Pour fêter un championnat qui lâche les chevaux, le Feuilleton se fend d'un épisode qui mêle habilement analyses partiales, traits d'esprit grossiers et images racoleuses.
La morale générale
Voir Monaco, Marseille, Lyon et Bordeaux dans le quatuor de tête du championnat à une dizaine de journée de la fin n'était plus arrivé depuis de longs mois. La faillite des gros, tant de fois dénoncée, semble bien devoir marquer une pause en cette saison de résurrection pour les plus sudistes d'entre eux. Monaco et Marseille semblent en effet profiter d'une continuité dans la gestion de l'effectif et de la compétence de deux managers efficaces. Ces deux effectifs n'ont pas eu à subir la pression inhérente aux clubs qualifiés en Coupe d'Europe. Que l'OL, mais surtout les Girondins, reviennent ainsi dans la course aux places européennes en ce début de mois de mars est sans doute, pour partie, la conséquence de leur élimination précoce en coupe d'Europe.
Quoi qu'il en soit, rien n'est véritablement joué. Certes, Monaco, l'OM et Bordeaux carburent aujourd'hui à un rythme de champion potentiel, mais la victoire à trois points rend les retournements de situation tout à fait plausibles, dans des périodes relativement courtes. Il reste ainsi dix journées de championnat à disputer. Pour rappel, il y a dix journées, Bastia était 15e avec 21 points et les Girondins 13e avec 23 points. Aujourd'hui 11e avec 42 points et 4e avec 46 points, ces deux équipes ont donc engrangé en 10 rencontres autant de points qu'ils n'en avaient pris lors des 18 précédentes. À l'inverse, Guingamp, alors 3e avec 31 points est aujourd'hui dans le ventre mou du championnat…
Comme l'indiquait Elie Baup au micro de Canal Plus samedi soir, les clubs de L1 "sont dans la montagne, les contre-la-montre se dérouleront lors des quatre derniers matchs". Ce n'est pas forcément très explicite, mais on comprend quand même l'idée…
José Aloisio et sa façon très personnelle d'exprimer sa joie avec ses coéquipiers. |
Le plan serré : Auxerre dévisse
Chaque journée étant l'occasion d'un écrémage provisoire, la victoire de Lyon à Auxerre semble également produire l'effet d'un couperet (un Grégory couperet) en faveur des Rhodaniens, tandis que les Bourguignons sortent très affaiblis d'une semaine décisive et d'un mois de février qui les a vus perdre trois fois consécutivement à l'Abbé-Deschamps (face à Nantes, Liverpool et Lyon)… On a presque l'impression que Guy Roux cherche à avoir raison contre tous, acharné à convaincre ses propres joueurs et les observateurs que son équipe n'est pas si bonne que ça. Privée de Kapo depuis plusieurs semaines, l'AJA n'a pas réussi à passer la vitesse supérieure, à l'image d'un Cissé très énervé, isolé en attaque voire dans le groupe si l'on en croit le peu d'empressement de ses coéquipiers à venir le féliciter après son but (mais ceci est une vilaine spéculation).
La revanche des entraîneurs
La grosse difficulté pour les journalistes spécialisés avec ce championnat, c'est qu'ils ont toutes les peines du monde pour trouver des "fenêtres de tir" afin de pointer leurs missiles sur les ambulances. En effet, à peine croit-on qu'un entraîneur en difficulté va passer à la trappe sous le coup d'un ultime échec, qu'immanquablement son équipe entame illico un redressement plus ou moins durable. Cette saison, outre Luis Fernandez, cas trop particulier, Paul Le Guen, Elie Baup et Didier Deschamps ont ainsi flirté avec la guillotine médiatico-sportive, ont été l'objet de multiples campagnes de dénigrement mettant directement en doute leurs capacités de techniciens. Non seulement ils y ont échappé, mais les deux derniers cités ont même réussi à inverser complètement la tendance pour figurer aujourd'hui parmi les favoris pour le titre, reléguant aux oubliettes quelques articles trop vite écrits, et remisant un plus grand nombre encore de nécrologies et d'autopsies. Tout aussi ironiquement, force est de constater que leurs équipes produisent actuellement le jeu le plus brillant et le plus crédible depuis le début d'année…
Tony Vairelles a tendu le cou pour écouter l'hommage à Albert Batteux, un autre footballeur aux jambes arquées |
La peur d'être champion
Dans un registre qui ressemble parfois à celui de son collègue auxerrois, Alain Perrin commence à être fatiguant avec son discours systématiquement modérateur quant aux ambitions de l'OM. Ses interminables variations sur la moyenne anglaise et le goal average sont autant de tentatives de noyer un poisson qui ne bouche pas le Vieux Port. D'une manière assez absurde, ce sont les contre-performances de son équipe qui apportent de l'eau à son moulin... L'impuissance offensive des Marseillais à Strasbourg a ainsi ramené l'ASM à leur hauteur et permis à Perrin d'affirmer "je sais que Monaco est plus fort que nous" (L'Equipe). On comprend bien qu'il désire que les esprits ne s'échauffent pas trop, histoire de préserver la concentration et la cohésion de son groupe, mais ce manque d'ambition (ou d'affichage des ambitions), tout à fait dans l'air du temps, est assez significatif d'un championnat où c'est la peur qui domine, fût-ce la peur de gagner. À croire que les joueurs se font taper sur les doigts quand ils déclarent viser le titre. Alors le titre est comme une patate chaude que les entraîneurs se refilent, chacun désignant l'autre comme le favori. On se souviendra même d'un Luis Fernandez déclarant à l'automne qu'il valait mieux ne pas être trop tôt en tête… Mieux vaut tôt que jamais.
Seule exception : Didier Deschamps admet avoir la première place pour objectif… La chance sourira-t-elle à l'audacieux?
Peguy Luyindula, victime d'une explosion de foufoune lors d'un cunnilingus. |
Les observations en vrac
Après la passe aveugle de Ronaldinho, la frappe de sourd de Stéphane Pedron.
Le Montpelliérain Mansaré a marqué sur sa première occasion contre Guingamp. Bernardet a menti : en fait, il est déjà allé à Lourdes.
Il est vilain et n'a servi à rien. Pour les esprits mal placés, il s'agit du premier but lillois en 2003, et non de l'attaquant nordiste Djezon Boutoille.
Pour porter chance à son équipe, Elie Baup jette ses pilules anti-stress sur la pelouse de Lescure. Il ferait mieux de les donner à David Jemmali.
En fait, il y a un Brésilien au Racing Club de Strasbourg.
Les Parisiens avaient quelque chose derrière la tête. |
La prémonition
Jérôme Alonzo (Le Parisien) : "Quand on arrive au stade et que le bus est caillassé, on se dit :"Waouh, on va vivre une belle soirée de football"".
La crise d'épilepsie
Jérôme Alonzo (Le Parisien) : "C'était affreux. Il se passait plein de choses dans ma tête. J'avais de la tension plein les ongles. Dans la première demi-heure, j'étais tétanisé".
La question
La coupe afro de Charles-Edouard Coridon, c'est pour célébrer la sortie du nouvel album de Ben Harper?
En fait, Ronaldinho n'est pas un fanatique du carnaval de Porto Alegre, mais du Forum social mondial de Porto Alegre, d'où son surnom de Ronaldinho Gaucho. |
La vengeance fruitière
Plus de deux ans après avoir été blessé par une orange lancée depuis les tribunes, Adam a balancé une grosse prune dans les filets du Parc.
Le don d'ubiquité
Luis Fernandez : "Mes yeux ils sont là devant moi".
La déclaration intéressante
Rudy Riou (C+) : " Ça c'est très bien passé à partir du moment où je n'ai pas pris de but".
La déclaration tendancieuse
Grégory Coupet, avant Auxerre-Lyon (L'Equipe) : "On paierait pour repartir d'Auxerre avec un résultat identique à celui de l'an dernier". Alors? Finalement, ça a coûté combien à Jean-Michel?
La déclaration militante
Jean-François Domergue (L'Equipe) : "On est entrés en résistance par rapport aux choix de Gérard Gili". Sa décision de déporter Lilian Laslandes sur l'aile droite?
Le commentaire moyennement maîtrisé
Alexandre Ruiz (C+) : "La main est complètement intentionnelle, complètement involontaire, il n'y avait donc pas penalty".
Le néologisme
Guy Lacombe (C+) : "Bordeaux nous a fébrilisés".
Vie des bêtes : un spécimen rare de grand gorille gobeur de mouche. |