Wenger assène
Le très respecté manager d'Arsenal ne craint pas de nous prendre pour des cons quand il milite pour le G14...
En tant que technicien, Arsène Wenger jouit d'une considération parfaitement méritée dans le monde du football. Sur le plan "politique", il est en revanche permis de buriner le piédestal de l'Alsacien… Car fort de ce respect unanime (qui lui assure, quoi qu'il déclare, une totale absence de contradiction dans les médias spécialisés), il s'est fait depuis plusieurs années le porte-parole officieux du G14, dont il répand la propagande sans le moindre état d'âme et avec une mauvaise foi exorbitante (voir Qui veut la peau des internationaux?).
Il a remis une couche à l'orée de la saison anglaise: "Les sélectionneurs mettent la pression sur les joueurs pour qu'ils disputent des matches, même s'ils ne sont pas au mieux, et ce sont les clubs qui en subissent les conséquences" (AFP). Rien de nouveau sous le ciel de Londres, donc, puisque l'Arsène ne craint toujours pas de travestir, voire d'inverser la réalité (de l'invertir, dira-t-on). Le même Arsène qui abhorre le turnover et qui asséna, au lendemain de déclarations de Patrick Vieira se plaignant de son état de fatigue et réclamant du repos: "J'ai regardé les statistiques du match, et physiquement, Patrick a été extraordinaire". CQFD. Si les joueurs se blessent, c'est bien entendu parce que les matches internationaux sont terribles pour les organismes, alors que les matches de clubs régénèrent leurs capacités physiques. Si le football anglais zappe la trêve hivernale, maintient ses deux coupes nationales, son championnat à vingt clubs et ses horaires de matches surréalistes, c'est évidemment pour le bien des tendons et des ligaments de ses stakhanovistes.
Il n'a pourtant pas échappé à Wenger — qui a arrondi sa fin de saison avec sa pige de consultant télévisuel durant l'Euro — que cette compétition confirma l'épuisement chronique des stars les plus utilisées au cours de la saison régulière. Mais ça, c'est tout bénéfice pour les gros clubs: ils se réjouissent aussi bien des retraites internationales précoces qui se multiplient (Paul Scholes, vingt-neuf ans!) que de la dévaluation des grandes compétitions quadriennales.
Dans le contexte d'un rapport de force qui ne cesse d'évoluer en faveur des clubs, ce sont les sélections qui "subissent les conséquences" les plus lourdes… Après les joueurs, évidemment. Mais Wenger vous expliquera que les clubs ont tous les droits sur eux puisqu'ils en sont les employeurs et qu'à ce titre, ils leur appartiennent, comme le football dans son ensemble.