Seuls 36% des internautes parviennent à saisir leur e-mail / password du premier coup. En feras-tu partie ? Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

La princesse de Lyons

Pour nos lecteurs préparant un concours administratif et n'ayant pas eu la chance de naître dans un milieu favorisé, présentons de manière intelligible, grâce au football, un classique de la littérature française.
Auteur : Madame de La Raspouette le 5 Juin 2009

 

En ce temps qui, déjà, nous semble reculé, Madame de Thiriez, favorite du Roi, dictait le goût à la Cour de France: qu'elle mît un ruban d'une couleur, toutes les femmes s'empressaient de l'imiter; qu'elle louât le port de la moustache, tous les hommes se la laissaient pousser; qu'elle trouvât du génie à un poète, ses vers aussitôt résonnaient en chaque lieu.


madame_lyons.jpgL'héroïne

Un jour dont on devait se ressouvenir longtemps, une jeune fille fit son entrée dans le monde. Elle était de vieille famille, quoique de peu de biens; elle avait passé plusieurs années comme pensionnaire; elle se nommait Mademoiselle de Ligain.
Sitôt qu'elle parut à la Cour, elle retint le regard des hommes et nourrit l'inquiétude des femmes. On vit d'abord qu'elle avait un doux visage, de la taille et du maintien; on s'aperçut ensuite qu'elle n'était point dénuée d'esprit. Malgré ce, au désespoir des galants, au soulagement des coquettes, Mademoiselle de Ligain se révéla aussi prude qu'aimable, aussi peu portée sur l'intrigue que capable de susciter les plus vifs sentiments.

Madame de Thiriez s'enticha de la jeune personne: elle en fit sa favorite. Elle vanta ses charmes et loua sa vertu; elle se promit de lui trouver le meilleur des partis. Elle pensa à Monsieur de Lyons, dont l'immense fortune pourrait assurer à Mademoiselle de Ligain une rente considérable. Sans doute cet homme était-il de caractère austère, peu à même d'engendrer une passion violente, mais au moins ne désespérerait-il point son épouse par d'incessantes aventures dont l'Europe entière parlerait. L'affaire fut convenue, le mariage arrangé: Mademoiselle de Ligain devint la Princesse de Lyons.



La rencontre

Peu de temps après que fut célébrée cette union, Monsieur de Marseilles revint à la Cour de France. Il avait parcouru l'Europe, multipliant les hauts-faits, rehaussant de son mérite la gloire d'un nom déjà illustre. Les femmes baissaient la voix en parlant de cet homme bien fait, à la jolie figure et au verbe alerte – un peu trop alerte, raillaient les jaloux.

Monsieur de Marseilles arriva à la Cour le soir où un bal y était donné. Pas même annoncé, il entra dans la salle et, par hasard, se trouva face à la Princesse de Lyons. Il l'invita à danser, ils se mirent à tourner au bras l'un de l'autre, et un murmure passa dans l'assistance: qu'ils étaient beaux, tous les deux! et qu'ils s'accordaient bien! Il n'y avait guère moyen d'alterquer là-dessus.

Monsieur de Marseilles se demandait qui était cette jeune femme qu'il n'avait jamais vue et qui possédait tant de charmes. La Princesse de Lyons, qui, elle, connaissait de réputation son cavalier, se sentait saisie d'un trouble qu'elle n'avait de sa vie éprouvé. Trois fois, ce soir-là, ils dansèrent ensemble; ils l'eussent fait plus souvent n'eût été la crainte de fournir au caquet. Ils se quittèrent avec au cœur un transport prêt à s'invétérer.



L'amour

Monsieur de Marseilles perdit le goût pour ses activités usuelles. Il ne chassait plus, ne se montrait plus au jeu de paume, négligeait ses amis. Pis: il se détournait du commerce des femmes. Lui! Si galant, si courtisé! Pas une conquête qui ne vînt s'ajouter à sa liste! Ses rivaux ne manquaient point de se gausser de ce palmarès figé.
C'est qu'il ne pensait plus, ne respirait plus, ne vivait plus que pour ravir à Monsieur de Lyons l'épouse qui lui avait été donnée. Il la cherchait dans les salons, il l'entretenait à l'Opéra ou aux Français, il saisissait toutes les occasions d'être en sa présence. Il lui faisait passer des lettres qui ne laissaient point de doute sur le sentiment qu'il éprouvait. En un mot: il entreprit, avec respect mais assiduité, de faire sa conquête.

Madame de Lyons s'était d'abord menti sur ce qu'elle ressentait; elle avait tâché de n'y plus penser: en pure perte. L'image de Monsieur de Marseilles occupait son esprit: qu'il parût à ses yeux, elle se sentait heureuse; qu'il se retirât, la tristesse la gagnait; elle ne put plus se cacher la nature de son penchant.
Néanmoins, bien que se sachant sensible, elle refusa de devenir tendre. Certes, Monsieur de Marseilles avait tout pour ravir le cœur d'une femme, tout pour enflammer ses sens – tout ce dont Monsieur de Lyons était si dépourvu. Mais la Princesse était vertueuse: elle ne voulait en aucun cas rompre ses vœux et trahir son époux. Elle entreprit de résister au tourbillon qui l'emportait.



L'aveu ; ses conséquences

Le temps passa; l'amour alla grandissant; le devoir ne lui céda point. Monsieur de Marseilles désespérait d'arriver à ses fins. Madame de Lyons trouvait chaque jour plus lourd le fardeau qu'elle portait. Elle se résolut à faire ce que nulle femme, jamais, n'avait pensé de faire: elle se confia à son mari.
C'était par une nuit d'été, dans le pavillon de leur domaine de Tola Vologe. Monsieur de Lyons s'enquit d'une tristesse qu'il croyait déceler, d'une langueur qu'il n'expliquait point. Elle hésita; elle se lança. Elle lui dit son amour; elle lui en dépeignit la force; elle lui en tut l'objet. Il insista pour le savoir; elle s'en tint à son silence. Elle l'assura de sa vertu; mais il savait qu'il avait perdu son cœur.

Monsieur de Lyons était plus ardent que son abord ne le laissait présager. Il aimait son épouse, cette Mademoiselle de Ligain qu'il avait faite Princesse... Eh quoi! Pendant sept ans, il s'était évertué à la rendre heureuse! Pendant sept ans, il n'avait eu de cesse de la combler! Et pour quel résultat? Elle ne l'aimait point! Elle lui préférait un galant dont elle taisait le nom!
Monsieur de Lyons ne supporta pas cette situation. Sa colère le rendit amer, son amertume malade, sa maladie sans force. Il n'était plus que l'ombre du vigoureux gentilhomme qu'il avait été. Il s'alita; son mal empira; l'heure vint où il fut évident qu'on ne le pourrait point sauver. Malgré un dernier sursaut, il rendit son âme à Dieu.



Le dénouement

La Princesse de Lyons pleura sans fausseté cet époux qui l'avait si bien traitée. Elle s'accusa de lui avoir porté le coup fatal en lui révélant les tourments où son âme était plongée. Elle porta le deuil de son mérite et de sa bonté. Elle refusa de reparaître à la Cour.
Monsieur de Marseilles respecta cette affliction légitime. Il laissa passer le temps que la bienséance exige. Puis, sa passion ne faiblissant point, et l'obstacle du devoir semblant levé, il se fit annoncer chez Madame de Lyons.

« Madame, je respecte la douleur dont vous fûtes pénétrée à la perte de votre époux. Elle témoigne à mes yeux de la pureté de votre cœur et de la droiture de votre jugement. Mais le temps a passé et la raison des hommes, comme la loi de Dieu, réprouvent un isolement trop long... Revenez à la vie, Madame! Quittez votre retraite, reprenez place dans le monde... Et vous me permettrez, alors, avec tout le respect qui vous est dû, sans heurter la mémoire de celui dont vous portez le nom, de vous entretenir à nouveau des sentiments que j'ai pour vous.
– Non, Monsieur, je ne puis... Je pleure un mari dont j'ai hâté la mort par mon inconséquence... Je ne puis me donner à un autre que lui.
– Madame, prenez garde à ce que la constance ne devienne pas obstination! Vous êtes jeune; vous n'avez commis nul péché; personne ne redira à votre remariage... Quoi! Nierez-vous l'amour que nous nous portons? Ferez-vous votre malheur et le mien? Moi qui, depuis tant d'années, vous ai sacrifié les honneurs et les bonnes fortunes, moi qui n'ai entrepris de conquérir nulle autre femme, vous me rejetez encore! Quand ni la religion ni les mœurs n'exigent plus ce sacrifice!
– Monsieur de Marseilles, Dieu m'est témoin de l'amour que j'ai pour vous! Votre ferveur me ravit, votre franchise, droite au but, me conquiert... Vous êtes, de tous les hommes que j'ai croisés, le plus digne d'être adoré... Mais je ne répondrai pas à votre demande... Je connais un Monsieur de Marseilles amoureux de n'être pas comblé; j'ai cette tendre image du soupirant éternel: je ne la veux point perdre en gagnant un mari. J'emporte notre amour pur de toute contingence... Je ne le laisserai point se flétrir par habitude, s'affadir par routine... Qui sait si, au fil du temps, ce Monsieur de Marseilles que j'aime passionnément gardera pour sa femme la même flamme brûlante? Je ne supporterais pas de vous voir tiédir, Monsieur: je préfère vous garder en moi aussi ému qu'au premier jour.»


Et sur ces paroles, Madame de Lyons se retira. Elle prit bientôt ses dispositions pour être admise dans un couvent, au cœur de la Gironde tranquille. Elle y vécut une vie calme et pieuse, sans jamais oublier Monsieur de Marseilles, mais sans jamais regretter non plus de s'être refusée à lui.

Réactions

  • Troglodyt le 05/06/2009 à 16h46
    C'est une question de définition de ce qu'est la littérature, mais tu ne peux pas sacrifier toute une génération à du Lévy (svp...), sous prétexte de la rendre accessible au plus grand nombre, ne serait-ce que pour l'unique élève de ta classe qui aura su apprécier ce qui aura endormi les 29 autres.

    Je rejoins funko.

    Et Raspou aussi: la fin se mérite un peu, mais le début (2/3) a aussi son utilité.
    Comme pour la Chartreuse de Parme: la seule avant dernière phrase justifie de lire les 600 premières pages (et ainsi ne s'apprécie que d'autant plus).

    Dans le même genre que le dame de Clèves (enfin, le même genre, vite fait), il y a La Reine Margot, qui est peut-être un peu plus fluide.
    J'ai pu travailler, avec des adultes qui apprennent le Français (étrangers ou analphabètes), sur une version résumée avec un vocabulaire limité, de la Reine Margot, et certains ont pris plaisir, ensuite, à lire le version originale (même si la peur de l'inconnu d'un nouveau livre a sans doute joué).

  • Raspou le 05/06/2009 à 16h49
    Puisqu'on en est à se raconter nos vies, moi j'étais résolument comme tes petits camarades: je ne lisais pas 1/10e des livres qu'on m'imposait, et je me rattrapais sur d'autres... La littérature c'est comme o futchebol, cha doit rechter tudo prazer...

  • Oook le 05/06/2009 à 16h50
    clerks
    vendredi 5 juin 2009 - 16h41
    Et quand un bouquin m'ennuie, j'ai du mal à le finir. pas de bol, j'étais à l'école et je n'ai pas eu le choix(je ne faisais pas comme mes petits camarades qui ne le lisaient pas et priaient pour ne pas être interrogés quoique l'envie ne m'en faisait pas défaut).


    Tout pareil... J'ai encore une pensée émue pour la prof' qui m'a donné à lire Crime et Chatiment en 4eme.
    Résultat : j'ai lu ça comme un robot sans prendre le temps d'analyser l'oeuvre. Du gachis.

  • Raspou le 05/06/2009 à 16h51
    Mais heuh! Qu'est-ce que vous avez à faire plein de réactions aussi! Je répondais encore à clerks...

  • Cyril trolle... le 05/06/2009 à 16h51
    Forez Tagada
    vendredi 5 juin 2009 - 16h37
    Quant à Sarkozy, le problème n'est pas tant la Princesses de Clèves et son inscriptions aux programmes des concours administratifs et scolaires, que son mépris programmatique pour la "culture" et son anti-intellectualisme primaire.
    --------------------------------------------------

    Le plus comique, c'est que depuis qu'il est devenu M. Bruni, il a radicalement changé d'avis et rattrape son retard littéraire.

    Vivement que Jean-Marie Bigard adapte "La princesse de Clèves" sur les planches, là, ce sera accessible.

  • clerks le 05/06/2009 à 16h53
    Forez Tagada
    vendredi 5 juin 2009 - 16h37
    Ah oui, le débat, c'est doit-on redoubler les inégalités culturelles en postulant que certains enseignements sont a priori hors de portée de certains élèves, ou au contraire tâcher de transmettre des savoirs communs (qui constitueront aussi des capacités d'apprentissage dans d'autres domaines) quels que soit les milieux d'origine?

    En d'autres termes : faut-il mettre de l'huile dans les rouages de l'inégalitarisme afin que le système soit plus efficace (à son propre profit, pas dans l'intérêt supérieur de l'humanité, évidemment), ou au contraire lutter contre les mécanismes qui engendrent de l'inégalité, même s'il faut se sentir un peu Sysiphe? Jean-Michel Aulas, dont je ne sais s'il a lu la princesse de Clèves, a une réponse.

    --------------------
    Mais laisse notre président tranquille veux-tu! Il est à Barcelone en train de faire rentrer Saméto dans ses valises.
    Sinon, sans rire, en faisant lire à une classe la princesse, tu ne luttes pas vraiment contre les inégalités AMHA, tu ne fais que les marquer un peu plus en abandonnant toute une partie de la population. Parce que ne vous en déplaise, même en expliquant toutes les subtilités et implications du livre, je doute que beaucoup de gens trippent sur la princesse de Clèves. J'en soupçonne même certains de faire semblant d'avoir aimé pour paraitre à leur avantage dans les soirées de football distinguées. La princesse de Clèves n'est pas(plus?) un livre qui plait au grand public, et le grand public constitue une part importante d'une classe de lycée. Alors je ne dis pas qu'il ne faut pas imposer pour éduquer bien sur, mais la princesse de Clèves, c'est juste un peu violent et de fait, risque d'en placer pas mal sur la touche alors qu'ils auraient pu jouer(avec un autre bouquin).



    Quant à Sarkozy, le problème n'est pas tant la Princesses de Clèves et son inscriptions aux programmes des concours administratifs et scolaires, que son mépris programmatique pour la "culture" et son anti-intellectualisme primaire.
    -----------
    Evidemment d'accord là dessus.

  • hnrh2 le 05/06/2009 à 16h53
    Forez Tagada
    vendredi 5 juin 2009 - 16h37
    Ah oui, le débat, c'est doit-on redoubler les inégalités culturelles en postulant que certains enseignements sont a priori hors de portée de certains élèves, ou au contraire tâcher de transmettre des savoirs communs (qui constitueront aussi des capacités d'apprentissage dans d'autres domaines) quels que soit les milieux d'origine?

    En d'autres termes : faut-il mettre de l'huile dans les rouages de l'inégalitarisme afin que le système soit plus efficace (à son propre profit, pas dans l'intérêt supérieur de l'humanité, évidemment), ou au contraire lutter contre les mécanismes qui engendrent de l'inégalité, même s'il faut se sentir un peu Sysiphe?
    ++++++++

    Globalement c'est ca. Enfin, plus precisement, c'est a quel point doit on etre Sysiphe. Sachant que pour moi "fantomette" correspond a l'huile dans les rouages et la princesse de Cleves (a un niveau a determiner) correspond a Sysiphe.

    Sur ce velo.

    ps: dans mon premier post j'etais caricatural.






  • clerks le 05/06/2009 à 16h58
    Oook
    vendredi 5 juin 2009 - 16h50

    Idem pour l'Etranger de Camus, que j'ai redécouvert des années plus tard et qui fait maintenant partie de mes livres préférés.

  • Oook le 05/06/2009 à 17h28
    Ah, je l'ai lu cette meme année je crois (peut-etre en 3eme), de meme que La Peste. Si j'avais bien aimé le second, je n'ai vraiment pas pu accrocher à l'Etranger par contre.

  • Cyril trolle... le 05/06/2009 à 17h34
    clerks
    vendredi 5 juin 2009 - 16h58
    Oook
    vendredi 5 juin 2009 - 16h50

    Idem pour l'Etranger de Camus, que j'ai redécouvert des années plus tard et qui fait maintenant partie de mes livres préférés.
    ---------------------------

    Bon, eh bien je relance d'un "Germinal". Que j'avais étudié au lycée dans une édition abrégée. C'est à dire une édition où seuls certains passages clefs restent. Une aberration supposée faciliter la lecture de grandes oeuvres, qui provoque plutôt l'effet inverse en ne permettant pas à l'élève de saisir l'oeuvre dans son intégralité (et c'est bizarre de passer d'un texte à l'autre avec entre-temps: bon, ben, eux, ils sont morts). Je trouve ça un peu dommage. Surtout pour les dernières phrases qui ont été également supprimées de l'édition abrégée.

    (Vous en connaissez beaucoup vous des forums de foot où on disgresse autant de littérature?)

La revue des Cahiers du football