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Feuilles de match et feuilles de maîtres

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  • Julow le 30/12/2021 à 23h25
    Il n'a pas exactement parlé de l'arbre tout entier, environ. C'est un fil délicat ici, merci de ne pas nous exposer aussi crûment tes fantasmes.

  • John Six-Voeux-Berk le 30/12/2021 à 23h43
    Ah, c'est intéressant : la vieillesse du créateur comme long naufrage irrémédiable ou la possibilité d'une flamboyance crépusculaire après la grisaille d'un, trop long, après-midi.

    Bon Houellebecq travaille quand même ; il maîtrise son instrument ; il manipule parfaitement le "critiques" whistle. Il parvient à faire passer des évidences pour des trouvailles (ah ouais, au fait, l'altruisme et l'amour c'est plus agréable que l'autarcie malheureuse ; ah oui la tendresse peut exister, bon, apparemment il faut qu'elle porte un string). Mais le problème c'est le délayage et le nombre de pages à l'encéphalogramme quasi plat à la fois sur le plan fictionnel, stylistique et "intellectuel".

    Ce qui me gêne, c'est le ronronnement, les procédés mécaniques, l'insuffisance de la réflexion (Ah ces tartines cuistres sur le rôle politique des rois et des présidents français ! même si elles sont ironiques, ce dont je doute fortement, elles ne sont vraiment pas drôles) ; et ce tournant pseudo-réac qui le rend désormais charmant aux yeux de certains catholiques, qui croient y reconnaître le stade 1 de la conversion selon Pascal (Houellebecq rejouant consciemment, et sans cesse depuis au moins "Soumission", le "pied de la croix ou la bouche du revolver" promis à Huysmans en son temps). Mais quand il n'y a plus de justesse, il n'y a ni cruauté ni compassion véritables. Ces catholiques ne voient pas que le stade 1 de la conversion exige un désespoir qui n'est plus atteint chez Houellebecq.

    Cela me fait penser à Florence Foresti (hum). Tant qu'elle vivait à peu près comme tout le monde, j'avais l'impression qu'elle savait encore rendre l'expérience quotidienne amusante ; depuis qu'elle vit dans d'autres sphères, elle essaie de faire comme avant, mais ne trouve plus la justesse comique (rien de plus pathétique à mes yeux que l'un de ses sketchs récents sur Ikéa, tant cela sonne faux ; mais peut-être cela sonnait-il tout aussi faux avant). Non pas qu'il soit impossible de rendre compte d'une autre vie que la sienne ; mais cela demande alors non pas quelques vagues recherches sur internet, ou la lecture de deux bouquins et la consultation de google street view ; mais un effort d'empathie dont MH me semble pour l'instant très éloigné.

    Ou alors cela me fait penser à du Hirst : plus ça devient pauvre, plus il faut que cela devienne monumental pour dissimuler, par la quantité, l'absence de qualité (cf. ses cerisiers à la fondation Cartier).

    Alors une personne vieillissante retrouvant soudain sa verve initiale - ou une autre forme de verve -, après une longue glissade ? Chateaubriand, Vie de Rancé ? (mais c'est plutôt une espèce de chef-d'oeuvre involontaire). Corneille, Suréna (comme un retour conscient sur la caducité de ses valeurs) ? J'admire ceux qui s'arrêtent, parce qu'ils ont la nette conscience de se répéter (JP Manchette ! que je viens de découvrir si tardivement ! Rha, le monument ! qui après "la position du tireur couché" sent bien qu'il a épuisé sa veine - et dans ce roman, en effet, chaque page contient au moins un truc génial qui fait dresser l'oreille)

    Mais peut-être que le problème de l'ironie, c'est qu'elle vieillit très mal justement. Ou alors qu'elle demande une surenchère délirante (je pense à Flaubert, Bouvard et Pécuchet) qui ferait justement sortir la narration de Houellebecq de ses postures fatiguantes (certes la fin ici est tout à fait sentimentale et apparemment non ironique).

  • inamoto le 03/01/2022 à 16h36
    Coucou, comme ce message est un peu tombé entre les huitres et le foie gras (non je ne parle pas de membres de ce fil), je relance pour la partie sondage. Quelques réponses enthousias(man)tes, mais pas encore assez pour relancer la machine à ce stade.

  • John Six-Voeux-Berk le 03/01/2022 à 16h43
    Oh, désolé, d'avoir noyé ta proposition enthousiasmante avec mon dépit amoureux de pirate ex-houellebecquien.

    J'en suis.

  • Koller et Thil le 03/01/2022 à 16h45
    Pourquoi pas, j'ai toujours rêvé e devenir écrivain. J'ai peur de me ridiculiser mais je sais que vous êtes indulgents.

  • Maniche Nails le 03/01/2022 à 17h23
    J'en suis aussi alors (et meilleurs vœux).

  • Di Meco le 03/01/2022 à 17h26
    Je suis tenté de (re)venir me ridiculiser aussi, selon le thème, les modalités et mon temps libre.
    Par contre pour l'indulgence, Koller et Thil, ne te fais pas d'illusions.

  • Hannibal le 03/01/2022 à 17h45
    Je participerais bien Inamoto, mais j'ai peur de n'avoir ni le temps, ni le talent, ni le temps d'avoir du talent. C'est dire si ça s'annonce mal. S'il reste un beau monticule d'indulgence après celle consommée pour Koller, ça peut s'envisager.

    Edith : Di Meco tu ne me rassures pas!

  • Di Meco le 03/01/2022 à 17h49
    Ha heu oups pardon, ce fil n'est que bienveillance bien sûr, viendez participer !

  • Fei Lung le 03/01/2022 à 17h52
    Allez j'ai bien envie de me laisser tenter, j'ai pas écrit depuis 12 ans mais c'est comme le vélo, ça fait mal au poignet quand arrive la chute. Bref j'en suis.