Seuls 36% des internautes parviennent à saisir leur e-mail / password du premier coup. En feras-tu partie ? Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Nancy jouera le maintien

L’intérêt financier des clubs n’est pas toujours celui des supporters: pour beaucoup de clubs de L1, se maintenir dans l'élite est simplement la meilleure stratégie.
Auteur : Sébastien Dessus et Gaël Raballand le 21 Avr 2009

 

Cet article vient en complément du dossier "Crise: la fin des années fric?" du numéro 43 des Cahiers du football.

Malgré une saison sportive 2007/08 réussie, conclue par une quatrième place en championnat, Nancy aura vendu ses meilleurs joueurs (Puygrenier, Kim) pour les remplacer par des modestes joueurs pour la plupart de National et L2. Son président déclare vouloir se doter d’un budget permettant de "rester parmi l’élite". Pourtant à terme, la stratégie de Nancy consiste à devenir une "place incontournable du football français, voire européen" (football365.fr) – en se dotant d’un stade de 32000 places (contre 20000 actuellement).

Les supporters nancéens voient dès lors s’éloigner leurs rêves de domination nationale et de conquêtes européennes. Les questions fusent ainsi à Marcel-Picot: pourquoi affaiblir une équipe qui a prouvé sa valeur sportive? Pourquoi ne pas bâtir sur ce socle, au contraire, une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs chaque année? En théorie, de meilleurs résultats sportifs devraient générer de meilleures recettes, dans la mesure où une équipe de haut de tableau attire plus de spectateurs et de sponsors, vend plus de maillots et est plus souvent télévisée. Et des recettes augmentées devraient permettre à Nancy de garder ses meilleurs joueurs et d’en recruter de nouveaux...


 nancy_1.jpg


It’s economics, stupid
Une étude récente, se fondant sur les bilans financiers des clubs de L1 et L2 des trois dernières saisons, permet de mieux comprendre ce paradoxe, en expliquant les stratégies d’investissement des clubs et leur rationalité sous-jacente (1). Cette rationalité économique se heurte, dans de nombreux cas, aux attentes sportives des supporters.

La conclusion est simple. Les clubs n’ont pas nécessairement intérêt (d’un point de vue économique) à bâtir la meilleure équipe possible (d’un point de vue sportif). Les clubs ont en effet, à performance sportive égale, des recettes différentes. Cette différence entre clubs s’explique en très grande partie par des différences de marchés potentiels qui sont liés à la taille du bassin de population, à la notoriété du club et à la capacité du stade, sur lesquels les clubs n’ont que peu d’influence à court terme. Nancy, en finissant quatrième, engendre beaucoup moins de recettes que Paris ou Marseille lorsqu’ils finissent à la même place.


Convoitises
En revanche, le budget requis pour occuper durablement une quatrième place est théoriquement le même d’un club à l’autre. En finissant cette année à ce classement, l’équipe de Nancy a acquis une valeur plus élevée qu’en début de saison. Ses joueurs font l’objet de convoitises de la part d’autres clubs, et les garder devient plus coûteux: soit de manière latente, en raison du manque à gagner que constituerait un transfert juteux; soit de manière effective si garder ces joueurs s’accompagne d’une renégociation salariale – ce qui est très probable, le joueur disposant aujourd’hui de leviers puissant si on s'avise de lui "manquer de respect".

Voyant ses coûts augmenter plus vite que ses recettes, le club risquerait de perdre ainsi de l’argent (voire d’être relégué par la DNCG dans le cas d’un déficit prolongé). Il préfère dès lors réajuster des ambitions sportives à la baisse, en se dotant d’un budget de fonctionnement (principalement les salaires des joueurs et l’amortissement de leurs indemnités de transfert) en adéquation avec ses recettes potentielles.


Budgets optimaux
En se fondant sur cette analyse empirique, on peut dessiner une typologie des clubs professionnels en fonction du budget "optimal" de chacun d’entre eux. Le budget est dit optimal lorsqu’il permet à chaque club de se doter de l’équipe la plus chère (la meilleure) possible, sans perdre d’argent. Ce budget est déterminé par l’égalisation des recettes potentielles (précédemment décrites) et des dépenses, mais également par la prise en compte des stratégies d’autrui. La publication des comptes de chaque club depuis trois saisons permet en effet à chacun d’entre eux de se positionner vis-à-vis de ses concurrents de manière plus informée.

Nancy, en déterminant sa propre stratégie de moyen terme (budget de fonctionnement, capacité du stade, etc.), pourrait penser que les décisions économiques des autres clubs sont prises en fonction de considérations similaires. Ainsi, lorsqu’il envisage de se doter d’un budget suffisant pour "rester parmi l’élite", Nancy doit en réalité tenir compte des budgets optimaux des autres clubs, au risque de se retrouver à terme dans l’incapacité d’équilibrer son budget.


nancy_tableau.jpg
Écarts entre budgets actuels et optimaux des clubs de L1, saison 2006-07 .
NDLR : Valenciennes, absent de L1/L2 lors de la saison 2004/05, n’est pas inclus dans l’échantillon des clubs analysés.



Contre-performances
L’étude suggère qu’au regard de leurs budgets optimaux respectifs, les clubs se trouvaient dans des situations fort différentes lors de la saison 2006/07. Plus de la moitié des 36 clubs considérés (2) se trouvait en dessous de leur potentiel d’investissement, avec notamment Paris, Marseille, Saint-Étienne, Metz ou Brest. Mais nombreux sont ceux qui se trouvent au-dessus de leur potentiel, comme Lorient, Monaco, mais aussi Lyon ou Lille.
De nombreuses raisons peuvent expliquer ces écarts. Pour les clubs en dessous de leur potentiel, difficultés de financement, aversion pour le risque ou accidents sportifs ou judiciaires ralentissent l’augmentation des budgets. Au contraire, pour les clubs au-dessus de leurs potentiels, prises de risques élevées, résultats sportifs inespérés, ou pari sur l’incapacité des premiers à se doter de budgets en rapport avec leurs potentiels expliquent ces investissements excessifs.

Ces écarts semblent cependant temporaires. L'analyse montre en effet que les clubs se rapprochent à grande vitesse de leurs budgets optimaux, dessinant la hiérarchie théorique du football français, en l’absence de changements structurels majeurs. Paris, Marseille et Lyon dans une moindre mesure, sont amenés (ont intérêt économiquement) à viser durablement les trois premières places. En revanche, un grand nombre de clubs (3), comprenant Nancy ou Le Mans, a juste intérêt économiquement à se maintenir en L1, pour bénéficier de belles affiches à domicile et profiter de la redistribution des droits télé.


Le maintien, une bonne stratégie de com
On peut dès lors analyser sous cet angle les politiques de communication des clubs auprès de leurs supporters. Pour les clubs en dessous de leur potentiel, la difficulté consiste à gérer la frustration et l’impatience légitime des supporters en leur faisant rêver de jours meilleurs. L’objectif est de protéger leurs potentiels de revenus tout en augmentant progressivement leurs budgets de fonctionnement (4).
Pour les clubs au-dessus de leur potentiel, la difficulté consiste au contraire à ne pas créer des attentes trop élevées de la part de leurs supporters. On peut ranger dans cette catégorie le fameux "Auxerre joue le maintien" cher à Guy Roux, les objectifs en matière de "principes de jeu" ou de domination régionale, visant à atténuer les déceptions d’une ambition sportive difficile à assumer.

Nancy, doté d’un budget avoisinant 35 millions d’euros par an, est proche de son budget optimal, qui le positionne autour de la quinzième place. Augmenter la taille de son stade devrait pouvoir lui permettre d’accroître durablement son budget et le situer autour de la douzième place. Mais même sans tenir compte des coûts d’agrandissement du stade (et du fait que d’autres clubs pourraient mener la même politique – son voisin Metz par exemple), il serait donc surprenant de voir ce club se doter budgétairement d’une équipe en mesure de se qualifier régulièrement en Coupe d’Europe. C’est sans doute ainsi qu’il faut interpréter l’annonce de son président, au grand dam des supporters de l’équipe au chardon.


(1) L’étude, soumise pour publication dans une revue scientifique, mesure statistiquement pour chaque club le potentiel de revenus (droits télévisuels, stade, sponsors), à performance sportive donnée. Ce potentiel est ensuite comparé au coût nécessaire à l’obtention d’une performance sportive donnée (lui aussi mesuré statistiquement, mais supposé semblable à chaque club), pour en déduire, en égalisant les deux, le budget "optimal" de chaque club. L’existence de paliers (montée en L1, accession à la C1) influence évidemment le revenu des clubs, mais pas la hiérarchie des potentiels – et donc des budgets optimaux.
(2) Tous les clubs présents en L1 ou L2 au cours des trois saisons 2004-5, 2005-6 et 2006-7.
(3) Lens, Nantes, Bordeaux et Monaco ont eux intérêt à se doter de budget pour terminer autour de la cinquième place. Le Havre, Guingamp, Metz, Caen, Le Mans, Nice, Nancy, Strasbourg, Montpellier, Auxerre, Rennes, Toulouse, Sochaux, Saint-Étienne et Lille ne visent qu’au maintien en L1. Gueugnon, Ajaccio, Dijon, Créteil, Amiens, Lorient, Reims, Istres, Châteauroux, Bastia, Grenoble, Sedan, Brest ou Troyes, ont eux "intérêt" à se maintenir en L2.
(4) On se souvient de la campagne "Paris fait nous rêver" du Paris SG de la fin des années 1980, précédant de quelques saisons l’arrivée de Canal+ dans son capital.


autopromo_hor_ronaldo.jpg

Réactions

  • sansai le 22/04/2009 à 19h26
    Dinopatou
    mercredi 22 avril 2009 - 18h53

    -----

    Donc si la masse salariale a bien doublé cette saison comme le dit Rousselot, c'est pas si rassurant que ça pour un club à 35M de budget.

  • Yoop2804 le 22/04/2009 à 19h50
    Tiens, j'aimerais bien envoyer cet article au charlatan qui s'est pointé à Gueugnon en disant que LUI il en avait des ambitions, pas comme les méchants qui jouaient le maintien chaque année avec des petits salaires et en vendant les meilleurs joueurs, et que LUI, il allait faire venir des vrais bons joueurs (la preuve qu'ils étaient bons, ils étaient 5 à 10 fois plus payés que ceux que l'ancien staff recrutait). Parce que LUI, il a fini par ruiner le club en bouffant les réserves à coup d'indemnités de licenciement et de "gros" salaires (à l'échelle gueugnonnaise) versés à des clowns et par le faire descendre après 38 ans de D2...

  • Dinopatou le 22/04/2009 à 19h57
    Je ne connais pas le contexte des propos de Rousselot, mais le doublement doit plutôt s'entendre du passage de 10,3 M€ (18ème masse salariale) en 2005/2006 aux 20,5 M€ deux ans plus tard

    Sauf club appartenant à RLD qui aurait nommé Kerviel président avec les pleins pouvoirs, j'imagine mal un club ayant habituellement 35 M€ de budget et ayant fait exceptionnellement 43 M€ de CA sur une année faste sans perspective particulière pour la suite (y'a pas de LDC pour amener des ronds ni de garantie de réussir à se reclasser aussi haut) en bouclant pour autant tout juste à l'équilibre hors cessions passer sa masse salariale à 40 M€ d'année d'après... et je vois encore plus mal la DNCG avaler un budget prévisionnel construit sur une telle base

  • Pierre Des Loges le 22/04/2009 à 21h02
    Un truc étonnant auquel je viens de penser: on peut faire une corrélation facile entre le dynamisme économique d'une région et son nombre de clubs dans l'élite.

    Explication:
    Pendant les 30 glorieuses, c'est la croissance, les industries lourdes se portent bien (métallurgie, mine...). Les grands clubs de l'époque 1945-1973 se trouvent dans des cités ouvrières, le Nord-Est est particulièrement bien représenté par Strasbourg, Sedan, Reims, et Lille, notamment. Plus Saint-Etienne l'ouvrière.

    Puis c'est la crise. Les clubs de l'est, privés de leurs principaux sponsors, sont en retrait. Et dans les années 90, on observent plutôt une invasion des clubs de la Méditerranée en élite: Montpellier, Nîmes, Marseille, Monaco, mais aussi Nice, Cannes, Toulon, Bastia. A mon avis, ces clubs ont notamment profité de grosses subventions publiques, amenées par les municipalités enrichies par les taxes foncières (et aussi de... non, rien). La seule explication que je vois à l'invasion de la Méditerranée.

    Puis depuis, le Nord a su attirer de nouvelles entreprises (exemple: Toyota qui sponsorise Valenciennes), les subventions publiques (et aussi le ...) sont davantage réglementées, on assiste à un rééquilibrage des forces.

    C'est étonnant du reste comme la progression du GF s'accomode de la progression des entreprises de technologie de pointe, d'ailleurs son principal actionnaire est une entreprise de télécommunication (Index). Cette dernière étant en récession comme tant d'autres, ça risque d'être délicat d'attirer autre chose que du 'fond de tiroir' pour les années à venir (va falloir refiler un short à Gravelaine).

  • Croco le 22/04/2009 à 22h16
    Pierre Des Loges
    mercredi 22 avril 2009 - 21h02

    Faire émerger des clubs comme Nîmes, Bastia, Nice ou Marseille dans les années 90 c'est quand même très gros. L'OM a pas attendu Tapie pour être un gros club. Nîmes a connu son ère de gloire sous Firoud donc ça remonte pas à il y a 15 ans et Nice était aussi un gros club au niveau national à l'époque. Les Corses font une finale d'UEFA en 1978 quand même, je les ai pas vu aussi bon dans les 90's.

    Par contre pour Montpellier ton explication se vaut davantage.

    Après faut pas non plus faire le raccourci gros sponsor => résultats comme tu le fais pour Valenciennes, le sponsor maillot doit représenter au mieux 7-8% du budget annuel d'un club dans le meilleur des cas (OM).


  • José-Mickaël le 22/04/2009 à 22h30
    Pierre Des Loges
    mercredi 22 avril 2009 - 21h02
    > [Comparaison selon les époques]

    Tu aurais pu aussi signaler que dans les années 1930, parmi les grands clubs on avait Sochaux (usines Peugeot) et Roubaix (industrie textile).

    Ça s'explique à mon avis par le fait qu'autrefois c'est le secteur secondaire qui dominait, les présidents de clubs étaient donc des patrons d'usine (comme chez Peugeot) et leurs clubs faisaient partie des régions industrielles ; aujourd'hui c'est le secteur tertiaire qui domine, les présidents de clubs sont donc des présidents de société de service, donc sont liés aux grandes villes. Hier Saint-Etienne, aujourd'hui Lyon. (Je parle de la tendance générale.)


  • José-Mickaël le 22/04/2009 à 22h37
    Croco
    mercredi 22 avril 2009 - 22h16
    > [Les clubs du Sud, ça ne date pas des années 1990]

    Je peux t'assurer (mais je te laisse vérifier) que comme l'a dit Pierre des Loges, il y avait plus de clubs méditerrannéens en D1 dans les années 1990 qu'à toute autre époque.

    Et autrefois, il y avait une concentration de clubs du Nord-est.

    Aujourd'hui c'est plutôt équilibré grâce au retour des clubs de l'Ouest (comme Toulouse, Le Mans ou Caen).

  • Croco le 22/04/2009 à 22h49
    Je conteste pas le nombre de club méditerranéens présent dans l'élite dans les 90's. Je veux dire que la cause de leur émergence lié à des "subventions publiques" dans les 90's me paraît très réducteur...
    Cannes par exemple s'est basé beaucoup sur son centre de formation, Marseille est depuis toujours ou presque dans l'élite,...
    Bousquet à Nîmes a certes pas mal joué avec l'argent du contribuable mais il est pas arrivé à en faire un gros club vu qu'ils ont fait seulement une paire de saisons dans l'élite.

    Quant à l'exemple grenoblois, attendons par exemple de voir sur la durée même si je leur souhaite le meilleur. Je pourrais aussi parler de Toulouse qui est une des régions les plus dynamiques de France au niveau économique et population et qui avait un club dans les profondeurs du classement entre l'époque Beto Marcico et celle des Minots du National.

  • José-Mickaël le 22/04/2009 à 23h20
    Croco : OK, j'avais mal compris.

    Cela dit, prenons Cannes. C'est vrai que leur centre de formation, vu ce qui en est sorti, ça devait être quelque chose. Mais justement, pourquoi y avait-il ce super centre de formation dans les années 1990 et pas maintenant ?

  • Croco le 22/04/2009 à 23h23
    Jean Fernandez & Guy Lacombe entre autre comme éducateurs?
    + une génération de jeunes de malades

La revue des Cahiers du football