Le bonheur est dans le Grimonprez
Après des années d'incertitude, de reculs et de tractations, les dirigeants du LOSC se sont finalement ralliés au projet de la ville de Lille pour reconstruire un stade moderne (et modeste) sur l'emplacement du précédent.
Michel Seydoux, président du Lille OSC, avait déclaré en février dernier "Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis" (AFP 07/03). Il doit être très intelligent car il a changé deux fois d'avis dans l'épineux dossier de la rénovation du stade Grimonprez-Jooris, mettant fin à son rêve de "premier stade privé de France" et se ralliant de nouveau à l'option défendue par la municipalité, qui prévoit la construction d'une nouvelle enceinte de 33.000 places (contre 21.000 actuellement) sur l'emplacement de l'ancienne — conformément à la convention conclue en mai 2002 entre les dirigeants lillois et la mairie.
Photo Atelier de la Rize. |
L'actuel stade avait été inauguré en 1975 et son inadaptation est aujourd'hui incontestable. Au moment de la cession du club à Francis Graille et Michel Dayan en juillet 1999, la municipalité s'était engagée à fournir au club un meilleur outil de travail. Ce projet au long cours et à rebondissements a nécessité de nombreuses et longues négociations avec les administrations et les élus d'opposition, la mairie ayant rapidement préféré la solution de la "restructuration" de Grimonprez-Jooris, moins coûteuse que l'aménagement du Stadium Nord de Villeneuve-d'Ascq ou à plus forte raison que la création d'un "grand stade" ex-nihilo.
Il avait encore reçu du plomb dans l'aile en septembre 2002, lorsque la Commission supérieure des monuments historiques l'avait interdit en raison de la proximité avec la citadelle Vauban, site classé du 17e siècle, recommandant même la destruction pure et simple du stade actuel. Il faut bien admettre que le site, enclavé entre la rivière Deûle et la forteresse, ne se prête guère à la présence d'un grand équipement sportif, la construction initiale se présentant rétrospectivement comme une anomalie urbanistique si près d'un tel trésor du patrimoine.
En fin d'année dernière, un recours de l'équipe de Martine Aubry auprès du ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, avait toutefois permis de passer outre l'interdiction, en arguant du fait que le futur stade respectera le vénérable monument et permettra même sa revalorisation — il devrait en outre être bientôt libéré par l'armée, qui l'occupe actuellement.
Photo Atelier de la Rize. |
Mais voilà qu'en février, les dirigeants lillois choisirent d'entrer en conflit avec la municipalité en défendant le projet d'un stade délocalisé de 50.000 places, destiné à accueillir une "équipe de dimension européenne" (1), conçu sur le modèle de l'ArenA d'Amsterdam, avec une pelouse rétractable et une modularité maximale pour accueillir toutes sortes de manifestations afin de le rentabiliser.
Mais faute d'emplacement viable dans la métropole nordiste, et en raison du caractère hasardeux de l'investissement, Seydoux s'est finalement rallié au projet initial, qui présente l'immense mérite d'être entièrement pris en charge par la collectivité (le sien, soi-disant "privé", ne l'était qu'à 50%) et d'être réalisable dans des délais plus brefs (sans revenir sur le débat de fond à propos du financement des infrastructures sportives par les collectivités, renvoyons à Les élus au stade de la mégalomanie).
La voix de la raison semble donc l'avoir emporté, car même modeste relativement à la taille de l'agglomération lilloise, Grimonprez 2 offre de réelles possibilités de développement pour un club en panne de projet faute d'infrastructures décentes. Et en limitant quelque peu les ambitions de ses dirigeants, il leur rend vraisemblablement service...
Si d'autres recours ne retardent pas un projet de plus en plus urgent, qui obligera le LOSC à se trouver un hébergement transitoire, les travaux devraient commencer au plus tôt à la fin de cette année et durer seize mois, pour un coût de 40M€ (Reuters 07/06). Pour desservir le stade et pallier l'absence de parking à proximité, la construction d'une ligne de tramway est également prévue à l'horizon 2008.
Pour découvrir la maquette du futur stade et son environnement, consultez le site des architectes du projet, Michel Constantin-Atelier de la Rize, déjà auteurs de la remarquable rénovation du Stade de Gerland. (1) En football, il est bien connu que c'est la taille du stade qui fait la grandeur de l'équipe. Dommage que le PSG ne soit pas allé au Stade de France.