En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Journée de la meuf chez les sportifs

Quand le foot et les médias spécialisés font sa fête à la femme, ils font attention à ne pas la décoiffer.
Auteur : Pierre Martini le 10 Mars 2008

 

Jamais en retard d'une bonne cause, quinze jours après avoir découvert les affres du racisme, le football français n'a pas manqué le rendez-vous de la "Journée internationale de la femme", habilement (ou pas) couplée avec l'action "Libertad por Todos" en faveur des otages colombiens – ce qui montre bien que la Ligue 1 est résolue à lutter contre tous les fléaux qui affligent l'humanité.

Des femmes comme il faut
Le matin dans nos kiosques, L'Équipe mettait d'ailleurs les femmes à l'honneur sur sa une. Enfin, un panel de neuf femmes triées sur le volet, qui ont "accepté de nous parler de sport": Eva Longoria, Anaïs, Sheryfa Luna, Hélène Darroze, Julie Depardieu, Anne-Sophie Lapix, Alexandra Rosenfeld (Miss France 2006), Shirley et Michèle Laroque. Grosso modo, de la donzelle triomphante, pipole et bien coiffée, pas de la ménagère qui se laisse aller ni de la licenciée au Tennis Club du coin (1).
Au sein de la rédaction de L'Équipe, où on a entamé la longue marche vers la parité (arrivée prévue en 2078), on cultive une image de la femme dont on avait déjà pu mesurer la subtilité au moment de la sortie de son premier hors-série "L'Équipe féminine" (lire la Revue de stress du #20 des CdF). On sent que le journal a encore besoin de se convaincre que les femmes peuvent dire des choses "passionnantes" sur le sport – à condition toutefois de le faire avec leur œil de femmes, dûment rimmellisé. D'ailleurs, de quoi parlent les trois athlètes invitées en page 2? De leur corps, évidemment.


femmes_lequipe.jpg


Le gang des potiches
Du côté de Canal+, on a consenti un geste pour marquer le coup: l'antenne de samedi a été largement laissée à deux animatrices habituellement vouées à jouer les utilités: Valérie Amarou et Isabelle Moreau. Histoire de bien montrer que, libération de la femme ou pas, on reste au 19e siècle, la première se verra offrir un bouquet de roses en direct, de la part de Frédéric Marie Joseph Bruno de Laparre de Saint-Sernin, le très old-fashioned président du Stade rennais qui n'a pas vraiment vécu les Seventies du côté des féministes et des gauchos. La femme reste cette jolie chose à laquelle on accorde sa galanterie – cette misérable concession du sexisme institutionnel.
Pour s'en convaincre, on se propose de transcrire la présentation de Toulouse-Sochaux par Xavier Giraudon, toujours en cet après-midi de samedi sur la chaîne cryptée (2). Le journaliste aux improvisations lexicales et syntaxiques qui rappellent l'inénarrable Karl Olive était en terrain fertile: celui du TFC d'Olivier Sadran, fertile en opérations marketing pittoresques autour de sa fameuse "Bootik" officielle. C'est d'ailleurs sous le terme "d'opé" qu'Alexandre Ruiz lancera le sujet depuis Paris.

Xavier Giraudon : "Il y aura 3 à 4.000 femmes invitées pour un euro symbolique au stade pour soutenir Toulouse ou bien Sochaux, et puis surtout pour être prises en main, choyées, il y a du maquillage, de l'habillage, il y a des massages prévus, il y a même – allez on le dit – un petit défilé lingerie qui sera organisé juste avant le match quand ces hommes seront dans les tribunes. Ça va être très féminin, très sourire, une rose très symbolique et très sympa a été offerte à toutes ces belles de Toulouse et de Sochaux. Voilà, un accent très romantique de ce sommet (sic) qui, lui, soyez sûrs au coup d'envoi sur cette pelouse dans trois quarts d'heure, sera bel et bien un vrai match d'hommes entre Toulouse et Sochaux".

amarou_saint_sernin2.jpg
Une "journée internationale" par an, un bouquet de fleurs, et elles sont contentes. Ah ah, elles sont trop connes.

Ingrid, est-ce que tu baises?
Pardon pour l'explication de texte, mais tout y est: les fleurs, le maquillage et la lingerie, pour rappeler que les femmes, forcément "belles" (il n'y avait pas d'atelier intelligence au Stadium), ce sont ces trophées qu'on pose sur le canapé en leur accordant de temps en temps un bon de sortie dans nos viriles tribunes. Parce que quand même, au coup d'envoi, c'est le cliché éculé du "match d'hommes" qui est convoqué – on veut bien être "romantique", on n'est pas des gonzesses pour autant.

Reprenant l'antenne au terme de ce laïus touchant de sincérité, Isabelle Moreau (on jurerait qu'elle a soupiré) y est tout de même allée de son bémol: "Je vous rappelle que cette journée internationale de la femme, ce n'est pas uniquement l'occasion de se faire pomponner, cette journée est dédiée en France à Ingrid Betancourt". Ingrid Betancourt qui, soit dit au passage, s'est quand même bien laissée allée niveau maquillage et fermeté de l'épiderme, sur sa dernière vidéo.


(1) Le tout présenté sous le titre "Paroles de femmes", qui évoque un magazine de confessions érotiques.
(2) On aurait aussi pu mentionner le publi-hebdomadaire gratuit Sport, qui consacre une page à l'étude Nike-TNS sur les pratiques sportives des Européennes, en face d'une page de publicité... pour Nikewomen.

Réactions

  • sansai le 11/03/2008 à 12h37
    Tiens, je me suis pas relu.

  • Qui©he le 11/03/2008 à 13h16
    Surtout que depuis la pseudo parité en politique il y a jamais eu autant de femmes dans les petits postes administratifs. Avant celle-ci au bas de l'échelle politique il y avait environ 40% hommes, 60% femmes et maintenant c'est 20%/80%.

    D'ailleurs l'autre jour j'écoutais une ex secrétaire d'état qui s'était battu pour la parité des femmes, depuis elle avait déchantée et disait clairement qu'elle avait été dans l'erreur car depuis cette fameuse parité il y a plus de femmes certes mais au moins de répartir les postes elles comblent tout les petits postes. Du coup pas mal d'hommes montent direct d'échelle, deux à trois et sans avant avoir eu une expérience graduelle du sujet sur lequel ils bossent mais dirigeant tout de même un paquet de choses.

    Bref vive la parité. Allez hop vomissons sur toutes les quotas en tout genre, sauf peut-être le fait qu'une équipe de football ne peux pas aligner 12 joueurs sur le terrain.

  • ecureuil le 11/03/2008 à 17h27
    Diablesse rouge,


    Disons que la politique des quotas, "l'affirmative action", c'est un peu comme la journée de la femme; dans l'idéal, c'est un truc sensé s'auto-détruire, une fois que les pratiques sont entrées dans les moeurs.
    Le but, c'est uniquement d'habituer les gens à une situation qui doit se pérenniser ensuite, naturellement.
    En somme, tu crées une injustice temporaire (d'où le terme discrimination en français) en favorisant des "moins bons" (mais qui ont aussi tout un tas de bonnes excuses sociales pour être "moins bons" comme par exemple la misère ou des parents ne parlant pas la langue...) dans l'espoir de créer une équité durable (la fin des discriminations naturelles).

    Et quand je regarde le résultat des Etats-Unis, sachant que le dernier arrêté raciste de la cour suprême doit avoir une cinquantaine d'années seulement et vu la situation des années 70, on se rend compte que la situation, sur le plan des politiques a énormément changé et en moins d'une génération (ce qui ne veut pas dire que la discrimination a disparu, y'a juste eu un petit progrès).

    Alors qu'en France, vraisemblablement à cause des mentalités qui ont transparu dans ce thread, drapées de cette bonne conscience et de cette hypocrisie qu'ils dénoncent,la "révolution" est beaucoup plus lente à mettre en place.

    Témoin, la lenteur qu'ont mis les banques, par exemple, à cesser les discriminations à l'emploi dans les guichets (ça date de moins de
    dix ans). Quand à voir des minorités en nombre dans la sphère politique, pfiou; ou des femmes ! re pfiou. Donc oui, au quota.

    Probablement la seule bonne idée de Sarko.

    Et sinon, oui, je fais partie d'une minorité à double titre ici :
    - la minorité critique quant aux limites de la posture des cahiers
    - la minorité aulassienne

    Et ça, c'est pas rien quand même.

    à+

  • ecureuil le 11/03/2008 à 17h41
    ça me rappelle l'affaire de Sciences Po Paris, que j'ai suivi de près, et pour cause. Les étudiants refusaient majoritairement des quotas, sous prétexte que les concours sont un procédé égalitaire.

    Un procédé tellement égalitaire que 90% des étudiants de Sciences Po sont issus de famille de classe moyennes et supérieures, voire très supérieures... et beaucoup de ces étudiants se revendiquaient des républicains de gauche, évidemment.

    Après, comme le remarque Quiche, la mise en place de quotas n'est pas une fin en soi : il faut aussi contrôler la parité des salaires, etc... et l'objectif n'est surtout pas que ce soit pérenne (auquel cas, c'est un échec)

    Notre classe politique est quand même affreusement peu représentative des réalités sociales du pays.

    Peut-être parce qu'entre gauchistes, on a l'habitude de cracher sur ceux qui vont chercher des escabeaux au lieu de décrocher la lune.

  • nidieunimaître le 11/03/2008 à 17h48
    Non, sur ceux qui te donnent un escabeau pour que tu décroches la lune.

  • ecureuil le 11/03/2008 à 18h14
    Merci pour la démonstration par l'exemple.

  • Troglodyt le 11/03/2008 à 19h05
    ecureuil
    mardi 11 mars 2008 - 17h41

    Je ne sais pas quand tu as fini (si tu as fini) (si tu as été) Science Po, mais l'époque où la majorité était "de gauche républicaine" me semble difficilement imaginable.
    A moins que ce soit l'effet de la conjugaison Scienco Po + Aix...

  • ecureuil le 11/03/2008 à 19h11
    Tu connais les résultats de l'élection de 2002, interne à Sciences Po ?

    De mémoire, les résultats du vote interne aux IEP organisés en 2002, c'était Jospin, assez largement... même à Paris, si mes souvenirs sont bons... y'avait aussi quelques Bayrou, déjà. ça comme à dater, remarque.

    Et de mémoire, Rennes et Lyon plaçait Laguiller et Besancenot tout en haut. Et à Lyon, la proportion était à peine plus faible qu'à Paris niveau représentation sociale (autour de 80% de classes moyennes et supérieures) et y'avait les mêmes freins à la discrimination positive.

    Ce qu'il en est aujourd'hui, je t'avoue que j'en sais rien.
    J'espère que ça a bougé.

  • ecureuil le 11/03/2008 à 19h12
    En terme de recrutement, s'entend.

  • Exterdugauche le 11/03/2008 à 19h40
    "Au sein de la rédaction de L'Équipe, où on a entamé la longue marche vers la parité (arrivée prévue en 2078)..."

    Et aux CDF, on en est où ?

La revue des Cahiers du football