Seuls 36% des internautes parviennent à saisir leur e-mail / password du premier coup. En feras-tu partie ? Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Faut-il brûler Domenech?

Alors qu'une majorité se retourne tardivement contre lui, la question de la succession de Raymond Domenech va constituer l'enjeu politique de l'été. La bagarre a commencé. 
Auteur : Jérôme Latta (avec Michaël Grossman) le 21 Juin 2008

 

Les réécriveurs d'histoire, les lobbyistes du licenciement, les énervés de la baisse des ventes et des audiences, les pronostiqueurs qui ont coché la bonne case, les apôtres du "je vous l'avais bien dit", les récupérateurs de défaite, les fiascologues, les jeunes revanchards de 2006, les vieux aigris de 1998, les métreurs de compétence... tous sont au rendez-vous de cet après-Euro de l'équipe de France qui va résider en majeure partie dans le procès de Raymond Domenech et dans les spéculations sur sa succession.


Sacrifice de boulet

Nous avons même reçu des injonctions de lecteurs, nous réclamant de lâcher notre supposée défense de Domenech pour oser dire (comme tout le monde) que l'homme n'était pas à la hauteur. Aucun sélectionneur, du vivant des Cahiers, n'a pourtant été aussi mis en question que lui sur ces pages, mais il est vrai que tout est relatif. Il serait plus utile de mener une enquête afin de comprendre pourquoi la démolition de sélectionneur constitue un dénominateur aussi commun chez tous ceux qui s'intéressent au football.

Au point que le rituel paraît finalement normal, ou du moins inévitable. Il est en effet permis de débattre des responsabilités du sélectionneur, mais regrettable que ce soit en leur attribuant tout le poids d'un l'échec dont les causes sont multiples et en partie inaccessibles à notre connaissance.
Certains avaient même commencé à stigmatiser le "coaching perdant" du technicien à la veille de ce France-Italie crucial (1). Il sera bientôt établi que le lob raté de Thierry Henry et le penalty non sifflé contre les Pays-Bas étaient de sa faute, comme l’expulsion d’Abidal, la blessure de Vieira ou celle de Ribéry. Concernant l'audace offensive – pourtant affichée dès les Pays-Bas – les réquisitions ont été prononcées avant même de savoir si un projet de jeu ambitieux, dans une compétition internationale, serait enfin capable de triompher de la rigueur qui l'a toujours emporté ces trente dernières années.


domenech_sp2.jpg


Match en retard

Cette mise en cause a de particulier qu'elle est rétroactive. En effet, c'est un long consensus qui a accompagné, quasiment jusqu'au bout, Domenech 2006/2008. La décision la plus susceptible de faire polémique, la mise à l'écart de Trezeguet, avait été avalisée et même justifiée par les observateurs des mois avant l'annonce de la liste.

Plus frappant encore: dès France-Roumanie, Domenech a suivi les recommandations générales pour composer ses équipes (lire "Domenech suit les consignes"). Au point que des imaginations excessives pourraient croire que, sentant son groupe inapte à de grandes ambitions (2), il s'est couvert en donnant satisfaction à "l'opinion", préférant mourir avec les idées des autres pour préserver ses chances de perdurer à son poste. En sous-estimant, dans ce cas, la versatilité de cette opinion et sa soif de polémique ou de nouveauté.
On pourrait voir dans cette indulgence trompeuse le signe d'une corporation qui attendait son heure (celle de la revanche) sans croire une seconde dans les vertus du technicien. Mais c'est très douteux: au contraire, une adhésion très prononcée a été exprimée. Non seulement les choix sportifs ont été peu discutés, mais la personnalité de l'homme – dont on disait qu'il avait changé – a généralement été présentée comme séduisante.



Représailles

S'appuyant sur des théorèmes hautement discutables s'agissant de ce qu'il aurait fallu faire, les arguments mobilisés ciblent autant la personnalité que sa méthode. Notamment avec les inévitables représailles d'une partie des journalistes, exaspérés d'avoir été longtemps snobés et surtout, mis à l'écart d'un groupe une nouvelle fois coupé de son environnement. Du coup, voici le retour de la théorie avortée de 2006, selon laquelle cet isolement est fort peu citoyen et se retourne contre les isolés, avec l'utilisation à charge de l'irritation des voisins suisses de la délégation, la dénonciation d'une "paranoïa" et la validation – sans preuves – des "tensions" au sein du groupe.

Raymond Domenech, avec une déclaration parfaitement déplacée à l'issue de France-Italie, a tendu à ses néo-détracteurs un grand bâton pour se faire battre. Que n'a-t-on pas entendu de discours moralistes sur ce mélange des genres, avec notamment les sorties de quelques élus soucieux de montrer que l'on pouvait aussi récupérer les échecs (leur capacité à dire des âneries, déjà attestée lors des affaires Ouaddou et de la banderole, paraissant sans limites) (2).



Le bal des prétendants

La succession est donc entrouverte, et quelques-uns ont glissé leur pied dans le pas de la porte. Ainsi, on ne connaissait pas un coup de rein pareil à Didier Deschamps. La veille d’un troisième match décisif, le capitaine des champions du monde a pris une encablure d’avance sur les candidats à la succession de Raymond Domenech. Parvenant à placer dans la même phrase: "Ce serait une grande fierté de devenir un jour sélectionneur de l’équipe de France" et "… mais cette question n’a pas lieu d’être à la veille d’un match aussi important que celui qui attend les Bleus", le consultant football de RMC a placé son curriculum vitae sur le dessus de la pile, avant même que le poste ne soit vacant.

Le feuilleton des semaines à venir risque d'être un peu trivial, parfois, avec le lobbying des différentes forces au sein du football français. La nébuleuse France 98 (3) a ainsi sonné le clairon en mettant en cause le sélectionneur actuel pour mieux faire la promotion de Laurent Blanc et Didier Deschamps. Chacun va pousser son pion et peser dans une décision qui sera plus politique que sportive, ravivant le souvenir de l'été 2004.



Rideau sur Domenech ?

Encore faut-il limoger Raymond Domenech, qui a reçu les soutiens d'Aimé Jacquet et de Patrick Vieira, et a encore quelques arguments à faire valoir – notamment pour introniser cette nouvelle génération à laquelle il a mis le pied à l'étrier. Pour sa part, Deschamps apporterait certes à la fonction sa popularité initiale, mais les éliminatoires commencent demain, avec les difficultés potentielles que l'on connaît.
La question se pose plutôt de savoir dans quelles conditions un Domenech fragilisé pourrait désormais traverser les turbulences. Récemment, Jean-Pierre Escalettes avouait qu'en cas d'échec des Bleus, la décision des instances prendrait en compte les paramètres liés aux sentiments des médias et à l'opinion.

On en vient à souhaiter qu'un éventuel départ de Domenech soit tout de même décidé sur des bases plus strictement sportives. Il est tout à fait possible de considérer que les quatre ans de son mandat – durée assez exceptionnelle – constituent un cycle entier auquel il est légitime de faire succéder un autre projet, à plus forte raison si ce dernier bénéficie de la caution d'un Deschamps. Pour cela, nul besoin de passer au laminoir son prédécesseur.



(1) Son seul aveu d'erreur aura justement résidé dans le regret de ne pas avoir présenté l'Euro comme une préparation de la Coupe du monde 2010 – ce qu'il avait fait, ponctuellement, il y a quelques mois... L'idée de départ était probablement juste, dans la mesure où la continuité espérée après le Mondial 2006 ne s'est pas confirmée en Suisse. Mais alors, il fallait la suivre et l'assumer.
(2) Ainsi, Jean-Paul Huchon a-t-il osé invoquer sur l'antenne d'Europe 1, pour fustiger l'attitude d'un sélectionneur accroché à son poste, l'exemple de dignité donné par Lionel Jospin après sa défaite au premier tour de 2002... Lors de cette même émission de Pierre-Louis Basse mercredi dernier, Olivier Sadran, président d'un TFC qui a frôlé la relégation en Ligue 2, n'avait pas de mots assez durs pour Domenech, à l'unisson de Michel Seydoux, président du LOSC. On se demande ce qui habilite ces bretteurs à émettre des jugements aussi définitifs, et quel profit ils peuvent en tirer.
(3) Qui pourrait succéder au Variétés Club comme coterie influente dotée d'un fort pouvoir de nuisance.

Réactions

  • Yoman le 22/06/2008 à 18h18
    Le bruler non, mais après un échec de cette proportion, il doit partir. C'est le sport de haut niveau. Comme pour les joueurs, même tarif. Et il y a des postulants qui mérite de tenter leur chance comme sélectionneur.

    Bonne chance Raymond.

  • Yoman le 22/06/2008 à 18h20
    Ce que je voulais dire par comme pour les joueurs, c'est que si un joueur fait trois mauvais matchs de suite dans une compétition, on a peu de chance de le revoir tout de suite.

    Je ne voulais pas dire "virons tous les joueurs de l'Edf"

  • Alexis le 23/06/2008 à 10h50
    J'aime cet article car il souligne l'absurdité du traitement médiatique réservé à RayDo. Absurde, tant par son intensité que par les arguments utilisés, ainsi que par l'exploitation abusive de la caution des anciens de 98 (eux-mêmes acteurs du retentissant périple coréen...).

    Toutefois, je pense que la qualité de victime de Domenech dans ce dossier médiatique ne doit pas faire oublier qu'il est bel et bien coupable par ailleurs, ni même l'en excuser. A ce titre, si je regrette la cabale qu'il subit, je réponds oui, trois fois oui à la question soulevée par le titre de l'article. Pour une seule raison, que l'article passe d'ailleurs malheureusement sous silence : son bilan qualitatif.

    Depuis sa prise de fonction, et plus encore depuis 2006, Domenech a finalement emmené tout le monde où il souhaitait. Il a balladé la presse comme personne auparavant. A grands coups de provocations, de réponses absurdes, de déclarations à vocation humouristique, le tout sur un air toujours blasé, il a maîtrisé dans les grandes lignes sa communication. Il a ainsi pu régulièrement échapé aux sujets fâcheux, aux polémiques trop longues, jusqu'à faire accepter des choix parfois étranges et au point de voir les journalistes abdiquer rapidement lors des itw. Il a donc été question, en vrac, de choix de joueurs, de soucis calendaires, de blessures des uns et des autres, de liste élargie, de coaching, de vie de groupe, de guerre des générations, de préparation physique, de jurisprudence Jaquet puis 2006, de retour des anciens, de guerre des gardiens, de Bernard Mendy ou Gaël Givet, de Robert Duverne, et autres détails insignifiants ou sujets péri-sportifs. Durant 4 ans. Mais jamais, Ô grand jamais, il n'a été question de jeu. Et j'avoue, j'ai aimé son style qui nous vengeait de toutes les idioties de journalistes que l'on subissait sans jamais pouvoir répondre.

    Et pourtant, je me répète c'est vrai, mais pourtant, quelle tristesse cette équipe de France. Elle est laide. Elle est ennuyeuse. Pire : si certaines équipes ont été aussi laides et ennuyeuses (plus je ne pense pas, ce n'est certainement pas possible), parfois avaient-elles le bon goût de répondre à un projet de jeu précis. Détestable mais identifiable et donc (presque) justifiable, surtout quand les joueurs qui les composaient ne permettaient pas forcément de grandes envolées techniques. Au contraire, cette équipe de France m'a toujours semblé vide de sens. Et je regrette à ce titre que l'on puisse qualifier "d'audace offensive" ses quelques occasions obtenues face aux Pays-Bas. D'auant plus que le caractère inoffensif de ces offensives, justement, soulignait plus que je jamais l'absence totale de travail dans ce domaine depuis des lustres. Pour ma part, je dirais volontiers depuis Lemerre (et en profite pour joindre ma voix à celle de K14 dans la totalité de ses propos).

    Bref, de jeu il n'a jamais été question. De jeu personne ne lui en a jamais parlé. De jeu, il n'a jamais eu à expliquer l'absence. C'est pourtant la face la plus visible et la plus évidente de son mandat.

    Pour ces raisons, je souhaite vivement que sa mission s'achève dès que possible (le 3 juillet si j'ai compris). C'est aussi la raison pour laquelle les maçons de 98 se doivent de se taire. Pour qu'enfin le jeu redevienne le centre des débats, le souci unique, le motif qui légitimise 2h de Christian Jeanpierre. Pour qu'enfin les matchs amicaux redeviennent de vrais matchs de foot, et que nous en redevenions les champions du monde. Pour qu'enfin nous puissions simplement prendre du plaisir à regarder un match de foot international quand ni l'Argentine, ni l'Espagne ni les Pays-Bas ne sont sur le terrain. Simplement.

  • cocobeloeil le 23/06/2008 à 18h42
    Entièrement d'accord avec tout ça...
    J'ajouterai juste que Domenech est "très fort" en communication, si fort en déblaterations multiples destinées à noyer le poisson et éviter les sujets qui pourraient facher son égo, qu'il arrive à chaque fois à embrouiller les idées de tout le monde...
    Malin quand meme, ça empeche de parler du principal problème: à savoir la pauvreté récurrente du jeu de l'edf.
    Personnellement après je me fous qu'il reste ou qu'il parte.
    Ce que j'espère c'est du jeu, et éventuellement qu'on gagne car après tout ils sont là pour ça un peu tout de meme....

  • funkoverload le 23/06/2008 à 21h23
    En tout cas s'il n'y a qu'un seul joueur à sauver ce serait ribéri.
    Autant nous, en tant que footix cédéfiens, on peut dire ce qu'on veut de domenech, le jeter aux orties, le vouer aux gémonies, le balancer dans la vologne, autant il me semble que les joueurs, à part clash majeur, ce qui ne semble pas être le cas, se doivent, non pas forcément de le soutenir, mais du moins de le délester un minimum de son fardeau.
    C'est pour ça que ce qu'à dit ribéri c'est classe, même s'il n'en pense pas un mot à la limite, mais franchement ça change.
    A part lui, on a entendu qui ?

  • cocobeloeil le 23/06/2008 à 23h09
    Viera?
    Mais lui ça ne compte pas, étant né blessé...

  • Eugène Sacomoino le 24/06/2008 à 09h56
    Bon, j'y vais de mon post à haute valeur ajoutée.

    Bien joué Raymond, tu as réussi à te faire détester comme personne avant toi par une presse en furie. Tu vas réussir à t'accrocher à ton poste parce que tu as parfaitement su préparer le terrain.

    Maintenant tu vas te faire traîner dans la boue pendant deux ans à tel point que ce que Jacquet a subi en 1998 nous paraitra bien sympathique.

    En 2010 tu seras critiqué, humilié. L'Equipe demandera ta peau, Menez demandera le rétablissement du supplice de la roue pour les coach comme toi. Et tu seras champion du monde finger in ze noze. Et tu prendras ta retraite tel un Jacquet des grands soirs.

La revue des Cahiers du football