Ne perdez pas de temps à lire ce texte, connectez-vous vite pour commenter les articles des CDF. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Champions à la grecque

Tout est possible dans le football, surtout l'improbable. La Grèce championne d'Europe a écrit une extraordinaire page de l'histoire de ce sport, et elle l'a amplement mérité…
Auteur : Jamel Attal le 5 Juil 2004

 

Pour que les Bleus soient vraiment "indéfendables" après leur élimination, il fallait que les qualités des Grecs soient "notoirement insuffisantes" ou "parfaitement ordinaires", comme l'a écrit avant la demi-finale un journaliste dont les pathologies obsessionnelles sont, quoi qu'on en dise, infiniment plus affligeantes que les nôtres. Personne n'a eu, cependant, le monopole de la condescendance envers la sélection hellène: tout le monde prétend depuis au moins quinze ans qu'il n'y a "plus de petites équipes", mais au fond, personne n'y croit et les échecs des cadors sont toujours jugés à l'aune de leur prestige présumé — et surtout de celui de leurs adversaires. Alors, quand un trouble-fête dénué de stars et de clinquant dans son jeu vient bousculer les hiérarchies, le mépris persiste sous des formes diverses. À une époque où le foot-biz fait son beurre sur le foot-spectacle, on a vite fait de confondre valeur et esthétique… Comme en architecture, le "béton" est devenu le symbole du mal et les lamentations sont de rigueur face aux équipes qui "ferment le jeu", "jouent à dix derrière", même si ces clichés masquent des réalités tactiques et techniques beaucoup plus subtiles.

Trois fois Hellas Mais voilà, le football reste un sport d'équipe dans lequel "tout est possible", en particulier la réussite faussement inattendue d'un groupe dont la solidarité et la combativité vont compenser toutes les (présumées) lacunes individuelles. Ce n'est pas tout à fait un hasard si la Grèce a successivement douché le Portugal, l'Espagne, la France, la République tchèque et à nouveau le Portugal, quatre formations particulièrement bien dotées en individualités — celles-ci ayant été, d'une manière ou d'une autre, incapables de faire la différence face au bloc grec, à l'image de Slaves pourtant brillants jusque-là. Autre illustration: c'est paradoxalement contre la Russie, une formation plus anonyme et plus homogène, que les Grecs ont connu le plus de problèmes... On aurait pu croire que la perspective de la qualification les avait alors inhibés et qu'ils présentaient des failles psychologiques, mais les nerfs d'acier dont ils ont eu besoin pour gagner lors des matches à élimination directe ont clairement montré le contraire: c'est avec une assurance extraordinaire qu'ils ont conquis et/ou préservé leurs décisifs (et minces) avantages.

La fête dans le quartier Neas Smirnis à Athènes, après la victoire en demi-finale.
Otto persuasion Les probabilités de réussite de Rehhagel, au moment de sa nomination, étaient considérées comme quasiment nulles, dans un football constamment perturbé par les rivalités entre clubs, les affaires et l'instabilité des institutions. Comme il le souligne lui-même, rester trois ans en poste constitue déjà un miracle presque aussi grand qu'une accession en finale, un miracle que ne présageait pas les deux première défaites lors des qualifications pour cet Euro. Le choc culturel entre l'austérité allemande et la créativité grecque a finalement engendré une équipe plus sobre que rutilante, mais au projet de laquelle tous les internationaux adhérèrent. Otto Rehhagel a en effet rétabli l'autorité du sélectionneur en même temps que le respect des joueurs pour la sélection, notamment en écartant ceux qui se montrèrent un peu désinvoltes à son égard (à l'image de Zikos, qui avait refusé une convocation). De nombreux observateurs l'ont souligné, mais la clé de la victoire a bien résidé dans cette évidence que la Grèce a joué en équipe: le fait même que l'on peine à dégager une ou deux individualités le confirme, ainsi que l'abnégation dont on constamment fait preuve les joueurs, à l'image d'un Charisteas souvent amené à dégager des ballons chauds dans sa surface, ou d'un Kapsis qui est allé chercher les ballons sur la tête de Koller auquel il rend pourtant vingt centimètres. Grec moderne Évidemment, la solidarité ne fait pas tout, sinon l'OGC Nice gagnerait la Ligue des champions. Le pendant idéal de cette qualité, c'est une organisation tactique intelligente. Aucune ne l'étant dans l'absolu, sa pertinence ne peut exister que par rapport à l'adversaire et aux qualités spécifiques d'une équipe. Dans cet ordre d'idée, Otto Rehhagel a réussi des coups de maître depuis le début de l'Euro. Tombé en totale désuétude au cours de la décennie passée, le marquage individuel imposé par le technicien allemand (moins à ses joueurs qu'à leurs vis-à-vis), avec un libéro décroché derrière deux stoppeurs, s'est avéré d'une redoutable efficacité face à des équipes qui en avaient presque oublié le concept. "Le football moderne, c'est celui qui gagne", avait ironisé le sélectionneur avant la finale... Le pouvoir de neutralisation qui en résulte est terrible, mais il ne suffirait cependant pas à expliquer à lui seul la réussite de ces Bleus-là, pas plus que la "chance" apparente qui leur a permis de marquer au meilleur moment (souvent celui où l'équipe adverse connaissait ses meilleures phases), et encore moins les accusations portant sur leur soi-disant tendance à faire de l'antijeu, lues et entendues ça et là ce week-end. On ferait mieux de souligner leur remarquable capacité à gérer leurs moments forts et leurs mauvaises passes, à porter le fer sur les flancs prêtés par l'adversaire: leurs assauts déterminés lors du premier quart d'heure du match d'ouverture (au maximum de la fébrilité portugaise) et lors de celui de la prolongation en demi-finale (au pont culminant des doutes tchèques) en donnent deux exemples éclatants. Pareillement, la qualité de leur milieu de terrain est évidente lorsqu'il s'agit de remonter proprement ou de conserver un ballon qu'il est bien difficile de venir chercher dans les pieds de Karagounis, Zagorakis, Katsouranis ou Giannakopoulos, mais aussi de porter très rapidement le danger: hier soir, après une entame prudente, ils n'ont pas tardé à placer des attaques tranchantes qui ont cerné la nature du danger pour les Portugais. Il leur manque peut-être un attaquant de grande classe, mais Charisteas s'en fout, il a directement acquis le statut de héros. Leur maîtrise tactique, collective et psychologique a tout simplement été époustouflante au cours des trois derniers matches, sans le moindre recours à des artifices (pas même à une séance de tirs aux buts, serait-on tenté d'ajouter). Aussi cruelle soit la défaite des Portugais, la victoire des Grecs est amplement méritée.

Il aura certes fallu une conjonction de conditions favorables pour que les Hellènes soient sacrés. Mais ils ont eux-mêmes réunis la plupart de ces conditions. Le parcours de la Grèce, loin d'être un déplaisant concours de circonstances, constitue un joli catalogue des morales du football: l'utilisation des moyens disponibles est plus décisive que la quantité de ces moyens, sans condition physique le talent n'est rien, la continuité est une condition du succès, la valeur d'une équipe n'est pas celle de l'addition de ses individualités, etc. Au-delà, il nous serait difficile de ne pas souligner sous quels aspects cette victoire apporte de l'eau à certains de nos moulins. Après avoir prématurément fait sortir les équipes représentant les cinq grandes puissances économique du continent, cet Euro a sacré une sélection dépourvue de stars, et au contraire pourvue d'un grand nombre de joueurs laissés pour compte dans quelques grands clubs européens. Le manque de fraîcheur des écuries majeures avait déjà été flagrant au Mondial 2002, faisant la part belle aux outsiders, et le scénario semble s'être reproduit cette année. L'autre finaliste présente cependant un contre-exemple probant, avec son ossature issue du FC Porto vainqueur de la C1, et comptant donc certains des joueurs les plus utilisés de la saison (mais disputant un championnat moins relevé). Alors, plus loin que l'épuisement éventuel des vedettes du ballon rond, il faut peut-être se pencher sur un effet plus pervers du nouveau rapport de force entre les clubs et les équipes nationales: sous l'effet du lobbying direct et indirect de leurs employeurs, les stars ne finissent-elles pas par manquer singulièrement de motivation au moment de s'investir sous le maillot de leur fédération? Le Portugal ne pouvait pas en manquer, en tant que pays organisateur. La Grèce elle, est restée inégalée dans ce domaine. Pour gagner une compétition, il faut encore le vouloir…

Réactions

  • maxence le 05/07/2004 à 09h27
    Et oui pour gagner, il ne faut pas jouer mais faire déjouer l'adversaire. Tout le monde critiquait Deschamps quand il affirmait qu'il prenait du plaisir à faire déjouer ses adversaires. Il est à noter que jamais les grecs, hormis le match pour du beurre contre les russes, n'ont été en difficulté ni menés au score...
    L'équipe de France de 98 n'était pas si flamboyante que cela : elle jouait avec 3 milieu récupérateurs et avaient pour simples joueurs offensifs Zidane-Djorkaeff-Guivarch. Il n'y a qu'en finale qu'ils avaient "décollés" et encore que sur 2 coups de pieds arrêtés et un contre à la dernière minute. Au niveau de la construction du jeu, ce n'était pas terrible mais l'énorme différence c'était la défense en béton avec un double rideau milieu-défensifs/arrières. Il est savoureux de constater qu'avec le temps plus les bleus se sont tournés vers l'offensive en intégrant d'avantage des attaquants qui explosaient en clubs (Pires, Wiltord, Henry, Trezeguet, Cissé...) et devenaient des stars et plus elle se mettait dans l'impasse ! Le futur sélectionneur devra tenir compte de cette donnée. Je ne sais plus qui disait que si tu faisais jouer 11 attaquants contre 11 défenseurs c'était toujours les défenseurs qui gagnaient !! Cruyff est bien mort !!! Dommage mais ce n'est pas une nouveauté.... En 54 les Hongrois avaient perdu contre les allemands !!!

  • LokomotivDallas le 05/07/2004 à 09h37
    LuckyLuke tu le fais exprès ???
    autrement j'ai trouvé les grecs moins bons en finale que contre la France et la RTC. après leur but c'est vrai qu'il se sont cantonnées derrière, et m^me s'ils ont géré avec talent ils ne donnaient pas l'impression de pouvoir mieux faire, ils craiquaient physiquement. c'est dommage pour les portugaiscar s'ils avaient marqué les grecs s'effondraient je pense.
    sinon on a pu constater que les grecs avec très peu ont marqué avec très peu d'occases, et que leur adversaires ont eu peu de réussite dans les m^mes conditions, mais avec une telle défense en face on est obligé d'avoir des ges très instantanés donc moins précis (exemple de Koller après le double 1-2 avec Rosicky, ou de Figo hier soir à la 82e). Nikolopis finalement il a pas eu d'arret miraculeux à faire, les attaquants adverses n'ont jamais été en position hyper favorable.
    par ailleurs je ne suis pas d'accord sur les reflexions sur la pauvreté du jeu grec, mais il s'agit d'un combat d'arrière garde pour ceux qui le mènent. cela dit en effet il ne vont pê pas se sortir des qulifs pour la CdM2006 vu qu'il n'y a plus de petite équipe... d'ailleurs quel est la compo de leur groupe ?
    2 reflexions de plus :
    je relativise mieux sur l'EdF car après tout les autres n'ont pas mieux fait ;
    comme le rappelait Biétry en effet les russes qui ont apparemment baladé les grec en match de poule doivent se mordre de partout (remarque ils ont l'habitude)

  • goom le 05/07/2004 à 09h42
    Plusieurs choses,

    Tout d'abord comme plusieurs pourrait on laisser Duluc tranquille? Ca ne tourne plus à l'obcession, c'est pire!! Les cahiers du foot, à l'image de certains supporters de club, n'existeraient ils plus qu'en réaction à Duluc? Comme celà doit être bien triste alors.

    Ensuite, précisons que la Grêce ne s'est qualifié qu'au nombre de buts marqués et dire qu'elle a douché l'Espagne comme elle a douché la Portugal (deux fois), La France et la République Tchéque est un peu osé.

    Enfin, l'article fait la part belle au vainqueur, et un peu trop à mon goût. J'ai cru comprendre que pas mal de joueurs grecs n'avaient pas autant de matches dans les jambes que leurs homologues Français, Portugais par exemple, quelqu'un peut confirmer ou infirmer? Sinon parler de jeu grec est à la limite du risible, quoi que si refuser le jeu, attendre en défendant est ce jeu grec alors ce n'est plus risible. Je constate encore une fois que le football moderne fait la part belle à la défense, qu'il est encore et toujours plus rentable de faire de la défense à outrance que de prendre des initiatives. Un mot sur l'anti-jeu, en serait on arriver à un tel degré de perversion qu'on ne voit plus l'anti jeu? Evidemment à ce "jeu" là les équipes méditérannéennes se débrouillent fort bien, mais nier que parfois l'équipe qui subit ne fait pas d'anti jeu relève de l'aveuglement. On dans le même genre d'ineptie pour moi que quand on parle de faute tactique. Oui les grecs savent faire de l'anti jeu et savent l'utiliser à l'image d'autres équipes. De même une faute à 50m n'a pas le même impact qu'une faute à 20m.

    Je reconnais par contre que la Grêce possède à sa tête un vrai tacticien, un peu à l'ancienne, mais quelqu'un qui a su aligner autre chose que 11 joueurs sur un terrain. On retrouve des notions que Jacquet avait déjà mises en avant, comme la notion d'équipe, de sacrifice pour elle, de défense (malheureusement quelque part), autorité du sélectionneur, un peu comme si les recettes qui marchent devaient sans cesse être réinventées.

    Bref la Grèce est championne d'Europe, très bien mais ce n'est pas pour autant qu'on puisse se réjouir de la qualité de jeu de cette équipe.

    Reste la question en suspens, le vainqueur a-t-il toujours raison? Celà voudrait donc dire que le football se résume simplement au résultat, n'y-a-il pas autre chose?

  • manuFoU le 05/07/2004 à 09h45
    "Il est à noter que jamais les grecs, hormis le match pour du beurre contre les russes, n'ont été en difficulté ni menés au score..."

    les grecs ont été menés 1-0 par l'espagne et ne doivent qu'à la nullité de raul de ne pas avoir encaissé 1 ou 2 buts de plus. cela étant, ils ont prouvé pendant ce matc qu'ils étaient aussi capables de revenir au score.

    pour le reste, bravo à eux, je trouve leur jeu chaint à mourir mais il faut avouer qu'ils le pratiquent à merveille...

  • Ashe le 05/07/2004 à 09h50
    "L'autre finaliste présente cependant un contre-exemple probant, avec son ossature issue du FC Porto vainqueur de la C1, et comptant donc certains des joueurs les plus utilisés de la saison (mais disputant un championnat moins relevé). "

    Je trouve cette explication décevante tout de même. Et j'en connais à qui ça ne va pas faire plaisir ;)

    Sinon, impossible de consulter l'article "Tchèque point" dans la barre de droite, c'est normal ou c'est mon ordinateur qui joue au capricieux ?

  • Ashe le 05/07/2004 à 09h57
    Sinon pour la compo du groupe éliminatoire pour la CM2006 la Grèce sera accompagné du Kazakhstan, l'Albanie, la Georgie , l'Ukraine et .. la Turquie.

    A noter que dans le groupe A la République Tchèque retrouvera ... les Pays-Bas !

  • planteplumeoucaahbon le 05/07/2004 à 10h04
    Très bon article.

    C'est quand meme dommage que vous m'ayez piqué mon jeu de mots (voir un forum vieux de quelques jours).

    Comme quoi...

    Sinon, félicitaion pour l'analyse et les commentaires.

  • El mallorquin le 05/07/2004 à 10h10
    C'est curieux de tomber sur les Grecs à bras raccourics pour la qualité de leur jeu, comme je viens de le lire plus haut. Hier, les deux plus belles actions du match, ce sont tout de même eux qui se les créent : en première mi-temps, une passe à dix d'un bout à l'autre du terrain, qui s'achève par une sortie de Ricardo dans les pieds de Charisteas ; en seconde, une action côté droit avec une petite louche sympathique et un centre dangereux dans la foulée.

    Alors oui, les Portugais ont tenu le ballon pendant tout le match, mais ils en ont fait quoi ? Pas grand chose finalement, au vu de leurs occasions dangereuses.

    PS- Plantemachin, des jeux de mots sur les Grecs, on en a quand même lu des paquets depuis deux semaines, difficile de mettre un copyright dessus... ;-)

  • thibs le 05/07/2004 à 10h12
    Luckyluke, faut vraiment que je t'explique ? :))

  • manuFoU le 05/07/2004 à 10h13
    "C'est curieux de tomber sur les Grecs à bras raccourics pour la qualité de leur jeu"

    à ce propos, une réaction de pauleta sur foot365 :

    "C'est regrettable qu'une équipe qui ne fait que défendre soit championne d'Europe. C'est une drôle de conception du football. Durant cet Euro, ils ont toujours fait pareil, avec tout le monde derrière. Ce soir, on a essayé de marquer, en vain. Je me demande vraiment s'ils prennent du plaisir mais visiblement, oui. Ils parviennent quand même à gagner. Tant mieux pour eux. Félicitations. "

    je vous laisse méditer, moi ça m'a fait hurler de rire !

La revue des Cahiers du football