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Mondial 98 : Jacquet, L'Equipe et nous…

Les archives des Cahiers du football 1998 s’ouvrent pour retracer, vue depuis notre observatoire, la saga qui opposa l’équipe de France à L’Equipe (d’Issy-les-Moulineaux)… De février à juin, une sélection d’articles pour revivre une polémique entrée dans l’histoire.
le 21 Fev 2001

 

L'envie nous travaillait depuis quelque temps, pour le plaisir de se replonger dans la délétère période de l’avant-Mondial, pour celui de montrer qu'à l'époque, les Cahiers y croyaient, et pour celui de rouvrir un dossier assez exemplaire d'un certain journalisme sportif à la française. Le récent débat avec Dominique Rousseau de L'Equipe (voir Les Cahiers du foot et les journalistes, "Droit de réponse", Epilogue, en janvier dernier) a ravivé ces souvenirs et nous a incités à reprendre un procès qui fut d'abord celui d'Aimé Jacquet avant de devenir celui de la bande à Bureau.
Une autre raison pourrait être que certains n'ont toujours pas digéré ce qui fut pour eux une cuisante défaite, celle d'un pronostic facile (Jacquet est nul, la France va se planter) perdu sans honneur. Il est encore aujourd'hui quelques aigris définitifs qui trouvent le moyen de discréditer cette victoire de Jacquet, en évoquant la chance (argument hilarant, quel vainqueur de CM n’en a pas eu ?) ou une absence totale de mérite. Nous avions fait une parodie de ce type de raisonnement avec un "article" intitulé Honte aux Bleus, signé Jean-Patrick Sacdefiel et daté du 03 juillet 2000, au lendemain d'une autre victoire historique.
La canonisation de Jacquet après 98 est certainement aussi disproportionnée que fût sa lapidation, mais au moins rend-elle justice à l’homme (il l’aurait mérité même si le penalty de Di Biagio ne s’était pas écrasé sur la barre), et à une vérité toute simple: il a gagné la Coupe du monde. Ceux qui y trouvent encore à redire ont dû être bien tristes au soir du 12 juillet, et rien que pour ça, nous sommes tristes pour eux.

La sélection de ces articles des Cahiers du foot 98 s'arrête après le second match des Bleus, le reste appartenant à l'histoire. Et pour montrer que le conflit latent entre la sélection nationale et certains journalistes sportifs existe toujours, nous avons ajouté à cette liste un autre échantillon, datant de l'Euro 2000, et qui montre que Lemerre a succédé à Jacquet à plus d’un titre.

L’auto-flagellation, sport national
25 février 98
Les critiques précèdent toujours l’équipe de France. Tout le monde est prêt pour la contre-performance, la chute, l’échec. Comme pour les personnalités, sa rubrique nécrologique réactualisée est toujours écrite à l’avance, prête à sortir…

La stratégie de L’Equipe
27 avril 98
Pour assurer le maximum de ventes et donc de rentrées publicitaires, L’Equipe, qui a comme point commun avec les vendeurs d’électroménager d’avoir le Mondial pour doper le marché, a une stratégie qu’il convient d’éclaircir…

28 motifs de polémique
25 mai 98
Malgré l'indigence communicationnelle de Jacquet, sa liste des 22 qui font 28 ne mérite pas une tel esclandre médiatique.

(28-6):2=11 ?
26 mai 98
Les journalistes font semblant de se plaindre des choix du sélectionneur et de ses troubles de la communication, qui lui fournissent un inestimable grain à moudre. Une fois les rétrospectives épuisées, qu'auraient-ils pu raconter? C'est ainsi que le problème de la liste des 22 a été décliné en scandale de la liste des 28, en recherche de la liste des 6, en commentaire de la liste des 28 moins 6…

La voix du plus fort
29 mai 98
La campagne systématique de dénigrement menée par l'Equipe contre Jacquet tourne au pathétique, mais elle parvient à imposer à tous l'opinion de quelques éditorialistes. Revenons sur les raisons de la haine…

Dans le tunnel
07 juin 98
Luttons contre la déprime d’avant-Mondial en assourdissant les lamentations et en dédramatisant le conflit entre les Bleus et le peuple.

Les chiens aboient, la caravane leur passe dessus
13 juin 98
Le premier match de Coupe du monde des Bleus a suffi à ravaler deux ans de procès d’opinion contre Jacquet au rang de péripétie sans fondement. La malhonnêteté intellectuelle, qui peut entraîner les masses derrière elle, ne peut résister à la réalité.
La facile victoire des antidugarristes primaires
14 juin 98
Dugarry blessé, tous ceux qui craignaient de le voir réussir son Mondial se trouvent rassurés. Les procureurs peuvent reprendre leur sale besogne…

Comme rien ne peut changer vraiment, ajoutons à ce dossier nos articles de l'Euro 2000, concernant cette fois les attaques subies par Roger Lemerre et les répliques du sélectionneur.

L’école de la malveillance, 23 octobre 1999.
Le 12 juillet 1998 au soir, un quarteron de journalistes sportifs sombrait dans la déprime quand le pays tout entier chavirait dans le bonheur. Aujourd'hui, la rédaction de l'Equipe continue de souhaiter aux Bleus tout le mal possible...

Roger trompe son monde 23 mai 2000.
Attendu au tournant de la "liste des 22", Roger Lemerre a habilement contourné l'embuscade médiatique pour laisser les évidences s'imposer d'elles-mêmes. Des péripéties finalement assez réjouissantes et qui illustrent bien la vanité des procès faits au sélectionneur.

Le silence de Lemerre et le bruit des médias, 14 juin 2000.
Avant de s'éteindre dès que Roger Lemerre reprendra le chemin de la salle de presse, la guérilla tragi-comique entre l'équipe de France et les journalistes aura révélé quelle conception hypocrite et un peu ridicule ces derniers ont de leur profession.

Lemerre et les médias: rupture de faisceau, 16 juin 2000.
Il ne fallait pas sous-estimer la capacité de Roger Lemerre à aller au bout de ses humeurs: la rupture avec les médias va durer quelque temps encore. Les Cahiers ne sont pas scandalisés et l'équipe de France n'est pas en danger…

Réactions

  • le nihiliste le 21/02/2001 à 00h00
    Moi ce que j'ai vu et entendu, lmao, c'est surtout plein de gens prendre jacquet pour un con... et lui se débattre au milieu de tt ça

  • ZZ le 21/02/2001 à 00h00
    C'est effectivement marrant de voir que pour certains la France n'a pas le droit de gagner en compétition... On invoque la chance, on invoque le fait que la compétition se joue en France, on invoque le fait que les pays bas n'étaient pas en forme (euro), on invoque l'arbitrage tendancieux... Et puis on dit : "vous verrez ça ne durera pas". Effectivement après le beau temps vient la pluie (bon j'ai un peu modifier l'usage)... Excusez moi mais j'invoquerai à mon tour la connerie de ceux qui ne parviennent pas à comprendre que la France aussi a le droit de gagner de temps en temps...
    Quant à Jacquet, on peut penser ce que l'on veut, il a qd même su protéger ses joueurs comme peu de personne aurait su le faire... Le plus important pour Jacquet et les siens c'est d'avoir la reconnaissance des gens de son milieu... Je me rappelerai toujours monsieur Bureau expliquer après coup que l'Equipe, par ses critiques, avait joué un grand rôle dans le succès français... Peut-être je ne sais pas (même si j'en doute sérieusement) ; en tout cas je suis sûr qu'à l'inverse les résultats des bleus lui ont permis de vendre bcp de papier... pour ça, il aurait pu remercier les bleus !!!

  • MMM le 21/02/2001 à 00h00
    LMAO, même si tu descends un peut trop Jacquet à mon goût (mais c'est vrai que l'époque Martins Ouedec et Cie me donne envie de déglutir mon repas), ta dernière remarque sur les CDF est très pertinente.

    Houbahouba, c'est vrai, on s'en fout. On a eu de la chance, tant mieux, on en a manqué il y a quelques années. Les italiens en ont souvent, en général. Les Bleus ont gagné à la régulière en 98 et 2000, même si certains portugais de mauvaise foi assurent le contraire; il n'y a pas de but de la main etc. La chance fait partie du foot, les buts à la dernière minute contre des équipes transalpines, ça arrive (cf hier). Et de toutes les manières, Certains se rappeleront de ce groupe fantastique, certains feront la moue et grogneront en silence, mais l'Histoire retiendra seulement le résultat et Jacquet. Les critiques envers les sélectionneurs, ça existe de partout, pas la peine d'en faire toute une histoire, surtout 2 ans et demi plus tard. QUI n'a jamais été critiqué par les médias? Jacquet il nous a fait vivre (enfin peut-être pas pour tout le monde ici présent) des moments fantastiques, et il nous a également fait vivre des matches vraiment pourris. That's football, un point c'est tout.



  • GMAN et ses archives le 21/02/2001 à 00h00
    Très intéressant le dossier, mais je suis de l'avis de depolnzen, avec les articles de presse on se rendrait mieux compte de l'ambiance de l'époque où non seulement on remettait en cause les choix de Jacquet (ce qui est le rôle légitime de l'Equipe et, qui ne l'aurait pas fait? Rappelez-vous les matchs amicaux pitoyables contre la Russie et la Finlande) mais on considérait surtout Jacquet comme un moins que rien et un incompétent. La violence des attaques était démesurée surtout en comparaison avec la tiédeur habituelle de la presse sportive. Y a-t-il déjà eu un titre aussi dur que celui "Et on joue à 13?" au lendemain de l'annonce de la liste des 28? (Je me souviens d'un "Paris est tragique" où l'ironie atténuait la sentence et qui surtout était la simple description de la réalité).

    Et il n'y avait pas que le titre, la photo montrait Jacquet la bouche ouverte façon crapaud (un choix délibéré pour ridiculiser encore plus) et, évidemment, l'édito de Jérôme Bureau dont voici quelques extraits: "Désole d'être aussi direct, mais les évènements de ce mardi m'ont, un peu plus encore, convaincu qu'Aimé Jacquet n'était décidément pas l'homme de la situation. Car là où nous attendons, depuis des mois, un leader qui donne un vrai souffle, nous n'avons, une fois encore, eu droit qu'à un brave type qui émet des soupirs." [...] "Alors peut-être que les Bleus seront champions du monde, et je serai absolument ravi d'avoir eu tort. Mais hier, en entendant ce brave homme nous affirmer qu'il ne voulait pas prendre de risques, j'ai eu vraiment peur de ne pas me tromper." Je vous laisse apprécier le fait que Bureau désigne Jacquet soit par son nom soit par "brave type" ou "brave homme"...

    Enfin,(je sors du sujet stricto sensu) il n'y a pas que l'Equipe. D'autres journaux moins puissants ne se sont pas privés d'être encore plus directs. Pour vous rappeler que les propos allaient jusqu'aux attaques sur l'homme voici l'extrait d'un article des Miroirs du Foot (n°9-juin 97): "De sa jeunesse ouvrière[...], l'ancien ajusteur a hérité de certaines valeurs respectables mais au bout du compte limitatives sur un terrain de football: le labeur, le culte du travail, la souffrance physique comme préalable à l'affirmation de soi".

  • Vinch le 21/02/2001 à 00h00
    D'accord avec MMM, sinon sur le fait que je préfère ma faire chier devant des matches amicaux que dans des compétitions officielles. La France, il n'y a pas si longtemps, était, rappelez-vous, "championne du monde des matches amicaux". Peut-on en vouloir à Jacquet d'avoir fait que désormais, les Français sont des bêtes de compétition au même titre que l'étaient les Allemands, les Brésiliens voire les Hollandais? J'avoue que de j'ai changé d'impression vis à vis de Jacquet après avoir vu "Les yeux dans les Bleus", l'excellentissime docu de Stéphane Meunier. La force de ce mec, c'est d'avoir su faire des meilleures individualités du monde, ou pas loin, une véritable équipe avec un véritable esprit. C'est à mon sens ce qui manque à des équipes comme l'Angleterre ou les Pays-Bas. Mais ça n'engage que moi. En vous remerciant bonsoir.

  • MMM le 21/02/2001 à 00h00
    Merci, GNAM, pour ces précisions.
    Il y a des gens qui ne se rendent plus vraiment compte qu'ils sont journalistes, et qui se croient sur un forum internet! Qu'on critique le sélectionneur est normal, qu'on attaque l'homme est intolérable.


  • pmt le 21/02/2001 à 00h00
    C'est marrant tout ça, le débat sur Jacquet, l'EDF chanceuse... Je vous suggère d'autres débat d'actualité: COmment se fait-il que le match contre l'Allemagne en 1982 n'est pas été donné gagnant pour la France alors que le goal Allemand s'est pris un instant pour Mohamed Ali? Y-avait-il un complot néo-nazi derrière la défaite de Bordeaux pour que ce soient des supporters italiens au stade du Heysel? Doit-on voir dans les transferts de Max Bossis au Matra ou celui de Platoche à la Juve les prémices du foot business? Et enfin, Raymond Kopa est-il le meilleur joueur de foot du siècle?

  • leplan le 21/02/2001 à 00h00
    Dossier completement nul, sur un sujet pourtant interessant.

    Le proces fait au journal l'Equipe par Jacquet est qu'il aurait ete attaque SUR SA VIE PRIVEE. Ou ca et quand ? C'est tout ce que j'aimerai savoir.

    Au lieu de nous la jouer "Best of des Cahier", sortez nous donc des preuves de ses attaques "sur la vie privee". Et puis arretez cette persecution ridicule a l'encontre du seul quotidien sportif en france. Il ne manquerait plus qu'il disparaisse !

    Pour repondre a Houbahouba sur Cantona, il suffit de voir qu'avec Canto, la France aurait joue tous ses matches "a domicile" en Angleterre, ce qui, dans l'histoire de ce sport, a toujours ete un enorme avantage.

  • marco le 21/02/2001 à 00h00
    deux choses sur Jacquet et Canto... De un, Cantona n'a jamais mis une mauvaise ambiance en EdF...
    De deux, la France hors d'Old Trafford n'aurait pas precisement joué à domicile (pour Leplan ça)

  • Seb le 21/02/2001 à 00h00
    tu peux te calmer leplan?
    merci.
    ou lien
    ps : si tu ne peux pas te calmer, le forum des boulogne boys t'est cordialement ouvert.

La revue des Cahiers du football