Seuls 36% des internautes parviennent à saisir leur e-mail / password du premier coup. En feras-tu partie ? Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Le coup des sifflets

Contrairement à France-Algérie 2001, les sifflets contre la Marseillaise, vendredi soir, n'ont pas suscité de tsunami médiatico-politique. Pourquoi une telle différence de traitement? Et à quoi sert donc la loi censée punir sévèrement les siffleurs?
Auteur : Étienne Melvec le 20 Nov 2007

 

Vendredi soir au Stade de France, l'hymne national français a été sifflé par une partie des spectateurs. Dans quelle proportion de ces spectateurs? Impossible de le savoir: le phénomène des sifflets de tribune a ceci de particulier qu'une minorité peut faire beaucoup de bruit – d'autant que les observateurs ne manqueront pas de suggérer que c'est le public entier qui a sifflé. Devant un poste de télévision, l'évaluation est rendue encore plus aléatoire du fait que, selon la position des micros d'ambiance et la balance effectuée par le réalisateur, l'impression peut varier significativement.

maseillaise_framar.jpg

L'ombre de France-Algérie

Il reste ce constat : la Marseillaise a été sifflée. Cet incident, et ce France-Maroc tout entier dans les jours le précédant, ont été implicitement placés sous le signe du France-Algérie d'octobre 2001. Ce jour-là, les sifflets avaient préludé à un envahissement de terrain et à l'arrêt du match... et surtout, à une récupération politique massive qui lança le sprint vers l'élection présidentielle de 2002 et confirma le thème de l'insécurité (étroitement associé à celui de l'immigration) comme l'axe majeur du scrutin. La disproportion entre la gravité réelle des faits (un match amical interrompu par des idiots pacifiques qui voulaient passer à la télé) et l'interprétation délirante qui en avait été faite n'avait pas choqué grand monde à l'époque, tant l'ambiance était à une joyeuse stigmatisation des jeunes / issus de l'immigration / musulmans / de banlieue (rayez la mention inutile).

L'événement avait immédiatement donné lieu à un délire médiatique et politique (lire "Drame mineur sous les projecteurs"). Quelques mois plus tard, au lendemain de la présidentielle, Jacques Chirac quittait, outragé, un Stade de France où résonnaient les sifflets corses. C'était avant le début de la finale de la Coupe de France opposant Lorient et Bastia (lire "La république et les sifflets").


Laporte, Larqué, Le Pen

Alors, qu'est-ce qui a changé aujourd'hui, un mandat présidentiel plus tard, pour faire en sorte que les sifflets de vendredi n'ont pas du tout eu les faveurs de l'actualité et du personnel politique? Bien sûr, il n'y a pas eu d'envahissement de la pelouse cette fois, mais compte tenu de la sensibilité patriotique actuelle, quelques réactions étaient tout de même attendues. On peut ainsi interpréter comme une volonté de discrétion cette façon qu'a eue TF1 d'annoncer une tentative d'intrusion sur la pelouse par la voix de ses commentateurs, sans la montrer à l'image. Le Monde nous apprend qu'un rideau de CRS s'est déployé derrière les stadiers pour prévenir des velléités d'envahissement en début de rencontre.
La mayonnaise n'a pas pris. Bernard Laporte, arrivé en retard, n'a "rien vu". Jean-Marie Le Pen a dû suivre le match d'un œil, puisqu'il l'a évoqué à l'occasion du congrès du Front National: "L’ambiance est chaleureuse. Cela nous change des sifflets entendus durant la Marseillaise avant le match France-Maroc" (Le Point). De la petite bière à côté de ce que Jean-Michel Larqué a lâché en direct, basculant d'un coup Chez Francisque (1): "Ce sont les mêmes qui vous disent, s’ils sont pris en flagrant délit, qu’on ne les respecte pas". Cette phrase en soi, proférée aux oreilles de sept millions de Français, aurait largement mérité débat.

On ne va évidemment pas regretter qu'il n'y ait pas eu plus de désordre et de récupération, mais c'est la différence de traitement qui est significative. D'autant que personne ne dépasse l'indignation convenue pour essayer de trouver les raisons qui font de la Marseillaise une cible pour les siffleurs et leur fronde idiote (2). Cela aurait pourtant constitué une alternative intéressante aux stéréotypes et au moralisme de rigueur.


Loi anti-siffleurs

En tout cas, une chose nouvelle est apparue au cours de ces six ans: la loi qui sanctionne ces comportements, promulguée à la suite des incidents de Bastia-Lorient, et qui prévoit jusqu'à six mois de prison et 7.500 euros d'amende pour les fautifs. L'occasion était donc belle de la mettre en application... Mais comment, au fait? En utilisant les images de vidéosurveillance pour procéder à des arrestations massives en tribunes? Ou seulement à des interpellations ciblées (par exemple de ceux qui sifflent le plus fort)?
Ce n'est pas la première fois que le gouvernement, au cours des dernières années, édicte des lois inapplicables ou qui se trompent d'objet, mais qui permettent d'occuper le terrain médiatique tout en flattant la demande de leur électorat (aussi inepte soit la solution proposée). La législature au service du marketing politique, en quelque sorte.

En l'occurrence, il semble que pénaliser ce geste n'a fait que renforcer sa séduction et son efficacité symbolique. De toute façon, le but n'est pas une seconde d'empêcher les sifflets, mais d'en faire commerce sur le marché électoral... Aujourd'hui, on n'a pas jugé utile de sortir les grandes orgues pour dramatiser cet incident. Attendons l'organisation d'un match amical contre la Tunisie pour voir si le contexte se prête, de nouveau, à l'exploitation politique du moindre débordement.


(1) "Chez Francisque", BD de Larcenet et Lindingre qui fait la chronique d'un bistrot dans lequel le racisme et la connerie sont eux aussi décomplexés (Tomes 1 et 2, éditions Fluide Glacial).
(2) Autre éminent sujet d'enquête : pourquoi Anelka a-t-il été à ce point acclamé quand tous ses partenaires étaient hués indifféremment?

Réactions

  • Croco le 20/11/2007 à 10h22
    Forez Tagada,

    J'ai jamais dit qu'ils étaient descendus sur le terrain pour tout casser ou menacer des joueurs. C'est juste profondément crétin de pénétrer sur une pelouse juste pour le plaisir de brandir un drapeau ou montrer sa pomme.

  • oreste le 20/11/2007 à 10h24
    Effectivement, l'article est intéressant... écoutant "on refait" hier (ils me font rire ave leur analyse à l'emporte pièce !) j'avais été justement très surpris de la différence de traitement des sifflets de France-Maroc éluder en qq phrases (P.Praud ne parvenant pas à lancer son débat) alors que les sifflets italien avaient été traité en profondeur et avait vu Verdez ("l'italianophobe") faire tout un speach sur cette honte.

    Pourquoi, l'article évoque effectivement les sifflets Algérien et corse qui avaient entraîné une récupération politique forte... J. Chirac en 1e sur son thème de campage sécuritaire. Pourtant, le match italien était bien après cette périoe de campagne et avait entraîné des réactions épidermiques de la part des journaleux et rien sur les sifflets de France - Maroc ?
    Est-ce finalement la gêne de voir des français d'origine marquer une certaine défiance (avec une part de provoc') vis-à-vis de la France alors qu'on avait encensé le football98 comme vecteur d'intégration sociale comme si le football pouvait résoudre les problèmes sociaux ?

  • suppdebastille le 20/11/2007 à 10h27
    Elle avait pas plutot 25/30ans votre grosse adolescente?

  • ravio le 20/11/2007 à 10h36
    Fais pas ton Jean-Luc Lahaie, supp, faut assumer maintenant...

  • 5ylV@iN le 20/11/2007 à 10h52
    Absolument Suppdebastille, c'est fraichement réélu avec 82% des voix que Jacques Chirac avait contraint Simonnet à présenter des excuses après une Marseillaise sifflée.
    Bravo aux CdF de rappeller que la droite a utilisé ces incidents à des fins politiques, plongeant la gauche plurielle dans l'embarras post 11 septembre avec la réussite que l'on sait. Il y en a des caisses sur ce sujet dans le bouquin de Karim Nedjari et Eric Maitrot "Histoire secrète des Bleus".

  • LokomotivDallas le 20/11/2007 à 10h54
    ces réactions sont largement schizophréniques car l'EdF est a l'évidence ressentie comme un symbole fort de la France, dont l'état assume les règles de vie en société (lois, maintien de l'ordre, état "providence", etc...) qui devraient en principe assurer la liberté-égalité-fraternité chère à nos principe mais qui, à tort ou à raison, semble générer tout l'inverse aux yeux de certains (les siffleurs, des français probablement jeunes, multi culturels, issus de quartiers sensibles, peu qualifiés, etc...).
    pourtant les joueurs de l'EdF sont largement issus de ces rangs et ils constituent des exemples de réussite des plus attirants...
    d'ailleurs les commentateurs de TF UN ont souligné cette schizophrénie en rappelant à juste titre que ces siffleurs seraient les 1ers supporters de l'EdF pendant le CE...
    à la limite je pense que ces sifflets ne peut même pes satisfaire les siffleurs car il ne contribuent pas à l'expression réelle de leurs griefs envers la France.
    dans ces cas le mieux est peut être d'un peu les ignorer plutôt que de les mettre en valeur (le coup d'épée dans l'eau fera otera peut être le peu de saveur qui restait au geste), et d'y répondre ailleurs de façon non frontale : et si Laporte allait déjà assister à un match en banlieue ?

  • ouais.super le 20/11/2007 à 11h25
    Ca m'énerve que la Marseillaise soit sifflée (contrairement à Fleury dine a l'eau avec lequel je dois être à peu près à l'opposé sur ma vision du monde, mais c'est un autre débat), mais je crois bien que ces sifflets procèdent plus d'un niveau intellectuel faiblard que d'une réelle motivation politico-idéologique sous-jacente.

    Pour moi c'est le même niveau de crétinerie qui consiste à siffler Karembeu que celui qui consiste à siffler la Marseillaise.

    Du coup ça me gonfle, mais sans ressentir le besoin d'en faire tout un plat.

    J'étais finalement plus gêné par le fait qu'il y ait plus de pro-marocains que de pro-français venus soutenir leur équipe dans le Stade de France... (je précise au passage, avant qu'on me traite de facho, que j'ai beaucoup de sympathie pour le Maroc, ça m'aurait dérangé de la même façon si le stade avait été rempli de suédois).

  • Tricky le 20/11/2007 à 11h42
    G.Esteban
    mardi 20 novembre 2007 - 09h21
    Je suis globalement d'accord avec l'article. cependant, je suis aussi d'accord avec kiki2mars. ce sont surement des jeunes musulmans de banlieue qui ont sifflé
    -------
    Tiens, pourquoi asssumer que ce sont necessairement des musulmans ?

    (je sais Dr., c'est un anglicisme, mais j'ai la flemme)

    Si ca se trouve, ce sont des jeunes agnostiques de banlieue. Voire des athees de province.

  • Bamogo Cadiz le 20/11/2007 à 11h58
    LokomotivDallas
    mardi 20 novembre 2007 - 10h54
    ... et si Laporte allait déjà assister à un match en banlieue ?

    ________________

    Bah quoi, le Stade de France, c'est pas en banlieue ?

  • Forez Tagada le 20/11/2007 à 12h00
    > G.Esteban et kiki2mars
    Le fait que ce soit des "jeunes [issus de l'immigration] qui sifflent" justifie-t-il l'instrumentalisation politique de leurs sifflets? Instrumentalisation qui confina effectivement au délire en 2001... C'est là qu'est le problème.

La revue des Cahiers du football