La Gazette : 26e journée
La définition d'un "grand club", des dénonciations, des désillusions, des Lyonnais grands voyageurs et le classement en relief comme juge de paix. Ne demandez pas le programme, consommez-le.
Auteur : Le Feuilleton de la L1
le 16 Fev 2006
Les six premiers – à l'exception de Bordeaux – n'ayant pris qu'un point, ce sont les Girondins qui se grisent du fol espoir de rattraper les Lyonnais (dont le match en retard contre Monaco n'a pas encore de date). Les positions varient peu dans la première moitié du tableau, où le MUC s'immisce toutefois, presque comme un intrus chez les gros poissons, tandis que le Gym prend ses distances avec le menu fretin.
Les Nantais parviennent, avec quatre points en deux matches (dont un en retard), à se cacher dans le ventre mou, laissant Rennes à deux longueurs, tandis que Troyes et Sochaux servent de ligne de mire aux Ajacciens. Le trio de queue grimpe unanimement d'une marche, un pas a priori insuffisant pour nourrir d'ultimes illusions.
Les résultats de la 26e journée
Nantes-Sochaux : 3-1
Bordeaux-Rennes : 2-0
Le Mans-Nice : 2-0
Nancy-Saint-Étienne : 2-0
Strasbourg-Ajaccio : 2-2
Monaco-Troyes : 1-1
Auxerre-Metz : 1-1
Lens-Lyon : 1-1
Lille-PSG : 0-0
Marseille-Toulouse : 0-0
Matches en retard
Saint-Étienne-Nice : 0-1
Nantes-Troyes : 1-1
Qu'est-ce qu'un "grand club" ?
À défaut de faire le spectacle, la Ligue 1 propose parfois des mises en scène surréalistes. Ainsi, avant le match Lille-Paris SG, les journalistes de Canal+ ont-ils interrogé Grégory Tafforeau, vaillant capitaine lillois, pour savoir ce que cela lui faisait de voir ses anciens coéquipiers Stéphane Pichot et Christophe Landrin évoluer désormais dans un "grand club" comme le PSG. Voilà qui a le mérite de préciser le concept de "grand club" tel qu'on le conçoit en France, en particulier chez le diffuseur exclusif du championnat. Passons sur le fait que le LOSC devance actuellement le PSG au classement et que son palmarès compte autant de titres nationaux et presque autant de coupes de France, mais notons quand même qu'au cours des cinq dernières saisons, il a terminé deux fois sur le podium (et donc disputé deux fois la Ligue des champions), contre une seule au club de la capitale.
En clair, un "grand club" en France, c'est un club où de bons joueurs en devenir vont être transférés pour toucher un meilleur salaire, même si c'est pour régresser sur le plan personnel et ne remporter aucun titre...
Stade renié
On se souvient de la fin de saison en forme de sprint final qui avait permis au Stade Rennais, l’an passé, de se qualifier directement pour la Coupe de l’UEFA en terminant quatrième. Une performance rare pour un club abonné au ventre mou du championnat, malgré les millions injectés par François Pinault depuis son arrivée en Bretagne. Avec un effectif quasiment inchangé, les habitués de la Route de Lorient avaient donc de quoi espérer vivre, enfin, une vraie saison de football de haut niveau. Avec, pourquoi pas, une qualification pour la Ligue des champions en fin de saison.
À six point de la troisième place à la trêve, les Rouge et noir étaient pourtant loin des ambitions affichées l’été dernier. Mais tout espoir n’était pas éteint, d’autant qu’une nouvelle accélération, dans la dernière ligne droite, pouvait être envisagée pour un groupe qui avait déjà connu une situation similaire début 2005 (23 points seulement marqués durant les matches aller, contre 26 cette année). Un mois et demi plus tard, plus personne ne se fait désormais d’illusions. Avec six malheureux points glanés en sept rencontres, les hommes de Bölöni ont régressé à la quinzième place. Pénalisés par une défense folklorique – la pire la L1, malgré quelques progrès après deux premiers mois catastrophiques –, ils ne parviennent pas à compenser leurs errements défensifs par la réussite offensive qui avait fait leur force l’an passé. La paire Monterrubio-Frei fait la gueule (surtout le second, qui n’a inscrit que cinq malheureux buts), et la qualité de jeu entraperçue lors de certaines rencontres automnales a laissé place à une résignation groupée…
Des Verts transparents
Au rayon des grosses décotes de ce début d'année, il faut aussi compter les Stéphanois... Depuis la reprise, en dehors d'une victoire réglementaire à Metz et d'un bon nul à Paris (2-2), ils ont pris une claque (4-0) à Sochaux et enregistré une nette défaite à Nancy (2-0), perdu à domicile contre Toulouse et Nice et laissé Troyes obtenir le partage des points à Geoffroy-Guichard, où les Verts n'ont plus gagné depuis... le 22 octobre et le 2-1 face à Marseille. L'équipe de Baup n'a pas pu ou pas su surmonter les absences de ses internationaux africains, et l'excuse de la jeunesse a une nouvelle fois été utile à l'entraîneur. Même si elle pouvait s'appuyer sur un effectif quasiment inchangé par rapport à 2004/2005, sur la confiance et les automatismes accumulés, l'ASSE n'a pas réussi à enclencher le cercle vertueux qui lui aurait permis d'avoir les places européennes ou une finale au Stade de France dans le viseur. Deux éliminations (à chaque fois par le LOSC, à Saint-Étienne!) et cette mauvaise passe hivernale auront eu raison de telles ambitions.
Voilà donc le club ramené au même rang que des équipes auxquelles on n'a jamais tressé de lauriers cette saison – Nantes et Toulouse en l'occurrence... Et comme pour celles-ci, il ne sera désormais plus question que de maintien. Ça tombe bien, c'était l'objectif de départ.
Le coin de la balance
Le président de la Ligue, Frédéric Thiriez a tenu des propos proprement stupéfiants dans L'Équipe du 9 février dernier, assurant que "tous les auteurs de déclarations d'après-match [critiquant les arbitres] sont maintenant sanctionnés". Craignant que la Ligue n'ait pas les moyens de visionner tous les canaux de Foot+, nous tenons donc à lui signaler qu'à l'issue des matches de la 26e journée, MM. Jean-Michel Aulas et Joël Muller ont tenu des propos très sévères à l'encontre des arbitres de leurs rencontres respectives. Nous ne doutons pas que, grâce à nos informations, la Commission de discipline saura les sanctionner comme il se doit. Dans le cas contraire, nous serions dans l'obligation de considérer que M. Thiriez est un Tartufe capable de débiter des énormités à la presse pour se donner bonne conscience quand il évoque la nécessité de redonner de la sérénité aux arbitres.
Maître chez les autres
Si Lyon "écrase le championnat", comme aiment à le rappeler les observateurs, on peut toutefois noter qu’à Gerland, les performances des Gones sont dans la norme de ce que produisent les meilleures équipes de L1 chez elles. Classé seulement sixième de la compétition pour les rencontres disputées à domicile (avec un ou deux matches en moins, certes, mais qui ne changeraient pas fondamentalement la donne), l’OL n'y possède même que la septième différence de buts. Grégory Coupet en a encaissé plus dans son antre que les gardiens d’Ajaccio, Toulouse, ou Nice dans la leur.
En fait, si l’OL domine les débats, c’est principalement parce que les hommes d’Houllier présentent un bilan stupéfiant à l’extérieur. Avec dix points de plus marqués que Bordeaux hors de ses bases, Lyon s’est assuré une avance substantielle qui constitue un confortable matelas de sécurité vis-à-vis de ses "poursuivants". Le nouveau bon point obtenu à Bollaert samedi dernier est d’ailleurs significatif de la volonté des joueurs lyonnais de conserver cette impressionnante série d’invincibilité à l’extérieur. Une défaite à Lens aurait pu donner un signe aux adversaires de l’OL que le quadruple champion de France allait peut-être rentrer dans le rang, et subir une fin de championnat plus rude qu’il n’y croyait, après un mois de janvier moins flamboyant. Sylvain Wiltord s’est chargé de leur prouver que Lyon reste le maître de la L1 à l’extérieur.