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Les mots pour rien dire

Au mercato d'hiver, on vend infiniment plus de sornettes que de joueurs. Mais pour le journaliste sportif, c'est tout un art. Mode d'emploi.
Auteur : Thibault Lécuyer le 4 Fev 2009

 

Le mercato d'hiver est terminé et, comme chaque année, on se demande s'il a été inventé pour que les équipes corrigent leurs erreurs de l'été, ou pour que les journaux aient du papier à vendre pendant une période plutôt creuse.
Au moins, il permet de découvrir une passionnante expression du journalisme sportif: la phrase qui ne coûte rien. Petite sœur de l'assertion gratuite, fille de la spéculation hasardeuse, la phrase qui ne coûte rien peut servir dans n'importe quel article car, par essence, on peut aussi bien l'écrire que ne pas l'écrire puisqu'elle ne contient aucune information et ne demande aucun effort.


Exemple n°1

"Si une belle opportunité se présente, Jean-Michel Aulas ne la laissera pas passer".
(L'Équipe du 16/12)

Cas typique. On imagine effectivement mal Jean-Michel Aulas laisser passer l'opportunité de recruter Lionel Messi pour trois millions d'euros, ou d'acheter une Mercedes CLK d'occasion avec 3.000 kilomètres au compteur pour 10.000 euros.
C'est le principe même de la phrase qui ne coûte rien : elle tente de faire croire qu'il se passe quelque chose, alors qu'il ne se passe rien, en créant l'image du président lyonnais tapi dans l'ombre, prêt à se jeter sur sa proie.



Exemple n°2

"Emerson, âgé de 33 ans, ne serait pas retenu par le Milan AC et verrait d'un bon œil le challenge parisien".
(Aujourd'hui Sport du 07/01)

Il s'agit d'une variante : la phrase qui ne coûte rien peut également être une information invérifiable, associée à un concept nébuleux: ici "le challenge parisien", qui donne du poids au mouvement possible. Emerson ne viendrait pas jouer au PSG, il viendrait relever le challenge parisien. On comprend mieux son intérêt.

mercato1.jpg


Exemple n°3

"Du côté du milieu de terrain offensif Alex, le PSG compte bien activer les bonnes relations dont il jouit avec le club turc depuis l'affaire Kezman".
(Aujourd'hui Sport du 07/01)

Faire de la fumée sans feu nécessite un peu de savoir-faire. Notez l'utilisation de l'expression "l'affaire Kezman", qui confère un air plus mystérieux encore à l'information. Information qui se résume d'ailleurs à dire que le PSG a déjà le numéro de téléphone de Fenerbahçe. On sous-estime le nombre de transferts qui ont capoté faute de détenir les coordonnées du club vendeur.
La phrase qui ne coûte rien donne l'apparence de la plausibilité à une information qu'on ne donne pas. Si vous avez cru au transfert d'Alex, auto punissez-vous en cherchant vous aussi à "activer vos bonnes relations".



Exemple n°4

"Selon une source proche du dossier, l’Olympique Lyonnais pourrait rapidement formuler une première offre de près de douze millions d’euros (dès lundi?) pour Ricardo Oliveira".
(Mercato365)

La phrase qui ne coûte rien est une grande fan de la célèbre "source proche du dossier", cette allumeuse. Notez bien le "dès lundi", qui ne coûte rien. Pure élucubration de l'auteur qui n'en sait rien, mais aimerait bien que vous reveniez sur son site le lundi suivant. Ricardo Oliveira a finalement été transféré au Betis Séville pour sept millions d'euros.



Exemple n°5

"Même s’ils se montrent encore officiellement très prudents, il est clair que les dirigeants lyonnais ne sont pas inactifs sur le mercato d’hiver".
(L'Équipe du 31/12)

Cette fois, c'est en une du quotidien que la phrase qui ne coûte rien s'invite. Et elle fait face à son adversaire le plus redoutable: la réalité. Il est essentiel de nier que Lyon résistera à une poussée de fièvre acheteuse, car évidemment, sans feuilleton hivernal, pas de ventes.
Dotée d'un seul "il est clair", cette phrase qui ne coûte rien est un peu faiblarde. Il aurait mieux valu écrire: "Même s’ils se montrent encore officiellement très prudents, les dirigeants lyonnais n'ont pu que faire le constat des lacunes de leur effectif alors que s'ouvre le mercato d’hiver". Mystère, vacuité, impatience et polémique: le B-A BA.



Exemple n°6

"Si le climat semble aujourd'hui propice à la poursuite de l'aventure, rien ne dit qu'au printemps, quand il dressera le bilan de sa saison et prendra connaissance des possibilités qui s'offrent à lui, Yoann Gourcuff sera certain que son avenir est en Gironde. D'ici là, le temps fera son ouvrage, dans un sens ou dans l'autre".
(lequipe.fr le 26/01)

Nous sommes là en présence d'un cas très particulier, la phrase qui ne coûte rien, mais s'assume comme telle. L'auteur ne dispose d'aucune information et se met à l'abri derrière un cryptique "climat propice" pour affirmer avec péremption qu'il n'est pas certain que dans plusieurs mois, Gourcuff soit certain. Tant d'incertitude, ça ne peut qu'exciter le lecteur dont la perplexité augmente à la lecture de la conclusion: "le temps fera son œuvre, dans un sens ou dans l'autre". Une phrase qui signifie: "on n'en sait rien mais nous au moins, on est là pour vous dire qu'il va se passer quelque chose".

Réactions

  • Jean Christophe Tout vénal le 04/02/2009 à 11h53
    En cherchant bien on peut peu-être trouver un "c'est chaud au mercato d'été".
    Pas plus de VA. Je brûle un scout et je repeins ma belle-mère.

  • Le_footix le 04/02/2009 à 11h54
    Là où c'est délirant, c'est d'accuser soudainement... la crise économique. Comme si quelque chose avait changé...


    Ou alors l'économie française en janvier 2001 (Tapie II toussa) était alors au bord de la surchauffe.

  • L'oeil était dans la tombe le 04/02/2009 à 13h33
    Yoop2804
    mercredi 4 février 2009 - 11h43


    Et c'est comme ça qu'on en arrive à: "Faubert au Real".

  • Pierre Des Loges le 04/02/2009 à 13h40
    L'oeil était dans la tombe
    mercredi 4 février 2009 - 13h33
    Yoop2804
    mercredi 4 février 2009 - 11h43


    Et c'est comme ça qu'on en arrive à: "Faubert au Real".
    ____________________________

    N'empêche que c'est la première fois qu'un joueur ne croit pas lui-même à son propre transfert...

    Prochain objectif: faire signer Fiorèse à Chelsea et Matt Moussilou au Milan AC.

  • Qui me crame ce troll? le 04/02/2009 à 14h25
    arnaldo01
    mercredi 4 février 2009 - 11h15
    Un dernier exemple : la blague du départ de fred a Stoke a été déposé sur le forum de site web de l'OL. Ils ont des modérateurs donc ca veut bien dire que ces rumeurs à la con les arrangeaient bien...
    ------
    Mouais ils ont des modérateurs, mais ils sont quand même assez laxistes, et pas que pour le mercato d'ailleurs, ce qui laisse apercevoir parfois de bien vilaines choses. On est loin du forum d'ici (smiley qui va bien)

  • Road to Champions League le 04/02/2009 à 15h01
    "D'ici là, le temps fera son ouvrage, dans un sens ou dans l'autre"

    C'est quoi cette phrase ?

    Désolé de ravioter l'expression des guignols (à propos de Pernaut, de mémoire). Mais là, on a quand même 6 beaux exemples de air-journalisme...

  • Diablesse Rouge le 04/02/2009 à 16h26
    Road to Champions League
    mercredi 4 février 2009 - 15h01
    "D'ici là, le temps fera son ouvrage, dans un sens ou dans l'autre"

    Comme le dit parfaitement le titre... des mots pour rien dire.

  • semtex le 04/02/2009 à 16h29
    Ça me fait penser au savoureux numéro d'avril spécial-transferts de France Football. Une phrase qui ne coute rien m'avait particulièrement marqué, appuyant la rumeur de la venue de Seydou Keita (dans ma mémoire) à Marseille : "Pape Diouf ne démentirait pas son intérêt pour ce type de joueur".


  • Pierre Des Loges le 04/02/2009 à 17h08
    Selon des sources bien informées, dans les milieux autorisés, on aurait vu Piquionne signer à Lyon. Mais personne n'a confirmé officiellement que Piquionne faisait partie de l'effectif lyonnais.

  • Gilou le 05/02/2009 à 10h41
    je crois que c'est en Angleterre qu'on dit que même une horloge petée donne l'heure exacte deux fois par jours, et que c'est pour ça que les rumeurs de transferts les plus élucubrationelles auront toujours du succès, parce que forcément, à un moment ou à un autre, elles tombent juste et font flipper tout le monde tellement elles sont scoopesques.

    Un peu comme la voyance en gros : On nous dit "je vois que vous allez trouver un travail dans les mois qui viennent" et du coup on est tout chamboulé quand on obtient un poste de vendeur chez Quick la semaine suivante

La revue des Cahiers du football