Il n’est point de paradoxe dont les Cahiers du foot se laissent embarrasser. Au point que nous ne rechignerons pas à consacrer ce petit rien qui se sera avéré si utile dans un monde aussi futile que celui du ballon rond. Après tout, on a bien laissé Alexandre Ruiz nous débiter minutieusement le contenu éditorial de Jour de Foot, écouté Rudy Roussillon nous expliquer la mort dans l’âme pourquoi il fallait absolument changer une fois encore d’entraîneur, et même lu les éditoriaux sentencieux de Gérard Ernauld dans sa "bible du football" anémique. Las! En toute franchise, reconnaissons que le superfétatoire est le quotidien du passionné de football.

Alors quand un truc utile voit enfin le jour, ça nous semble aussi salutaire que lorsque Aldo Platini a offert son premier ballon au petit Michel, aussi bénéfique que les consignes d’Aimé Jacquet qui répétait à Zizou qu’il y avait un coup à jouer sur corner contre les copains de Ronaldo, aussi essentiel que le centre de formation de l’Olympique de Marseille le sera jusqu’à la fin des temps rien que pour avoir couvé Samir Nasri.
Aurions-nous pu supporter une si longue saison sans le lauréat de la Spirale du truc utile? Ou aurions-nous succombé après d’atroces spasmes suite à l’initiative de trop de Frédéric Thiriez? Nous ne le saurons bien heureusement jamais, grâce à la bienveillance de la Spirale du truc utile qui nous a tenu la main tout au long du voyage. Gloire à elle!
La Spirale salvatrice, la seule qui fasse preuve d’assez de dextérité et de finesse pour s’entortiller dans les artères du monde du football afin de déboucher ces gros caillots encombrants parsemés un peu partout.

Vous pouvez d'ores et déjà voter pour les Spirales des Cahiers 2006-2007, ou attendre que tous les lauréats vous aient été présentés sur nos pages. Autre solution: le sondage grandeur nature sur eurosport.fr. Notez que les lauréats seront exclusivement désignés par le scrutin en ligne des Cahiers du foot...


Christophe Dugarry consultant
Il y a deux manières de recruter un consultant télé: celle du service public, qui se contente de piocher parmi les anciens footballeurs qui n’éprouvent aucune honte à passer une heure et demie aux cotés de Thierry Adam, et celle de Canal+, pour qui le critère de notoriété semble capital. Le choix de Dugarry pouvait sembler risqué: celui qui fut l'un des joueurs les plus controversés de l'histoire parviendrait-il à se réconcilier avec l'opinion en revêtant l'habitant du consultant? Le Bordelais semble en passe de réussir derrière les micros ce que Lizarazu et Desailly ont totalement raté cette saison. Car là où ses anciens coéquipiers en équipe de France se montrent superficiels et prétentieux, Duga fait preuve de sobriété et de professionnalisme. S'il a gardé de son ancien métier une énervante propension à taper sur les arbitres, il s'avère utile grâce à des commentaires qui ajoutent une vraie valeur aux retransmissions.
Atout : il commente sans son serre-tête.
Faiblesse : il se permet de faire des remarques aux attaquants qui manquent leur face-à-face avec le gardien.


Le recrutement de Paul Le Guen au PSG
Les supporters du PSG (du moins, ceux dont les cerveaux n’étaient pas assez dévastés par l’alcool et le headbanging pour espérer un retour de Luis) en rêvaient, Barry Ferguson l’a fait: en obtenant l’éviction de Paul Le Guen des Rangers dans un tempo rêvé – en plein mercato d’hiver –, le capitaine du club protestant de Glasgow a fait le meilleur cadeau possible à une équipe parisienne au 17e dessous (comme son classement en championnat). Malgré quelques accrocs, le pondéré Breton a remis un minimum d’ordre sur le terrain, assuré le maintien tel un fieffé Guy Roux et même ressuscité des espoirs de gloire future du côté du Parc. Reste à espérer que Barry Ferguson sera à présent recruté par le Barça, où il dégoûtera tellement Ronaldinho que celui-ci reviendra à son tour dans le club qui l’a révélé…
Atout : recruter le seul entraîneur sympa ayant gagné un titre avec l’OL, c’est une manière habile de récupérer les joueurs sympas y ayant évolué.
Faiblesse : PLG compte sur Édouard Cissé pour la saison prochaine.


Le décolleté d'Estelle Denis
Certes, l’évènement est arrivé bien avant le début du championnat 2006/2007, mais le fait qu’il perdure à un aussi haut niveau mérite une nomination qui va bien au-delà des considérations saisonnières. Après une apparition discrète en septembre 2005, il a progressivement pris une place de plus en plus importante dans le dispositif tactique de M6, malgré un bandeau SMS décidemment très mal placé et la climatisation légèrement trop élevée du plateau, qui fit craindre un temps sa disparition. Revenu au meilleur de sa forme lors du retour de l’émission à son horaire initial, il fait désormais partie des valeurs sûres sur lesquelles les téléspectateurs peuvent compter.
Atout : une concurrence faiblarde à la même heure sur Canal+.
Faiblesse : voter pour lui pourrait vous barrer la route de l’équipe de France.


Le Championnat à l'envers des Cahiers du football
À l’heure où la spirale ascendante des Gones menace de décoller la tête d’un "Classement en relief" de la L1 aux allures de femme-girafe, le Championnat à l'envers permet de calmer le jeu en s'intéressant aux appuis de l'animal. Autrement dit, quand le suspens du championnat de France se résume, au mieux, à deviner le nombre de journées qui seront nécessaires à l'Olympique lyonnais pour prendre sa tête, l'observation du podium des clients à la relégation permet de noyer l'ennui dans un grand broc d'absurde.
Dans ce monde parallèle, les penalties sont autant de pièges et la réussite de ces coups de pied au but laisse à leurs auteurs un goût amer. Les parades des gardiens virent à la catastrophe dans la quête, qui sait, peut-être un jour, du Graal du National... Quant aux schémas tactiques gagnants développés par les entraîneurs, ils ralentissent comme autant de boulets la course des prétendants sur le chemin qui mène à l’Eden de la D2.
Atout : un fan club très actif.
Faiblesse : le renouvellement des cadres en L1 nous prive pour l’an prochain de l’expérimenté FCNA… Pars et reviens-nous vite!


Le vocabulaire de Pape Diouf, qui rappelle que le foot n'est pas seulement un sport d'analphabète
Si Pape Diouf a traversé toutes les tempêtes marseillaises sans perdre son poste, ce ne pouvait être que pour attendre la création des Spirales des Cahiers. Vocabulaire luxuriant, expressions atypiques, métaphores croquignoles, le tout enrobé dans une syntaxe tout autant délicieuse qu’alambiquée, Pape Diouf remet la langue française à l’honneur, quitte à la néologiser.
Atout : entre lui et Luis, c’est Diouf qui a réussi le meilleur transfert de compétence.
Faiblesse : une telle qualité dans l’expression doit malheureusement faire plaisir à Brice Hortefeux.