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Habitus baballe

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  • Red Tsar le 24/05/2022 à 16h07
    Merci, les articles sont très intéressants.

    L'ouvrage de Noiriel/Beaud est le seul ouvrage de gauche à la hauteur pour la critique de la CRT (pour dire vite). Ce qui m'avait un peu laissé circonspect à l'époque, c'est que le truc est impeccable sur le fond, mais assez décalé par rapport aux réalités sociales et au monde d'aujourd'hui (réseaux sociaux...). Bon, c'est pas pour me déplaire non plus, mais des fois le propos m'avait paru un peu hors sol.

    Maintenant, on ne peut éluder le fait que de nombreux combats émancipateurs ont été menés au nom de l'identité (afro-américains, féminismes, homosexuels...) et que le refus des identités n'est pas nécessairement signe de progressisme. Pour moi, l'enjeu est surtout la vision de l'identité : construite ou figée ? Ouverte ou fermée ? Exclusive ou susceptible d'intégrer d'autres identités ? Culturelle/Sociale ou juridique ?

    Par ailleurs, La Condition noire date de 2008. Si on regarde ce qu'a fait Ndiaye au musée de l'immigration, je n'ai rien vu d'outrageant. Il dit d'ailleurs lui-même qu'il est universaliste, mais d'un universalisme qui reconnaît les différences. Un peu comme on peut être Français et breton, par exemple (au hasard...).

    Par contre, comme je le disais, faire de la recherche est une chose. Être détenteur d'une responsabilité publique en est une autre. Là, ça peut me gêner. Car je trouve très fertile que Ndiaye et Noiriel débattent, par exemple. Que l'un impose sa vision à la société si cette vision n'a pas l'approbation de la population, c'est bien plus gênant.


    @JSVB : au fait, merci pour la citation de la dernière fois sur La Condition noire.

    Edit : ça me fait penser que j'ai une note sur un petit essai de Piketty sur la question, lequel essaie de dépasser l'opposition identité vs social. J'essaie de vous retrouver ça.

  • Sens de la dérision le 24/05/2022 à 17h43
    Merci pour la lecture, c'était très intéressant.

    J'aime bien cette conclusion de Bourdieu : « Une position scientifiquement très faible peut être renforcée en apparence si elle a derrière elle des forces politiques ». Ça m'a rappelé l'écologie d'EELV.

  • Red Tsar le 24/05/2022 à 18h47
    Petit retour, donc, concernant *Mesurer le racisme, vaincre les discriminations*, publié par Piketty dans la collection Libelle du Seuil, maison d'édition qui réalise là une contrefaçon éhontée des Tracts de Gallimard. L'opuscule est paru en février. Je suppose que Piketty espérait alimenter le débat public à l'occasion de la présidentielle. Mais la guerre en Ukraine a, très légitimement, mis d'autres questions sur le devant de la scène.

    Piketty part du constat d'une série de paradoxes : « tout le monde parle d'identité, mais personne ne parle des politiques socio-économiques et antidiscriminatoires dont nous aurions besoin [...]. Jamais les injustices liées aux origines n'ont été aussi criantes [...] et pourtant jamais on a aussi peu parlé de justice et d'égalité des droits, de mesure du racisme et de lutte contre les discriminations. »

    Il croit également possible de sortir des oppositions théoriques et écrit, par exemple et pour en rester aux auteurs cités par Manx : « En 2021, Stéphane Beaud et Gérard Noiriel ont publié un livre comprenant des analyses stimulantes sur les transformations et les représentations des inégalités sociales et raciales en France, et insistant à juste titre sur le fait que la dimension raciale ne doit pas diminuer l'attention accordée à la dimension sociale. Ce faisant, ils s'en prennent également à plusieurs chercheurs suspectés d'accorder une place excessive aux questions raciales et discriminatoires, voire de soutenir l'introduction en France d'un référentiel ethno-racial de type anglo-saxon, ce qui n'est pourtant pas la position de ces chercheurs [32]. Il me semble que les désaccords concrets entre les uns et les autres ne sont en réalité pas insurmontables, et qu'en tout état de cause ils gagneraient à être davantage précisés et examinés, afin de pouvoir les surmonter. »
    > La note [32] est la suivante : « Voir S. Beaud et G. Noiriel, Race et sciences sociales. Essai sur les usages publics d'une catégorie, Agone, 2021. Des chercheurs comme François Héran, Pap Ndiaye ou Patrick Simon, visés dans le livre, ne défendent pas explicitement l'introduction d'un référentiel de type ethno-racial, et certains de leurs travaux cités précédemment apportent même de nombreux éléments allant en sens inverse. »

    Pour sa part, Piketty appelle à un « modèle universaliste de lutte contre les discriminations […] qui dans le même temps assume la réalité du racisme et des discriminations et se donne les moyens de les mesurer et de les corriger, sans pour autant figer les identités, qui sont toujours plurielles et multiples, en permanente redéfinition et reconstruction. »


    Pour cela, Piketty propose trois axes d'interventions :

    1- Promouvoir l'égalité sociale en général.
    Les personnes issues de l'immigration sont surreprésentées dans les classes populaires. Par des politiques sociales globales, on offre des droits universels, qui n'opposent pas les identités et profitent à tous.
    Dans cet esprit, Piketty demande non pas mettre en place des politiques de discriminations positives, « mais simplement [d']éviter la discrimination négative. » Il montre, dans un domaine qu'il connaît bien, que les élèves des quartiers populaires ne bénéficient pas de plus grâce à des dispositifs spécifiques qui pourraient être assimilés à de la discrimination positive. Ils sont objectivement dotés de moins de moyens de la part de l'État que les élèves des quartiers « bourgeois ».
    Il écrit : « S'il est indispensable d'inscrire la lutte contre les discriminations dans le cadre d'un combat plus général pour l'égalité sociale et économique, c'est aussi parce que la rhétorique antidiscriminatoire a parfois été utilisée pour masquer un renoncement à toute politique égalitaire ambitieuse […]. La rhétorique sur la « discrimination positive » accompagnant ces dispositifs (« zones urbaines sensibles », « quartiers prioritaires », etc.) sert le plus souvent à masquer le renoncement au principe d'égalité. »
    De même, Piketty estime que dans le monde du travail la lutte contre les discriminations devrait passer d'abord par davantage de moyens pour les inspections du travail, plutôt que de nouvelles lois de type « discrimination positive ».

    2- Objectiver le racisme.
    Contrairement à une idée reçue, les statistiques ethniques ne sont pas interdites en France et on en dispose de nombreuses, sur de multiples domaines (école, loisir, emploi...), réalisées par organismes privés comme publics (INSEE, INED...).
    Mais Piketty note que ces enquêtes n'utilisent pas les mêmes protocoles, ne sont pas répétées dans le temps et ne permettent donc pas d'avoir des données permettant des comparaisons objectivées sur la durée.
    Il appelle donc à la création d'un Observatoire national des discriminations, qui permettrait de mettre dans le débat public des données « objectives » (type COR pour les retraites, GIEC pour le climat...), y compris, par exemple, sur le racisme anti-blanc, pour pouvoir en discuter de manière fondée.

    3- Mesurer le racisme sans figer les identités.
    Piketty relève deux impasses : refuser de mesurer les discriminations liées au racisme au nom du « les origines ne comptent pas, nous sommes tous citoyens français , d'un côté, et réaliser des mesures ethnico-raciales, de l'autre.
    Sur la question des enquêtes fondées sur des critères ethno-raciaux, Piketty voit deux problème. Un problème politique, d'abord : on crée des catégories figées qui alimentent les luttes identitaires. Un problème scientifique, ensuite : les catégories sont floues, mal déterminées, forcément limitées (on ajoute les Berbères ? Les Corses ?), poreuses, etc. Il écrit, par exemple : « avec un taux d'intermariage de 35 %, les trois quarts des personnes ayant un grand-parent d'origine nord-africaine ont au moins un autre grand-parent d'origine française ou européenne. Les personnes en question ont peu de chances de se reconnaître dans des grilles raciales binaires de type Blanc/Noir, quand bien même on y ajouterait une catégorie de type « Arabe/Maghrébin » ou « Arabe/Berbère ». De fait, une enquête expérimentale menée par l'INED en 2006 a établi que les personnes ayant une origine nord-africaine se sentaient particulièrement mal à l'aise avec le fait de devoir s'identifier au sein de catégories ethno-raciales de ce type (près d'un tiers des personnes concernées se dit « gêné » ou « très gêné »). » En analysant les cas des ÉU et de la GB, il estime que l'introduction des critères ethno-raciaux « tend à enfermer les identités dans un petit nombre de catégories et à rigidifier ainsi les appartenances, sans pour autant réduire les discriminations ».

    Il propose donc une solution, pour sortir de ces impasses, de renseigner le pays de naissance des parents, voire des grands-parents, lors des enquêtes. « Le fait de demander le pays de naissance des parents sur un bulletin de recensement est une question purement factuelle : ce n'est pas significativement plus intrusif que de demander le niveau de diplôme ou l'emploi occupé, à partir du moment où les informations individuelles demeurent anonymes dans tous les cas et sont uniquement utilisées pour des traitements statistiques. Cette question sur le pays de naissance des parents figure d'ailleurs déjà dans de nombreuses enquêtes, et elle n'entraîne aucune injonction à déclarer une identité ou une appartenance à une quelconque communauté. »

  • JauneLierre le 24/05/2022 à 20h09
    Merci Red pour ces fiches de lecture, en particulier pour Les gars du coin qui m'a l'air fort intéressant. L'incursion de Piketty sur le terrain sociologique a en effet échappé à beaucoup de radars.

  • Red Tsar le 25/05/2022 à 14h23
    Au sujet du nouveau pape de l'éducation, on a parlé de sa sœur, mais peu de sa femme. Je découvre les travaux de cette dernière, qui sont très intéressants, au point qu'il faudrait peut-être dire que Ndiaye est le mari de la sociologue, plutôt que Lazarus est la femme du ministre.

    Jeanne Lazarus s'intéresse à la manière dont l'argent/le capitalisme configure nos comportements, nos identités, les représentations que nous formons des autres et de nous-mêmes. Dans le fil de Zelizer (voir plus bas), elle montre que, contrairement à certains récits, l'économie n'est pas déconnectée du « social » ou du « moral », qu'elle n'est pas une sphère autonome ou « neutre », qu'elle impose des normes y compris éthiques et qu'elle n'obéit pas à des règles immuables.
    Lazarus s'intéresse aussi aux politiques publiques liées à l'argent, montrant, par exemple, un glissement de politiques de solidarité vers des politiques de « responsabilisation » (éducation des pauvres à bien gérer leurs finances…).


    - Une présentation de son cours à Sciences Po. (3') : lien

    - Un compte-rendu d'une enquête sur les discriminations dans le secteur bancaire qu'elle a menée (3') : lien
    Ceux qui estiment que le propos reste vague et les faits non-démontrés auront raison et pourront donc se tourner vers le rapport qui est ici, en bas de page, et qui présente méthodologie et résultats :
    lien

    - Son éloge de Viviana Zelizer (20'), qui trace aussi le cadre de son horizon de chercheuse :
    lien

  • Françoise Jallet-Maurice le 25/05/2022 à 14h47
    En fait ça faisait l'objet d'un chapitre dans sa récente "Brève histoire de l'égalité", mais c'était un peu noyé dans le reste du propos qui est surtout économique.
    Il est donc à supposer que cet opuscule est une reprise développée du chapitre sus-dit.
    Et en effet, tu as raison de parler d'incursion sur le terrain sociologique. Car s'il y a une chose que je trouve éminemment appréciable chez Piketty, c'est qu'il dit clairement d'où il parle et qu'il n'essaie pas de faire croire qu'il est spécialiste d'autre chose que de son domaine (économie, histoire économique et statistiques). Et en même temps, il ne se met pas d'œillères et essaie de construire des passerelles entre les disciplines.
    Bref, un vrai et bon chercheur.

    Au passage, sa "Brève histoire de l'égalité" est une lecture tout à fait stimulante. Moi qui avais reculé devant ses deux gros pavés best-sellers précédents, je m'y suis plongé sans problème.
    Une lecture très utile avant de voter également. En particulier pour tous ces gens qui se disent de gauche et qui soutiennent qu'il n'y a d'autre alternative que Macron.

  • Pascal Amateur le 31/05/2022 à 14h38
    Pardon, pardon les russophones, je lis : "le russe drart veut dire « issu de »". Quelqu'un peut confirmer ? Merci !

  • Red Tsar le 31/05/2022 à 14h45
    J'espère que c'est pas pour une Brève. Parce que si maintenant faut se mettre au Russe pour en pouvoir en profiter...

  • Le génie se meurt ? Ah mais l'mage rit le 02/06/2022 à 18h34
    Je ne sais pas où poster ça, mais normalement ça devrait intéresser les juristes. La récidive est plus de deux fois plus importantes chez les jeunes quand ceux ci présentent un trouble du langage. C'est le facteur qui semble, de loin, le mieux expliquer la récidive d'après l'article.

    lien

  • L'amour Durix le 02/06/2022 à 18h41
    Le bégaiement est un trouble du langage ? Parce que je ne trouverais pas très étonnant qu'un bègue récidive.