeable chaque année, il y a la Ventre Mou's League.

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