Les valseuses de Vienne
Matchbox : Autriche-Croatie : 0-1. On comprend mieux la déclaration du sélectionneur autrichien avant la compétition : "Je n’ai pas pris les meilleurs, j’ai pris les bons"...
Auteur : Steven Ar Ruz
le 9 Juin 2008
Matchbox : Autriche-Croatie : 0-1.
But: Modric (3e, pen)
La nalyse
On comprend mieux la déclaration de sélectionneur autrichien avant la compétition: "Je n’ai pas pris les meilleurs, j’ai pris les bons’’. Cette notion toute particulière du mode de sélection s’est concrétisée sur le terrain par un assemblage de grands costauds sans technique. Et dire qu’ils souffrirent de la comparaison face à la vivacité croate en première période est une manière polie de ne pas heurter la sensibilité du pays hôte. Chaque prise de balle demandait au bas mot deux secondes avant de maîtriser le cuir, toute ébauche de mouvement offensif échouait dans les incompréhensions, le moindre débordement croate mettait la panique dans les lignes, chaque intervention défensive se muait en faute de la dernière chance. C’est un petit miracle que les Croates n’ont pas su empiler un ou deux buts de plus durant cette période de domination outrancière, où seuls quelques coups de pieds arrêtés plutôt mal exploités leur donnèrent quelque fil à retordre.
Finalement, les hommes de Bilic devront se contenter de ce but sur penalty, consécutif au fauchage de Olic par Pogatetz dans la surface en tout début de match. Et bizarrement, alors qu’on les croyait sur la voie d’un succès facile et sans histoire, les Croates déclinèrent soudainement en fin de première période, et ne retrouvèrent plus l’allant offensif, la justesse de passe et la qualité de pressing qui leur avaient permis d’enchaîner les mouvements et de surpasser les Rot-Weiss-Rot. Un manque de fraîcheur physique évident remit les Autrichiens dans le match, lesquels, sans rien montrer d’autre qu’une envie collective de recoller au score, firent durant de longues minutes le siège du but de Pletikosa, homme du match assurément, bombardé avec insistance de missiles plus ou moins précis.
Au final, cette pauvre équipe d’Autriche doit se demander ce matin si elle peut s’estimer heureuse d’être passée à côté d’une raclée, ou si elle a perdu des points en ne sachant pas profiter de l’effondrement physique et collectif des Croates. En soignant leurs crampes, ceux-ci peuvent s’estimer heureux de repartir avec les trois points et une longueur d’avance sur la Pologne.
Les faux jumeaux

Sélectionner, n'est-ce pas d'une certaine manière couper des têtes? En espérant que la ressemblance entre Slaven Bilic et le Kurgan, méchant charismatique du film Highlander, s'arrête là.
L’équipe à re-découvrir
On attendait les Croates au tournant, suite à la tonitruante élimination des Anglais à l’automne. On connaît les qualités physiques et surtout techniques de leurs attaquants, la roublardise des frères Kovac et du sélectionneur Bilic, et on entendait le plus grand bien du jeune prodige Modric. Pendant une première demi heure de rêve, on découvrit une excellente équipe proposant un jeu rapide et solide avant de se diluer, puis de carrément se désintégrer au fil des minutes. Et ce ne fut pas le fait de l’adversaire. On ne sait alors que penser des outsiders croates, dont on craint qu’ils ne soient les premiers à s’écrouler physiquement dans cet Euro très exigeant. Les qualités pour aller loin sont pourtant là.
Le geste sympa du match
La douce musique du sifflet de M. Vink mettant un terme à un match devenu inregardable, permettant aux Croates de s’écrouler sur la pelouse en se tenant les cuisses (et ce n’était pas de rire) et aux téléspectateurs neutres de prendre une douche froide pour recoller à la réalité.
L’anti-match
La prestation de la défense autrichienne en général, et celle de Pogatetz en particulier. Coupable de la faute amenant le penalty, et averti dans la foulée, le pensionnaire de Middlesbrough (il y comme une certaine logique dans ce rappel) se distingua quelques minutes plus tard par un magnifique enchaînement de gestes anti-défensifs sur la même action: Olic le prend de vitesse, fait le tour de sa carcasse alors qu’il n’a même pas le temps de se retourner, part en direction du but, mais se fait superbement ceinturer avant de prendre un taquet dans les mollets, histoire d’être sûr. Du très haut niveau, qu’un deuxième carton jaune aurait logiquement du récompenser, sans la mansuétude de M. Vink. Enfin, mention spéciale à Prödl pour son coup d’épaule – tirage de maillot sur Olic (encore lui) qui partait plus que tranquillement au but.
Les observations en vrac

• On n’avait pas entendu Jean-Michel Larqué s’inquiéter autant pour la condition physique de joueurs depuis la cuisse de Zidane. C’est dire dans quel état se trouvent les Croates.
• Au pays du ski roi, les défenseurs autrichiens feraient d’excellents poteaux de slalom, quoiqu’un peu brutaux.
• Technique, rapide, milieu offensif, blond, un physique gracile, n°14… Luka Modric aurait-il reçu des conseils de Camel Meriem et Mourad Meghni ?