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Le coup des sifflets

Contrairement à France-Algérie 2001, les sifflets contre la Marseillaise, vendredi soir, n'ont pas suscité de tsunami médiatico-politique. Pourquoi une telle différence de traitement? Et à quoi sert donc la loi censée punir sévèrement les siffleurs?
Auteur : Étienne Melvec le 20 Nov 2007

 

Vendredi soir au Stade de France, l'hymne national français a été sifflé par une partie des spectateurs. Dans quelle proportion de ces spectateurs? Impossible de le savoir: le phénomène des sifflets de tribune a ceci de particulier qu'une minorité peut faire beaucoup de bruit – d'autant que les observateurs ne manqueront pas de suggérer que c'est le public entier qui a sifflé. Devant un poste de télévision, l'évaluation est rendue encore plus aléatoire du fait que, selon la position des micros d'ambiance et la balance effectuée par le réalisateur, l'impression peut varier significativement.

maseillaise_framar.jpg

L'ombre de France-Algérie

Il reste ce constat : la Marseillaise a été sifflée. Cet incident, et ce France-Maroc tout entier dans les jours le précédant, ont été implicitement placés sous le signe du France-Algérie d'octobre 2001. Ce jour-là, les sifflets avaient préludé à un envahissement de terrain et à l'arrêt du match... et surtout, à une récupération politique massive qui lança le sprint vers l'élection présidentielle de 2002 et confirma le thème de l'insécurité (étroitement associé à celui de l'immigration) comme l'axe majeur du scrutin. La disproportion entre la gravité réelle des faits (un match amical interrompu par des idiots pacifiques qui voulaient passer à la télé) et l'interprétation délirante qui en avait été faite n'avait pas choqué grand monde à l'époque, tant l'ambiance était à une joyeuse stigmatisation des jeunes / issus de l'immigration / musulmans / de banlieue (rayez la mention inutile).

L'événement avait immédiatement donné lieu à un délire médiatique et politique (lire "Drame mineur sous les projecteurs"). Quelques mois plus tard, au lendemain de la présidentielle, Jacques Chirac quittait, outragé, un Stade de France où résonnaient les sifflets corses. C'était avant le début de la finale de la Coupe de France opposant Lorient et Bastia (lire "La république et les sifflets").


Laporte, Larqué, Le Pen

Alors, qu'est-ce qui a changé aujourd'hui, un mandat présidentiel plus tard, pour faire en sorte que les sifflets de vendredi n'ont pas du tout eu les faveurs de l'actualité et du personnel politique? Bien sûr, il n'y a pas eu d'envahissement de la pelouse cette fois, mais compte tenu de la sensibilité patriotique actuelle, quelques réactions étaient tout de même attendues. On peut ainsi interpréter comme une volonté de discrétion cette façon qu'a eue TF1 d'annoncer une tentative d'intrusion sur la pelouse par la voix de ses commentateurs, sans la montrer à l'image. Le Monde nous apprend qu'un rideau de CRS s'est déployé derrière les stadiers pour prévenir des velléités d'envahissement en début de rencontre.
La mayonnaise n'a pas pris. Bernard Laporte, arrivé en retard, n'a "rien vu". Jean-Marie Le Pen a dû suivre le match d'un œil, puisqu'il l'a évoqué à l'occasion du congrès du Front National: "L’ambiance est chaleureuse. Cela nous change des sifflets entendus durant la Marseillaise avant le match France-Maroc" (Le Point). De la petite bière à côté de ce que Jean-Michel Larqué a lâché en direct, basculant d'un coup Chez Francisque (1): "Ce sont les mêmes qui vous disent, s’ils sont pris en flagrant délit, qu’on ne les respecte pas". Cette phrase en soi, proférée aux oreilles de sept millions de Français, aurait largement mérité débat.

On ne va évidemment pas regretter qu'il n'y ait pas eu plus de désordre et de récupération, mais c'est la différence de traitement qui est significative. D'autant que personne ne dépasse l'indignation convenue pour essayer de trouver les raisons qui font de la Marseillaise une cible pour les siffleurs et leur fronde idiote (2). Cela aurait pourtant constitué une alternative intéressante aux stéréotypes et au moralisme de rigueur.


Loi anti-siffleurs

En tout cas, une chose nouvelle est apparue au cours de ces six ans: la loi qui sanctionne ces comportements, promulguée à la suite des incidents de Bastia-Lorient, et qui prévoit jusqu'à six mois de prison et 7.500 euros d'amende pour les fautifs. L'occasion était donc belle de la mettre en application... Mais comment, au fait? En utilisant les images de vidéosurveillance pour procéder à des arrestations massives en tribunes? Ou seulement à des interpellations ciblées (par exemple de ceux qui sifflent le plus fort)?
Ce n'est pas la première fois que le gouvernement, au cours des dernières années, édicte des lois inapplicables ou qui se trompent d'objet, mais qui permettent d'occuper le terrain médiatique tout en flattant la demande de leur électorat (aussi inepte soit la solution proposée). La législature au service du marketing politique, en quelque sorte.

En l'occurrence, il semble que pénaliser ce geste n'a fait que renforcer sa séduction et son efficacité symbolique. De toute façon, le but n'est pas une seconde d'empêcher les sifflets, mais d'en faire commerce sur le marché électoral... Aujourd'hui, on n'a pas jugé utile de sortir les grandes orgues pour dramatiser cet incident. Attendons l'organisation d'un match amical contre la Tunisie pour voir si le contexte se prête, de nouveau, à l'exploitation politique du moindre débordement.


(1) "Chez Francisque", BD de Larcenet et Lindingre qui fait la chronique d'un bistrot dans lequel le racisme et la connerie sont eux aussi décomplexés (Tomes 1 et 2, éditions Fluide Glacial).
(2) Autre éminent sujet d'enquête : pourquoi Anelka a-t-il été à ce point acclamé quand tous ses partenaires étaient hués indifféremment?

Réactions

  • suppdebastille le 20/11/2007 à 18h33
    "AntoineT
    mardi 20 novembre 2007 - 17h53

    le "pauvre" gouvernement, qui pour une fois a fermé sa gueule (ce que l'auteur doit apprécier vu qu'il fustige la récupération des sifflets de France-Algérie), se prend une volée de bois vert parce qu'il n'a pas appliqué une loi pourrie promuluguée il y a quelques années. Si le gouvernement avait réagi, l'auteur aurait râlé. Le gouvernement ne réagit pas, l'auteur lui en fait le reproche. Quoiqu'il fasse, le gouvernement a faux...

    Qu'aurait il dû faire pour recueillir l'approbation des CDF ?"

    Les Cdf ne reprochent pas au gouvernement de ne pas appliquer la loi anti-sifflets mais à ce même gouvernement (ah non c'était le précédent qui n'a rien à voir avec l'actuel) d'avoir fait voter une loi totalement démago et inapplicable de toute manière.

  • Le_footix le 20/11/2007 à 19h11
    Pour faire mon troll sarkosyte primaire, je dirai aussi que si les Français avaient sifflé l'hymne ou insulté le drapeau marocain, on aurait hurlé au racisme et appelé à la tolérance.

  • Vikash Thoracique le 20/11/2007 à 19h19
    Une belle illustration de la loi des rendements décroissants dans les réactions, merci footix.

  • Goalkapeur le 20/11/2007 à 21h24
    Apres la loi des rendements decroissants, la theorie de la relativite:
    lien
    Pour ceux qui auront le courage de lire quelques reactions sur le meme sujet sur le forum France2 football (pas un blog quelconque kikoo lol), c'est impressionant. Donc memesi ca parait candide, merci la redac et les cdfistes pour leur moderation!

    Bref. Supprimer l'hymne serait une (bonne) solution, mais sans doute autre chose serait siffle: l'entree des joueurs, par exemple.
    Ce qui m'etonne finalement c'est de ne pas voir de banderoles revendicatives dans les tribunes, faisant passer le meme message qu'un sifflage d'hymne. On dirait qu'il s'agit presque d'une mode, finalement et malheureusement. L'hymne est un symbole, le siffler aussi, le sifflait-on il y a 30 ans et le sifflera-t-on dans 30 ans? Ou plutot qui le sifflera dans 30 ans? Aujourd'hui les corses, marocains et algerien, demain les bretons, les savoyards, les chinois du FBI?
    A ce propos, je suis totalement inculte, mais les catalans sifflent-ils l'hymne espagnol si l'equipe joue un match a Barcelone? Limite hors-sujet mais regarder ailleurs pourrait apporter un eclairage.

    Cela dit au final l'hymne reste inutile, on sait tous qui joue contre qui, quelles nations sont representees... Par contre pour le coup il est peut-etre "trop tard" pour les supprimer, ce serait percu comme un aveu de faiblesse. Et puis comment convaincre Trinite et Tobago que leur hymne doive etre supprime?

  • Goalkapeur le 20/11/2007 à 21h34
    suppdebastille
    mardi 20 novembre 2007 - 18h33

    Entierement d'accord: la "ligne editoriale" de l'article (de tous d'ailleurs) est resumee d'en l'en-tete de l'article (sans doute y a-t-il un terme technique pour ca, ce doit etre le b.a-ba du journalisme) :

    "Contrairement à France-Algérie 2001, les sifflets contre la Marseillaise, vendredi soir, n'ont pas suscité de tsunami médiatico-politique. Pourquoi une telle différence de traitement? Et à quoi sert donc la loi censée punir sévèrement les siffleurs?"

    La lecture de l'article (surtout sur un tel sujet - a polemique) en gardant ce resume en tete permet de rester dans le ton sur les intention du/de l'/des auteur(s).

    A titre d'exemple quand je lis sur kiple le lien:
    "Equipe de France - Raymond Domenech a réaffirmé mardi qu'il y avait une vraie hiérarchie pour les gardiens. Mickaël Landreau, doublure de Grégory Coupet, garde donc une avance sur Sébastien Frey. "
    je connais la teneur de l'article et je ne clique pas (smiley ris jaune, ca tombe bien les smiley sont souvent jaunes)

  • jeannolfanclub le 21/11/2007 à 09h13

    Le_footix
    mardi 20 novembre 2007 - 19h11
    Pour faire mon troll sarkosyte primaire, je dirai aussi que si les Français avaient sifflé l'hymne ou insulté le drapeau marocain, on aurait hurlé au racisme et appelé à la tolérance.

    Est-ce que les médias ont hurlé au racisme et appelé à la tolérance lorsque le haka a été largement sifflé ?

  • FPZ le 21/11/2007 à 11h33
    Goalkapeur
    mardi 20 novembre 2007 - 21h24
    Apres la loi des rendements decroissants, la theorie de la relativite:
    lien
    ---------------------
    J'ai pas tenu plus de 3 pages. Affligeant.

    Y'a pas de modération sur les forums de France TV ??

  • Lethal Hurlant le 21/11/2007 à 11h48
    jeannolfanclub
    mercredi 21 novembre 2007 - 09h13

    Est-ce que les médias ont hurlé au racisme et appelé à la tolérance lorsque le haka a été largement sifflé ?

    ==========

    Faudrait supprimer le Haka qui a une connotation identitaire plus que forte, des paroles (selon certains spécialistes gutturaux) à faire perdre leurs eaux aux gentilles futures mamans, une gestuelle vindicative et ordurière (ces bras d'honneur ostentatoires sont affligeants), une chorégraphie qui fait passer les TeleTubbies pour des petits rats graciles et lestes et, enfin, dénote d'une prétention sans borne de la part d'une poignée d'aborigènes qui se croient les meilleurs et veulent bouffer tout crus les quinze freluquets d'en-face.

    Au détour du chemin, je pensais, qu'il serait bon, aussi, dans la même veine, de supprimer les différentes couleurs de maillots (nationaux ou club) et ne faire jouer tous les matchs qu'avec une équipe en rouge et une autre en blanc (par exemple).

    Bref, finir par tout ce qui fait la singularité d'un peuple, d'un pays, d'une région ou d'une culture. Lissez-moi tout ça! Les sifflets glisseront dessus.

  • Lethal Hurlant le 21/11/2007 à 11h49
    Il me manque un "bannir", juste au-dessus pour que ma phrase approche de près ou de loin à quelque chose de français.

  • José-Mickaël le 21/11/2007 à 15h48
    Houla, ne confondons pas les Aborigènes et les Maoris ! :-)

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