En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Mauvais sort

Étude de cas : comment prépare-t-on la Coupe du monde au sein de L'Équipe? Début de réponse avec l'inventaire des procès d'intention, affûtages, insinuations et autres approximations dans l'édition du matin de France-Chypre.
Auteur : Grégory Rayko le 17 Oct 2005

 

L'Équipe, objet du dossier central de notre numéro 19, s'attache toujours à illustrer la plupart des tendances dont nous n’avons cessé, depuis des années, de nous esbaudir. Grâces en soient rendues au quotidien de référence. Le numéro paraissant le matin d’un match décisif des Bleus catalyse souvent les instincts éditoriaux les plus profonds du journal. Celui de ce 12 octobre n’a pas échappé à la règle…

lequipe_chypre


Une "Une" à tiroirs
Si les injonctions guerrières barrent régulièrement la première page de L'Équipe, celle du jour est particulièrement tranchante: "Qu’on en finisse!", réclame le quotidien, apparemment las de voir les Bleus disputer des qualifications interminables. Sauf que la photo illustrant cet appel au massacre des Chypriotes représente un Zidane en nage, l’air soucieux, voire effrayé. Suite à la prestation en demi-teinte du capitaine français trois jours plus tôt en Suisse, on croirait presque que le journal, après s’être moult fois réjoui du retour du Messie, réclame désormais la destruction de l’idole…



Un édito sinistre et approximatif
C’est donc déjà l’âme inquiète que l’on découvre la page 2, laquelle recèle un édito qui annonce la couleur dès son titre à consonance apocalyptique : "Gagner… et prier". Certifiant que des huit groupes de qualification "celui de la France était le moins relevé", l’anonyme éditorialiste balaie d’un revers de plume toutes les explications aux difficultés rencontrées par les Bleus lors de leur parcours, ciblant sans le nommer le sélectionneur, apparemment coupable de tous les maux. On sent déjà que la lame de la guillotine commence à être affûtée… Car, enfin, Domenech n’aurait-il pas pu connaître le règlement concernant la différence de buts et mettre une vraie pilée aux Feroé, ce qui nous aurait épargné, mercredi soir, d’être suspendus au résultat des Suisses à Lansdowne Road? Bizarrement, le journal ne rappelle guère sa propre incapacité à comprendre ledit règlement, dont il avait donné plusieurs versions différentes au cours des jours…

Pis, ce même édito illustre à quel point l’information circule mal au sein de la rédaction: si elle atterrit en barrages, la France risque, explique l’auteur, de tomber sur des adversaires redoutables comme les Espagnols ou les Tchèques. Une éventualité pourtant impossible puisque les camarades de Zidane comme ceux de Raul ou de Rozehnal seraient têtes de série en cas de barrages… ce que L'Équipe a déjà rappelé hier et répète encore aujourd’hui sur la même page que l’édito! Celui-ci se termine sur une note menaçante, sur le thème "Bon, concentrons-nous quand même sur le match de ce soir. Demain, on s’occupera des vraies questions". Comme par exemple de savoir si le retour des anciens, salué par une campagne de presse hystérique, ne devrait pas être considéré comme un élément à décharge pour le procès de Domenech qui s’annonce? Il est permis d’en douter, ne serait-ce qu’à la lecture du passage indiquant que la qualification, si qualification il y a, sera à mettre au crédit du Seigneur: "Si Zinédine Zidane est revenu, c’est bien pour ça".


L’interview qui met fin à une rumeur inconnue
Suit une interview de Lilian Thuram, qui répète sur tous les tons à un journaliste apparemment mal comprenant qu’une obscure rumeur annonçant son départ des Bleus dès la fin des éliminatoires était complètement infondée. Merci à L'Équipe de faire courageusement toute la lumière sur cette éventualité dont bien peu (à moins de lire et de croire Le Parisien) avaient entendu parler… Au passage, on en apprend un peu sur la manière dont une information peut être déformée en un tour de main: le défenseur de la Juve aurait confié à "un ami" sa crainte d’arriver cramé au Mondial à la fin d’une saison qui s’annonce déjà longue en club et à laquelle viennent se greffer quelques matchs en sélection. L’ami mystère en question se serait empressé de transformer cette discussion anodine en annonce du départ de Thuram au lendemain du match de ce soir… Ou alors une "oreille indiscrète" aurait intercepté cette conversation et donné naissance à cette rumeur inaudible, mais qui justifie quand même une interview pleine page de neuf questions…


Passé, avenir, et grandes envolées
Page 3, Vincent Duluc se fend d’un article comme toujours bien tourné, mais qui commence et s’achève comme souvent par des métaphores qui donnent dans le lourd et la facilité: "La science progresse, le suspense demeure" et "La France doit oublier les problèmes en espérant que demain il fera jour". Bref, on verra demain s’il faut encore sombrer dans la nostalgie. Didier Braun est d’accord, qui annonce que Dhorasoo est à Zidane ce que Tigana était à Platini.


Le vrai danger
Page suivante, après un article consacré à la réorganisation tactique impulsée par la titularisation de Govou et le placement de Wiltord à gauche (sans un mot pour l’animation côté gauche d’une équipe privée de gauchers), L'Équipe met enfin en évidence les vraies retombées d’une non-qualification de la France: TF1, qui a misé près de 120 millions sur le Mondial, y perdrait gros. Après avoir déjà interviewé Le Lay la veille, le journal sonne à nouveau le tocsin. La première chaîne du pays risque de perdre de l’argent si les Bleus sont éliminés! Que faire? Heureusement, l’auteur de l’article, psychologue, conclut magnifiquement: "Mieux vaut que les Bleus n’y pensent pas et balaient avec insouciance le dernier obstacle sur la route du Mondial". On ne saurait mieux dire.


101%
Zidane disait avant la Suisse se sentir "à 100%". Cette fois, annonce-t-il au bon peuple, il va "beaucoup mieux". Ça commence à faire beaucoup, même pour lui. Dans une interview très consensuelle, L'Équipe trouve quand même le moyen de découvrir une pseudo querelle entre le capitaine et le sélectionneur: à la question de savoir si la France sera plus offensive contre Chypre que samedi en Suisse, Zidane répond que les Bleus joueront "avec un seul milieu récupérateur et deux attaquants". Or, remarque Joël Domenighetti page 4, il n’y aura pas vraiment un seul récupérateur, puisque Dhorasoo peut être considéré comme le remplaçant poste pour poste de Makelele; et il n’y aura pas vraiment deux attaquants, puisque Cissé jouera en pointe et sera soutenu par Wiltord et Govou. Zidane et Domenech ne seraient donc pas sur la même longueur d’ondes! Mais, assure affablement le journaliste, il ne faut pas forcément y voir "une nouvelle divergence de point de vue entre les joueurs et l’entraîneur". Admirable exercice de passe-passe, qui suggère à partir de rien un désaccord entre "les joueurs" (Zidane se conjuguant au pluriel) et l’entraîneur là où il n’y en a guère, pour immédiatement l’écarter…

Bref, L'Équipe comme on l’aime, entre approximations, vacheries, sens des priorités quelque peu original et préparation d’une énième Saint-Barthélemy – qui reste possible avec la qualification. À ne pas manquer, donc.

Réactions

  • houbahouba le 18/10/2005 à 17h18
    Donc d'après Cheyenne, les journalistes ont sorti volontairement leur enquête après pour défendre les intérêts du groupe.

    Et quand le journal explique que ce timing est lié à la nécessité de vérifier et recouper les informations, on nous ment ?

    Bref, tout ce qui est écrit dans l'Equipe n'est que dans un but mercantile pour "doper" les ventes et diriger par les éminences grises du groupe Amaury.

    La vérité est peut-être ailleurs....entre les deux : on sort l'affaire au meilleur moment pour les ventes ET une fois qu'on est sûr que tout a été vérifié et revérifié, non ?

  • houbahouba le 18/10/2005 à 17h19
    "dirigé" voulais-je écrire !

La revue des Cahiers du football