En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

TOUTES À POIL SINON RIEN

Le football féminin, même de bon niveau, semble évoluer sur une autre planète. Dont on peut rencontrer les habitantes à Juvisy, par exemple...
Auteur : Annabelle Kajbaf le 2 Oct 2009

 

Ça commence par une histoire de chromosomes. Si vous êtes XX, c’est mal barré pour le sport de compétition. L’histoire l’a prouvé: le sport pro, c’est un truc de mecs. Plus précisément: un truc de machos. Il a fallu attendre 1945 pour créer la première équipe de football féminin français. Quinze ans plus tard, le mot "sexisme" entrera dans le Petit Robert, croisement entre "sexe" et "racisme". Un mot qui va si bien au monde sportif.


Classées XX

Il n’y a qu’à voir, dans les années 1980, Véronique et Davina en moulants échancrés sur Antenne 2. Faire du sport quand on est XX est toléré, à condition d’être XS. Mais pour devenir une athlète de haut niveau, une femme doit développer ses muscles. Alors, sa poitrine disparaît, ses fesses se raffermissent et ses traits deviennent plus masculins. Loin de l’idéal féminin, les sportives pros dérangent par leurs apparences. La preuve avec Caster Semenya, coureuse sud-africaine aux performances proches de celles des hommes. Depuis une semaine, le monde a les yeux rivés sur son sexe. Que cache-t-elle donc dans son slip? Une XX qui brille autant qu’un XY au championnat mondial à Berlin, c’est louche. C’est surhumain. Loin de vouloir tirer une croix sur cette affaire, les organisateurs lui ont imposé un test de féminité. Celle qui a un corps viril prête à confusion. Ce qui, malgré les suspicions que l’on espère fondées des professionnels, s’apparente à du sexisme.

Et dans le monde du sport, le sexisme est à tous les étages. À tel point qu’en pleine coupe européenne de football féminin, L'Équipe se contente de parler des Bleues à partir du quart de finale. Et il faut voir comment. Le 3 septembre, le quotidien sportif présente les sportives ainsi: "Quatre joueuses de l’équipe de France avaient posé nues en mars dernier pour sensibiliser le grand public au foot féminin. Cette semaine en Finlande elles se sont exprimées… balle au pied". En réponse, le sélectionneur de l’équipe, Bruno Bini, a déclaré dans l’émission OLsystem: "J’en ai marre qu’on me dise que j’ai une équipe de belles. Je préférerais qu’on me dise que j’ai une belle équipe". Cette sous-médiatisation devient un problème pire encore lorsque les joueuses ne font pas tomber la chemise. Exemple avec la 3e division de Juvisy, de renommée nationale.

foot_f__minin.jpg


Pour le plaisir

En Île-de-France, l’équipe de Juvisy est respectée: depuis sa création en 1971, le club a été six fois champion de France. Pour rencontrer les joueuses, rendez-vous au stade Raoul Perrin à Viry-Châtillon. En ce premier jour de saison et malgré la pluie, une vingtaine de footballeuses courent sur la pelouse. Sandrine Capy, trente-quatre ans, y entraîne "les espoirs, les jeunes qui s’obstinent et joueront dans l’équipe nationale, si tout va bien". Sandrine, c’est "l’entraîneur" – pas l’entraîneuse, pour des raisons évidentes de sémantique. Elle a les cheveux courts et porte un survêtement de l’équipe (masculine) de France. Cette jeune mère est secrétaire dans un collège et transmet son savoir "pour le plaisir". De toute façon, il faut bien s’en convaincre: pas question de gagner d’argent en troisième division. "Les entraîneurs dans les équipes d’hommes au même niveau gagnent leur vie. Les jeunes aussi: ils ont des primes de matches. Moi, c’est pas demain que ça me fera vivre. Je suis sûre que les entraîneurs de l’équipe nationale ont aussi un emploi à côté".

Le temps de pousser une gueulante – "Je suis dure car il faut les bouger" – Sandrine s’approche de Cécile, joueuse depuis neuf ans. À dix-sept ans, la lycéenne originaire de Soisy-sur-Seine a une idée bien arrêtée du football: "J’ai longtemps joué avec des garçons. Arrivés à un certain âge ils sont baraqués et malmènent les filles lors des matches mixtes. Ça n’est pas très intéressant de jouer avec eux, car ils sont là pour la compét’, et nous pour le plaisir". Car pour les jeunes hommes, il peut y avoir un contrat juteux à la clef. Pour Cécile, le foot prend du plomb dans l’aile à la télévision: "Mes parents étaient très réticents au départ, j’ai mis un an à les convaincre. Le football masculin qu’on voit à la télévision montre tous les points négatifs: l’argent, la violence et les magouilles".


"Carrément pas normal"

Pascale, trente-sept ans (deux ans d’ancienneté), s’entraîne quatre heures et demie par semaine, "plus les matches le week-end, selon mes disponibilités". Éducatrice dans un centre de réinsertion, elle vient au club pour conseiller les jeunes filles: "C’est une déformation professionnelle", confie-t-elle en souriant. Pascale ne perd pas une minute pour s’exprimer: "Une femme qui fait du sport, c’est bizarre. Mais alors une fille qui fait du foot, c’est carrément pas normal. Une femme qui en joue c’est forcément un garçon manqué. Tous les sports donnent un corps musclé. Et ça, c’est mal vu". Pascale est baraquée et elle vous emmerde: "De toute façon, je n’ai personne. Ça facilite les choses", lâche-t-elle. Quelques brins d’herbes nerveusement déchiquetés après, elle repart sur la pelouse.

Le match reprend dans une ambiance conviviale. Pourtant, la Fédération française de football féminin (FFFF) a annoncé que le club sera rétrogradé l’année prochaine. Du coup, le club ne pourra plus jouer en nationale. La faute à une réforme, qui bien sûr ne s’appliquera pas aux équipes masculines équivalentes. "On revient dix ans en arrière, soupire Sandrine, accablée. Et puis surtout, on va avoir encore plus de mal à trouver des sponsors. Et quand y aura plus d’argent…".
Les filles, un petit calendrier "Déesses du stade 2010"? Il paraît que ça rapporte gros. Et puis avec un peu de chance vous aurez un autre article dans L'Équipe.

Réactions

  • FPZ le 02/10/2009 à 09h57
    gars / garce
    travailleur / travailleuse
    coureur / coureuse
    ...

  • Pirès te calme le 02/10/2009 à 10h06
    En fait PJPT c'est Mickael Youn !

  • DarkZem13 le 02/10/2009 à 10h16
    Pour en revenir à la notion de spectacle, j'ai un ami qui une fois m'a dit, alors qu'on regardait les demi-finales dames de Roland Garros en 2004: "Je trouve normal que les tenniswomen soient moins bien payées parce que tout simplement, c'est moins beau à voir, ça joue moins vite." Bref, c'est moins "spectaculaire". Hum, ça laisse sceptique cette façon de penser (surtout que ça peut paraitre totalement subjectif), je ne suis pas d'accord et je trouve injuste que le vainqueur du tournoi féminin gagne moins que son homologue masculin, même si on peut rétorquer que c'est fonction des gains que ça rapporte en contre-partie (tv, spectateurs, presse, sponsors, etc.). De plus, j'ai toujours aimé le tennis féminin, et si ces derniers temps, je n'en suis pas très fan, c'est parce que le classement est trop versatile et que je trouve qu'aucune joueuse ne tire son sport vers le haut comme pouvaient le faire Graff ou Hénin.

    Ceci ajouté à vos remarques me fait comprendre que, bien malheureusement, les sports féminins auxquels on s'intéresse sont souvent ceux qui sont médiatisés. Et pas l'inverse, donc ça va être difficile de percer pour une discipline comme le foot féminin. C'est le cas pour ma part en tout cas, et il en va de même pour tous les sports en général en fait, masculin ou féminin. Les disciplines auxquelles je m'intéresse de "mon propre chef" (j'entends celles que je ne pratique pas à la base et qui ne m'ont jamais vraiment intéressé) sont souvent suggérées par une apparition dans les médias. Par exemple, je ne suis pas du tout l'actualité du hand-ball, par contre, quand l'équipe de France joue, j'essaie de regarder et de me tenir au courant des résultats, et je vis le match presque comme un match de foot. Peut-être suis-je trop "victime" de ce système-là, qui sait... Et que effectivement, si je me donnais la peine d'aller sur les sites spécialisés, je trouverais plus d'infos. Et c'est bien ça qui me fait peine, parce que je suis certain que le foot féminin, comme d'autres disciplines, ont beaucoup à nous apporter, mais que je ne m'y intéresse pas parce qu'on ne m'en parle pas. Bref, ça c'est notre part du boulot, d'essayer de tendre l'oreille, encore faut-il que l'on ait quelque chose à entendre de la part des médias et des fédérations responsables.

    Sinon, sur l'Equipe qui voit avant tout la femme et son physique avant la joueuse, c'est pathétique et limite condescendant. Ce sont des footballeuses, point barre, considérons-les comme telles, est-ce qu'on parle des footeux comme des beaux gosses qui manient la balle (ah oui merde, ça arrive ça aussi)? Ajoutée à ça une ignorance assez marquée (le coup du direct non suivi, c'est quand même assez incroyable), je trouve que ça n'aide pas à rendre ce sport plus populaire. Et je ne reviens pas sur le fait que la plupart des joueuses ne sont pas payées, et que ça reste un sport très amateur, même s'il doit y avoir des raisons financières derrière tout ça, je trouve ça injuste, ça fait sport de 3e zone dont on se contrefout. Que faut-il faire pour que ça change, que l'équipe de France féminine soit championne du monde pour que l'Equipe fasse tout à coup un éloge hypocrite du foot féminin et de ses valeurs, et dise: "Ah vous avez vu ces filles qui s'entrainent par passion sans être payées, et dont devraient s'inspirer leurs homologues masculins, trop souvent en perte de repères à cause de leur starification?" Et encore, je ne suis même pas sûr que ça marche à long terme, ce genre d'intérêt soudain est trop éphémère. Ou alors il faudrait que la France soit régulièrement très performante, comme le sont la Norvège, les USA ou la Chine? Mais là encore, et corrigez-moi si je me trompe parce que je ne suis pas très informé, n'y a-t-il pas un gros déséquilibre avec ces pays au niveau des médias et des financements? Ou est-ce un problème de culture, comme aux USA où on ne s'intéresse pas trop au football masculin, et où ce sport est surtout pratiqué par les femmes? Les filles dans ces pays-là sont-elles reconnues à leur juste valeur? Quoiqu'il en soit, ce serait demander aux joueuses françaises une régularité au très haut niveau que leurs homologues masculins n'ont pas forcément besoin d'avoir pour bien gagner leur vie ou être reconnus. Bref, on n'est pas sorti de l'auberge...

    En tout cas, je suis bien content d'avoir pu lire cet article dans les CDF, ça donne à réfléchir, merci à Annabelle Kajbaf!

  • Papin Jour Pape toujours le 02/10/2009 à 10h28
    Pirès te calme
    vendredi 2 octobre 2009 - 10h06
    En fait PJPT c'est Mickael Youn !

    ---

    C'est permis par la charte une telle agression ? Ca m'apprendra à vouloir élever le niveau avec une étude sémantico-linguistico-philosophe.

    Saperlipopette.

  • ad OMinem le 02/10/2009 à 10h38
    Pour apporter ma maigre contribution au débat, j'ai entraîné une équipe de filles pendant 2 ans, niveau plus qu'amateur bien sûr. Et ben

    - il y avait au moins 3 ou 4 joueuses qui maniaient diablement bien le ballon, meilleures techniquement que beaucoup de gars que j'ai côtoyés

    - oui, physiquement, ça va moins vite, mais ça impose une circulation de balle plus intense (pour le coup, et pour reprendre ce cher Guy Roux, le ballon va VRAIMENT plus vite que le joueur)

    - la principale limite, c'est l'hétérogénéité du groupe (mais ça ne doit être vrai qu'en amateur): de bonnes joueuses de ballon côtoient des débutantes qui viennent taper la balle pour la première fois de leur vie, parce qu'il a fallu attendre un certain âge et une certaine confiance en soi pour qu'elles osent aller faire un sport réservé aux garçons et pas sexy du tout...

    - enfin, l'esprit de compet était bel et bien présent, mais rien à voir avec certaines scènes auxquelles j'ai pu assister (qui a dit participer ?!) au niveau masculin équivalent. Après, je ne sais pas si c'était justement dû à la relative confidentialité du sport, qui fait qu'on ne se prend pas trop au sérieux, ou tout simplement un état d'esprit différent...

    PJPT, toi qui dis que ça ne t'"intéresse pas", as-tu déjà regardé un match ?

  • suppdebastille le 02/10/2009 à 10h49
    Je vais peut être me faire lyncher, mais si j'admets qu'il existe du sexisme, avant tout la question est d'ordre économique et marketing.

    Si l'Edf de foot rassemblait entre 6et 8 Millions de téléspectateurs, TF1 diffuserait les matches, les filles gagneraient beaucoup d'argent, et le mauvais esprit serait aussi présent que dans le foot masculin.


  • Papin Jour Pape toujours le 02/10/2009 à 10h57
    ad OMinem
    vendredi 2 octobre 2009 - 10h38

    PJPT, toi qui dis que ça ne t'"intéresse pas", as-tu déjà regardé un match ?

    ---

    Yep, Suede/Etats-unis je crois, lors d'une coupe du monde il me semble (c'est un peu flou dans mon esprit, preuve que cela ne m'a pas marqué). Et j'avais trouvé l'ensemble techniquement assez faible pour tout dire.

  • Tonton Danijel le 02/10/2009 à 11h12
    L'offre de gratuité d'Eurosport aux abonnés Canal + a au moins permis à certains foyers d'accéder aux matchs de l'Euro féminin. Et je dois avouer que les matchs ont fait voler en brèche certains préjugés. Certes, certaines équipes (je pense notamment aux Pays-Bas avec leur jeu 'Grèce 2004') n'ont pas permis une grand promo du foot féminin.

    Mais j'ai été emballé par la qualité de la finale, avec des joueuses qui, déjà, rompent avec le cliché sportive féminine = golgoth (et aussi avec le cliché anglaise = thon). Et ensuite, des buts de toute beauté: le deuxième but allemand (frappe de 25 mètres) et le premier but anglais (séquence de dribbles Messiesques), chez les hommes, on les aurait vu et revu en boucle.

    Par contre, un truc qui m'a surpris pendant l'Euro: très peu de tâcles (voir aucun). C'est interdit (parce que, pour des différences de morphologie, les filles seraient plus sensibles au blessure que les garçons) ou non? Parce que c'est assez agréable au final, un match sans tâcle...

  • Jure Yéti le 02/10/2009 à 11h15
    Ca me fait penser à cette news que j'avais lue il y a peu dans un magazine sportif: Pour (re?)lancer l'intéret du foot US féminin (pas le soccer, mais le foot), ils ont rien trouvé de mieux que d'insérer des matchs de top-model en bikini very short avec poitrines gonflées (ils appellent du lingerie football si je me rappelle bien).
    Alors, oui, le male lambda en rut présent dans les travées ce jour-là a vu son intéret subitement monter en fleche (hummm). Du coup, ils ont crée le championnat ( lien).
    Si vous voulez parler de sexisme, on a trouvé les rois.

  • ad OMinem le 02/10/2009 à 11h41
    Jure Yéti
    vendredi 2 octobre 2009 - 11h15

    Incroyable... veulent pas les faire jouer dans la boue non plus ?! Enfin ça vaut bien kiplé qui nous gratifie régulièrement dans ses diapos des "pompons girls de l'Euro", des "ramasseuses de balles de Roland Garros" et autres "top 20 des hôtesses d'accueil dans les loges du Parc"...

La revue des Cahiers du football