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La chasse au Déhu

Les sifflets adressés au capitaine parisien lors de la finale de la Coupe de France ont, sans surprise, été l'occasion d'un festival d'indignation hypocrite.
Auteur : Marcel Offüsk le 31 Mai 2004

 

Il y a un stigmate des sifflets au Stade de France : depuis France-Algérie et Bastia-Lorient, il semble que la société française en général et le monde du football en particulier aiment à se faire des montagnes de la moindre stridulation buccale dans l'enceinte de Saint-Denis, ou en tout cas que chaque manifestation de ce type va donner lieu à des indignations aussi calculées que démesurées. Nous avons donc eu une nouvelle illustration de cette tendance, samedi soir lors de la finale de la Coupe de France, durant laquelle Frédéric Déhu a été conspué par une partie des supporters parisiens. Pour une finale peu spectaculaire, conclue sur un score étriqué et un résultat logique, l'incident était pain béni. Du direct de TF1 au différé des pages de journaux, chacun y donc est allé de sa "fête gâchée", de ses "lamentable" et autre "honteux", autant de figures obligées permettant de faire l'économie de toute nuance et de dramatiser l'événement à peu de frais.

Théorie du sifflage Arrêtons-nous un instant sur la façon dont sont perçus — au propre et au figuré — les sifflets dans un stade. Un constat s'impose: il suffit qu'un spectateur sur cent siffle pour que, stridence oblige, le niveau sonore de cette manifestation soit impressionnant. C'est précisément cette faculté à couvrir les autres expressions qui explique son succès… La façon dont les micros d'ambiance des télévisions la captent est même un facteur plus déterminant que la proportion effective des mécontents. Les médias parachèvent cet effet de grossissement en s'appliquant systématiquement à mettre l'ensemble des spectateurs dans le sac des siffleurs, garantissant ainsi le pouvoir de nuisance de ces derniers. Ainsi, "L'ancien Lensois et Barcelonais s'est fait siffler par tout un stade", dont il a "subi l'injure" peut-on lire dans L'Équipe, qui choisit explicitement de réduire le match à ce seul aspect en titrant sur toute la largeur de sa Une "La coupe à la grimace". Les supporters parisiens qui se sont refusés à se joindre à l'opprobre, ou qui ont applaudi leur capitaine, sont tout simplement privés d'existence…



Projet de statue pour le rond-point de la Porte de Saint-Cloud.

Le bal des faux-culs et des vierges effarouchées
Il faut également aux médias une bonne dose d'hypocrisie pour stigmatiser l'attitude des supporters s'agissant d'une rivalité Paris-Marseille qu'ils ont contribué à créer (1) et dont ils continuent de faire leur beurre à chaque nouvelle confrontation. En réalité, la réaction de cette frange de supporters — qu'elle soit majoritaire ou minoritaire — n'acceptant pas un transfert à l'OM est tout sauf surprenante, même si elle est effectivement triste, bête et injuste pour le principal intéressé. Il y a quelques semaines, Christophe Bouchet déclarait qu'aucun joueur emblématique n'était passé de l'OM au PSG ou inversement, déclassant ainsi une kyrielle de seconds couteaux comme Laurent Fournier, Bruno Germain, Xavier Gravelaine, Stéphane Dalmat, Peter Luccin, Djamel Belmadi, Jérôme Alonzo ou Jérôme Leroy.
Emblématique, Déhu l'a été cette saison pour le Paris Saint-Germain dont il a été l'excellent capitaine, au prix d'un replacement en défense centrale qu'il a par ailleurs eu du mal à accepter (2). En choisissant de rejoindre un OM qui lui fait de meilleures conditions financières (encore faudrait-il que cette information soit confirmée), il devrait savoir qu'il compromet forcément ce statut chez les plus radicaux des supporters parisiens. Il peut même redouter que l'accueil du Vélodrome ne soit pas, au moins dans un premier temps, des plus chaleureux…

Dans un autre contexte, Christian Karembeu avait lui aussi été victime des sifflets et déjà, le chœur des journalistes avait joué l'incompréhension et les vierges effarouchées, allant chercher toutes sortes d'explications saugrenues (ses prises de position contre le nucléaire ou en faveur du peuple Kanak, les jalousies suscitées par sa compagne) en faisant mine d'ignorer la bonne: à tort ou à raison, le niveau du joueur était considéré comme insuffisant pour l'équipe de France.


La loi du genre
En filigrane, il y a également dans ces "condamnations unanimes" l'idée que les supporters parisiens seraient plus cons que les autres, et que l'incident en rejoindrait d'autres, comme celui des "célébrations" lamentables de la Coupe des coupes 1996, pourtant autrement plus graves. Ils ont, il est vrai, une extraordinaire propension à donner le bâton pour se faire battre et parachever leur image de public le plus bête de France. Mais en l'occurrence, on voit mal la spécificité de leur attitude: le "partisanisme" footballistique engendre inévitablement de telles réactions. Il faut certes le déplorer, mais faire mine de s'en étonner en jouant les père-la-morale relève soit de la niaiserie, soit de la mauvaise foi. Imagine-t-on des réactions foncièrement différentes dans d'autres clubs dont le capitaine partirait pour le rival historique? N'y a-t-il pas déjà suffisamment d'exemples en France et ailleurs pour répondre sans l'ombre d'un doute à cette interrogation?

C'est la loi du genre, un mauvais genre s'il en est, qui conduit certains à siffler leurs joueurs et à gâcher leur propre plaisir dans des circonstances aussi inadéquates qu'un premier titre parisien depuis six ans. Pour éradiquer l'intolérance en vigueur dans les tribunes — si tant est qu'il existe des Don Quichotte pour accepter une telle mission —, il faudra autre chose que des réprobations convenues…


Cruelle petite histoire

L'épisode témoigne surtout de la cruauté et du cynisme ambiant des rapports professionnels dans le football d'aujourd'hui, où les joueurs comme les clubs laissent de côté toute considération par trop sentimentale dès lors qu'il s'agit de négocier des contrats. Il s'inscrit aussi dans un contexte de crise économique qui met les clubs dans l'obligation de programmer la réduction de leur masse salariale et de baisser d'un cran les émoluments consentis jusqu'alors à leurs meilleurs joueurs. On voit dans toute l'Europe les difficultés et les conflits que suscite cette politique (avec des clash au Bayern, à la Juventus…) chez des joueurs qui s'accrochent naturellement à leurs acquis. Les intérêts du club et du joueur n'étaient de toute évidence pas compatibles, il est donc bien difficile d'émettre des jugements moraux sur l'attitude de l'une ou l'autre des parties, voire sur celle des supporters: toutes obéissent à leur propre logique.

Ensuite, cet épisode a aussi été un moment d'émotion, fut-il tragi-comique, avec le soutien du capitaine par ses joueurs, avec son retour sur la pelouse, les images de ses yeux rougis, de son refus de lever la coupe comme il est d'usage ou de sa façon de retirer sa médaille. Il a permis de raconter une de ces histoires qui font le sel du football, pour le meilleur et pour le pire. Frédéric Déhu a un peu péché par naïveté s'il croyait d'abord que ses négociations avec les dirigeants marseillais ne filtreraient pas dans la presse, et s'il s'imaginait ensuite qu'elles n'ulcèreraient pas une grande partie des supporters. Il aurait pu opter pour la posture consistant à garder jusqu'au bout la tête haute sous un prévisible affront, il s'est abandonné à des larmes tout aussi dignes de respect, qui montrent cependant que les footballeurs sont décidément de grands enfants qui délèguent leurs responsabilités d'adultes à leurs agents.

Il y en a un, en revanche, qui a su éviter les sifflets en arrivant en tribune avec un quart d'heure de retard, comme il en a courageusement pris l'habitude depuis son départ fracassant de la tribune présidentielle lors de l'édition 2002. Mais Jacques Chirac n'est le capitaine de rien.


Sur le plateau de Téléfoot, Vahid Halilhodzic a montré que parfois, il n'y a pas loin de la coupe aux lèvres.

(1) "OM-PSG, PSG-OM, les meilleurs ennemis, enquête sur une rivalité" de Jean-François Pérès et Daniel Riolo, Mango Sports.
(2) On a cru comprendre, au détour d'une interview de son coéquipier Bernard Mendy, que l'OM exaucerait son vœu de retrouver le milieu de terrain.

Réactions

  • delfarilie le 01/06/2004 à 11h19
    Moi, je trouve pas qu'il ait été médiocre les années précédentes, le Déhu…
    Quant aux autres arguments, que ce soit annoncer longtemps à l'avance son départ ou filer à l'anglaise, on en revient à la com'. Si le fric est un élément déclencheur, on peut supposer qu'il y a eu négociation, discussions… Généralement, ils attaquent le sujet dès le milieu de l'année. Et je ne pense pas que l'OM se soit pointé la semaine dernière avec un contrat tout prêt sans en avoir parlé à qui que ce soit avant. Ca fait des semaines (voire des mois) que tout se fait discrètement. On en arrive donc à la question : pourquoi cette fin pourrie ? Tout a été négocié en silence, est-ce ça que l'on reproche ? Car que se serait-il passé si Déhu avait confirmé (ou annoncé lui-même) son départ à l'OM avant la finale ? Pareil, bien sûr. Et s'il avait annoncé il y a des mois (au début des négociations avec Graille) qu'il voulait changer d'air, il n'aurait été sifflé que plus tôt.
    Mais sans aller jusqu'à lui reprocher son départ, je le regrette aussi, comme tout supporter parisien. (mais bon, je vais même jusqu'à redouter un départ éventuel de Letizi, c'est tout dire…). Et c'est vrai que s'il part uniquement pour le pognon, c'est plutôt minable. Mais bon, on ne sait jamais, il y a peut-être une belle raison planquée dessous et qu'il n'ose pas avouer (et le monde est beau, c'est bien connu).

  • magicfiofio le 01/06/2004 à 11h28
    Sur l'affaire Dehu, ce que je trouve rigolo, c'est que ce joueur se conduit comme un vulgaire mercenaire en signant où on lui propose le plus d'argent ( ce qui est bien entendu son droit ) et s'attend à ce qu'on le considère comme un héros.

    Les sifflets ne sont ni une agression ni un acte de violence, c'est juste l'expression de la déception des supporters envers un joueur qui a toujours joué le grand numéro de l'amour du maillot et qui a finalement signé chez le grand rival pour quelques euros de plus.

    Pour moi ces sifflets ne sont en rien choquant, ce sont les larmes de Dehu qui sont grotesques.

    J'ajouterais puisque moi j'étais au stade de France, que dans les réactions des supporters parisiens les sifflets étaient anecdotiques, les supporters ont surtout fêté le titre et se sont même montrés moins cons que d'habitude en applaudissant chaleureusement l'adversaire au moment de la remise des médailles.

  • fr@n le 01/06/2004 à 11h31
    Eh béh!! Pas de 'ternet chez moi ce WE donc j'vais pas vu l'article et les réactions. Je vais pas rentrer dans la polémique "pour ou contre Déhu" "méchants ou gentils sifflets" "supporters idiots et inutiles ou derniers ramparts contre la disparition des valeurs historiques du foot" etc.

    Je veux juste replacer les choses un peu dans leur contexte.

    J'étais au stade samedi. Lors de la présentation des équipes j'ai entendu des sifflets à l'annonce du nom du capitaine (assez nombreux). A la fin du match il y en a encore eu lorsqu'il a été proté en triomphe par ses coéquipiers (mais déjà moins j'ai trouvé). A ce moment ceux (dont je suis) qui comprenaient ces sifflets mais les touvaient exagérés ont réagis. Lorsque Déhu est reviendu avec tous ses amis il a eu droit a une vrai ovation (dont on ne parle nulle part ni dans les journaux, ni dans les réactions à l'article des CdF il me semble). De même vers 2h du matin à l'hotel de ville, plusieurs centaines de partisans du PSG ont de nouveau acclamé leur capitaine.

    Voila. Moi ce que je retiens de positif dans l'article des CdF ce n'est pas la partie sur la justification des sifflets. C'est simplement le fait que c'est le seul écrit concernant ce match qui rappelait que au fond le joueur a été majoritairement acclamé et que les accusations globalisant l'ensemble des "supportres" (j'adors quand l'équipe met des guillemets à ce mot... elles font toute la différences et résument à elles seules et de manière tacite tout un argumentaire entre vrai et faux supp qui mériterait un numéo entier du quotidien sportif national... magique non?!) parisiens sont un peu exagérées.

  • fr@n le 01/06/2004 à 11h32
    Merde! J'm'a fé doublé par magicfiofio!!! Et c'est vrai que tout le monde a applaudi les castelroussins.

  • Queribus le 01/06/2004 à 11h36
    fran et magicfiofio, Merci ! Vous me faites couler une larme de bonheur sur la joue gauche !

  • delfarilie le 01/06/2004 à 11h36
    Tiens, à propos de Fiofio… Je l'ai pas rêvé, le "Fiorèse, on t'enc…", alors qu'il incitait les supps à applaudir Déhu ? Au moins, il sait que les passes décisives et tout son boulot de cette année, il l'a fait pour son club, il a vu comment les supps l'appréciaient… (oui, je sais, je généralise trop…)


  • marco348 le 01/06/2004 à 12h02
    pas entendu ça. Par contre j'ai clairement entendu des 'marseille on t'enc*** au moment où Déhu était porté par ses coéquipiers. Et c'est d'ailleurs plus logique, non ?

  • Queribus le 01/06/2004 à 12h03
    Delfarilie, je crois pas que tu généralises, je crois surtout que tu y vois un fantasme, une hallucination ou une affabulation....

  • Zubizarrêtepas le 01/06/2004 à 12h15
    Ce qui m'a marqué dans cet épisode, il faut bien le dire, le plus intéressant de cette finale, après le but, c'est la superbe récupération de nos compères TFistes Jean-Pipi et Jean-Mimi : l'un deux, Jean-Mimi, je crois, allant jusqu'à qualifier tout ça d' "effrayant" !
    C'est quoi, Jean-mimi, ce qui se passe en Irak, alors ?

  • delfarilie le 01/06/2004 à 12h45
    Quitte à choisir, j'opte pour l'hallucination. Pour le fantasme, je laisse la place…
    Peut-être ai-je été abusé par la tête de Fiorèse qui avait l'air de mal le prendre.
    Mais c'est pas sympa, pour une fois que je le défendais… Allez, bénéfice du doute accordé.

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