Le Portugal, à juste titre
Matchbox : Portugal – R. Tchèque : 3-1. Les Portugais sont gais. A juste titre, puisque les premiers qualifiés pour (...)
Auteur : Olivier Tomat
le 12 Juin 2008
Buts : Deco (7e), Ronaldo (64e), Quaresma (90e+1) ; Sionko (18e)
La nalyse
Les Portugais sont gais. A juste titre, puisque les premiers qualifiés pour les quarts, et en position de pouvoir faire tourner pour le troisième match contre les Suisses. Sans afficher la maestria collective des Espagnols ou l’élégance débridée des Néerlandais, les coéquipiers de Cristiano Ronaldo – qu’on sent soit dit en passant extrêmement concentré sur cet Euro, au risque probablement de tendre à une épure supérieure de son jeu - donnent au contraire l’impression d’une montée en puissance programmée.
Corollaire: tout est loin d’être parfait. Si le jeu collectif articulé autour de son trident axial Petit-Moutinho-Deco semble se polir match après match, si le niveau technique de ses individualités lui permet de constituer un danger permanent, il manque très nettement pour le moment à cette équipe portugaise la capacité à ne pas desserrer son étreinte. Résultat : après avoir rapidement concédé l’ouverture du score par un superbe triangle Ronaldo-Gomes-Deco, les Tchèques, en nets progrès comparativement au premier match, sont revenus tout aussi rapidement sur leur premier coup de pied arrêté significatif, et la reprise d’avantage portugaise est à la fois précédée d’une occasion très nette et suivie d’une période significative de domination de la part de leurs adversaires.
Reste que Scolari va pouvoir préparer tranquillement son quart contre la Pologne ou la Croatie en s’appuyant sur un certain nombre de certitudes. La République Tchèque, quant à elle, dont le niveau reste encore à déterminer, pourrait bien jouer sa qualification contre les Turcs aux tirs aux buts.
Le joueur à suivre
Anderson Luis de Souza, dit Deco : Mars 2003. Alors au sommet de son art avec le Porto qui va embraser l’Europe deux années consécutives, le milieu axial brésilien fait ses grands débuts en équipe du Portugal et terrasse symboliquement le grand frère sud-américain. Le monde crie au génie. Limité dans son envergure et son emprise sur le jeu par le grand Barcelone, ramené à l’ordinaire, pour dire le moins, puis prié d’aller voir ailleurs cet été par le petit Barcelone, on semblait devoir se résoudre à ranger Deco dans la catégorie embouteillé des très-bons-qui-auraient-dû-devenir-grands. Démenti cinglant sur cette partie, une emprise sur le jeu déterminante, une palette technique et une empreinte stratégique comme aux plus beaux jours. Et un soupir de soulagement pour tout le monde, adversaires exceptés.
Le joueur qu’on aurait aimé suivre, mais il ne reste que des traces imperceptibles à l’œil nu.
Milan Baros, dit Milan Baros : le rush somptueux de la 35ème minute a pu laisser croire l’espace d’un instant à la résurgence. Celle du meilleur buteur de la dernière édition, celle de l’incarnation archétypale de cette génération tchèque bourrée de talent, d’audace et de vitesse, celle d’un talent qu’on pressentait délicieux et qui ne laissera d’un arrière goût amer. Cassé par les blessures longue durée, noyé à Lyon, puis échoué à Portsmouth, Milan Baros aligne désormais les parties sans saveur ponctuées de coups d’éclat de plus en plus rares. Le reste de son match, entre absences interminables et maladresses déprimantes, s’inscrira dans cette lignée. Requiescat in pace.
Les quatre gestes du match
• La talonnade en remise savamment dosée pour échapper à l’interception du défenseur de Nuno Gomes sur le premier but.
• L’ouverture dos au but sur la droite d’un coup de talon subtil de Cristiano Ronaldo.
• Le 180° amorcé dos au but et ponctué d’un enchainement gauche-droite-gauche sans que le ballon ne bouge pratiquement de Nuno Gomes.
• La prise de balle à 60 mètres côté droit, accélération, évitement du tacle du défenseur central, enchainement crochet intérieur-crochet extérieur dans le même pas, et centre, malheureusement contré : la tournée d’adieu de Milan Baros.
Les observations en vrac
• Ça se voit de plus en plus que Rozenhal a joué à Paris.
• Ça se voit de moins en moins que Plasil a joué à Monaco.
• Dans cette équipe tchèque, la vieillesse n’est pas tant un naufrage qu’une crevaison lente.
• Sérieusement, Simao Sabrosa?
• Combien de joueurs de la sélection Scolari est-il en train d’envisager de rapatrier à Londres?