L'OL chante l'international
En entrant en bourse et en s’offrant un costard européen, l’Olympique lyonnais doit retourner sa veste. Et reconnaît qu’avoir des internationaux dans son effectif, finalement, ça peut avoir quelques avantages…
Auteur : Sylvain Zorzin
le 12 Fev 2007
Les courtiers et autres "brokers" seront étonnés de cette nouvelle, mais le premier bénéficiaire de l’entrée en bourse de l’Olympique lyonnais – ou plus précisément de l’OL Groupe –, effective depuis vendredi dernier, pourrait être… l’équipe de France. L’information surprendra aussi tous les autres, qui ont encore en tête les déclarations des dirigeants du club lyonnais accompagnant la sélection en équipe nationale des joueurs de leur effectif... Et notamment les cris d’orfraie qui avaient suivi "l’affaire Abidal": disputant un match avec l’équipe de France en novembre 2005, à Fort-de-France, le joueur s’était blessé, provoquant les foudres de l’OL, qui avait menacé de poursuivre la FFF et réclamé des dédommagements pour la "libération" de ses internationaux (lire "Fractures impayées").
Ce discours, soigneusement rodé depuis, avait pour ambition de faire passer l’OL du rang de grenouille à celui de bœuf meuglant avec le G14, dont les clubs revendiquent l'entière propriété des joueurs, ne voyant dans la sélection en équipe nationale qu’une occasion d’accumuler de la fatigue, de se blesser, et évidemment de ne pas être disponible pour le club.
En entrant en bourse, donc en affirmant concrètement son désir de ressembler aux "grands d’Europe" – car ce n’est pas encore son palmarès européen qui lui permettrait de prétendre à un tel statut –, l’Olympique lyonnais pouvait-il décemment continuer à avancer de tels arguments? En franchissant ce palier, allait-il encore se frapper sur le torse pour imiter les grands fauves continentaux?
Les voyages forment la jeunesse
Non, évidemment. Et c’est ainsi que dans le document publié par l’Autorité des marchés financiers (AMF) lors de l’introduction de l’OL en bourse, on découvre un paragraphe intitulé "Un club de football doté d’un effectif de classe internationale". Oubliant "les conditions difficiles pour la santé des joueurs" (Jean-Michel Aulas, avant le match des Bleus en Martinique, en 2005), l’OL affirme bénéficier "d’un groupe de joueurs professionnels dont la plupart sont des internationaux jouant dans sept équipes nationales (Brésil, France, Portugal, Suisse, Suède, Norvège et Algérie)". Un handicap? Pas vraiment: "La Société considère que cet effectif devrait lui permettre de pérenniser les succès des saisons passées dans les compétitions nationales et de poursuivre sa progression dans le cadre des compétitions européennes" – on note que chaque mot vaut ici son pesant de cacahuètes.
Le document recense ainsi les équipes concernées – équipe A, mais aussi Espoirs, sélection des 20 ans et des 19 ans –, n’hésitant pas à dresser la liste des joueurs capés. Conclusion délicieuse au regard des déclarations passées, le dernier point souligne que "les quatre joueurs recrutés en début de saison 2006-2007 en dehors du centre de formation de l’OL sont tous des internationaux: Squillaci (France), Diarra (France), Källström (Suède), Toulalan (France)".
Il paraît désormais difficile que l’OL poursuive, après la publication d’un argumentaire aussi enflammé, sa campagne de dénigrement. Reconnaissant officiellement les bénéfices que peuvent retirer ses joueurs d’un appel en sélection (gage de qualité, expérience, sans oublier les avantages financiers – contrats de sponsoring ou primes à la revente), l’Olympique lyonnais a simplement et purement publié une déclaration de foi. Un refrain à inaugurer au stade Gerland: l’OL soutient l’équipe de France!
Document de l'AMF à consulter (PDF, 1,5Mo).