Le football se découvre un deuxième sexe
Une balle dans le pied - La Coupe du monde féminine montre qu'un autre football est possible: un autre genre de football. Une menace symbolique pour son homologue masculin?
Auteur : Jérôme Latta
le 11 Juil 2011
Glissée au cœur de la période creuse de l'actualité footballistique, si l'on excepte le grand cirque des transferts, la Coupe du monde féminine profite d'une exposition exceptionnelle – aussi mesurée soit-elle dans l'absolu. L'air du temps est même franchement à une engouement pas tellement surprenant, en réalité: en pleine crise de ses valeurs et de sa représentation, le football se cherche des figures positives. Il y va donc d'un peu d'angélisme et d'opportunisme dans certaines célébrations subites, qui rappellent les louanges dont furent accablés, l'été dernier au lendemain de Knysna, les athlètes et les nageurs français, ou plus tard les handballeurs, eux aussi parés de toutes les vertus par les ligues de morale sportive.
NE PAS RESSEMBLER AU FOOT MASCULIN
Le beau parcours de l'équipe de France en Allemagne ajoute à l'effervescence et multiplie les convertis (dont nous sommes): tant mieux, à condition de ne pas se contenter d'en tirer une gratification ou de ne pas laisser sa suffisance travestir la réalité, à l'image d'un Vincent Duluc, de la rubrique football de L'Équipe, qui s'est ainsi laissé allé sur Twitter: "Deux 'unes' en un mois, OL en Ligue des champions puis équipe de France au Mondial: L'Equipe a changé le regard sur le football féminin." Les championnes d'Europe et les footballeuses en général n'ont donc pris aucune part dans cette reconnaissance, que nos autorités médiatiques ont simplement condescendu à leur accorder... (lire aussi "Féminisme estival sur la France" de Nicolas Kssis-Martov).
Déduction faite de l'enthousiasme de circonstance, et toute choses inégales par ailleurs, les raisons de ne pas bouder son plaisir sont en tout cas nombreuses, à suivre les rencontres du tournoi en y investissant un minimum de curiosité (...)
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