Le Brésil passe le test
BRÉSIL-TURQUIE : 2-1
Pour une équipe qualifiée in-extremis il y a quelques mois, la performance du Brésil semble plus que satisfaisante. L'arrière-garde a certes montré des signes de fragilité assez évidents (Jesus ne peut pas tout pour Edmilson), mais le milieu et l'attaque ont fait preuve d'une maestria que la Selecao semblait avoir égarée dans des éliminatoires au long cours.
C'est d'abord Ronaldo qui s'en est fait l'apôtre : par bonheur, la scoumoune semble vouloir l'abandonner. Son taux de réussite face au gardien n'est pas vraiment digne de son rang, mais après quatre ans de galère, on ne fera pas la fine bouche, d'autant que son unique but est un modèle d'opportunisme, de sens du placement et de technique en mouvement. Rivaldo a également donné du fil à retordre à la défense turque. C'est lui, qui, de son pied gauche, a adressé un centre magistral à l'attaquant Interiste. Ronaldinho a été un peu moins brillant que ses compatriotes, à l'image de l'irrégularité dont il a fait preuve cette année dans le championnat de France. Denilson, qui a remplacé le petit prodige parisien, s'est rappelé à notre bon souvenir en nous signifiant que lui aussi avait, en son temps, bénéficié du même statut que son prédécesseur sur le terrain. Grosse perf‚ donc, à relativiser au regard de son temps de jeu relativement réduit.
Côté turc, on parlera d'une résistance héroïque et parfois talentueuse. Cette équipe là n'a rien à voir à celle qui avait été humiliée sur son sol par la France il y a quelques mois. Hasan Sas s'est montré particulièrement remuant. Ses prises de balle sont sûres, et sa reprise de volée victorieuse aurait pu sceller le hold-up de son équipe. Sur son but, il a été particulièrement bien servi par Bastürk, auteur d'un match pleinement réussi. Avec un tel meneur de jeu, ses coéquipiers de l'attaque devraient se régaler dans les rencontres contre la Chine et le Costa-Rica, les deux autres formations de ce groupe.
Comment ne pas souligner également l'excellente partie de Rüstü, qui s'est imposé avec brio devant les multiples offensives brésiliennes pendant tout le match. Sa partie aurait été parfaite sans une grossière faute de relance au pied à trois minutes de la fin, qui provoque un penalty qu'il fut ensuite à quelque centimètres de détourner.
Malgré leur bon match, les Turcs ont une fois de plus démontré que le calme n'était pas l'atout principal sur lequel ils doivent compter lors des compétitions internationales. Avec deux exclus, dont l'un pour un jet de ballon sur attaquant adverse dans le temps additionnel, les hommes du Bosphore se privent de deux cadres de l'équipe. Heureusement, ceux-ci devraient pouvoir être libérés pour un huitième de finale qui ne semble pas devoir leur échapper.
Quant aux Brésiliens, ils partent du bon pied. Mais des réglages s'imposent derrière, faute de quoi les hommes de Scolari pourraient vivre de cruelles désillusions contre des équipes d'un autre standing.
Le match a également livré les premières polémiques sur l'arbitrage, et ce sont les Turcs, dont les tendances paranoïaques ne sont plus à démontrer, qui en font malheureusement les frais. Un penalty pour une faute entamée largement en dehors de la surface et un carton bien aidé par une simulation de Rivaldo (dont la cuisse a d'étranges liens nerveux avec la tête) viennent alimenter leur rancœur.