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L'hyper-PSG menace-t-il la Ligue 1 ?

Une Balle dans le pied – Si le PSG écrase toute concurrence et se sert de la Ligue 1 comme marchepied pour l\'élite européenne, le championnat de France risque de souffrir – et pas seulement d\'ennui.

Auteur : Jérôme Latta le 6 Août 2012

 

Les blagues sur l'incapacité du PSG à recruter les stars convoitées par ses propriétaires ont cessé: les arrivées de Thiago Silva et de Zlatan Ibrahimovic les ont rendues caduques. Jusqu'alors, un grand espoir argentin et une brochette d'internationaux d'excellente réputation (Maxwell, Thiago Motta ou Alex) avaient rejoint les lumières parisiennes, mais ni une vedette de l'envergure (sportive et médiatique) du Suédois, ni un joueur aussi convoité que le défenseur central brésilien.

 

VERSETS ZLATANIQUES

 

Le salaire de Zlatan Ibrahimovic a nourri la chronique et encore fait du football le déversoir de la désapprobation générale. Si les chiffres relèvent effectivement de l'indécence (surtout accompagnés de la mention "nets d'impôts" – lire "Un PSG colossal, au moins sur le terrain salarial"), on voit mal ce que la rémunération des footballeurs – fixée selon le même principe que toutes les autres [1] – a de spécifique, sinon dans le profil social de leurs bénéficiaires: il semble difficile de tolérer que des "travailleurs du corps", dont le mérite n'a été défini ni par l'institution scolaire ni par les autres mécanismes de gratification sociale ordinaires, puissent gagner autant (ceci étant mis en parallèle, souvent par mépris de classe, avec le stéréotype du sportif quasi illettré, aggravé par celui du footballeur-racaille-qui-ne-chante-pas-la-Marseillaise). Quant au caractère supposé irrationnel de tels investissements, il est assez facile à démentir: ils vont augmenter les revenus du club (billetterie, merchandising, droits marketing, etc.), et ils visent à anticiper la mise en œuvre du fair-play financier de l'UEFA, la saison suivante [2].

 

Pour éviter l'envasement dans des polémiques biaisées, il vaut mieux aborder l'événement comme un problème footballistique, c'est-à-dire s'interroger sur les conséquences de ce phénomène inédit dans le championnat de France: la création d'un club disposant de moyens sinon illimités, du moins sans plus de commune mesure avec ceux des ses rivaux directs.

(...)


Lire l'article :

Réactions

  • Toni Turek le 06/08/2012 à 04h17
    Pour ce qui est du déséquilibre médiatique, c'est déjà fait. Mais pour ce qui est du déséquilibre sportif, attendons un peu pour voir.

    Une situation comparable existe en Autriche, avec un club qui du point de vue financier est largement au-dessus des autres : le Red Bull Salzbourg. Effectivement, Salzbourg n'a jamais fait pire que deuxième avec Red Bull au pouvoir, mais s'il fait mieux que tous les autres clubs de l'élite locale réunis (quatre sacres contre trois pour les autres), pour autant, malgré une légion étrangère impressionnante (au moins en nombre), il n'a pas _tout_ écrasé sur son passage depuis l'arrivée de Red Bull en 2005. Ca arrive, qu'il y ait du suspense. Pas tous les ans. Mais certaines années.
    Alors oui, le PSG va sans doute s'établir pour un moment en haut du tableau. Mais ça ne veut pas dire qu'il gagnera tous ses matches 3-0, ni même qu'il gagnera tous les titres. Surtout s'il se trouve engagé longtemps sur plusieurs tableaux.

    Sinon, complètement d'accord sur le fait que le championnat local est considéré non comme une fin, mais un moyen. En Autriche, seule la première place étant qualifiante pour un tour préliminaire de Ligue des Champions, le seul moyen pour le club de Mateschitz de toucher le jackpot est de terminer champion. Le hic : en cinq tentatives de qualification, le club s'est fait sortir cinq fois avant la phase de poules. Dès l'été, il faut déjà attendre la saison suivante. Et ça énerve, quand on est dirigeant.
    La chance du PSG est qu'il aura beaucoup plus de facilité qu'un Salzbourg pour se qualifier pour la C1 (il n'est pas obligé de terminer premier de L1, et n'aura au pire qu'un tour préliminaire à disputer). L'inconvénient, c'est qu'il lui sera demandé au moins d'accéder aux quarts. A l'usure, avec de la patience, ça peut marcher (cf. Chelsea).

  • A la gloire de Coco Michel le 06/08/2012 à 07h39
    On parle beaucoup d'un club qui, à court terme, à la même palmarès que Guingamp.

    Désolé

  • Sens de la dérision le 06/08/2012 à 10h30
    En 2O10-2011, les montants télés s'étalaient de 49M€ (Marseille) à 13M€ (Arles-Avignon), soit une différence de 36M€. Pour info, le PSG avait déjà touché 39M€.
    Par rapport à ce qu'a injecté QSI, les droits télés ne semblent pas si importants.

  • le Bleu le 06/08/2012 à 11h46
    Encore une brillante synthèse de Jérôme !

    J'avais abandonné mon rêve de voir un jour un club français gagner une Coupe d'Europe.
    (je n'étais pas là avant 98)
    Némir a ravivé ce rêve.

    La question est: à ce moment-là, le PSG sera-t-il encore un club français ?


    Quant au recrutement à l'étranger, il est en bonne partie lié aux réseaux de Leo et Carlo, qui concernent essentiellement l'Italie et Milan, Chelsea, et le Brésil.

    Mais ce recrutement ne pointe-t-il pas plutôt un niveau inquiétant des footballeurs français ?

    Quel Français aurait pu être recruté à la place d'Ibrahimovic ou de Thiago Silva, voire de Lavezzi ?
    Aucun.

    Combien de joueurs en L1 cette saison avaient un potentiel de classe mondiale, prêt à intégrer une énorme équipe ?
    Hazard: Lille ne l'aurait jamais vendu en France.
    Sakho: il est déjà sur place (et c'est heureux).
    Mvila, disons: mais avec Thiago Motta, Sissoko (qui de fait, est français), Matuidi et Rabiot, le poste (avec 3 Français sur 4) affiche complet !

    Et puis ?
    Ben, rien.

    En voyant l'Equipe de France espoirs, ce n'est pas enthousiasmant. De bons voire très bons joueurs, mais je ne vois pas vraiment de crack destiné au Barça ou à Chelsea. Griezmann et Lacazette, peut-être.

  • LMD le 06/08/2012 à 11h58
    L'hyper-PSG menace t'il le PSG?

  • Miklos Lendvai le 06/08/2012 à 12h06
    Je crois que la ligue des champions est aussi un moyen et non une fin. La finalité reste politique pour les qataris.

    Et je n'ai toujours pas bien compris l'intérêt de dépenser autant d'argent dans le foot pour nous endormir sur le régime qatari.

  • Adoa de Formosa le 06/08/2012 à 12h32
    Malgré cette menace, la ligue 1 va potentiellement bénéficier d’un gain d’attractivité à l’étranger très fort avec le PSG en tête de gondole.

    Aujourd’hui, la Ligue 1 est loin derrière les autres grands championnats européens en terme de notoriété (cf les ventes de droit à l’étranger lien ).
    Pour peu que les clubs et la ligue fassent un bon travail marketing, ils ont des chances de faire exploser leurs revenus rapidement.


    Evidemment, si la ligue continue avec la même approche qu’elle a eu en France depuis quelques années, c’est-à-dire vendre de l’exclusivité et donc baisser la visibilité du championnat, on ne va pas aller très loin.
    Pour avoir vécu longtemps en Asie de l’est, je peux vous assurer que la ligue 1 est le championnat le plus difficile à suivre.


    Au contraire, si, un peu à l’image de la Bundesliga, on commençait par essayer de s’assurer de la diffusion à un large public dans un maximum de pays (et en France aussi d’ailleurs), quitte à faire des concessions sur les revenus immédiats, on pourrait certainement renforcer la notoriété du championnat.

    C’est exactement ce que fait la Bundesliga en Allemagne et à l’étranger (*). Et même si les revenus des droits télé sont pour l’instant limités, les revenus marketing sont bien supérieurs à celui du championnat français.



    (* Plusieurs matchs de Bundesliga sont diffusés sur la télévision publique.
    Le championnat Allemand, est aussi très largement diffusé en Asie, en particulier avec le match avancé du samedi qui bénéfice aussi d’une très bonne visibilité grâce à un horaire très favorable)

  • Luis Caroll le 06/08/2012 à 12h32
    "J'avais abandonné mon rêve de voir un jour un club français gagner une Coupe d'Europe.
    (je n'étais pas là avant 98)
    Némir a ravivé ce rêve."

    Si le fair-play financier est installé tel quel, je pense que tu peux ranger ton rêve dans ton sac pour encore quelques années.

    Le ticket d'entrée pour les 1/4 de la Champions est relativement accessible, mais le ticket pour devenir un participant régulier aux demies (donc postuler à la victoire) est infiniment plus élevé, et ça nécessite pour un club venu de nulle part des investissements gigantesques pendant de longues années.

    C'est d'ailleurs le but du fair-play financier, d'empêcher de s'acheter une coupe d'Europe.

  • Edji le 06/08/2012 à 16h38
    Luis Caroll
    aujourd'hui à 12h32

    Tu as oublié de finir ta phrase :

    C'est d'ailleurs le but du fair-play financier, d'empêcher de s'acheter une coupe d'Europe...et de laisser ce privilège aux hyper-puissants déjà établis.

  • Luis Caroll le 07/08/2012 à 01h16
    Je n'ai pas dit que c'était la panacée, mais dans la mesure où on accepter que la situation actuelle est intolérable, c'est un premier pas qui va dans la bonne direction.

    Dans ta position, je comprends qu'une certaine catégorie de supporters préfère s'acheter une place.

La revue des Cahiers du football