"L'OL, c'est comme Meetic"
Impressionnés par l'hommage à RLD au Vélodrome, imaginons – dans un futur aussi lointain que possible – l'oraison funèbre de JMA.
Auteur : Sylvain Zorzin
le 24 Sept 2009
G. Lague-Honoré, n°2 d’OL Groupe, a rendu un dernier hommage à Jean-Michel Aulas.
« N’est-ce pas la plus belle preuve d’amour rêvée? Près de trente mille personnes ont souhaité te rendre un dernier hommage, Jean-Michel, et se sont réunies en ce samedi soir au stade de Gerland – oui, appelons encore cette enceinte "Stade de Gerland" car ton successeur l’a depuis bien trop peu de temps rebaptisée "Bernard Lacombe Arena" pour l’on use de ce nouveau nom. Gerland, ô Gerland, c’est ici que tu as frémi, Jean-Michel! Oh, c'était bien silencieusement, si discrètement. Comme tu semblais insensible, alors, à la victoire comme à la défaite – j’ai encore en tête les paroles de Pape Diouf: “C’est quand je lui ai serré les quatre extrémités ordonnancées selon une horizontalité homogène de la main que j’ai pensé: ‘Tiens, j’ai oublié de faire mes courses chez Picard’.” En fait, Jean-Michel, je crois qu’il a fallu que tu sois, une fois, victime d’une crise d’épilepsie tandis que ton téléphone vrombissait dans la poche de ton imperméable, pour que tu vibres une fois dans ce stade.
Car enfin, eh bien oui, comment ne pas être épileptique, devant les crapuleries des arbitres? Ne t’ont-ils pas enlevé tellement de points qu’on aurait dit Daniel Moreira après un an de sutures? Et n’y avait-il pas de quoi palpiter de rage quand on t’expliquait que le libéralisme s’accompagnait de lois, toi qui as laissé si souvent Sidney Govou partir seul en boîte de nuit? Oh, oh, je sais bien que nous sommes tous ici recueillis dans un esprit œcuménique, de paix – il y a même là-bas Tony Chapron qui souhaite évoquer un souvenir gentil. M. Chapron, vous avez quelque chose à dire?
― Un jour, M. Aulas m’a offert un tee-shirt de l’OL griffé à mon nom. Je ne savais pas que ce serait au sens propre.
― Merci, M. Chapron.
Un président à la coule
Mais ne fallait-il pas rappeler l’audacieux biznessman que tu fus, Jean-Michel, toi qui demeureras un incroyable épigone de R. L.-Dreyfus (pour le sens des affaires)? Tout ça, c’est toi: OL Boissons (confié à ta fille Debbie), OL Coiffure (d’où le surnom de "peignes à jouir" dont on affuble parfois les supporters lyonnais) ou encore OL Taxis, qui fut le seul moyen d’emmener tes joueurs aux portes de la finale de la Ligue des champions. Et enfin OL Land, qui aurait pu être le projet de ta vie si la municipalité n’avait échu au président Jean Sarkozy, qui a préféré y bâtir un logement de fonction pour les enfants d’Hervé Gaymard et de Jean-François Copé. "OL Land, l’autre pays du fromage!" avait même dit un journaliste quand il t’avait vu aussi coulant avec les autorités municipales.
Enfin, oublions nos querelles, nos calculs, et regardons plutôt tous ensemble dans cette direction, Jean-Michel, regarde la tribune officielle: là-bas, découvre ces banderoles, où nous avons reproduit ces mots de trois lettres dont tu étais si friand: JMA (bien sûr, tes initiales! Celles qui t’ont valu le surnom de "HiroJMA" tant des déclarations télévisuelles faisaient l’effet d’une bombe), CSP (que tu espérais toujours ++), PSG (où tu aurais fait aussi bien qu’à Lyon, tout le monde le sait), ou encore G14 – et là, je me rappelle encore ce que me disait ta tendre compagne: "Avec toutes ses réunions, Jean-Michel multipliait les points G14; s’il y en avait eu 13 de moins, ça m’aurait bien arrangée".
L’heure de passer à la caisse
Alors savourons cet hommage, avec tous les gens à qui tu as donné une raison de vivre: journalistes, psychiatres, marchandiseurs de bonne aventure, actionnaires d’Eurotunnel. Monsieur, vous êtes actionnaire d’Eurotunnel. Vous avez quelque chose à dire?
― Oui, quand on croisait des actionnaires d’OL Groupe, enfin on rencontrait des gens qui nous ressemblaient, c'était incroyable. L’OL, c’est un peu comme Meetic.
Mais fi des honneurs lyriques, et place au show! Qu’entre ici ton OL Cercueil – ce n’est peut-être pas le Panthéon, mais tu resteras pour nous le monument que Lyon avait attendu. Et puis, voir un cercueil ici, c’est plutôt une bonne nouvelle: pour les spectateurs habitués à huer le moindre match un peu plus fade que d’habitude, voilà qu’ils découvrent un spectacle avec du contenu! »