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Nasri, mis à l'index

Tribune – La non-sélection de Samir Nasri en équipe de France ne semble même plus faire débat. Pourtant, en quoi a-t-il mérité cette suspension implicite?

Auteur : Troglodyt le 9 Nov 2012

 

 

Texte initalement posté sur le fil "Toujours Bleus" du Forum.

 

Je suis surpris par l’évidence avec laquelle Samir Nasri semble évincé. Que lui est-il reproché? De ne pas rentrer dans le projet politico-sociétal que nous ambitionnons pour l’équipe de France de football? De ne pas avoir un niveau footballistique qui lui permette de prétendre à une sélection?

 


L'étendard de la France

Samir Nasri paie sans doute l’image que certains ont de lui. C’est-à-dire celle du joueur de 25 ans qui tend son doigt et lance quelques insultes à des journalistes. Qui a souffert de cela? Les journalistes en question? C’est une infraction, ils n’ont qu’à porter plainte! L’image de l’équipe de France de football? Qu’est-ce, l’image de l’équipe de France de football? Le miroir de la nation, le visage commun dont nous devrions être fiers car il porterait le masque de la solidarité, de l’humanité et de la force que certains politiques ne réussissent pas à insuffler au sein de la société? Si c’est cela l’équipe de France, pourquoi ne pas sélectionner, alors, ceux qui le méritent vraiment, c’est-à-dire toi lecteur des Cahiers du football qui sait boire une bière le cul dans l’herbe avec un adversaire après un match de Ligue des Cahiers, Arnaud Le Lan qui roule en AX (sous réserve que ce ne soit pas un diesel), Sylvain Kastendeuch qui n’a jamais pris de carton rouge, Éric Sikora qui a le mérite de n’avoir jamais eu l’opportunité d’un transfert, et le footballeur amateur qui dépense 10% de son SMIC en billet pour un France-Roumanie et en maillot officiel? Ils n’ont sans doute pas le niveau pour jouer des matches de football de niveau international...

 

 


Sujets de Téléfoot : octobre 2011, juin 2012.

 

 

Si cette considération importe peu, alors l’équipe de France de football a perdu son objet; à moins que son objet soit devenu celui que d’aucuns veulent lui assigner aujourd’hui – être l’étendard d’une France qui doute de ses valeurs. Dans ce cas, il faut que nous nous remettions en question, parce que l’équipe de France de football, d’un point de vue politique, n’est pas grand-chose d’autre que l’image que ceux qui la dirigent veulent lui faire porter, c’est-à-dire l’image qui, dans leur esprit, est attendue par les soixante-cinq millions de sélectionneurs que nous sommes.

 

 


Ancien sauveur

Que font les Samir Nasri à l’équipe de France de football? Ils n’en respecteraient pas le maillot? Défaisons-nous immédiatement de l’image du maillot à respecter: ce maillot est depuis suffisamment longtemps assez moche pour enlever à quiconque l’envie de le respecter. Ils y viendraient sans envie ni énergie? C’est une idée qui a du mal à se justifier à considérer les motivations attribuées à ces joueurs: s’ils ne sont intéressés que par l’argent, leur futur transfert, les boîtes de nuit parisiennes et les prostituées, justement, l’équipe de France de football a les moyens de leur apporter tout cela.

 

Samir Nasri craque face aux journalistes. Cela fait partie de son métier de savoir se contenir et répondre aux questions que nous-mêmes parfois jugeons débiles. Mais, indépendamment de la manière d’exprimer le sentiment qu’il a pu ressentir, c’est presque sain de se sentir libéré par un but marqué sous un maillot dans lequel la presse le présente comme médiocre, ou de se sentir énervé par une défaite éliminatoire. C’est un joueur qui vit sous les feux de la presse sportive depuis plus de quinze ans, présenté tour à tour comme le nouveau savon de Marseille, le sauveur de l’identité du club le plus médiatisé de France, le nouveau Zidane, voire le sauveur de l’équipe de France de football, donc de la France. Bref, suffisamment pour en avoir marre, ne serait-ce que de voir l’exercice de son métier commenté par des gens qui ne comprennent pas toujours grand-chose au football mais qui sont en revanche très réactifs pour signaler avec quelle fille il a joué au tennis ou combien lui a coûté sa dernière voiture.

 

Il faudrait surtout nous poser la question de notre responsabilité à tous (la FFF, les clubs de football, les journalistes, les supporteurs) sur la manière dont sont préparés – ou non – ces gamins à devenir ce qu’ils sont devenus (riches, célèbres, médiatisés) et surtout ce que nous aimerions qu’ils deviennent (les parangons des vertus de la République indivisible, laïque, démocratique, sociale et victorieuse).

 

 


Samir Nasri, international

S’agissant des qualités de footballeur de Samir Nasri, et pour revenir brièvement sur l’Euro, comment a-t-il pu, d’un point de vue purement footballistique, canaliser autant de reproches? Ce joueur est placé meneur de jeu d’une équipe dont le milieu de terrain n’a connu aucune stabilité tactique pendant deux ans, meneur de jeu d’une équipe dont la défense comme la récupération ont une qualité de relance très limitée, et surtout meneur de jeu d’une équipe dont l’organisation tactique ne lui permettait pas de remplir le rôle que d’aucuns lui auraient assigné.

 

Que savons nous, d’ailleurs, du rôle dans lequel l’avait installé Laurent Blanc? Sur les trois matches qu’il a joués, la composition et l’organisation des cinq milieux de terrain changent trois fois. Contre l’Angleterre, il repique trop dans l’axe et abandonne son aile – comment ne pas être aspiré par ce vide dans l’axe? Contre l’Ukraine, l’euphorie collective lui permettra de s’en tirer avec les seuls habituels reproches sur son inefficacité. Contre la Suède, il ne se noie pas plus que les autres mais conserve trop le ballon dans une équipe dont le principal défaut depuis six années est peut-être l’absence de mobilité des attaquants.

 

Il n’est pas honnêtement soutenable qu’un joueur comme Samir Nasri ne puisse rien apporter à l’équipe de France de football. Ses qualités reconnues – la conservation du ballon, la vision de jeu, la qualité de la transmission, la lucidité technique – en font l’un des meilleurs joueurs à son poste. Cela alors qu’à vingt-cinq ans, il est loin d’avoir acquis sa pleine maturité. S’il n’a pas donné la pleine mesure de son talent en équipe de France de football ces dernières années, le fait qu’aucun joueur n’ait été à son meilleur niveau en sélection durant les six dernières années doit conduire à interroger autre chose qu’une somme de faillites individuelles. Les joueurs ont-ils été mis en condition pour exprimer leurs pleines capacités, que ce soit par le sélectionneur, par la FFF, par les journalistes et par nous supporteurs? L’intérêt est pourtant d’exploiter au mieux leurs capacités individuelles dans un collectif. Or, c’est une chose qui semble n’avoir jamais été faite avec aucun de nos milieux de terrain depuis bien longtemps, si ce n’est peut-être avec Franck Ribéry maintenant qu’il est positionné à gauche. Samir Nasri a été trimballé à droite, au centre seul avec deux récupérateurs derrière lui, au centre à deux avec un récupérateur derrière lui… Sans jamais être fixé, ni personnellement, ni dans un collectif.

 

Samir Nasri n’est peut-être pas indispensable à l’équipe de France de football, encore moins à la France. Mais qu’il est peut-être un peu précipité, voire injuste, de le condamner définitivement. Surtout pour se contenter de proposer des alternatives individuelles, sans interroger, encore une fois, ce qui fait défaut dans cette sélection, et dans son environnement, depuis trop longtemps.
 

Réactions

  • axgtd le 09/11/2012 à 21h54
    "Arnaud Le Lan qui roule en AX (sous réserve que ce ne soit pas un diesel)"

    Et si c'est un turbo diesel ? Nan, c'est pour savoir, juste.

  • Ward le 10/11/2012 à 11h43
    J'ignore quel est le niveau de jeu exact de Nasri. J'ai souvent pensé qu'avec plus de recul sur soi et de modestie, il aurait fait un extraordinaire numéro 6, le genre de 6 très rare dont raffole Ancelotti par exemple. En l'état actuel, il me paraît manquer de beaucoup des choses qui font un vrai bon offensif. Mais bref, fondamentalement, j'en sais rien.

    Ce que je sais avec certitude, c'est que sa fameuse célébration de but lors du dernier tournoi m'a foutu en l'air tout le plaisir que j'avais à suivre les bleus sur ce tournoi. C'était entre lui et les journalistes ? Mais c'est bien le problème. L'équipe de France, c'est pas un truc entre lui et les journalistes. Ce geste était tellement bête, laid et déplacé, que suite à cela j'ai espéré l'élimination la plus rapide et humiliante possible du tournoi pour notre sélection. Il m'en faut peu ? Non je ne crois pas, il m'avait quand même fallut 2008 et 2010 pour le travail de fond ; le geste du "minot devenu roi" fut l'ultime grain de sable, celui qui fait chavirer tout le petit monticule.

    Juste pour rappel, le grand Zidane en 2006, en quart de mondial, la presse de son pays d'adoption l'envoie brutalement à la retraite pour la rencontre France - Espagne ; il marque le but qui achève l'Espagne, le but du 3-1 à la fin du match ; il se contente de rire et d'embrasser ses potes. Je ne raconte pas ça dans le sens où tout ce qu'a fait Zidane ferait autorité et devrait être invoqué comme un modèle à imiter, loin de là ; mais quand on a vécu ça en tant que supporter, il y a bien comme une jurisprudence dans ce genre de situation.

    Bref, la seule chose que je sais avec certitude sur Nasri, c'est que je ne veux plus voir sa tête nulle part.

  • Marius T le 10/11/2012 à 11h50
    3 pages et pas un mot de khewzi, quelqu'un à des nouvelles, j'espère qu'il va bien, je l'embrasse.

  • funkoverload le 10/11/2012 à 19h28
    Sens de la dérision
    09/11/2012 à 11h44

    C'est assez rigolo de voir qu'il y a 4 sortes de cédéfistes :
    - ceux qui pensent que la non-sélection de Nasri est due à son caractère et qui la trouvent normale
    - ceux qui pensent qu'elle est due à son niveau et qui la trouvent normale
    - ceux qui pensent qu'elle est due à son caractère et qui la trouvent anormale en regard de son niveau de jeu
    - ceux qui pensent qu'elle est due à son niveau de jeu et qui la trouvent anormale parce qu'il a un bon niveau de jeu.

    Pas gagné cette histoire.
    ---
    N'oublions pas les cédéfistes qui n'en n'ont strictement rien à péter et qui tiennent à le faire savoir !

  • Pascal Amateur le 11/11/2012 à 09h13
    C'est qui ?

  • la menace Chantôme le 11/11/2012 à 13h23
    J'avoue que j'ai un peu de mal avec le concept de célébration conforme/non conforme aux standards dans le cas de Nasri.

    Je ne vais pas invoquer la liberté d'expression, déjà parce que bien qu'étant un de ses fervents défenseurs, il m'arrive quand même de lui trouver une ou deux limites.
    Mais à ceux qui considèrent que c'est une affaire personnelle qui n'avait rien à faire dans un contexte pareil, j'aimerais rappeler à quel point c'est aujourd'hui en partie grâce, ou surtout à cause de ces médias devenus parfois un peu trop sociaux, que les jeunes actuels trouvent désormais normal de mettre leur vie et donc de régler leurs comptes sur la voie publique.

    Ajoutons qu'il n'est probablement pas excessif de considérer que ce type de célébrations sont dans l'ère du temps, au moins ici En France. Il n'existe plus grand chose qui soit gardé pour soi ou fait avec la "pudeur" d'antan, et d'ailleurs, je suis assez convaincu que les célébrations manquant de tact n'ont pas été inventées par cette génération. Je suis pas sûr qu'on puisse y faire grand chose, et j'entrevois surtout un nouvel aigri de l'équipe de France et de toutes ses contraintes en la personne du puni/bani. J'ai hâte qu'il passe le mot à ses coéquipiers et de voir jusqu'où ira leur compassion en termes de désamour.

    Ce genre de geste peut provenir d'une envie de se démarquer, d'un besoin profond de répondre à ce que l'on voit comme une injustice ou de l'acharnement, d'un simple trait de caractère ou encore d'une insouciance/d'un mépris assez remarquable vis à vis du contexte ou de la sacro sainte équipe de France. Je ne comprends simplement pas en quoi il serait tant condamnable d'avoir dit en public (une méthode devenant la norme) des injures hyper fréquentes et répandues (ça fait quand même partie de notre patrimoine humoristique, théâtral et argumentatif - en tout cas aussi argumenté que certains propos de journalistes). C'est pas non plus "va te faire encore... sale...".

    Que savons-nous du milieu du foot moderne et du type de mentalité qu'il est susceptible de créer ? Que savons-nous du rapport de force entre le fait d'égaliser dans un match à suspens et la rancoeur pouvant naître des propos de journalistes ? N'est-ce pas la preuve que sur cette fois (soyons honnêtes : il ne célèbre pas toujours ses buts comme ça), ce n'est pas tant l'amour de sa patrie ou son affection pour son équipe que sa volonté de faire taire des critiques systématiques qui lui a permis de faire ce qu'il a fait ? Il faudrait désormais su'on ne prenne que des mecs qui courent dans tous les sens quand ils marquent ? Et que dire de l'intransigeance réclamée en dépit du contexte qu'il a évoqué ? Notre bonheur aurait dû être plus important pour lui que celui de sa mère ?

    Bref. Encore un devoir d'exemplarité absolue qui m'échappe. Le fait qu'il doive avoir une célébration à même de transporter tous les français sur ses épaules de sauveur ne me convainc pas. Je ne dis pas qu'il aurait pu sortir son appareil génital sans que ça ne me fasse quoi que ce soit. Je dis juste que pour un chut et des ferme ta gueule pas si immérités que ça, on pouvait se permettre de ne pas chercher à comprendre et de célébrer son but dans notre coeur. C'est sûr que c'est plus beau sur le plan émotionnel de pouvoir partager notre joie avec le buteur, mais il faut aussi qu'on sache accepter qu'on ne sera pas toujours en osmose avec les 23 de l'équipe nationale.

  • Sens de la dérision le 11/11/2012 à 14h15
    Je dis juste que pour un chut et des ferme ta gueule pas si immérités que ça
    ----
    en réponse à des critiques pas si imméritées que ça.

  • la menace Chantôme le 11/11/2012 à 17h45
    Ca c'est l'autre partie du débat sur laquelle, dans le fond, je ne suis pas spécialement en désaccord.
    Je ne suis pas contre son éviction sportive, dans le sens où, à mon avis, d'autres peuvent apporter plus à l'EDF dans son ensemble.

    Mais visiblement il s'en est mangé plus que de raison dans les feuilles de chou, pour qu'il en vienne à vouloir se défendre à ce point.
    Et donc sur le critère du respect du maillot et de sa célébration pas assez universelle/conventionnelle/joga bonito, je dis bof. Pas du tout convaincu du bien fondé de l'histoire.

  • Ward le 11/11/2012 à 18h30
    RG7 : D'accord pour l'analyse psycho-sociologique des causes du geste, que je peux parfaitement partager dans l'absolu. Mais pour moi supporter, un match de foot est avant tout un phénomène esthétique, un "spectacle" comme on dit. De ce point de vue, ce geste, dans son exécution visible comme dans tout ce qu'il charrie implicitement, est d'une laideur stupéfiante. Il me sort brusquement de la magie du spectacle et me fait me demander, devant ma télé, si j'ai pas mieux à faire que servir de public à un débile réglant ses petites histoires d'ego. Ensuite, une fois la télé éteinte et le livre ouvert, je pose éventuellement mes lunettes et je reviens en pensée sur ce geste ; oubliant le football, je le prends comme un phénomène psycho-sociologique, et je livre l'analyse idoine - du genre de celle que tu nous proposes. Pourquoi pas, sauf que ça vient après, (quand la télé est éteinte, la magie perdue, la motivation à supporter cette équipe encore diminuée, sous le niveau de la mer) - et que ça passe donc à côté de l'essentiel, il me semble.


  • Ward le 11/11/2012 à 18h37
    RG7 : D'accord pour l'analyse psycho-sociologique des causes du geste, que je peux parfaitement partager dans l'absolu. Mais pour moi supporter, un match de foot est avant tout un phénomène esthétique, un "spectacle" comme on dit. De ce point de vue, ce geste, dans son exécution visible comme dans tout ce qu'il charrie implicitement, est d'une laideur stupéfiante. Il me sort brusquement de la magie du spectacle et me fait me demander, devant ma télé, si j'ai pas mieux à faire que servir de public à un débile réglant ses petites histoires d'ego. Ensuite, une fois la télé éteinte et le livre ouvert, je pose éventuellement mes lunettes et je reviens en pensée sur ce geste ; oubliant le football, je le prends comme un phénomène psycho-sociologique, et je livre l'analyse idoine - du genre de celle que tu nous proposes. Pourquoi pas, sauf que ça vient après, (quand la télé est éteinte, la magie perdue, la motivation à supporter cette équipe encore diminuée, sous le niveau de la mer) - et que ça passe donc à côté de l'essentiel, il me semble.


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