Le cable réseau du serveur étant presque saturé, merci de ne vous connecter qu'en cas d'absolue nécessité de vous amuser. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Le coup des sifflets

Contrairement à France-Algérie 2001, les sifflets contre la Marseillaise, vendredi soir, n'ont pas suscité de tsunami médiatico-politique. Pourquoi une telle différence de traitement? Et à quoi sert donc la loi censée punir sévèrement les siffleurs?
Auteur : Étienne Melvec le 20 Nov 2007

 

Vendredi soir au Stade de France, l'hymne national français a été sifflé par une partie des spectateurs. Dans quelle proportion de ces spectateurs? Impossible de le savoir: le phénomène des sifflets de tribune a ceci de particulier qu'une minorité peut faire beaucoup de bruit – d'autant que les observateurs ne manqueront pas de suggérer que c'est le public entier qui a sifflé. Devant un poste de télévision, l'évaluation est rendue encore plus aléatoire du fait que, selon la position des micros d'ambiance et la balance effectuée par le réalisateur, l'impression peut varier significativement.

maseillaise_framar.jpg

L'ombre de France-Algérie

Il reste ce constat : la Marseillaise a été sifflée. Cet incident, et ce France-Maroc tout entier dans les jours le précédant, ont été implicitement placés sous le signe du France-Algérie d'octobre 2001. Ce jour-là, les sifflets avaient préludé à un envahissement de terrain et à l'arrêt du match... et surtout, à une récupération politique massive qui lança le sprint vers l'élection présidentielle de 2002 et confirma le thème de l'insécurité (étroitement associé à celui de l'immigration) comme l'axe majeur du scrutin. La disproportion entre la gravité réelle des faits (un match amical interrompu par des idiots pacifiques qui voulaient passer à la télé) et l'interprétation délirante qui en avait été faite n'avait pas choqué grand monde à l'époque, tant l'ambiance était à une joyeuse stigmatisation des jeunes / issus de l'immigration / musulmans / de banlieue (rayez la mention inutile).

L'événement avait immédiatement donné lieu à un délire médiatique et politique (lire "Drame mineur sous les projecteurs"). Quelques mois plus tard, au lendemain de la présidentielle, Jacques Chirac quittait, outragé, un Stade de France où résonnaient les sifflets corses. C'était avant le début de la finale de la Coupe de France opposant Lorient et Bastia (lire "La république et les sifflets").


Laporte, Larqué, Le Pen

Alors, qu'est-ce qui a changé aujourd'hui, un mandat présidentiel plus tard, pour faire en sorte que les sifflets de vendredi n'ont pas du tout eu les faveurs de l'actualité et du personnel politique? Bien sûr, il n'y a pas eu d'envahissement de la pelouse cette fois, mais compte tenu de la sensibilité patriotique actuelle, quelques réactions étaient tout de même attendues. On peut ainsi interpréter comme une volonté de discrétion cette façon qu'a eue TF1 d'annoncer une tentative d'intrusion sur la pelouse par la voix de ses commentateurs, sans la montrer à l'image. Le Monde nous apprend qu'un rideau de CRS s'est déployé derrière les stadiers pour prévenir des velléités d'envahissement en début de rencontre.
La mayonnaise n'a pas pris. Bernard Laporte, arrivé en retard, n'a "rien vu". Jean-Marie Le Pen a dû suivre le match d'un œil, puisqu'il l'a évoqué à l'occasion du congrès du Front National: "L’ambiance est chaleureuse. Cela nous change des sifflets entendus durant la Marseillaise avant le match France-Maroc" (Le Point). De la petite bière à côté de ce que Jean-Michel Larqué a lâché en direct, basculant d'un coup Chez Francisque (1): "Ce sont les mêmes qui vous disent, s’ils sont pris en flagrant délit, qu’on ne les respecte pas". Cette phrase en soi, proférée aux oreilles de sept millions de Français, aurait largement mérité débat.

On ne va évidemment pas regretter qu'il n'y ait pas eu plus de désordre et de récupération, mais c'est la différence de traitement qui est significative. D'autant que personne ne dépasse l'indignation convenue pour essayer de trouver les raisons qui font de la Marseillaise une cible pour les siffleurs et leur fronde idiote (2). Cela aurait pourtant constitué une alternative intéressante aux stéréotypes et au moralisme de rigueur.


Loi anti-siffleurs

En tout cas, une chose nouvelle est apparue au cours de ces six ans: la loi qui sanctionne ces comportements, promulguée à la suite des incidents de Bastia-Lorient, et qui prévoit jusqu'à six mois de prison et 7.500 euros d'amende pour les fautifs. L'occasion était donc belle de la mettre en application... Mais comment, au fait? En utilisant les images de vidéosurveillance pour procéder à des arrestations massives en tribunes? Ou seulement à des interpellations ciblées (par exemple de ceux qui sifflent le plus fort)?
Ce n'est pas la première fois que le gouvernement, au cours des dernières années, édicte des lois inapplicables ou qui se trompent d'objet, mais qui permettent d'occuper le terrain médiatique tout en flattant la demande de leur électorat (aussi inepte soit la solution proposée). La législature au service du marketing politique, en quelque sorte.

En l'occurrence, il semble que pénaliser ce geste n'a fait que renforcer sa séduction et son efficacité symbolique. De toute façon, le but n'est pas une seconde d'empêcher les sifflets, mais d'en faire commerce sur le marché électoral... Aujourd'hui, on n'a pas jugé utile de sortir les grandes orgues pour dramatiser cet incident. Attendons l'organisation d'un match amical contre la Tunisie pour voir si le contexte se prête, de nouveau, à l'exploitation politique du moindre débordement.


(1) "Chez Francisque", BD de Larcenet et Lindingre qui fait la chronique d'un bistrot dans lequel le racisme et la connerie sont eux aussi décomplexés (Tomes 1 et 2, éditions Fluide Glacial).
(2) Autre éminent sujet d'enquête : pourquoi Anelka a-t-il été à ce point acclamé quand tous ses partenaires étaient hués indifféremment?

Réactions

  • suppdebastille le 20/11/2007 à 15h47
    Axl le Fiorésophobe !

  • Safet le prophète le 20/11/2007 à 15h53
    Entièrement d'accord avec croco !
    Le football des nations m'exaspère tant le nationalisme et le patriotisme y sont exacerbés, prenant le dessus sur le jeu lui-même.

    Ceci dit, ça n'empêchera pas un con de siffler un joueur...

  • luckyluke le 20/11/2007 à 15h56
    Safet>Tu trouves que c'est vraiment mieux avec les clubs?

  • Safet le prophète le 20/11/2007 à 16h01
    Oui, c'est mieux, les équipes de clubs sont internationales.

  • luckyluke le 20/11/2007 à 16h03
    Oui, mais s'il n'y a pas de patriotisme ou de nationalisme, il y a des choses tout aussi graves non? (il suffit de voir ce qui se passe en Italie)

  • luckyluke le 20/11/2007 à 16h05
    "tout aussi graves" n'étant pas l'expression exacte d'ailleurs.

  • Principal Skinner le 20/11/2007 à 16h12
    Forez Tagada
    mardi 20 novembre 2007 - 15h06

    1."Il n'est pas impensable" me semble deja etre une precaution de langage, quand a preter des intentions a des personnes, n'est ce pas tout ce qu'on peut faire ? Toi compris, ou l'article initiale meme puisqu'apres tout, il fait la meme chose en indiquant que ce n'etait que de simple "pacifistes" voulant faire coucou a leur mémé devant la telé

    2. Et bien tout y passe, notion subjective, extrapolation, l'image que je me fais a priori, fantasme... me dis pas, tu fais sociologue ? psy ? bobo du dimanche ? Je te laisse a tes fantasmes, a l'image que tu as et que tu veux donner de moi, a tes a prioris sur moi et sur ceux qui avaient envahis la pelouses dont apparement tu as une tout autre image, et a qui tu pretes de toutes autres intentions, forcement plus objectives a tes yeux, ainsi qu'a toutes les extrapolations que tu peux faire sur mes intentions. Le fait d'envahir le terrain dans le but evident de faire arreter le match... et y parvenir, est deja en soit un defi, gagné, a l'autorité, un moyen de dire "c'est moi qui commande et qui decide de l'arret du match"

    3. Merci d'arreter de parler de fantasme quand les images en ont montré, plutot drole d'ailleurs apres la lecon d'objectivité precedente que tu continues de parler de fantasme pour designer une realité indiscutable (qu'on se comprenne bien, j'ai pas dit non plus que c'etait braveheart et que les batons en bois taillés se comptaients par dizaines, juste qu'il y en avait). Quel usage aurait voulu en faire les mecs ? Bonne question !

    4. J'amalgames rien du tout, c'est toi qui en fait un, visiblement inconsciemment, puisque tu pretends en voir un la ou je n'en fais aucun. Je dis simplement que si la securité, dans un tel contexte, durant un tel evenement, avec autant de monde, present, de medias present, des politiques presents, se fait aussi incroyablement deborder par de "simples bandes de voyous" imagine quelle catastrophe cela aurait pu etre face a l'action organisée d'un groupe terroriste... Et oui je maintiens groupes de voyous.

  • Safet le prophète le 20/11/2007 à 16h12
    Oui, bien sûr, il y a des choses tout aussi grave.

  • Principal Skinner le 20/11/2007 à 16h34
    Croco
    mardi 20 novembre 2007 - 15h40

    Pas convaincu
    Les hymnes des sifflets
    Allez hop, on supprime les hymnes
    L'entrée des drapeaux, des sifflets
    On supprime les drapeaux ?
    Les joueurs, des sifflets
    On supprime quoi ?

    Enlever les hymnes, les drapeaux a l'entrée des matchs internationaux, c'est pas ca qui va enlever la connerie de ceux qui les sifflent.

  • Croco le 20/11/2007 à 16h46
    Principal Skinner,

    Ce que je reproche aux hymnes, je leur reprochais avant les sifflets d'être un symbole national de plus et de focaliser l'attention d'une équipe à un moment donné via son hymne. D'autant plus que ça n'apporte rien aux spectateurs comme aux téléspectateurs
    Les drapeaux, j'ai rien contre si les équipes rentrent en même temps qu'eux, ça n'a pas le même impact.
    Les spectateurs, là tu vas au bout de ta logique mais bon c'est un peu débile car t'auras toujours un couillon pour gueuler sur une équipe ou un joueur pris en grippe en particulier.
    Je parlais uniquement de "surreprésentation" de symboles nationaux à mon goût, qui est assez saoulante à terme.

La revue des Cahiers du football