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Menaces sur les Bleus

Non, il ne s'agit pas du scénario d'une attaque terroriste contre l'équipe de France, mais de l'inventaire des risques majeurs qui pèsent sur les chances des Tricolores de réussir leur Coupe du monde. Autant se tenir prêt…

Auteur : Pierre Martini et Etienne Melvec le 21 Mai 2002

 

 

La suffisance

Le changement de statut des Bleus a été évident depuis quatre ans, alors même que beaucoup d'entre eux étaient déjà des stars en 1998. Ils ont continué à briller dans les plus grands clubs et à progresser vers les sommets. Ils ont été béatifiés en France par le 12 juillet et canonisés par le 2 juillet, atteignant un degré de popularité inégalé, subissant un bombardement incessant d'admiration et de flatteries, bénéficiant du immunité quasi-totale contre les critiques.


Si certaines psychés ont pu être affectées individuellement, c'est peut-être l'ensemble de l'équipe qui est aujourd'hui menacée de pécher par vanité, ayant perdu en chemin l'humilité et le goût du sacrifice, la capacité de faire une ultime différence.



Objections

Ces joueurs consacrés, justement parce qu'ils évoluent dans des grands clubs, ont dû sans cesse remettre en cause leur statut et continuer à se fixer des objectifs élevés. Le groupe France, représentant ce qu'ils ont de plus précieux dans leur vie de sportif, est le dernier lieu où ils abandonneraient leurs vertus, à commencer par la solidarité..


Les sollicitations

Conséquence de leur starification, les Bleus sont soumis à une quantité infernale de sollicitations médiatiques et publicitaires. La défaite contre la Belgique a souligné leurs risques pour la préparation à un match officiel. On a ainsi entendu avec retard des critiques sur un stage à Clairefontaine qui s'est apparenté en fait à une tournée des popotes que Willy Sagnol a ainsi décrite: "Nous avons consacré beaucoup de temps aux sollicitations des sponsors de l'équipe de France. On a connu une semaine VIP au lieu de vivre une semaine de préparation d'un match de football".


Ces doutes peuvent-ils être étendus à l'ensemble du cycle 2000/2002 de la sélection? Si cette dernière a globalement mieux survécu au régime des matches amicaux qu'avant 1998, avec des victoires mémorables, elle a également connu quelques polémiques sur ses déplacements en Afrique du sud, au Chili et en Australie, effectués pour des raisons essentiellement diplomatiques, physiquement et financièrement assez coûteux et sportivement décevants (deux nuls, une défaite). La participation à la Coupe des confédérations elle-même avait également été critiquée avant que la victoire finale et l'intérêt des tests effectués ne mettent un terme au procès. On a beaucoup entendu parler du "rôle d'ambassadeurs" des Bleus, et il se justifie amplement par les responsabilités contractées à l'égard du football français et international.



Il reste que ces obligations ont un prix. L'équipe de France a certes échappé aux pires dérives de la délirante tournée du cirque "Nike-Brésil" (entre 1994 et 1998), mais elle s'est inévitablement dispersée dans le déploiement promotionnel qui l'accompagne, pendant que ses futurs adversaires affûtaient leurs armes dans les éliminatoires… La pression médiatique ne se relâchera lors du séjour asiatique qu'au prix d'une bunkerisation dont on mesure déjà l'ampleur à Ibusuki, en même temps que l'hystérie médiatique suscitée par les champions du monde. Très loin de l'Europe, sauront-ils cette fois y survivre sans dommages?



On ajoutera à ces risques de dispersion le changement radical d'attitude du staff de l'équipe de France à l'égard de l'isolement des joueurs durant la compétition elle-même. S'il reste physiquement très strict, il n'en va pas de même pour les moyens de communication individuels. En 1998, Jacquet s'était affronté au désir de Bernard Lama d'alimenter son site en récits et en images de l'intérieur du groupe. Le blocus a volé en éclat puisque, par exemple, Marcel Desailly animera une émission quotidienne sur TPS et Infosport, et que Bixente Lizarazu alimentera en commentaires une boîte vocale accessible par téléphone. On sera curieux de voir si les sites des joueurs seront mis à jour depuis les résidences asiatiques du Club France.



Objections

Les joueurs étaient déjà très sollicités en 1998 et ils le furent un peu plus en 2000 (mais en terre étrangère). Dans les deux cas, l'environnement n'a pas eu d'incidence négative, l'équipe ayant parfaitement su se concentrer sur ces objectifs et faire abstraction du reste. C'est une qualité qui devrait lui bénéficier à nouveau en Corée et au japon, cette capacité à gérer les grandes compétitions ne pouvant que s'améliorer au fil du temps.


Le statut

Roberto Carlos, déjà chambreur, met le doigt sur un élément qui transparaît dans le chapitre précédent et dont nous avons pu mesurer l'importance au cours de la campagne amicale 2000/2002 : la motivation extrême des adversaires des champions du monde. " En 1998, la France avait l'obligation absolue de gagner son premier titre. Mais c'est son unique trophée mondial, contrairement aux pays que j'ai cités qui l'ont remporté plusieurs fois dans leur histoire. Cette année, tout sera beaucoup plus compliqué pour la sélection française. Ses adversaires seront beaucoup plus motivés pour la battre car elle débarque avec une étiquette de grand favori. Elle va connaître la pression qui a toujours marqué la sélection brésilienne. Et débuter un mondial dans ces conditions, ça n'a rien de facile, je vous le garantis".


On peut préciser à l'attention de Roberto qu'en 1998, l'équipe de France avait surtout pour mission de ne pas se planter, mais il est exact que l'envie de se taper les Bleus motive et transcende jusqu'à l'équipe nationale d'Andorre. Que deux des trois adversaires du premier tour sortent le match de leur vie, et nous voilà dans de beaux draps. Même une simple déstabilisation pourrait se payer plus tard dans la phase à élimination directe. Que dire alors de la motivation des plus grosses écuries?



Objections

Cette théorie peut s'inverser facilement. Pourquoi ne pas évoquer la crainte ou les complexes inspirés par une dream team? Le Brésil ou l'Allemagne ont bénéficié plus qu'à leur tour de ce genre d'inhibitions. D'autre part, la confiance accumulée avec les victoires, fût-ce avec autant de difficultés qu'en finale de l'Euro 2000, constitue un capital inestimable qui sera sans nul doute réinvesti cette année.


Quant à la pression, celle qui pesait en 1998 sur l'équipe du pays organisateur n'était pas négligeable, d'autant qu'elle était démultipliée par une vaste crise de confiance (même si ce dernier aspect a certainement joué en faveur d'un groupe qui s'est ressoudé face à l'adversité). En 2000, le statut de l'équipe de France n'était pas tellement différent d'aujourd'hui, elle était attendue au tournant par les revanchards et les aigris, et l'on a vu jusqu'où l'ont portée ses qualités morales.


La défense de son trophée ne peut donc pas constituer un handicap pour une équipe qui mesure bien ce qui l'attend, dont la vocation est de toujours repousser ses limites et qui tient d'autant plus à son titre qu'elle en connaît intimement la valeur.


L'usure

Elle est triple. L'usure d'abord d'une équipe vieillissante, surtout en défense. La balance entre l'expérience et les limites physiques de l'effectif risque de pencher du mauvais côté. L'usure surtout d'une saison épuisante pour la plupart des cadres, soumis à des enjeux et des calendriers démentiels dans leurs clubs respectifs. Il est impensable que cette charge ne pèse pas sur les chances de l'équipe de France, de plus en plus lourdement au fil des matches. Il est à parier que certaines équipes dont les effectifs ont connu en moyenne des saisons moins intenses tireront leur épingle du jeu. En tout cas, aucun postulant à la victoire finale ne pourra se passer de fraîcheur.
Enfin, une menace invisible plane sur les bleus, qui tient à une lassitude plus morale. L'envie de gagner n'est-elle pas nécessairement et inconsciemment émoussée chez des Bleus que le destin a constamment comblés, au risque de les blaser?

Objections

L'équipe de France a vieilli au meilleur endroit, c'est-à-dire dans son secteur défensif, celui qui nécessite le plus d'expérience. Mais comment ignorer en revanche l'extraordinaire juvénilité de son attaque, les cadets Henry et Trezeguet se voyant aujourd'hui rejoints par le minime Cissé? D'autre part, la solution la plus évidente à la fatigue est le turnover, et Roger Lemerre dispose pour cela d'un effectif exceptionnel en qualité et en quantité qui lui permet de doubler tous les postes et lui permettra de répartir les charges. L'équilibre général de l'équipe n'est pas menacé.


Les probabilités

On connaît bien l'argument qui fait grief aux Bleus d'avoir été excessivement vernis au cours des deux dernières compétitions internationales. Pour stupide qu'il soit (comment abolir la chance dans le football?), on ne doit pas ignorer que la probabilité de disposer une nouvelle fois de cette part de chance indispensable pour aller jusqu'au bout est vraiment faible. Comment croire en effet que la providence nous gâtera encore de montants sympathiques, de tireurs de penalty amateurs et autres miracles de dernière minute? pour cette raison, nous ne devrions raisonnablement espérer qu'une belle mort pour l'équipe de France, les armes à la main, quitte à pester contre ces moments où le destin a refusé obstinément de basculer.

Objection

Si le football était tissé de logique statistique, cela se saurait. A peine peut-on appliquer aux compétitions des martingales artisanales et pratiquer des formes de divination qui ont plus à voir avec l'ésotérisme qu'avec la rationalité. Une équipe dans laquelle Lilian Thuram marque un doublé en demi-finale de la Coupe du monde et qui revient au score à l'ultime minute d'une finale d'Euro n'a que faire des statistiques. Attendons-nous plutôt à d'autres invraisemblances, car rien ne résiste à une équipe qui détient la force (et Zinédine Zidane).


L'Argentine en huitièmes

L'argentine, ou l'Angleterre, ou n'importe quelle équipe capable de nous sortir prématurément du tournoi (c'est-à-dire avant la finale). On sait qu'à ce niveau les rencontres se jouent sur des détails, et il ne faut pas douter que plusieurs équipes présentes en Asie sont dans l'absolu capables de battre l'équipe de France. Une des principales menaces est donc simplement une défaite contre un adversaire qui aura été le plus fort.

Objection

C'est déjà arrivé à la finale de l'Euro 2000, et on a gagné quand même.


Conclusion

Selon le cliché en vigueur, le premier adversaire de l'équipe de France semble donc être elle-même. C'est dire que les hommes de Lemerre ont tout de même les cartes en main. Chacun appliquera ensuite sa propre hiérarchie des dangers qui la menacent, car ils ne sont pas négligeables…

 

Réactions

  • Raul le 22/05/2002 à 10h17
    exactement lien puis ce délire avec cissé...Franchement la france devrait envier l'espagne avec joaquim et luque...

  • ibrahima bakayoko le 22/05/2002 à 13h57
    Je préféres Cissé à Luque. Enfin c'est un choix de joueur, c'est difficile vu leur façon de jouer...
    Mais bon le principal probléme de l'EDF c'est pas les joueurs de l'Argentine ou de l'Espagne, c'est les problémes physiques des siens, si après Pires on perd Henry on est mal tout de même

  • El mallorquin le 22/05/2002 à 15h58
    Raùl, la différence entre la France et l'Espagne c'est qu'avec Luque, vous, vous le sélectionnez votre Darchevile ! :-)))))

    Leo, je suis un peu la Liga, et je sais très bien que Valeron est excellent, mais il est aussi irrégulier, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il ne joue jamais un match entier avec le Depor...

    Pour Del Piero, c'est la position de ce joueur qui fait que je ne l'ai pas cité. Mais je veux bien le mettre parmi les mecs talentueux et en forme du moment. Au passage, j'ai glissé Pauleta au milieu de Trézéguet, Zidane et Raul, juste pour voir, et ça n'a l'air de gêner personne... ça le fait bien en fait ! :-)))

  • Louis II le 22/05/2002 à 16h11
    Sur Pauleta, j'ai failli réagir et je me suis dit "bah si ça lui fait plaisir" ;-)))

  • ZZ le 22/05/2002 à 16h38
    Piem, sur le fait de jouer à la maison ou à l'extérieur, j'ai tendance à penser que ça ne joue pas pour les sélections... Certes, il y a l'aspect public mais je crois que ce qui prévaut dans le fait de jouer à la maison, c'est l'aspect, "j'ai mes repères sur le terrain", ce qui ne me semble pas réellement applicable à une sélection... enfin c'est une hypothèse..

La revue des Cahiers du football