Etoiles et toiles

Non, ce n’est pas un forum sur le PSG, même si le titre aurait sans doute convenu, mais bien sur le cinéma, pour parler de tout ce qui touche de près ou de loin au septième art.

Jah fête et aime dorer Anne le 29/05/2022 à 15h23

Cannes 2022.

Bien évidemment, le commentaire suivant se fait en n'ayant vu aucun des films sélectionnés. De plus, les critiques de films sorties à l'occasion sont souvent de piètre qualité : non seulement elles sont souvent un peu trop imprégnées de l'ambiance compétition au lieu de parler du film même, mais en plus elles sont souvent écrites très rapidement (le film passe l'après-midi on a la critique le lendemain matin), or un film je pense infuse sur plusieurs jours, et donc la critique doit respecter ce temps.
Bref, on verra bien quand ça sortira.

Sacré jury n'empêche.
Dans son discours, Lindon a bien précisé qu'il n'a pu imposer ses choix, mais que les récompenses ont été attribuées à de larges majorités après discussions (en creux, cela veut aussi dire qu'il n'y a probablement eu d'unanimités, ni de film qui a particulièrement écrasé le reste). On verra bien ce qui ressort, mais c'est assez intéressant car chaque jury fonctionne un peu différemment : parfois, le président arrive à imposer ses choix (Polanski par exemple), parfois il y a de fortes têtes, parfois c'est le consensus décisif, parfois le consensus mou.
Un peu déçu du nombre de prix (double grand prix, double prix, prix du 75è festival). Je préfère quand un jury tranche. Peut-être était-ce parce que tous ces films méritaient d'être récompensés, mais peut-être aussi fût-ce un compromis pour satisfaire un jury divisé.

J'ai constaté que Vincent Lindon savait articuler, donc ça veut dire que soit il n'y met pas du sien dans ses films, soit les réals et ingés son de ses films s'en fichent.

Ca fait plaisir de voir le très bon Song Kang-ho récompensé. Les Dardenne sont tellement bons qu'ils sont encore repartis avec une petite palme : ça se sent que comme c'est dans la moyenne de leurs trucs précédemment, on ne veut pas leur donner plus (ils ont déjà eu palmes d'or, grand prix, etc.) mais qu'on ne peut pas les ignorer non plus.
La règle un peu tacite de ne pas donner deux palmes d'or à un même réalisateur n'est définitivement plus d'actualité (mais ça fait 20 ans que c'est le cas). Par contre, au vu du pitch, Triangle of Sadness réussira-t-il à être plus satirique que ne l'est la réalité, ça va être compliqué (il suffit de se remémorer l'hilarant épisode du Firefly Festival) ?
Un peu triste que Park Chan-woo soit encore réduit à la mise en scène.
Des anciens et des jeunes ont été primés.

Top Gun Maverick n'a rien eu : le budget marketing, ça aide pour être présent hors-compétition, pas plus.
lyes le 29/05/2022 à 15h58

Le dernier Park-Chan Wook j'irais forcément le voir, il est dans mon top 3 réalisateurs sans hésiter ce gars. Mais c'est vrai que le prix de la mise en scène ça sonne un peu comme "vous êtes brillant on le sait allez tenez on vous file ça". Donc le gars à déjà eu un grand prix, un prix du jury et donc la mise en scène. Si on est logique faut juste qu'il injecte un peu plus de social dans son prochain long et il chopera la Palme.
Jah fête et aime dorer Anne le 29/05/2022 à 17h19

En réponse à lyes le 29/05/2022 à 15h58
(voir le message)

D'ailleurs, 2016, aucun prix pour Mademoiselle, quel choix curieux (et aucun prix dans la compétition officielle pour Lady Vengeance à Venise en 2005, quelle curiosité également).
Red Tsar le 29/05/2022 à 18h59

Je ne me prononcerai pas sur The Square, que je n'ai pas vu. Mais j'ai bien aimé les films précédents d'Östlund. D'accord, ils ont un côté un peu intellos et prétentieux (mais je pense qu'on est mal placé pour faire des reproches là-dessus, ici : que sommes-nous sinon des intellos prétentieux ?). Mais au moins le mec t'a dit quelque chose, libre à toi ensuite d'en penser ce que tu veux. C'est un peu comme Sorrentino, lui aussi intello, esthète-plasticien... Tu peux aimer ou pas ses films, ça reste du cinéma et ça fait du bien.

@Edji : sans polémique politique, faire un film « subtil » sur les ultra-riches du XXIème siècle, ça doit pas être simple. Le principe même sur cette thématique, c'est de mettre en scène une forme d'hubris, non ? C'est un peu comme faire un film-catastrophe « subtil ». Pas impossible, mais pas évident.
Raspou le 29/05/2022 à 19h16

En réponse à Red Tsar le 29/05/2022 à 18h59
(voir le message)

Je ne suis pas très cinéphile (c'est-à-dire que je n'y connais pas grand chose), mais j'ai gardé un bon souvenir de The Square... C'était une satire vraiment méchante, donc susceptible de plaire ou déplaire fortement, mais en tout cas ce n'était ni intello ni prétentieux.
Edji le 29/05/2022 à 19h21

C'était d'un lourdingue….2h30 d'épate-bourgeois pour souligner à coup de gros stabilos baveux la vacuité de l'art contemporain, en nous montrant bien que lui, wow, il était bien au-dessus de tout ça…totalement insupportable, et Palme incompréhensible.
Red > sûrement pas simple, surtout pour cet auteur, oui.
Jah fête et aime dorer Anne le 29/05/2022 à 20h56

L'accusation sur le manque de subtilité me semble inadéquate.
D'une, parce que rien qu'avec Snow Therapy, le réalisateur a montré qu'il savait manier la dite-subtilité (on n'est pas dans la finesse d'un Farhadi non plus ou de celle d'un Kore-Eda, certes), de deux parce que la subtilité n'est pas forcément de mise selon les sujets. Par exemple, Affreux, Sales et Méchants, ce n'est pas subtil, mais c'est très bon (comme plein d'autres excellentes comédies italiennes de cette époque). Parfois, un film est plus intéressant s'il va au bout de la démarche que s'il reste subtil.
The Square, il ne m'en reste que la très bonne scène du gorille, ce qui n'est pas forcément énorme en soi mais ce qui est déjà plus que la majorité des films que j'ai vus.

Mais bon, encore une fois, on parle de films que l'on n'a pas vus.
Jah fête et aime dorer Anne le 29/05/2022 à 21h35

Et pour être plus clair, on peut reprocher à un film son manque de subtilité (par exemple, le dernier Batman, que j'ai bien aimé au demeurant, manque de subtilité), mais l'absence de subtilité n'est pas un défaut en soi.
Raspou le 29/05/2022 à 22h25

En réponse à Edji le 29/05/2022 à 19h21
(voir le message)

L'art contemporain n'est qu'un des aspects du film (très drôle, au demeurant)... son coeur, ce sont plutôt nos lâchetés et contradictions morales. Et rien à part ton goût pour les attaques personnelles ne permet de savoir où se situe le réalisateur dans la satire qu'il fait: peut-être que c'est en effet un gros prétentieux qui regarde tout le monde de haut, mais peut-être qu'il met en scène ses propres lâchetés et contradictions... Son héros n'est d'ailleurs pas antipathique, dans mon souvenir.
Bon, ça ne t'a pas plu, ça a plu au jury de Cannes et à quelques autres ici, match nul.
Moravcik dans les prés le 29/05/2022 à 22h57

Je ne dirais rien de The Square par souci de rester poli (et puis j'essaie de ne parler que de ce que j'aime sur ce fil), mais disons que j'apporte mon soutien plein et entier à Edji. Il est certes de droite, mais en matière de cinéma sa parole est d'or.

Sinon pour la sélection il paraît que le film d'Albert Serra est génial. Hâte de voir ça.