Seuls 36% des internautes parviennent à saisir leur e-mail / password du premier coup. En feras-tu partie ? Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Le Mans se jette dans l'Arena

Pas de révolution architecturale pour le nouveau stade du Mans, qui sera inauguré samedi et se veut surtout précurseur sur le plan économique.

Auteur : Jérôme Latta le 27 Jan 2011

 

Après le Stade des Alpes de Grenoble en février 2008 et avant Nungesser II en juillet prochain, la MMArena est sur le point de devenir le deuxième stade "nouvelle génération" de France. Nouvelle moins sur le plan de l'architecture que sous l'angle d'un contexte où l'objectif de doter le pays d'un parc d'enceintes modernes est promu massivement par l'industrie du football, les élus locaux, les pouvoirs publics, les médias spécialisés et plus discrètement le secteur du BTP. L'inauguration du nouvel équipement manceau est donc particulièrement observée.

mmarena_1.jpg


Testé en soufflerie

Une inauguration qui aurait dû avoir lieu le 7 septembre, mais qui a été reportée en raison de malfaçons constatées fin 2009 dans la charpente, dont la réalisation avait été sous-traitée à une entreprise grecque... Un report coûteux pour le constructeur, en raison des pénalités par jour de retard payables à la Ville. Encore a-t-il fallu travailler quasiment jusqu'au dernier moment pour respecter le rendez-vous du 29 janvier.


L'édifice, conçu par Cardete & Huet et Bruno Huet, se dresse sur le site Antares, qui inclut le circuit des 24 heures et comprend également la salle de basket du même nom, un hippodrome et un golf dix-huit trous. Ses modestes 25.000 places évitent le risque d'un surdimensionnement et il ne comporte aucun gadget spectaculaire – pelouse rétractable ou couverture amovible.

 

Sobre, il se singularise par son toit enveloppant (étudié en soufflerie, il est destiné à faire barrage aux courants d'air afin d'en remontrer aux Nantais), posé de biais avec un effet aérodynamique assez réussi, partiellement translucide. Avec son rectangle peu arrondi, il ressemble à un vrai stade de football.


Délégation

Le coût total de l'opération s'élève à 102 millions d'euros, dont près de la moitié pour les collectivités, et correspond au montant du contrat de concession. En juin 2008, le MUC 72 signait en effet avec Vinci [1] l'accord permettant la création du consortium Le Mans Stadium (LMS), détenu à parité par les deux partenaires, chargé d'édifier et d'exploiter le stade. Cette alliance entre un club et un opérateur est une première en France, qui va être imitée fréquemment au cours des prochaines années.


La formule retenue par la Ville est en effet celle de la délégation de service public, qui consiste à confier à des opérateurs privés le financement (ou partie de celui-ci), la construction et l'exploitation d'un équipement. La municipalité versera à LMS une contribution forfaitaire de 1,35 millions d'euros par an, et le club une participation de 700.000 euros (plus une part variable assujettie aux recettes).

 

En contrepartie, le consortium assurera la maintenance et exploitera l'enceinte durant les trente-cinq ans de la concession. Il compte réaliser 80% de son chiffre d'affaires sur le football, 20% avec l'organisation d'événements en profitant de la modularité de l'enceinte. Seul concert programmé pour l'instant: Johnny Hallyday en 2012.

 

mmarena_3.jpg
 


MMAcarena

La quatrième mousquetaire de l'aventure, c'est évidemment l'assureur MMA qui donne son nom au stade, ou plutôt qui a acheté ce droit contre dix millions d'euros sur dix ans (plus trois d'apport initial, contribuant à la construction). La somme semble un peu dérisoire en regard de la dimension symbolique de l'opération, qui revient à donner un nom de marque à un lieu public.

 

Pour ceux qui n'arrivent déjà pas à dire Chaban-Delmas au lieu de Lescure, cette nouvelle étape sera assez déprimante (lire "Dis-moi comment s'appelle ton stade..."). Elle a pourtant servi de principal axe de communication, avec succès: l'écho médiatique a été très important, prouvant sans tarder l'efficacité de la méthode.


Dans Ouest-France, Christian Baudon, directeur général des MMA, ne cache pas son bonheur: "Nous avons là un gigantesque panneau de pub permanent!", se déclarant "fier du néologisme MMArena, qui sera très vite chanté dans le stade". On a hâte de savoir si le projet d'un hymne officiel plaquant les trois lettres de la mutuelle sur l'air de la Macarena a été mis à exécution.




Le FC Séville de la Sarthe

L'accord de concession négocié déterminera directement le bénéfice final de l'opération pour les trois parties. Difficile de croire qu'il puisse être gagnant-gagnant-gagnant pour les collectivités, le club et Vinci. L'entreprise du BTP est certainement la mieux placée pour assurer son retour sur investissement, celui de la Ville étant plus incertain: elle compte sur des retombées indirectes et des bénéfices d'image difficilement chiffrables, alors que son investissement financier l'est. On peut aussi s'interroger sur l'intérêt de retrouver en 2046 la propriété d'un stade qui sera devenu obsolète...


Le club d'Henri Legarda, rebaptisé Le Mans FC, joue gros lui aussi. Il a fixé la barre assez haut, ce qui rend impérative la réussite sportive de l'équipe: le président maintient l'objectif défini en 2004 de placer Le Mans parmi "les cinquante meilleures équipes d'Europe". Un an après avoir pris pour modèle le FC Séville, le dirigeant voyait le MUC relégué en Ligue 2, une division incompatible avec la viabilité du stade [2].



mmarena_2.jpg


Donnez le LA

Les résultats sportifs auront donc une incidence directe sur la réussite du projet et sur les revenus supplémentaires que devrait générer un stade confortable, vecteur d'affluences supérieures et conçu pour augmenter les recettes de jours de match, bien doté en loges et sièges VIP. Les gestionnaires veulent faire venir les spectateurs plus tôt et les faire repartir plus tard – ce qui ne sera peut-être pas un luxe compte tenu des difficultés de déplacement prévues – afin de les inciter à consommer.


Et pour dépenser leur argent, les visiteurs devront utiliser et charger une carte de paiement, dont l'unité est le LA. Un LA vaut un euro [3]. C'est absurde, mais il paraît que cela permettra d'accélérer les transactions aux buvettes... et accessoirement de pousser à la consommation, puisque ce moyen de paiement sera plus tard accepté dans les autres boutiques et serviront même de billet d'entrée. En outre, une carte en plastique ne rend pas la monnaie: de nombreux visiteurs occasionnels ne dépenseront pas leur solde.


Samedi, en faisant fi de la nostalgie (lire "Mon cher Léon") et des réserves évoquées plus haut, les supporters manceaux pourront embrasser l'enthousiasme de leur président: "Les joueurs auront l'impression de jouer sur le terrain d'un des grands clubs d'Europe" [4]. On rêve mieux dans un joli stade, c'est déjà ça.


[1] Vinci est un des actionnaires du consortium du Stade de France. Le groupe sera aussi à l'œuvre pour les futurs stades de Nice et du Havre.
[2] "L'exemple à suivre, c'est le FC Séville. Il y a sept ou huit ans, ce club n'était pas plus avancé que nous maintenant. Depuis, il a gagné deux coupes de l'UEFA, et s'invité régulièrement en Ligue des champions." (France Football, 30 juin 2009).
[3] Ce nom incongru vient de l'opérateur du système, le Crédit Mutuel, en raison de son slogan publicitaire: "LA banque à qui parler". Authentique.
[4] Metro, 26 janvier.

Réactions

  • Sir Sourire le 27/01/2011 à 09h26
    king carrasco
    jeudi 27 janvier 2011 - 09h17

    Et sinon, le PPP n'entre-t-il pas dans la catégorie des DSP? Ici, Le Mans, délègue au consortium la réalisation d'un équipement public...
    ---

    Bonne question, mais a priori je ne crois pas que ce soit du même ordre.

    Dans le cas d'une DSP, le partenaire privé n'a aucune marge de manoeuvre "politique" : il ne fait que gérer la mis een oeuvre d'un service dont l'exploitant est la collectivité. C'est la collectivité qui investit pour son compte.

    Dans le contrat de partenariat, la collectivité et le groupement d'entreprises sont co-exploitants (pour une durée donnée) et co-investisseurs, il ne s'agit plus vraiment d'une délégation.

  • Sir Sourire le 27/01/2011 à 09h34
    J'ajoute que PPP, ça ne veut pas dire grand-chose et ça n'a pas vraiment d'existence juridique. Techniquement, ici il s'agit bien d'un contrat de partenariat et non d'une DSP.

  • theviking le 27/01/2011 à 09h37
    La collectivité n'est pas forcément exploitante pour une DSP.
    Si on regarde les concessions autoroutières, c'est bien la société d'autoroute qui construit et exploite ces routes

  • José-Mickaël le 27/01/2011 à 10h06
    Le stade est beau. Son nom est moche (pas seulement à cause du "MMA" : je n'aime pas non plus le nom d' "arena", qui n'est pas français et qui évoque pour moi des combats de gladiateurs ou des corridas...) J'espère que Le Mans pourra remonter en première division, sinon ç'aura été du gaspillage (heureusement qu'on peut compter sur Johnny...)

  • brison futé le 27/01/2011 à 10h09
    JeanBen, je crois que Picot est aussi "complètement démonétisé" : la même carte sert de billet d'entrée au stade et de moyen de paiement à la buvette. C'est peut-être plus rapide mais c'est surtout une belle combine pour récupérer un peu de cash.
    Sinon l'explication du cheval c'était quoi déjà ?

  • Lucarelli 1 le 27/01/2011 à 10h28
    Donc, le seul moyen de gagner du pognon dans le foot quand on n'est pas joueur ou agent, c'est d'être le partenaire privé dans la conception d'un stade et de récolter le beurre, l'argent du beurre et le uc de la crémière.

    Et concernant la logique de Legarda : soit il est un peu fou, soit c'est de la com' pure et dure.

  • la rédaction le 27/01/2011 à 10h39
    Après consultation de nos experts, nous confirmons les termes employés dans l'article.
    --
    Le terme PPP (Partenariat public-privé) est un terme générique, et parfois impropre. Il exprime l'idée d'une association entre une collectivité et un partenaire privé pour la construction d'un équipement de service public.

    L'appellation PPP est souvent employée pour le recours à la formule du "Contrat de partenariat" (stades de Lille, Bordeaux, Nice, Marseille...). Il s'agit d'un contrat global signé entre une collectivité et un groupement privé (réunissant généralement un BTPiste, un architecte, une banque et différents experts métier) recouvrant le financement, la conception, la construction, l'exploitation et la maintenance du stade.

    Les Délégations de service public, quant à elles, permettent – une fois que la collectivité a financé la construction du stade – d'en confier l'exploitation à un tiers dont c'est le métier. Les deux principales formes de DSP sont:
    - l'affermage (modèle du Parc des princes, avec la SESE)
    - la concession (modèle du Stade de France ou de la MMArena). Dans le cas de la concession, le partenaire privé arrive plus tôt dans la procédure, finance tout ou partie de la construction, et se rémunère sur l'exploitation à ses risques.

    Le contrat de concession de la MMArena relève donc bien de la délégation de service public.

  • la rédaction le 27/01/2011 à 11h25
    Ah c'est sûr, ça calme.

  • Lucarelli 1 le 27/01/2011 à 11h30
    A deux doigts de prendre un point par La Rédaction.

  • Sir Sourire le 27/01/2011 à 12h35
    Oik, merci la rédac.

    (je crois voir qui peut bien être votre expert)

La revue des Cahiers du football