Ballon de Plomb, les candidats : Coupet et Coutadeur
Ce brave vétéran et ce gamin égaré ont-ils mérité leur nomination?
Auteur : Thibault Lécuyer et Pierre Martini
le 7 Dec 2010
Grégory Coupet (Paris)
La candidature du portier parisien soulèvera de légitimes contestations: en 2010, il est courageusement revenu d'une grave blessure et accepté sa relégation au rang de remplaçant d'Apoula Edel. Sa fin de carrière est certes marquée par une dégringolade digne du cours de bourse d'OL Groupe, du banc de l'Atlético à celui du PSG, mais Fabien Barthez avait réussi bien pire lors d'une saison nantaise qui lui avait valu une nomination en 2007 (lire "Barthez, fallait pas l'inviter?"). De surcroît, son image est celle d'un footballeur positif, bon esprit et souriant (fut-ce d'un sourire toutes maxillaires dehors, sous des coiffures constituant de véritables attentats capillaires).
Les jurés qui ont voté pour cette nomination doivent confesser qu'il entre une envie de représailles dans leurs motivations. La fin de carrière en queue de poisson de l'ancien Lyonnais est une façon de remplir le critère de la qualité sportive pour mieux mettre en exergue celui de la mentalité. Et comment ne pas comprendre l'exaspération née de l'accumulation, depuis plusieurs années, de comportements aux antipodes de ceux attendus d'un joueur qui se veut exemplaire?
Passons sur l'aller-retour de Tignes en 2006, suffisamment entré dans la légende, pour souligner à quel point, au fil des années, Grégory Coupet a accumulé les sorties hasardeuses en dehors des terrains (dans le jeu, aujourd'hui, il évite soigneusement de sortir sur les balles aériennes). À coups de déclarations retentissantes – généralement des déclarations d'intention. Il y eut l'inoubliable et peu confraternel "Je pense que je l'aurais arrêté [le tir de McFadden encaissé par Mickaël Landreau lors de France-Écosse 2007]" (élue déclaration de l'année). À coups, aussi, de couplets (des Grégory couplets) sur la mentalité des jeunes joueurs, assénés depuis dix ans sur le même ton d'adjudant-chef en retraite (lire "Les jeunes sont des cons"). Sans oublier cette détestable habitude d'adresser des critiques tardives à d'anciens coéquipiers, par voie de presse.
Cette année, Grégory Coupet a parachevé son œuvre en participant au désastre de Knysna à sa façon – c'est-à-dire de loin –, avec cette affirmation de juillet dernier: "Franchement, je serais descendu du car". Tout est dit. Rien que pour ça, cette nomination de plomb n'est pas usurpée.
Point fort
On a quand même envie de voir s'il l'aurait arrêté, le Ballon de Plomb.
Point faible
Il est à l'origine du running gag le plus utilisé sur les Cahiers depuis trois ans.
Bon ben non. Il ne l'aurait pas arrêtée, finalement.
Le Diaporama de Grégory Coupet
Mathieu Coutadeur (Monaco)
Ancien international Espoirs et considéré comme un jeune milieu de terrain "moderne" et prometteur, Mathieu Coutadeur manque de charisme – il est de la génération 86, celle dont personne ne parle –, mais son parcours 2010 est assurément marqué par le plomb. Pas de déclaration à l'emporte-pièce du côté du Monégasque, mais une succession de mauvais choix qui ont transformé une trajectoire ascendante en chemin de perdition.
Coutadeur commence par mettre à l'envers son club formateur en quittant Le Mans pour Monaco le jour de la fin du mercato. Il ne s'y imposera jamais, peinant à convaincre les médecins puis Guy Lacombe qu'il mérite sa place. Il ne tapera pas dans l'armoire à pharmacie mais plutôt dans le placard à biscuits, sa silhouette prenant du volume à mesure que son temps de jeu se réduit. Il devient remplaçant du remplaçant (le titulaire a dix-huit ans), et il est titularisé cinq fois en 2010, pour deux matches joués intégralement. Son bilan à l'orée de l'année 2011 a tout de même une ligne dans la colonne positif: il a pris la place de Gudjohnsen. En tribunes.
Point fort
C'est le Pedretti de la prochaine décennie.
Point faible
On aura l'air fin s'il retrouve le même niveau que Pedretti.