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Spirale de l'action pour un foot plus équitable

Si Max Havelaar avait été un footballeur, à qui aurait-il accordé son label? Notre jury a statué en son âme et conscience, à vous de voter de même...
le 20 Juin 2007

 

spirales_cdf2.jpgIl aura fallu se creuser sérieusement pour trouver cinq candidats susceptibles de porter le drapeau d’une idée du football qui soit représentative de l’équité sportive, du sentiment de responsabilité et de l’universalité du sport le plus populaire de la planète. Car les initiatives qui vont dans le sens d’un foot plus équitable, moins soumis aux lois du marché ou au cynisme ambiant, se sont une fois de plus cette saison comptées sur les doigts d’une main – et encore, une main de pompier niçois.

Les occasions sont pourtant nombreuses. De la récupération des stars du football par des personnalités politiques moins soucieuses de défendre l’intérêt supérieur du sport que d’associer leur image aux idoles des foules, aux dérives d’un calendrier qui ressemble de plus en plus à un appel au dopage de masse, il semblait relativement facile d’élever une voix pour stopper l’hémorragie. La conscience des enjeux qu’ils représentent n’étant pas le fort des footballeurs, ni de ceux qui les dirigent ou encore de ceux qui commentent leurs exploits, les rares occasions d’entendre un discours discordant en sont d’autant plus précieuses.
La Spirale de l’action pour un foot équitable, petite sœur du label Max Havelaar, est là pour leur donner la publicité dont elles manquent pendant l’année.

Vous pouvez d'ores et déjà voter pour les Spirales des Cahiers 2006-2007, ou attendre que tous les lauréats vous aient été présentés sur nos pages. Autre solution: le sondage grandeur nature sur eurosport.fr. Notez que les lauréats seront exclusivement désignés par le scrutin en ligne des Cahiers du foot...


Lilian Thuram, pour son engagement politique
spirales_thuram.jpgLilian Thuram cumule plusieurs engagements citoyens sur des thématiques comme la lutte contre le racisme ou le contrôle des ventes d'armes... La partie de ping-pong qui s’est engagée entre ce membre du Haut Conseil à l’Intégration et Nicolas Sarkozy, suite à la mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois et aux émeutes qui s’en suivirent, a rebondi jusque durant campagne présidentielle. À la fin de l’automne 2005, Thuram dénonçait le rôle de pompier pyromane embrassé par le ministre de l'Intérieur, avec ses velléités de nettoyage au kärcher de la racaille (en raccourci)... Le climat était alors  particulièrement tendu: avant que les moutons égorgés dans les baignoires ne constituent l’un des musts du début de l'année 2007, la polygamie s'invitait alors dans les argumentaires décomplexés de certains membres du gouvernement et de responsables de la majorité, dans le but avoué "d'expliquer" le pourquoi de la crise. Thuram donna plus tard des détails assez saisissants d'un entretien avec le futur chef de l'Etat, au cours duquel ce dernier lui aurait indiqué que c’était "les Noirs et les Arabes qui cré[ai]ent les problèmes en banlieue" (sic).
Au final, un curieux duel qui vit un footballeur rappeler à un homme politique de premier rang l'importance du sens des mots utilisés ainsi que la part de pédagogie dans sa fonction... Comme pour signifier à l'auteur de: "La règle démocratique est sans appel. Celui qui perd à tord. Celui qui gagne a raison" (1), que sur et en dehors des terrains, il importe de "ne pas vouloir gagner par tous les moyens" (2).
Atout : Lilian Thuram ne lâche rien.
Faiblesse : il est quand même passé haut la main, l’autre…

(1) Nicolas Sarkozy dans "Libre", chez Robert Laffont
(2) Propos de Lilian Thuram dans la vidéo "Le foot pour la tolérance" de la Licra.



Paris Foot Gay, pour la défense du droit à la différence sur les terrains
spirales_pfg.jpgDepuis 2003, le Paris Foot Gay (PFG) a investi un monde du football où les "Oh hisse, enculé!" et autres accusations de pédérastie constituent, en tribunes ou sur le terrain, des gimmicks forts traditionnels. L'activité du PFG, où évoluent homos et hétérosexuels a été émaillée de rencontres avec les gaillards du cultissime "Dynamo de Belleville" dans le cadre d’un championnat exotique de la région parisienne, mais aussi de l’organisation d’opération ciblées comme le Tournoi "b.yourself", entre autres opérations à base de tifos "carton rouge contre l'homophobie", en lien avec le PSG, partenaire de ce club également parrainé par… Vikash Dhorasoo. Le PFG a aussi été associé à des manifestations de FARE (Football contre le racisme en Europe) au titre de la lutte contre des discriminations et stigmatisations. Et si l'écho semble moins assuré concernant les instances du football français, on peut noter que la fédération anglaise mène désormais une action coercitive contre les propos homophobes dans les stades. Le PFG assure en outre un travail de veille et de contre-attaque quant aux saillies fines émanant du milieu autorisé du ballon rond: après David Ginola et Didier Deschamps, Louis Nicollin bénéficie ces derniers temps des honneurs de cette gazette.
Atout : la gageure d’un maillot Baliston estampillé Agnès B et Starck.
Faiblesse : les degrés d’appréciation du "On n'est pas des pédés!" du ministère de l’Homme (Les Nuls).


Bonaventure Kalou, pour avoir dénoncé le racisme de certains supporters du PSG
spirales_kalou.jpgLes prises de position des joueurs contre les actes de racisme de la part des supporters, adverses ou de la maison, sont rares – et souvent effectuées une fois que le joueur a pu changer de club, si possible à l'étranger. Mais avec les cas récents de Chimbonda à Bastia, de Zoro à Messine, ou de Eto'o sous le maillot de Barcelone, les choses évoluent... Après le tour tragique pris par une chasse à l'homme, à la suite de l'élimination du PSG par Tel Aviv en Coupe de l’UEFA, la dénonciation par Bonaventure Kalou du tabou entourant le problème de la frange raciste des supporters du PSG procède de cette même logique. Si elle pourrait illustrer la campagne "le racisme, se taire c’est l’accepter" lancée par la Licra et ses partenaires institutionnels (1), cette sortie est aussi celle d’un homme qui a déjà eu à souffrir dans sa carrière de l'expression de supporters mous du bulbe: il est arrivé qu’une banderole dans l’Arena de l’Ajax enjoigne le néo-Auxerrois, ancien joueur de Feyenoord, à grimper dans un bananier (classe internationale, quand tu nous tiens). Aujourd'hui, s’il a échappe aux croix celtiques, le co-buteur de la Coupe de France 2006 a subi, au terme d'une saison difficile pour le club, des mêmes invitations au voyage que Weah en son temps.
Atout : le joueur semble peu enclin à se laisser dicter sa conduite par les fâcheux.
Faiblesse (ou pas) : on se passerait parfois aisément du supplément d’âme de certains groupes de supporters.

(1) Lire sur le site du ministère.


L’élection de Michel Platini à la tête de l’UEFA
spirales_platini.jpgTout comme l’entrée en bourse de l’OL est désespérante de par les symboles qu’elle porte, l’élection de Michel Platini représente avant tout un espoir, une promesse d’un football rendu aux footballeurs (et aux spectateurs, on espère). La concrétisation du programme de l’ancien triple Ballon d’Or semble pourtant difficile, tant les résistances de ceux dont les intérêts sont menacés par ses propositions risquent d’être grandes. Son élection a cependant eu le mérite de secouer les esprits en France, éveillant soudainement la presse à des combats qu’il aurait fallu livrer depuis plusieurs années, et ce par le truchement d’une fierté nationale un peu mal placée…
Atout : il a déjà le physique de l’emploi.
Faiblesse : apparemment, il a piqué le rab de frites de Beckenbauer à la cantine de l’UEFA.


Raymond Domenech, pour sa résistance dans la guerre entre clubs et sélections
spirales_domenech.jpgJusqu’à l’élection de Michel Platini à la tête de l’UEFA, il n’y en avait qu’un pour défendre une vision un peu moins mercantile du débat sur les calendriers et la libération des internationaux pour les matches de l’équipe de France: c’était lui. Et comme Raymond n’aime pas grand monde, les zélateurs d’un football dominé et verrouillé par les clubs les plus riches en ont pris au moins autant dans la figure que les journalistes, dont on sait que le sélectionneur ne les porte pas particulièrement dans son cœur. Les occasions n’ont pas manqué, cette année, pour une série de passes d’armes de haute volée pendant lesquelles, non content de défendre un football plus équitable, Domenech s’est aussi permis de donner des leçons de rhétorique à Gérard Houllier et Arsène Wenger
Atout : une sortie pleine d’à propos sur la "coupe machin".
Faiblesse : il n'a pas été très équitable avec David Trezeguet.

Réactions

  • Pagis est Marique le 20/06/2007 à 13h45
    barbaque
    mercredi 20 juin 2007 - 12h33
    [...]Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées? La citoyenneté serait un exercice qui exclut certaines catégories?
    [...]
    ===
    Oula non. Ce n'est pas le propos. Mais le raisonnement marche également à l'inverse: est-ce que le fait d'être footballeur champion du monde entraîne, de facto, une qualification supérieure à la moyenne pour traiter de l'exclusion ou des "cités" ? Je crois que ce que certains expriment ici, c'est leur réticence à voir la parole de "quelqu'un de connu" servir de caution à des discours, qu'ils soient louables ou pas. Mon poil se hérisse quand j'entends Dominici et Laporte soutenir Sarkozy au nom des valeurs du rugby, et de même, j'apprécie que moyennement d'entendre "Lilian Thuram, champion du monde" parler politique. Parce qu'un champion du monde de football, il est pas mieux placé pour s'exprimer que mon coiffeur, et donc on peut discuter le fait qu'il ait droit à une tribune si large.
    Ca empêche pas qu'on peut être d'accord sur le fond, dans les grandes lignes, avec le discours de Thuthu (j'adore le "pompier pyromane", perso).

    [...]
    Les gays dont les initiatives seraient trop ostentatoires (!) – alors que la question est justement celle de leur visibilité –, ou "gênantes" (!!), voire "vulgaires" (!!!).
    [...]
    ===
    Là aussi, prudence... J'ai la faiblesse de penser que je suis très très loin d'être un homophobe, et pourtant, je suis pas forcément pour la Gay Pride. Je pense (et peux me tromper) que ce que certains trouvent dommageable dans ce type d'actions, c'est le communautarisme inhérent à ce type de manifestations. Dans mon idéal, on peut être joueur de foot qu'on soit hétéro, gay, ou autre chose. Je vois pas pourquoi les gays devraient bénéficier de plus de visibilité: la question de leur visibilité ne devrait pas se poser, puisqu'ils ne devraient pas avoir un statut différent des autres. Après, on est d'accord que c'est pour l'instant utopique, et peut-être que ce type d'action permet de se rapprocher de cette situation utopique, je l'espère en tout cas. Mais que certains soient dérangés par le côté communautariste me parait compréhensible. S'ils sont dérangés par le côté "gay", c'est autre chose et je te rejoins alors dans ta pléthore de "!".

  • Pagis est Marique le 20/06/2007 à 13h46
    Je viendrais pas de me prendre un méchant point par Zof par hasard...?

  • Zof le 20/06/2007 à 14h06
    Pagis est Marique
    mercredi 20 juin 2007 - 13h46

    Moi qui pensait être trop lent avec mes pavés...
    Pas de "point", juste une agréable concordance des opinions, l'ami.

  • barbaque le 20/06/2007 à 14h12
    > Zof (et Pagis)

    Pour ma part, je ne vois pas en quoi la manière dont les propos de Thuram sont médiatisés invalide la validité de ces propos eux-mêmes. Leur auteur peut difficilement en être tenu pour responsable, et ce risque ne doit pas, à mon sens, l'empêcher de s'exprimer.
    De la même manière, je ne vois pas en quoi, si Thuram n'est pas plus légitime qu'un autre, pourquoi il le serait moins! Devrait-il se dire "Je suis riche et connu, alors il vaut mieux que je la ferme"?

    La réalité du terrain, Thuram la connaît quand même, sauf s'il est complètement amnésique et qu'il ne se souvient plus de ses 17 premières années.
    Quant à l'impact de ses prises de position, tu peux difficilement en juger. Dans un contexte d'annihilation de tout contrepoint dans le discours sur l'immigration et les "banlieues", de suppression de toute contradiction du discours sarkozien (et de tout ce qu'il comporte objectivement de racisme ou d'exploitation-légitimation du racisme), les expressions de Thuram ont été bénéfiques, à mon avis.
    Il ne peut pas, non plus, être tenu pour responsable du fait que d'autres (éducateurs, vrais spécialistes et non "experts" de l'insécurité, par exemple) n'ont pas suffisamment accès aux caméras. Ce serait beaucoup lui demander que d'exiger de lui qu'il change complètement la donne du débat public français... Mais rappelons qu'il est membre du Haut Conseil à l'intégration, qu'il milite depuis très longtemps contre la prolifération des armes, bref que son engagement n'est pas opportuniste.

    Concernant les homosexuels, je trouve très pernicieux le discours consistant à dire que certaines de leurs actions "font plus de mal que de bien". Là encore, qui diable est habilité à en juger? Surtout, il est intéressant de voir comme on redouble les stigmatisations. Les "folles" seraient coupables. Tiens, auraient-elles moins le droit à l'expression que d'autres homosexuels? Pourquoi est-ce qu'elles dérangent? Y aurait-il des homos convenables, et d'autres non? Que des homos "discrets" détestent les gays trop visibles, ça me rappelle ces Arabes "intégrés" qui ne supportent pas les Arabes trop arabes... Il y aurait donc des degrés dans l'acceptabilité, et donc dans la tolérance?

    Je trouve d'ailleurs assez problématique, et assez révélatrice de tes préjugés, la façon que tu as de représenter l'initiative du PFG: "on fait une place pour l'homo, et on va même lui faire une équipe de foot pour qu'il puisse s'amuser avec ses amis homos". Il semble que ce sont des personnes (pas des folles, au passage) qui ont choisi, d'elles-mêmes, de créer ce club et de lui donner une dimension militante. Tout le contraire d'une aumône consentie par de quelconques institutions, mais une démarche responsable, dans un contexte où elle prend tout son sens.

    Car à propos de la "visibilité" : il y a récemment eu un article (du Parisien je crois) sur le tabou absolu pesant sur l'homosexualité dans le football pro, avec un témoignage de joueur franchement attristant. Donc, entre la Gay Pride et l'enfouissement total en vigueur aujourd'hui dans le football, je pense que toute initiative visant à rendre ce sujet moins tabou (et en corollaire, l'homophobie ordinaire des tribunes moins systématique, parce que là est le vrai sujet) est carrément salutaire.



  • Pagis est Marique le 20/06/2007 à 14h28
    barbaque
    mercredi 20 juin 2007 - 14h12
    De la même manière, je ne vois pas en quoi, si Thuram n'est pas plus légitime qu'un autre, pourquoi il le serait moins! Devrait-il se dire "Je suis riche et connu, alors il vaut mieux que je la ferme"?
    ===
    Désolé, on s'est mal exprimés ou tu as mal compris, ou un peu des deux.
    Je ne reproche rien à Thuram. Je ne dis pas que Thuram n'est pas intelligent (je ne le connais pas), et il est peut-être plus compétent que mon coiffeur (j'ai voulu être drôle, ça a pu nuire à mon propos).
    Ce que je "dénonce" (ouais, je prends des risques moi, mais je suis un guedin), c'est le fait qu'il soit DE FACTO écouté car c'est Thuram. Son discours, je sais pas s'il est exact ou pas en tout point, mais ça devrait être jugé uniquement à l'aune de sa qualité intrinsèque, et non parce que c'est un champion du monde qui le dit. Or, on a parfois l'impression que les médias relaient sans critiquer, parce que Thuram bénéficie d'une aura médiatique, et c'est ce que je critique, et que Zof semble critiquer également.
    Mais on parle de Thuram parce que c'est l'exemple le plus parfait, ça n'est pas forcément une accusation contre Thuram lui-même. Et oui, il a le mérite de s'engager, c'est louable. Disons que ça n'est pas "plusse" louable que l'engagement des gens (éducateurs, toussa) sur le terrain. Or, il bénéficie de beaucoup plus d'exposition.

    "Dans un contexte d'annihilation de tout contrepoint dans le discours sur l'immigration et les "banlieues", de suppression de toute contradiction du discours sarkozien (et de tout ce qu'il comporte objectivement de racisme ou d'exploitation-légitimation du racisme), les expressions de Thuram ont été bénéfiques, à mon avis."
    Oui, mais ça soulève un autre problème. Est-ce que Sarkozy a tort juste parce que Thuram dit telle ou telle chose ? Perso, j'ai déjà lu des interviews de Thuram, et je trouvais que parfois, il faisait des raccourcis assez discutables (comme il a été dit ici précédemment). Les raccourcis de Sarkozy m'énervent, et ceux de Thuram m'énervent également. Mais les médias ne les remettent pas forcément en question.

    "Concernant les homosexuels, je trouve très pernicieux le discours consistant à dire que certaines de leurs actions "font plus de mal que de bien". Là encore, qui diable est habilité à en juger?"
    Bah, on est habilité à juger comme n'importe quel citoyen, justement. On peut aussi dire "Qui diable est habilité à se faire le porte-flambeau de toute une communauté, par des actions très très voyantes, sans qu'il soit prouvé qu'une immense majorité d'homosexuels cherchent à s'exposer". J'ai un seul ami ouvertement homo (d'autres se "cachent peut-être, ou estiment juste qu'il n'est pas nécéssaire de nous entretenir de leurs préférences sexuelles), et de nos discussions sur ce sujet, il ressort que, s'il veut pas se cacher spécialement, il a pas non plus spécialement envie d'afficher son homosexualité comme quelque chose de spécial, pas plus que je ne cherche à afficher mon hétérosexualité. Je sais que la question est plus complexe que ça, parce que l'hétérosexualité ne subit pas la même intolérance (réelle) que l'homosexualité, mais je pense qu'on est en droit de remettre en question ces méthodes-là sans pour autant être taxé d'homophobe.

    "Il semble que ce sont des personnes (pas des folles, au passage) qui ont choisi, d'elles-mêmes, de créer ce club et de lui donner une dimension militante. Tout le contraire d'une aumône consentie par de quelconques institutions, mais une démarche responsable, dans un contexte où elle prend tout son sens."
    En plus de pas être que des folles, je crois qu'il y a nombre d'hétéros dans le club, justement pour promouvoir une "non-différence". Mais cela n'empêche qu'on a un certain nombre d'homos qui prétendent représenter "la communauté homosexuelle" au sens large, sans avoir nécéssairement la légitimité pour le faire.

    "Car à propos de la "visibilité" : il y a récemment eu un article (du Parisien je crois) sur le tabou absolu pesant sur l'homosexualité dans le football pro, avec un témoignage de joueur franchement attristant. Donc, entre la Gay Pride et l'enfouissement total en vigueur aujourd'hui dans le football, je pense que toute initiative visant à rendre ce sujet moins tabou (et en corollaire, l'homophobie ordinaire des tribunes moins systématique, parce que là est le vrai sujet) est carrément salutaire."
    L'homophobie ordinaire est terrifiante, et le football est malheureusement pas connu pour héberger des gens plus malins et plus ouverts que la normale (bouh, le vilain cliché, j'ai honte).

  • barbaque le 20/06/2007 à 14h58
    > Pagis : En quelques mots, pour ne pas faire l'exégèse de tes propos, vu que je suis moins en décalage avec toi qu'avec Zof. On est par exemple d'accord sur l'absence de distance critique de la part des médias (mais j'ajouterais qu'ils se rangent ainsi mécaniquement du côté de la pensée dominante).

    Le fait est que les "procès" faits à Thuram sur sa légitimité à s'exprimer sur des sujets politiques m'énervent d'autant plus que, bizarrement, je n'ai pas entendu cette critique à propos des soutiens de Sarkozy (pour rester dans le contexte des campagnes électorales récentes). Johnny Halliday est-il vraiment fondé à s'exprimer sur la fiscalité française? :-))
    Plus sérieusement, quand Laporte ou Le Guen disent qu'ils votent Sarkozy, ça me fait chier, personnellement, mais je n'estime pas une seule seconde qu'ils ne sont pas habilités à le faire.

    Par ailleurs, je pense quand même que personne n'est habilité à juger si telle façon d'exprimer son homosexualité est plus acceptable qu'une autre. C'est un des objets de la lutte contre cette discrimination-là: la liberté d'assumer son identité sexuelle comme on l'entend.
    Les activistes ne prétendent pas forcément être représentatifs de l'ensemble d'une communauté, mais ils le sont au moins d'eux-mêmes. Ensuite, il y a des mécanismes qui leur accordent (ou non) une représentativité élargie. Dans toute action militante, il y a ce principe de "parler au nom de". Il ne faut pas en abuser, mais l'interdire, ce serait interdire toute forme d'engagement collectif et toute forme de délégation démocratique.




  • Pagis est Marique le 20/06/2007 à 15h20
    Désolé pour l'aspect exégèse, mais je trouve que ça permet de cibler un peu mieux les réponses, et d'éviter certains malentendus. Ne prends donc pas ça comme la manifestation d'un côté "réfutage systématique", mais plus comme une aide pour organiser mon discours.

    "Le fait est que les "procès" faits à Thuram sur sa légitimité à s'exprimer sur des sujets politiques m'énervent d'autant plus que, bizarrement, je n'ai pas entendu cette critique à propos des soutiens de Sarkozy (pour rester dans le contexte des campagnes électorales récentes)."
    Parce qu'on est sur un site de foot, et que donc on le fait que quand c'est une personnalité du foot qui s'exprime. Mais ces soutiens me hérissent le poil, vu qu'ils jouent sur la crédulité des gens et l'effet 'idole".

    "Plus sérieusement, quand Laporte ou Le Guen disent qu'ils votent Sarkozy, ça me fait chier, personnellement, mais je n'estime pas une seule seconde qu'ils ne sont pas habilités à le faire."
    Ils sont habilités à exprimer une préférence comme n'importe quel citoyen. On peut par contre légitimement critiquer les journalistes qui accordent à leur "voix" (aux deux sens du terme) plus d'importance qu'à celle du citoyen lambda.

    "Par ailleurs, je pense quand même que personne n'est habilité à juger si telle façon d'exprimer son homosexualité est plus acceptable qu'une autre."
    Plus acceptable dans l'absolu, non, mais plus acceptable relativement au citoyen qui s'exprime, je pense que si. J'ai tendance à facilement m'élever contre toutes les formes de communautarisme, et je trouve que la Gay Pride est une manifestation ultra-communautariste, et ultra-caricaturale, et donc elle s'oppose à l'idée que j'ai de la place de l'orientation sexuelle de chacun dans la société.

    "C'est un des objets de la lutte contre cette discrimination-là: la liberté d'assumer son identité sexuelle comme on l'entend."
    Pour moi, l'affirmation de cette liberté ne va pas de pair avec l'affirmation forcenée de cette identité, ou avec le fait de s'identifier par rapport à cette identité-là. Pour faire dans le caricatural, je n'aime pas la Gay Pride comme je n'aimerais pas l'Arabe Pride ou la Berrichon Pride. Je trouve ça réducteur, et je trouve que par certains côtés, ça va à l'encontre de l'intégration et de l'acceptation. Mais bon, on tombe dans le sujet de "l'intégration" et de la différence entre les modèles français et anglo-saxons, donc ça dépasse surement le cadre de cet article...

    "Les activistes ne prétendent pas forcément être représentatifs de l'ensemble d'une communauté, mais ils le sont au moins d'eux-mêmes. Ensuite, il y a des mécanismes qui leur accordent (ou non) une représentativité élargie. Dans toute action militante, il y a ce principe de "parler au nom de". Il ne faut pas en abuser, mais l'interdire, ce serait interdire toute forme d'engagement collectif et toute forme de délégation démocratique."
    Attention, je ne parle nulle part d'interdire, simplement de mettre en lumière la relativité de la légitimité qu'ils revendiquent. En gros, ne pas leur itnerdire de parler, certainement pas, mais nuancer leur représentativité.

  • barbaque le 20/06/2007 à 15h53
    Pour ne pas pas passer complètement à côté du sens de la Gay Pride, il faut éviter de faire abstraction d'une donnée essentielle : la répression de l'identité homosexuelle, qui sort à peine de son enfermement dans un ghetto vécu comme honteux. Franchir le pas d'afficher son homosexualité (si on en fait le choix), sortir de ce ghetto, y arriver sans s'exposer à subir des violences (réelles ou symboliques) de la part de ses proches ou d'étrangers, c'est une lutte en soi.
    Je ne crois pas que les Berrichons (j'ai moi-même des amis berrichons ;-) aient à subir des discriminations du même ordre.
    La Gay Pride fait aussi référence à d'autre mouvements, comme celui des droits civiques aux Etats-Unis, le terme de "fierté" étant justement très significatif.

    Et puis la Gay Pride, c'est une manifestation outrancière, exceptionnelle, festive – à la manière d'un carnaval. Il ne faut donc pas interpréter cette outrance comme une donnée identitaire, ni cette mobilisation comme l'expression d'un "communautarisme" (terme terriblement connoté qui mériterait une exégèse). Preuve en est que des homos discrets dans la vie de tous les jours (et même des hétéros) retournent à leur quotidien banal dès le lendemain. Là encore, je trouve étrange d'attribution de caractéristiques générales pour une expression homosexuelle, alors qu'on ne le ferait pas pour d'autres manifestations analogues (la Techno Parade, par exemple, ne suscite pas le qualificatif de "communautariste").
    Il y a décidément des composantes de l'identité qui subissent un traitement et des interprétations très particuliers quand elles osent s'affirmer...

  • Pagis est Marique le 20/06/2007 à 16h10
    On sort décidément du cadre de l'article, donc je vais mettre un terme à cet échange, en ne manquant pas de dénoncer fortement les insinuations de la fin de ton post quant à mon traitement particulier de l'homosexualité comparé à d'autres "caractéristiques identitaires".

  • tatayé le 20/06/2007 à 16h14
    L'idée d'un prix collectif (le mot spirale est ridicule) me séduit assez: le côté équitable, toussa toussa. Mais je dois avouer un petit faible pour Thuram...Très sincèrement, il m'a mit du baume au coeur* à l'époque (souvenez-vous du contexte, du climat nauséabond, de cette atmosphère malsaine*).
    Je vote une fois pour tout le monde et une deuxième pour Lilian.


    (*: Pathos quand tu nous tiens...)

La revue des Cahiers du football