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Feuilles de match et feuilles de maîtres

Qui a dit que football et littérature étaient incompatibles ? Voici le forum où vous pourrez parler de vos lectures récentes et anciennes, liées ou non avec le ballon rond.

Un conseil de lecture ? Une bonne librairie ? =>> "You'll never read alone", le Gogol Doc: http://bit.ly/11R7xEJ.

  • Pascal Amateur le 07/07/2022 à 11h15
    Tranché, peut-être ; sincère, sûrement. Avis qui est aussi celui du moment : je ne sais si je formulerais les mêmes critiques aujourd'hui avec les mêmes mots. Je garde le souvenir d'un ennui global (mais poli) en lisant Tolstoï, alors même que j'ai des réminiscences intéressées de "Résurrection" – mais je crois que les délires chrétiens me font globalement palpiter, confer mon exaltation devant Bernanos ou certains textes de Bloy.

  • Paul de Gascogne le 13/07/2022 à 18h36
    Question aux habitués du fil, si le sujet n'a pas déjà été abordé dans le passé : si vous deviez choisir la plus belle histoire d'amour de votre parcours littéraire, laquelle retiendriez-vous (et pourquoi si jamais ça peut s'expliquer) ?

  • inamoto le 13/07/2022 à 19h03
    Je reste encore nostalgique de ma lecture de "Belle du Seigneur", quand j'avais tout juste 19 ans. Je redoute ce que le "moi" d'aujourd'hui penserait de ce livre : je crois que je ne le relirai jamais afin de rester avec ce souvenir littéraire de l'amour pur et parfait que je pensais vivre alors.

  • Pascal Amateur le 13/07/2022 à 19h03
    « Ah ! Je t'aime Julien, tellement que je te boufferais ta merde, même si tu faisais des étrons grands comme ça… » dit un personnage de Céline dans le "Voyage au bout de la nuit". Difficile question. Pour ma part, et n'ayant pourtant pas relu ce texte depuis vingt ans, je citerais "Belle du Seigneur", qui dit un chassé-croisé mémorable, absurde, touchant et destructeur.

  • pavlovitch le 13/07/2022 à 20h14
    Probablement l'histoire entre Lara et Iouri dans le Docteur Jivago de Pasternak. J'ai remis la main sur quelques lignes que j'avais écrites après cette lecture, il y a des années. Elles sont à la fois pompeuses, naïves et bourrées de répétitions. Et finissent de façon abrupte. Mais bon, en les relisant, je trouve finalement qu'elles rendent plutôt bien mon ressenti devant ce bouquin et cette histoire d'amour. Je les avais sans doute écrites car à l'époque j'essayais de retenir quelque chose de chaque lecture.

    Et comme mes souvenirs sont imprécis, je les copie-colle telles quelles. Attention, ça spoile:

    ***

    Je me suis plongé récemment dans ce qu'il est convenu d'appeler une vaste fresque historique, peuplée d'innombrables personnages, fourmillant de micro-récits, comme autant de pièces d'un ambitieux puzzle littéraire. Mais je crains que l'auteur se soit perdu dans des longueurs, des accès de sentimentalisme, et des effets de manche "romanesques" qui font de l'ombre au style imagé et à l'ambiance poétique qui se dégage du texte.

    Comment se fait-il que j'aie pourtant aimé ce Docteur Jivago dont les premières pages promettent de tutoyer Tolstoï, mais qui ne tient manifestement pas la longueur?

    Eh bien, ces promesses sont déjà plus que ce que donnent la plupart des romans! Les trois ou quatre premières parties (sur 16) sont sans aucun doute le meilleur du livre. Elles correspondent aux années d'enfance, de jeunesse et de formation des deux héros, Iouri et Lara. A partir du moment où l'histoire avec un grand h occupe le devant de la scène, elle relègue toutes ces petites choses humaines, si futiles, au second plan. Est-ce délibéré?

    Le roman est connu pour conter, sur fond de révolution bolchevique et de guerre civile, l'histoire d'amour de Iouri Jivago et de Lara Antipova. Or, cette histoire occupe en fait très peu de place dans le récit de Pasternak. C'est d'ailleurs ce qui donne à cette relation un caractère fascinant, mystérieux, magnétique. L'ennui, c'est que le reste du roman est assez terne comparé à ces moments de grâce, épars. Il faut dire que les autres personnages sont très peu approfondis, même des individus aussi centraux que Komarovski, cet avocat néfaste qui a été le premier amant de Lara; Antipov, le mari de Lara devenu un chef révolutionnaire; ou encore Tonia, la femme de Iouri Jivago.

    Bien d'autres personnages restent ainsi à l'état d'esquisse, comme Micha Gordon, l'ami d'enfance de Iouri, dont la première apparition est inoubliable, dans ce train où il voyage avec son père en se posant des questions sur son identité (il est juif), avant d'assister au suicide de Jivago père.

    Pasternak procède par petites touches, chapitres denses, resserrés, très allusifs, où dominent les effets poétiques, et les métaphores audacieuses. C'est parfois au lecteur de faire les liens entre les personnages, les scènes. (Suicide du père Jivago accompagné de Komarovski, ce qu'on peut deviner, mais qui n'est révélé explicitement que plus tard, comme en passant.)
    C'est ce qui fait le charme du récit au commencement. Oui, on se prend à le comparer aux chefs-d'oeuvre tolstoïens. Mais la magie ne finit jamais par prendre tout à fait. Les figures restent inanimées.

    Iouri rencontre Lara en tout et pour tout cinq fois en à peu près 17 ans. La première fois, il accompagne par curiosité son "père adoptif", à 16 ans, au chevet d'une malade. C'est la mère de Lara qui a fait une tentative de suicide. Caché dans l'ombre, il observe cette jeune fille éclairée par une lampe et est immédiatement subjugué: "cette force, Ioura l'avait sous les yeux, à la fois précise et détaillée comme un objet et trouble comme un rêve".

    La deuxième fois, des années après, Lara tire un coup de pistolet sur Komarovski, et Iouri assiste à l'émeute provoquée par ce geste. Mais leur vraie rencontre aura lieu au front pendant la guerre, peu avant la révolution de Février 17. Elle est infirmière, lui docteur. On ne sait guère de quoi est faite leur complicité, sinon que les personnes qui les entourent semblent encourager leur relation. Un soir que Iouri cherche à mettre les choses au clair, c'est-à-dire à certifier à Lara qu'il n'a pas d'intentions envers elle, il … se trahit et lève effectivement toute ambiguïté. Pour commencer, il part dans des considérations poético-politiques très générales sur la révolution, s'embourbe dans ses idées. Son discours a quelque chose de très touchant, pourtant, plein d'enthousiasme pour ce moment historique, sans prévoir que la suite des événements le condamnera à l'exil et à une vie de dissimulation.

    Suite à une longue tirade de Jivago, donc, le narrateur a quelques phrases très belles. Il y a une vraie finesse de Pasternak pour décrire ces moments de tension. "Un tremblement inattendu de la voix trahit l'émotion naissante de Jivago. Cessant pour un moment de repasser, Larissa Fiodorovna lui jeta un regard sérieux et étonné. Il s'embrouilla et oublia ce qu'il voulait dire. Après une courte et pénible pause il se remit à parler. Il s'élança tête baissée, il se mit à dire n'importe quoi." Et c'est alors que Iouri avoue par sous-entendus, sans même y penser, d'ailleurs, ses sentiments à Lara. "Il se mit à dire n'importe quoi" : j'aime cette phrase qui conserve une distance souriante à l'égard des longs discours de Jivago. Et je ne peux m'empêcher de penser qu'une infinie tendresse est dissimulée dans cette distanciation pleine de légèreté.

    Cette scène de déclaration, que Lara repousse d'une manière fort élégante, est scellée par l'incident du fer à repasser. Après avoir parlé, Jivago s'éloigne un instant et se penche à la fenêtre, Lara s'approche de lui pour lui dire de ne pas succomber à cette erreur… et oublie un instant sous le fer une chemise, qui se met à brûler en dégageant "un filet de fumée âcre". On trouvera ça un peu facile... J'aime cet art de laisser entendre que malgré tout son self-contrôle, Lara est troublée… et "brûle", elle aussi. Toute la scène est construite de cette façon extrêmement subtile, allusive, pleine de non-dits. En fait, c'est toute leur histoire d'amour qui est faite ainsi.

    (De même, lors d'une scène de séparation, la première, les gouttes de pluie sur les visages des statues dans la cour font écho aux larmes inconscientes de Lara.)

    Puis, des années après - les événements historiques majeurs s'accomplissent durant ce laps de temps, à savoir la prise du pouvoir de Lénine et l'exil de la famille Jivago pour l'Oural - des années après, donc, tandis que Iouri se tient à l'écart dans une demeure isolée à la campagne, il rencontre à nouveau par hasard Lara dans la bibliothèque de la grande ville à proximité, à Iouriatine. Cela fait beaucoup de hasards, oui. Vient un moment où c'en est trop. Le "destin", dans ce roman, est si insistant, qu'il est lassant. On frôle l'overdose de coups du destin. Les rencontres fortuites, au milieu de nulle part, de deux personnes liées par le sort, sont une facilité dont abuse Pasternak. Une fois, passe encore. Mais une série de moments-clefs du roman sont aidés par le "destin", autant dire par le désir de l'auteur. C'est gênant, c'est trop.

    Toujours est-il que Jivago retrouve Lara par hasard à Iouriatine, passe une après-midi à discuter avec elle, lorsque survient le plus beau moment du roman:

    Une ellipse de plusieurs mois.

    Ce qui est remarquable dans cette histoire d'amour, c'est tout ce qui n'est pas écrit. Il n'y aura pas de scène de premier rapprochement amoureux, tout est dans le non-dit. On apprend incidemment qu'un soir, Iouri n'est pas rentré chez lui et est resté dormir chez Lara (on ne sait pas si cela eut lieu le jour même où ils se rencontrèrent par hasard, ou si ce fut ultérieur). La phrase d'après nous indique qu'ils se tutoient. Puis: "Iouri Andréievitch trompait Tonia et lui cachait des choses de plus en plus graves, impardonnables."

    Pour dire que Iouri et Lara sont amants, Pasternak nous informe avant tout de l'autre versant de cette relation: la tromperie. Ici, aucun dégoulinement romantique, juste un rappel au réel. Les paragraphes sur les remords de conscience de Jivago sont d'ailleurs remarquables. Mais cela rend, en creux, la relation Iouri-Lara d'autant plus mystérieuse et fascinante, car non-écrite.

    De nombreuses autres péripéties suivront. Je ne tiens pas à tout dévoiler. Ce passage est aux alentours de la page 400, et il y en a 660 au total. 400 pages pour arriver à ce que la relation amoureuse centrale de ce livre se concrétise! Et dans le fond, il ne doit pas y avoir plus de 50 pages, 100 tout au plus, consacrée à la liaison Lara-Jivago proprement dite. Encore une fois, c'est une des forces de ce récit.

    L'édition Folio Gallimard indique en première page "traduit du russe". On ignore le nom du traducteur, ou de la traductrice, qui a pourtant fait un travail admirable. Je lui dois d'heureuses heures de lecture… Merci!

    Pasternak, connu avant ce roman pour sa poésie et ses traductions de grands auteurs classiques, traite en poète bien des scènes. Les personnifications du soleil sont une merveille. Le soleil s'approche ainsi d'un train "comme une vache". Le soleil "montre du doigt" la scène de massacre après une manifestation moscovite réprimée par les Cosaques.

  • JauneLierre le 13/07/2022 à 20h18
    En voyant certains coureurs à bout de souffle, je me suis dit que le mot "asphyxie" était un bon départ pour un pangramme. Et hop, en un gros quart d'heure j'en trouve un de 46 lettres. Je découvre ensuite qu'il existe le site Pangram.me où l'on peut en soumettre (et que mon mot est très peu utilisé). C'est chose faite et je vous le remets ici:
    "Fuguez, clown ! Que je vous asphyxie au bout d'un kilomètre".

  • Pascal Amateur le 13/07/2022 à 20h58
    Drôle ! Je creuse pas, j'ai de la lecture, mais j'ai "Un jeu de whist vexe Kyky (guez, kleptomane, club friqué)."

  • Kireg le 13/07/2022 à 22h38
    On n'est pas avec un couple, mais la plus belle "histoire d'amour" que j'ai lue est celle entre Woodraw F. Call et son fils dans "Lonesome Dove".

    Particulièrement la scène où le fils se fait attaquer près de son cheval et où son père vient le défendre… Une des plus belles pages de littérature que j'ai pu avoir entre les mains.

  • theviking le 13/07/2022 à 23h10
    Et encore merci aux gens ici qui ont conseillé Lonesome Dove.

  • Dan Lédan le 13/07/2022 à 23h41
    Et merde..du coup je vais le relire...