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La main du diablotin

Matchbox - Uruguay-Ghana: 1-1 (4 tab à 2). À une main près, le Ghana passait en demi-finale… Le plaisir de parler poésie avec Van Bommel sera pour Diego Pérez et ses compatriotes.
Auteur : Bernard Fat le 4 Juil 2010

 

Soccer city stadium, Johannesburg
Buts: Muntari 45e+2; Forlan 55e
Expulsion: Suarez 120e

Uruguay : Musrela , Fucile, Lugano (Scotti, 37e), Maxi Pereira, Victorino, Arévalo, Fernandez (Lodeiro, 46e), D. Perez, Cavani (Abreu, 76e), Forlan , Suarez
Ghana : Kingson, Pantsil, John Mensah, Vorsah, Sarpei, Annan, Boateng, Inkoom (Appiah, 73e), Muntari (Adiyiah, 87e), Asamoah, Gyan.

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La nalyse

La dernière équipe africaine entre sur le terrain dans une ambiance de folie. Les supporters ont même investi dans d’étrange trompette de plastique… peut être une coutume locale: inédit et mélodieux! C’est un Ghana remanié qui affronte une Céleste privée de Godin. Avec les suspensions de Jonathan Mensah et Dédé Ayew, Rajevac a, lui, fait rentrer Vorsah (titulaire avant de se blesser) et Muntari, paria de retour en grâce.

Le Ghana trop tendu
L’Uruguay monopolise rapidement le ballon et écarte le jeu pour se montrer dangereux, tandis que le Ghana passe le premier quart d’heure à courir. L’imprécision du jeu de passe (Jabulani?) empêche cependant la Celeste de se montrer dangereuse. Gyan s'énerve sur une main anecdotique, mais on ne reprochera pas à un Rennais de ne pas avoir l’habitude des matches à enjeu.

La défense uruguayenne est, elle, sans reproche et tous les joueurs participent à cet effort, Cavani le premier. A la 17e, Mensah, sous pression, manque même de tromper son gardien sur un corner (dangereux), Kingson fait des moulinets avec les bras et repousse de la tête. La volonté de ne rien laisser passer des Uruguayens frôle rapidement l’excès d’engagement et vaut à Fucile un jaune dès la 20e, mais Forlan puis Suarez précisent la menace. A la 30e les Ghanéens obtiennent leur premier corner, les Uruguayens en ont déjà eu six…

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Orage sur la Celeste
Pourtant, rendus téméraires par leur bon début, les Uruguayens subissent des contres et le pressing ghanéen finit par payer: laissé seul dans l’axe, Muntari décoche un missile des trente-cinq mètres. Musrela fait le mauvais pas de côté et l’arbitre siffle la mi-temps sur cette ouverture du score.
A la reprise, les Ghanéens continuent de construire et, sans se créer de grosses occasions, se montrent très présents dans la moitié de terrain adverse. Côté uruguayen, Cavani est le seul à se montrer dangereux. Mais Forlan, qui a pris le brassard avec la sortie de Lugano, cadre parfaitement un coup franc excentré sans trop appuyer son tir: Kingson est battu, le match est relancé.

Alors que les deux équipes se montrent plus dangereuses, le jeu se durcit. Les attaques Ghanéennes sont prises au piège du hors jeu, quand Suarez, bien servi par Forlan, échoue à donner l’avantage à son camp. Boateng parait ensuite déséquilibré alors qu’il faisait un festival dans la surface. En contre, le duo Forlan-Suarez démontre que son entente n’a guère d’équivalent dans la compétition. Et jusqu’à la fin du temps réglementaire, l’Uruguay reprend l’emprise sur le match, sans toutefois réussir à concrétiser.

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Au bout de la fatigue
L’Uruguay cherche le KO avec un Pereira de feu. Les maladresses offrent des occasions de part et d’autre, mais les joueurs sont fatigués: Suarez et Boateng et ne peuvent s’arracher pour faire la différence. Toute la deuxième mi-temps des prolongations a été dominée par les Ghanéens, qui ont trouvé un second souffle, lorsque survient un moment pour la légende. Suarez – admirable durant tout le match – repousse le ballon sur sa ligne et de la main. Carton rouge et pénalty.

Gyan va s’élancer. Dans cette compétition, il en a déjà marqué deux. Sans trois. Le meilleur buteur ghanéen envoie le ballon en pleine transversale. Comme Pierre Womé, face à l’Egypte, c’est le joueur emblématique de l’équipe qui manque le pénalty fatidique. On espère pour lui que son échec ne sera pas aussi traumatisant. C’est la fin du temps règlementaire, l’exercice va être répété dix fois, jusqu'à ce que le vétéran Abreu scelle le sort de la rencontre, d’une panenka froide comme la mort.

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Les gars

Muntari a été à la hauteur de l’événement, tout comme Gyan: ils ont tous les deux énormément travaillé. Boateng était le Ghanéen le plus technique: il a beaucoup tenté, s’est énervé, aurait pu obtenir un penalty… une des révélations du Mondial.

Forlan, sans briller, a fait planer la menace sur ses coups de pied arrêtés et offert l’égalisation. Les deux latéraux, Fucile et Pereira, ont été de vrais poisons, se réveillant quand leurs coéquipiers peinaient à trouver leur second souffle.



matchbox_uru_gha_6.jpgLe joueur qu’on suivra en finale si l’Uruguay bat la Hollande

Suarez s’est battu constamment, unissant une belle qualité technique à une énergie et une hargne permanentes. Il évoque, toutes proportions gardées, une sorte de Carlos Tévez. Avec ses oreilles pointues, son air malicieux et sa faculté à jaillir comme une balle, l’attaquant uruguayen a tout du diablotin. Sa main fait d’ailleurs écho à celle de Dieu. Il prive le Ghana d’une demi-finale sur une action d’antijeu, certes, mais le joueur vaut mieux que ça.



Les observations en vrac

• Demander l’interdiction des vuvuzelas, quand il y a le Jabulani sur le terrain, franchement…
• Le coup de boule au drapeau de corner, Boateng aurait pas pu l’apprendre à Zidane?
• Le coup de la main décisive, en revanche, Karabatic, aurait pu ne l’apprendre qu’à Henry.
• Drôle d’équipe que cette Celeste pour moitié composée de minets des Planches et pour l’autre moitié, de gangbangers chicanos
• Muntari qui manque de se faire virer de l’équipe avant de marquer le but qui aurait pu suffire, ça veut dire qu’Anelka aurait mis un triplé contre l’Afsud?

Réactions

  • nima le 05/07/2010 à 15h03
    Zazie et Zizou
    lundi 5 juillet 2010 - 14h50

    Vouloir accorder un but de pénalité alors qu'aucune règle n'en parle ou bien vouloir que l'arbitre accorde le but comme s'il avait franchi la ligne pour "faire la justice", c'est comme croire qu'un mec déguisé en chauve-souris et qui tue toutes les "pourritures d'assassins" qui peuple la terre, serait une forme de justice. Un bel héros romantique, sans doute. Une image de justice, certainement pas...

    ----
    Je ne peux être qu'en partie d'accord avec ce que tu écris : je n'ai jamais insinué que l'arbitre devait accorder le but. Ca aurait sans doute été encore plus scandaleux !
    L'arbitre a jugé la faute comme il le devait, (en tout cas personne ne semble dire le contraire) et le joueur a été sanctionné comme les règles le prévoient. Rien de plus à dire sur le sujet.

    Le débat ne porte pas sur ce match. Le débat porte un peu plus sur la manière dont les règles du foot pourraient évoluer à l'avenir. D'ou ma question : si la règle peut évoluer, quel argument s'y opposent? Car Batman ou pas... l'argument était tellement bien masqué dans ton post que je ne l'ai pas vu.
    J'essayait de me projeter un peu dans l'avenir... et de comprendre pourquoi on ne pourrait pas faire évoluer cette règle (accorder un but de pénalité dans ce genre de cas), car j'ai lu que beaucoup s'y opposaient, sans comprendre pourquoi.

  • nima le 05/07/2010 à 15h05
    Yoann Bourpif
    lundi 5 juillet 2010 - 14h55
    Il ne faut pas confondre morale et justice.
    -------

    Et l'idée selon laquelle la justice reflète des principes moraux ?

  • Tonton Danijel le 05/07/2010 à 15h14
    Ce qui me chiffonne vraiment c'est qu'en temps normal la règle est juste. Si Suarez met la main en première mi-temps, même si le péno est raté, l'Uruguay finit le match à 10 et donc il y a en quelque sorte une justice car cela peut être bien plus compliqué pour eux de ne pas perdre dans de telles circonstances (même s'il y a parfois des exceptions, cf. l'Australie contre le Ghana qui a encaissé le but sur péno pour la main de Kewell, mais aurait pu l'emporter ensuite bien qu'en infériorité numérique).

    Là, le cas est tout de même extrêmement particulier... Quelle est la probabilité d'une telle action en fin de match? Et quelle est la probabilité que le penalty soit raté? Il ne me semble pas qu'un cas de figure qui a une très faible probabilité de se produire nécessite une réforme de la règle.

  • Tonton Danijel le 05/07/2010 à 15h25
    La différence entre le penalty et le but de pénalité à mon sens, c'est que si l'arbitre se trompe, la probabilité de mettre le pénalty au fond peut corriger son erreur. Un exemple lors d'un match du Mans où l'arbitre siffle un penalty et expulse un joueur Manceau à tort, le Manceau ayant fait un amorti de poitrine et ne s'étant pas aidé des bras. L'arbitre a d'ailleurs reconnu ses torts par la suite et fait annuler la suspension (Ça n'a pas empêché de faire bisquer Duarte et Lagarda, le péno a certes été raté, mais Le Mans a finalement perdu à 10 contre 11).

    L'idée d'offrir un "but à 80 %" peut permettre de corriger une éventuelle erreur d'appréciation dans des cas moins nets que celui-ci. Auquel cas un Thierry Roland pourra s'exclamer "Il y a un bon Dieu!" (comme lors du Bulgarie-France qualificatif pour le mondial 1978).

  • Jean-Luc Skywalker le 05/07/2010 à 15h33
    Rappelons à toutes fins utiles (impression de déjà-vu) que cette main est consécutive à un coup franc ghanéen qui n'aurait pas dû avoir lieu puisqu'il n'y avait pas faute, ce qui donne une autre perspective.

  • Yoann Bourpif le 05/07/2010 à 15h53
    nima: oui, bien sûr, les règles doivent refléter une certaine morale mais celle-ci est fluctuante de par le vaste monde, ce qui pose problème dans un sport aussi universel que le foot. Les déclas de Suarez montrent déjà clairement que les Uruguayens n'ont pas tout-à-fait la même sensibilité que les Français sur le sujet. Imagine Henry déclarer après le match contre l'Irlande: "j'espère que j'aurai droit à une statue car sans cette discrète petite mimine on restait à la maison". A titre personnel, je regrette que Suarez n'ait pas pris 3 matches mais ce n'est sans doute qu'un effet de mon ethnocentrisme.


  • Apollo Creed le 05/07/2010 à 16h07
    Yoann Bourpif
    lundi 5 juillet 2010 - 14h55
    [...] De toute façon, le vainqueur d'Uruguay-Ghana est destiné à perdre sa demi sur un pénalty consécutif à une simulation de Robben, alors...

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    J'écrivais plus haut que j'aime de moins en moins le foot, ce qu'il devient. Je crois que tu illustres à merveille ma dynamique actuelle.

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    Jean-Luc Skywalker
    lundi 5 juillet 2010 - 15h33
    Rappelons à toutes fins utiles (impression de déjà-vu) que cette main est consécutive à un coup franc ghanéen qui n'aurait pas dû avoir lieu puisqu'il n'y avait pas faute, ce qui donne une autre perspective.

    --- -- -

    Merci, même si le débat n'est pas là, tu résumes en une phrase ce pourquoi je rejette totalement l'utilisation de la vidéo ! (sauf cas précisé en amont)

  • Yoann Bourpif le 05/07/2010 à 16h32
    Apollo Creed
    lundi 5 juillet 2010 - 16h07

    J'écrivais plus haut que j'aime de moins en moins le foot, ce qu'il devient. Je crois que tu illustres à merveille ma dynamique actuelle.

    ---------

    Et pourtant je trouve que le foot s'est assaini depuis les années 80, où il y avait beaucoup plus de violence sur le terrain et même d'anti-jeu "non-violent". On ne le dit jamais, mais l'arbitrage s'est vachement amélioré depuis 20 ans. Ce serait pas le degré d'exigence morale de nos sociétés qui aurait progressé conjointement?

  • Zlatanist le 05/07/2010 à 16h41
    Yoann Bourpif
    lundi 5 juillet 2010 - 15h53
    Imagine Henry déclarer après le match contre l'Irlande: "j'espère que j'aurai droit à une statue car sans cette discrète petite mimine on restait à la maison".
    ----

    Je ne comprends pas cette comparaison avec la main d'Henry qui n'a pas été sanctionnée, elle... Rien à voir ! Suarez est autant fautif que n'importe quel joueur qui commet une faute dans un match et est sanctionné par l'arbitre.
    Depuis quand commettre une faute au football serait équivalent à tricher ? Le coup-franc, le penalty, l'exclusion font partie integrante du jeu, non ?

  • Apollo Creed le 05/07/2010 à 16h44
    Christian Gourcuff, sur lien

    Qu'avez-vous pensé de la main volontaire de l'Uruguayen Suarez sur sa ligne de but, lors de l'ultime minute de la prolongation face au Ghana?
    Il y a un problème de morale. Ça change la donne. Quand un joueur triche et favorise son équipe, c'est toujours embêtant. Au niveau de l'arbitrage, il n'y a rien à dire car il y a carton rouge et penalty. Un penalty doit normalement réparer une faute. En l'occurrence, ce n'est pas le cas. Ce qui m'a le plus dérangé, c'est surtout la joie de Suarez après l'échec de Gyan sur son penalty.

    Le fait qu'il préfère en rire ensuite en conférence de presse est-il finalement plus regrettable que le geste en lui-même?
    Oui. Et je crois que même son entraîneur (Oscar Washington Tabarez, ndlr) l'a félicité. Il y a tout un ensemble de choses qui font que, sur le plan de l'éthique, c'est très gênant. Maintenant, il ne faut pas non plus s'en émouvoir car cela fait longtemps que la morale, dans le sport... Bref, ce n'est pas quelque chose qui grandit le foot.

    Seriez-vous favorable à l'idée d'instaurer, un peu comme au rugby avec l'essai de pénalité, un but de pénalité dans ces cas-là?
    Non. On ne peut pas accorder un but qui n'a pas été marqué. Par contre, il faut trouver des peines qui soient dissuasives pour qu'il n'y ait plus de triche. Là, en l'occurrence, Suarez fera encore la même chose au prochain match. C'est quelque chose qui ne va pas. Dans un tel cas de figure, il faudrait le suspendre suffisamment longtemps pour que cela devienne dissuasif.

La revue des Cahiers du football