Le cable réseau du serveur étant presque saturé, merci de ne vous connecter qu'en cas d'absolue nécessité de vous amuser. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Nancy jouera le maintien

L’intérêt financier des clubs n’est pas toujours celui des supporters: pour beaucoup de clubs de L1, se maintenir dans l'élite est simplement la meilleure stratégie.
Auteur : Sébastien Dessus et Gaël Raballand le 21 Avr 2009

 

Cet article vient en complément du dossier "Crise: la fin des années fric?" du numéro 43 des Cahiers du football.

Malgré une saison sportive 2007/08 réussie, conclue par une quatrième place en championnat, Nancy aura vendu ses meilleurs joueurs (Puygrenier, Kim) pour les remplacer par des modestes joueurs pour la plupart de National et L2. Son président déclare vouloir se doter d’un budget permettant de "rester parmi l’élite". Pourtant à terme, la stratégie de Nancy consiste à devenir une "place incontournable du football français, voire européen" (football365.fr) – en se dotant d’un stade de 32000 places (contre 20000 actuellement).

Les supporters nancéens voient dès lors s’éloigner leurs rêves de domination nationale et de conquêtes européennes. Les questions fusent ainsi à Marcel-Picot: pourquoi affaiblir une équipe qui a prouvé sa valeur sportive? Pourquoi ne pas bâtir sur ce socle, au contraire, une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs chaque année? En théorie, de meilleurs résultats sportifs devraient générer de meilleures recettes, dans la mesure où une équipe de haut de tableau attire plus de spectateurs et de sponsors, vend plus de maillots et est plus souvent télévisée. Et des recettes augmentées devraient permettre à Nancy de garder ses meilleurs joueurs et d’en recruter de nouveaux...


 nancy_1.jpg


It’s economics, stupid
Une étude récente, se fondant sur les bilans financiers des clubs de L1 et L2 des trois dernières saisons, permet de mieux comprendre ce paradoxe, en expliquant les stratégies d’investissement des clubs et leur rationalité sous-jacente (1). Cette rationalité économique se heurte, dans de nombreux cas, aux attentes sportives des supporters.

La conclusion est simple. Les clubs n’ont pas nécessairement intérêt (d’un point de vue économique) à bâtir la meilleure équipe possible (d’un point de vue sportif). Les clubs ont en effet, à performance sportive égale, des recettes différentes. Cette différence entre clubs s’explique en très grande partie par des différences de marchés potentiels qui sont liés à la taille du bassin de population, à la notoriété du club et à la capacité du stade, sur lesquels les clubs n’ont que peu d’influence à court terme. Nancy, en finissant quatrième, engendre beaucoup moins de recettes que Paris ou Marseille lorsqu’ils finissent à la même place.


Convoitises
En revanche, le budget requis pour occuper durablement une quatrième place est théoriquement le même d’un club à l’autre. En finissant cette année à ce classement, l’équipe de Nancy a acquis une valeur plus élevée qu’en début de saison. Ses joueurs font l’objet de convoitises de la part d’autres clubs, et les garder devient plus coûteux: soit de manière latente, en raison du manque à gagner que constituerait un transfert juteux; soit de manière effective si garder ces joueurs s’accompagne d’une renégociation salariale – ce qui est très probable, le joueur disposant aujourd’hui de leviers puissant si on s'avise de lui "manquer de respect".

Voyant ses coûts augmenter plus vite que ses recettes, le club risquerait de perdre ainsi de l’argent (voire d’être relégué par la DNCG dans le cas d’un déficit prolongé). Il préfère dès lors réajuster des ambitions sportives à la baisse, en se dotant d’un budget de fonctionnement (principalement les salaires des joueurs et l’amortissement de leurs indemnités de transfert) en adéquation avec ses recettes potentielles.


Budgets optimaux
En se fondant sur cette analyse empirique, on peut dessiner une typologie des clubs professionnels en fonction du budget "optimal" de chacun d’entre eux. Le budget est dit optimal lorsqu’il permet à chaque club de se doter de l’équipe la plus chère (la meilleure) possible, sans perdre d’argent. Ce budget est déterminé par l’égalisation des recettes potentielles (précédemment décrites) et des dépenses, mais également par la prise en compte des stratégies d’autrui. La publication des comptes de chaque club depuis trois saisons permet en effet à chacun d’entre eux de se positionner vis-à-vis de ses concurrents de manière plus informée.

Nancy, en déterminant sa propre stratégie de moyen terme (budget de fonctionnement, capacité du stade, etc.), pourrait penser que les décisions économiques des autres clubs sont prises en fonction de considérations similaires. Ainsi, lorsqu’il envisage de se doter d’un budget suffisant pour "rester parmi l’élite", Nancy doit en réalité tenir compte des budgets optimaux des autres clubs, au risque de se retrouver à terme dans l’incapacité d’équilibrer son budget.


nancy_tableau.jpg
Écarts entre budgets actuels et optimaux des clubs de L1, saison 2006-07 .
NDLR : Valenciennes, absent de L1/L2 lors de la saison 2004/05, n’est pas inclus dans l’échantillon des clubs analysés.



Contre-performances
L’étude suggère qu’au regard de leurs budgets optimaux respectifs, les clubs se trouvaient dans des situations fort différentes lors de la saison 2006/07. Plus de la moitié des 36 clubs considérés (2) se trouvait en dessous de leur potentiel d’investissement, avec notamment Paris, Marseille, Saint-Étienne, Metz ou Brest. Mais nombreux sont ceux qui se trouvent au-dessus de leur potentiel, comme Lorient, Monaco, mais aussi Lyon ou Lille.
De nombreuses raisons peuvent expliquer ces écarts. Pour les clubs en dessous de leur potentiel, difficultés de financement, aversion pour le risque ou accidents sportifs ou judiciaires ralentissent l’augmentation des budgets. Au contraire, pour les clubs au-dessus de leurs potentiels, prises de risques élevées, résultats sportifs inespérés, ou pari sur l’incapacité des premiers à se doter de budgets en rapport avec leurs potentiels expliquent ces investissements excessifs.

Ces écarts semblent cependant temporaires. L'analyse montre en effet que les clubs se rapprochent à grande vitesse de leurs budgets optimaux, dessinant la hiérarchie théorique du football français, en l’absence de changements structurels majeurs. Paris, Marseille et Lyon dans une moindre mesure, sont amenés (ont intérêt économiquement) à viser durablement les trois premières places. En revanche, un grand nombre de clubs (3), comprenant Nancy ou Le Mans, a juste intérêt économiquement à se maintenir en L1, pour bénéficier de belles affiches à domicile et profiter de la redistribution des droits télé.


Le maintien, une bonne stratégie de com
On peut dès lors analyser sous cet angle les politiques de communication des clubs auprès de leurs supporters. Pour les clubs en dessous de leur potentiel, la difficulté consiste à gérer la frustration et l’impatience légitime des supporters en leur faisant rêver de jours meilleurs. L’objectif est de protéger leurs potentiels de revenus tout en augmentant progressivement leurs budgets de fonctionnement (4).
Pour les clubs au-dessus de leur potentiel, la difficulté consiste au contraire à ne pas créer des attentes trop élevées de la part de leurs supporters. On peut ranger dans cette catégorie le fameux "Auxerre joue le maintien" cher à Guy Roux, les objectifs en matière de "principes de jeu" ou de domination régionale, visant à atténuer les déceptions d’une ambition sportive difficile à assumer.

Nancy, doté d’un budget avoisinant 35 millions d’euros par an, est proche de son budget optimal, qui le positionne autour de la quinzième place. Augmenter la taille de son stade devrait pouvoir lui permettre d’accroître durablement son budget et le situer autour de la douzième place. Mais même sans tenir compte des coûts d’agrandissement du stade (et du fait que d’autres clubs pourraient mener la même politique – son voisin Metz par exemple), il serait donc surprenant de voir ce club se doter budgétairement d’une équipe en mesure de se qualifier régulièrement en Coupe d’Europe. C’est sans doute ainsi qu’il faut interpréter l’annonce de son président, au grand dam des supporters de l’équipe au chardon.


(1) L’étude, soumise pour publication dans une revue scientifique, mesure statistiquement pour chaque club le potentiel de revenus (droits télévisuels, stade, sponsors), à performance sportive donnée. Ce potentiel est ensuite comparé au coût nécessaire à l’obtention d’une performance sportive donnée (lui aussi mesuré statistiquement, mais supposé semblable à chaque club), pour en déduire, en égalisant les deux, le budget "optimal" de chaque club. L’existence de paliers (montée en L1, accession à la C1) influence évidemment le revenu des clubs, mais pas la hiérarchie des potentiels – et donc des budgets optimaux.
(2) Tous les clubs présents en L1 ou L2 au cours des trois saisons 2004-5, 2005-6 et 2006-7.
(3) Lens, Nantes, Bordeaux et Monaco ont eux intérêt à se doter de budget pour terminer autour de la cinquième place. Le Havre, Guingamp, Metz, Caen, Le Mans, Nice, Nancy, Strasbourg, Montpellier, Auxerre, Rennes, Toulouse, Sochaux, Saint-Étienne et Lille ne visent qu’au maintien en L1. Gueugnon, Ajaccio, Dijon, Créteil, Amiens, Lorient, Reims, Istres, Châteauroux, Bastia, Grenoble, Sedan, Brest ou Troyes, ont eux "intérêt" à se maintenir en L2.
(4) On se souvient de la campagne "Paris fait nous rêver" du Paris SG de la fin des années 1980, précédant de quelques saisons l’arrivée de Canal+ dans son capital.


autopromo_hor_ronaldo.jpg

Réactions

  • Pierre Des Loges le 22/04/2009 à 10h06
    J'ai pas compris cette histoire de 'budgets optimaux'. Ca veut dire quoi, que Lorient est surendetté par rapport au long terme???

    D'autre part, Grenoble ne pourrait pas viser plus que la Ligue 2???

    Je pense que cet article met surtout l'accent sur la progression des clubs: la 4e place de Nancy l'an dernier était exceptionnelle, il ne faut pas compter sur des exploits aussi réguliers. Le Téfécé a failli payer très cher l'an dernier sa croissance brutale d'il y a 2 ans...

    La vente des meilleurs joueurs ne m'apparait donc pas stupide pour un club qui vise une progression régulière (et à mon avis, Puygrenier est parti au meilleur moment car sa valeur a sérieusement baissée depuis...). De même, pour le GF, l'élimination hier soir n'est pas une mauvaise chose en soi car je ne sais pas si le club aurait pu gérer les primes et la coupe d'Europe, ça aurait été trop rapide d'un coup. Ils ont réussi le parcours suffisant pour être un poil plus attractif (encore qu'ils auraient pu se dispenser d'offrir une purge en praïme taïme) pour attirer des joueurs encore meilleurs que Moreira (comment ça, c'est pas dur?), sans devoir se ruiner en prime de match et déplacements. La croissance, petit à petit...

    (Bon, en fait, ça me fait chier que le club ait échoué si près, j'aurais bien aimé aller au SdF, mais bon, c'est peut-être un mal pour un bien).

  • Pierre Des Loges le 22/04/2009 à 10h09
    En fait, la question que me suscite ce genre d'étude, c'est que si on raisonne par les statistiques purement économico-économique, le moindre gars, appelons le Jean-Michel, qui rachète un club de Ligue 2 en disant 'Je veux en faire un septuple champion de France', il passe pour un con (mais moins que s'il avait parlé d'octuple champion de France).

  • Roger Cénisse le 22/04/2009 à 10h14
    Oui enfin Jean-Michel il a quand même choisi son club à racheter, il a pas repris Guingamp non plus.

    Lyon dispose d'un très fort bassin de population, dans une région où le football est populaire. Je ne connais pas l'état des infrastructures ni de Gerland à l'époque où JMA l'a repris mais si le stade avait une taille intéressante à l'époque (plus de 20 000 places) il était évident qu'avec une politique de gestion maîtrisée, il allait être possible d'en faire un club dominant à l'échelle nationale.

    Après, que Lyon finisse septuple champion de France en venant de là tient plutôt à la faiblesse des gros traditionnels (Marseille, Bordeaux, Paris) et leur incapacité à avoir un projet stable sur plusieurs années. Attention, je ne diminue pas le mérite lyonnais, mais simplement si il y avait eu vraiment du répondant de la part des clubs historiques, on aurait peut-être pas vu une telle domination lyonnaise.

  • Cantona rien à dire le 22/04/2009 à 10h15
    Non, PDL, ça a marché avec ce fameux Jean-Michel dont tu parles car il a choisi un club de L2 qui avait le potentiel économique pour atteindre les sommets.

    Si tu prends Angers, Amiens ou Nîmes, ça marchera pas car tu vas plafonner rapidement faute de bassin de population et partenaires économiques (entre autre) suffisants.

  • Cantona rien à dire le 22/04/2009 à 10h17
    et je remercie Roger Cénisse pour le point dans ma face.

  • Popopop le 22/04/2009 à 10h20
    Pierre Des Loges
    mercredi 22 avril 2009 - 10h09
    En fait, la question que me suscite ce genre d'étude, c'est que si on raisonne par les statistiques purement économico-économique, le moindre gars, appelons le Jean-Michel, qui rachète un club de Ligue 2 en disant 'Je veux en faire un septuple champion de France', il passe pour un con (mais moins que s'il avait parlé d'octuple champion de France).

    >>>>>>>>>>>>>>>>>>>

    Le fait qu'il passe ou pas pour un con dépendra surtout du "potentiel" du club en question. Il parait clair qu'un club comme montpellier, acutellement en ligue2, est capable, en terme de revenus divers ( stade, sponsors, etc... ) d'assumer durablement un budget qui devrait lui permettre, à défaut d'être champion de france, d'être dans les 10 premiers régulièrement.

    Aulas a tout simplement très bien exploité le déficit qui existait avant 2000 entre les résultats de l'équipe de la ville de Lyon et son potentiel réel.

    Par la suite, je pense que la capacité d'un club à maintenir une forme de surrégime dépend énormément de ses dirigeants ( capacité à bien négocier des transferts, à optimiser le centre de formation, à faire affluer de plus grands capitaux, etc... ), d'où, malgré la conclusion générale de l'article ( que je ne conteste pas ), une certaine légitimité quant à la frustration des supporters en cas de budget et/ou com' frileux.

    En tout cas, merci bcp pour cet article, très intéressant.

  • Pirès te calme le 22/04/2009 à 10h20
    Je pense plutôt que Lorient à un budget deux fois supérieurs à son potentiel réel: petite ville, peu de supporters, faible potentiel commercial (maillots, billets, etc...), faibles revenus de coupe d'Europe, mais recrutement à bas prix pour revendre bien plus cher (certainement plus de deux fois, donc) les joueurs intéressants formés par Gourcuff. D'où plein de sousous dans la caisse, mais on thésaurise au lieu de tout claquer en joueurs sexy (qui pourraient ne pas vouloir venir à Lorient, d'ailleurs).

    A l'inverse, Paris et Marseille ont un potentiel énorme, mais à cause de vente de joueurs à perte, de contrats sponsors pourris, de surpayages de staff et joueurs, de billets à pas cher, de stade trop petit ou encore de frôlement de relégation certaines années, le budget actuel résulte d'une stagnation ou d'une diminution depuis trois saisons. On exploite donc pas à fond le potentiel du club.

    Est-ce encourageant pour eux ? Oui s'il parviennent à accumuler les bons résultats (plus on va loin en coupe, plus on est payé) tout en valorisant l'actif "trading de joueurs" avec des trouvailles style Mandanda ou Hoarau régulièrement. Pas gagné pour arriver rapidement à l'équilibre optimal, à mon avis, malgré la conclusion de ce très bon article.

  • Popopop le 22/04/2009 à 10h21
    Cantona rien à dire
    mercredi 22 avril 2009 - 10h17
    et je remercie Roger Cénisse pour le point dans ma face.

    >>>>

    je lui en donne même un deuxième.

  • Le_footix le 22/04/2009 à 10h21
    Non, parce que le tableau en question n'indique que des tendances à court terme.

    Il est évident qu'à long terme, si tu reprends l'OL en Ligue 2, dans une aire urbaine d'1,8M d'habitants, t'as plus de chances d'en faire une machine économique gagnante que si tu reprends Nancy dans une aire urbaine de 400 000 hab.

  • Pirès te calme le 22/04/2009 à 10h22
    Je répondais à :
    Pierre Des Loges
    mercredi 22 avril 2009 - 10h06

La revue des Cahiers du football