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CdF Omnisport

Le fil multiprise pour les disciplines orphelines...

  • Gazier le 16/06/2023 à 15h54
    Pierre Rolland avait déjà réagi en ce sens sur les rezo avant d'apprendre la nouvelle.

  • L'amour Durix le 18/06/2023 à 17h10
    Pour détendre un peu l'atmosphère en ces temps difficiles :
    lien
    Pour contextualiser un peu, les deux zigottos sont stéphanois (En tous cas leur équipe) et le vainqueur est (presque) lyonnais (de Villefranche, précisément.

  • Gazier le 18/06/2023 à 17h27
    Celle là, elle fait mal.

  • John Six-Voeux-Berk le 18/06/2023 à 18h56
    Comme l'époque est au recyclage : 36 vues du Mont Ventoux ; IGWT #3

    La pente et le dénivelé du Ventoux n'ont rien d'exceptionnel, mais ce n'est pas sa pente ou son dénivelé qui attirent le cycliste, plutôt la brutale unité d'une montagne que résume sa tour-antenne. Dès qu'on sort du couvert des arbres, on en aperçoit le corps blanc, la flèche rouge. À des dizaines de kilomètres déjà, on se laisse aspirer par ce sommet si lointain et pourtant si visible, comme un Fuji assis sur la plaine du Vaucluse, toujours exposé, guidant tous les regards vers sa tour-antenne blanche et rouge, intacte, Hokusai ni Cézanne n'en ayant encore fixé le profil. Et quand on arrivera enfin au sommet, qu'on aura posé son vélo contre le béton de la tour, on refusera longtemps de croire que l'on a atteint ce lieu qu'on pensait hors du monde.

    Ailleurs, on monte en aveugle de thalweg en thalweg jusqu'à une passe insoupçonnée. Ici au contraire, impossible d'ignorer où l'on monte : certes, par le Nord, depuis Malaucène, on perd longtemps de vue le sommet, jusqu'à ce que soudain, en surplomb d'une combe escarpée, sa tour-antenne se dresse et nous écrase de son ombre théâtrale. Par Bédoin au Sud, le sommet est presque toujours visible. On le perd après le virage de Saint-Estève quand la route se redresse et que le massacre commence, mais vite le sommet réapparaît à travers les cèdres telle une Jérusalem céleste de Primitif, dans un coin du ciel, et plus tard, après le Chalet Reynard, derrière les sept courbes de la route. Le sommet semble alors si proche qu'on s'étonne à chaque virage qu'un autre nous en sépare encore. À moins que ce soit un jour de brouillard et que tout s'efface dans le gris.

    Mais qu'on vienne du Sud, du Nord ou de l'Est, c'est la même limite que l'on essaie d'atteindre, cette frontière où jadis l'on prétendait les dieux plus proches. Bédoin est une Mecque, tout entière tournée vers sa Ka'ba, cette tour-antenne qui brille comme un dieu lointain.
    Des milliers de pèlerins en cuissard y convergent chaque année. Les jours fériés, nous sommes des milliers, partout sur la route, en cortège, comme si tous les cocons de processionnaires qu'on aperçoit dans les pins avaient crevé en même temps. Se succédant sur la route, chacun avec sa masse de chair à rouler. Parfois, après l'avoir longtemps suivi, on rattrape un congénère. Plus souvent c'en est un autre qui nous double sans effort. On s'encourage sans se connaître comme si on faisait quelque chose de très difficile et de très nécessaire. Tous frères de pénitence dans cette interminable ascension. Il y a ceux qui pédalent encore, mais si lentement qu'ils donnent de brusques coups de guidon pour ne pas tomber, ceux qui sont descendus de vélo et le poussent en marchant, ceux qui ne marchent plus, ceux qui se sont assis et attendent, ceux qui agonisent, couchés sous les cèdres. On les encourage en passant.
    Mais a-t-on vraiment besoin de courage ? Il s'agit de souffrir certes, mais sans autre but que de hisser son tas de viande. Rien de grand, rien d'utile, rien de bon pour les autres ; on en tire pourtant une sorte de prestige. Et même s'il était noble de souffrir sans but, rien ne pourrait jamais vous assurer que vous n'auriez pas pu souffrir davantage, que vous ne vous êtes pas économisé, que vous êtes allé au bout de la mortification et donc qu'elle aura suffi à vous absoudre de votre médiocrité.
    On est loin des héros du Tour ou des Titans à l'assaut de l'Olympe ; tout juste une procession en route vers le ciel. Un pèlerinage peut-être, mais au ralenti. Il y a des siècles, on y montait déjà sacrifier aux dieux aériens. Aujourd'hui, on y monte consoler le fantôme de Simpson, mort mécontent à quelques mètres du sommet. D'habitude on meurt tout en haut, pas avant. Ou alors à la descente, quand pris d'ivresse et chantant à tue-tête, on freine trop tard dans un virage. On emporte les corps à la morgue de Carpentras. De son passage sur terre, on n'aura laissé qu'un trait mince qui tire droit dans une courbe.
    Quand leurs familles interrogent ces pèlerins en cuissards, ceux-ci les paient de chiffres ou d'anecdotes ineptes qui les dispensent d'avouer l'essentiel : on adore encore aujourd'hui les dieux sur les hauteurs.

    En vérité, ai-je jamais pensé « dieux » ou « sacrifices » pendant l'ascension ? Et tous ces mots ne manquent-ils pas au plus raide de la pente ? C'est bien une affaire spirituelle si l'on veut, mais mystique plutôt que religieuse : aucun mot ne vient plus, on se tait, on surveille sa douleur. On a bien l'impression de vivre quelque chose d'important mais aussi de ne pas pouvoir en parler, et ce quelque chose, c'est peut-être justement l'absence de mots elle-même. Non pas tellement une rencontre avec ce qui excéderait la parole, mais l'expérience du silence seulement.
    C'est ce que je viens chercher ici : le moment où tout se tait, où je me perds entre l'herbe du fossé, les nuages qui passent derrière la tour-antenne ; un scarabée pousse sa boule en travers de la route ; entre les papiers brillants retenus dans les genêts, les cocons de chenilles dans les pins, les inscriptions à la craie et mon ombre qui passe sur le goudron. Alors, je suis odeur de résine, cèdre ou pin ; sans le « je » ni le « suis » ; odeur de résine seulement ; par bouffées dans la fournaise de midi ; ou bien cette goutte de sueur qui roule sur un visage inconnu. Les mots, qui assignaient à chaque chose son orbite, relâchent leur étreinte et me laissent disparaître. Dans ces instants, l'allégresse qui monte semble autant venir de la fatigue qui m'inonde que du soulagement d'en avoir fini avec toutes les histoires.
    Parfois, alors qu'on y était presque, la grêle menace, une tempête se lève à l'Est et nous arrête d'un coup d'épaule, on doit renoncer ; le plus souvent, si l'on s'enfonce assez loin dans la détresse, si l'on atteint le désert de pierre du sommet, là où l'air semble plus léger, où aucun arbre ne pousse, on se sent prêt à quitter le monde. On se sent nu, et même plus que nu, puisque notre vieille peau ne suffit plus à nous contenir. On ne sait plus d'ailleurs si l'on s'apprête quitter ce monde ou si l'on travaille à s'y dissoudre.

    Une fois au sommet, cette hésitation laisse place à une courte euphorie, très niaise que les rafales de vent refroidissent en un moment. On est couvert de sueur, et malgré la veste que l'on vient d'enfiler, on se met à trembler. Alors, après avoir sorti son téléphone d'une poche de maillot trempée, pris une ou deux photos, toujours les mêmes, qui attesteront l'ascension, on ne pense plus qu'à redescendre.
    Dès les premiers mètres en roue libre, on s'abandonne à la force à laquelle on prétendait se dérober il y a peu ; on commence à croiser ceux qui n'en ont pas fini ; on ne se reconnaît déjà plus en eux, on ne comprend déjà plus leur souffrance ; on va déjà trop vite pour distinguer les visages. On retombe dans le monde, ou plutôt on s'y laisse glisser. Par le Nord, la voie est plus large, paraît plus sûre mais on descend à l'ombre, et dans les longues lignes droites on prend vite peur et froid. Vers Brame-Fam, il refait très chaud, et les odeurs qu'on avait oubliées, terre et ciste, vous enveloppent à nouveau, et quand on arrive à Malaucène on porte encore sur soi la lumière du sommet. Par le Sud, la descente est moins froide mais plus étroite ; au crépuscule, une odeur de gibier traîne souvent sur l'asphalte, et avec elle des visions ; un sanglier déboule, la chute, les cheveux pleins de sang et de gravillons, les yeux grand ouverts sur le ciel, enfin tout entier lumière et odeur de cèdres. Mais on sort déjà de la cédraie, déjà les champs, les vergers et bientôt on sera revenu d'où l'on était parti.

  • Red Tsar le 18/06/2023 à 19h06
    Texte magnifique, qui rend hommage au vrai héros de cette épopée.






    Le poète qui la vit et la raconte.

  • Balthazar le 19/06/2023 à 22h51
    Il se la raconte aussi pas mal, hein... Ce besoin de faire des phrases, chez les cyclistes...

    [Joli, M.John.]

  • Lapostat le 19/06/2023 à 23h49
    Très audacieux d'adopter ce style tout du long. L'analogie est probablement foireuse, mais ça donne l'impression de quelqu'un qui commence gros braquet, on se dit qu'il ne tiendra pas la distance de cette façon, qu'à un moment il va se faciliter la tâche avec du cabotinage mais non, il continue, et plus le texte avance, plus l'entreprise devient performance, finalement il va le faire, il reste gros braquet jusqu'au sommet (et Dieu merci n'a pas Saint-Augustin sous la main). Très plaisant à lire.
    (Le doute que le texte soit original, de rater une référence, m'a empêché de réagir hier, mais au risque d'être à côté de la plaque, je tire mon chapeau.)

  • Red Tsar le 20/06/2023 à 07h44
    J'ai de même relu le texte en me disant que j'avais dû rater un truc. Mais, sauf erreur, c'est « juste » un texte qui n'a pas peur du beau et du sérieux. Et là tout mon respect à lui, pour ne pas avoir cabotiné, fait semblant, chercher un chemin de traverse. Il est allé au bout avec courage, en assumant tout et sans en rabattre sur la valeur travail de sa production littéraire (désolé, John, moi, je ne peux pas m'empêcher).
    Après, comme le soulignait Balthazar, c'est facile pour lui. Là, il est dans le confort. Sur son vélo, il a tout le temps de gréser et de polir ses mots, pour ensuite nous faire une Pétrarque. J'aimerais bien le voir écrire sur son match de boxe, à essayer d'aligner quelques syllabes de guingois, entre deux uppercuts, et de les régurgiter ensuite en redescendant du ring.

  • John Six-Voeux-Berk le 20/06/2023 à 08h23
    Merci pour les retours.
    Quelques précisions :
    J'ai posté dans la mauvaise rubrique (igwt, c'est pas tout à fait du sport, c'est plutôt du "sport et santé")
    C'est effectivement du recyclage : je trouve toujours le genre "CR" (compte-rendu) de sortie cycliste délicat, surtout quand il s'agit d'éprouver précisément quelque chose qui se raconte mal ; cette année-là, j'avais précisément multiplié les ascensions pour échapper au bruit et aux paroles... mais oui, Red, tu devines bien, c'était au printemps 2017.
    Mais dans le fond, à me hausser du col stylistique, je rate le coeur de l'expérience, essentiellement pauvre, mécanique et répétitive : le silence intérieur survient en réalité sur fond de mantras peu élaborés, comme "tu vas y arriver" ou "allez, allez", répétés à chaque expiration pendant de longues minutes.
    C'est d'ailleurs ce qui rend cette montée groupée/dispersée des CdF si paradoxale : chacun sait que ce que l'on se raconte au sommet n'est pas la vérité, sans que quiconque cherche à tromper qui que ce soit.

  • Roger Cénisse le 21/06/2023 à 22h14
    Je vous ai déjà dit que Boyer était un bourrin qui tapait sans réfléchir ?