Seuls 36% des internautes parviennent à saisir leur e-mail / password du premier coup. En feras-tu partie ? Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

La chasse au Déhu

Les sifflets adressés au capitaine parisien lors de la finale de la Coupe de France ont, sans surprise, été l'occasion d'un festival d'indignation hypocrite.
Auteur : Marcel Offüsk le 31 Mai 2004

 

Il y a un stigmate des sifflets au Stade de France : depuis France-Algérie et Bastia-Lorient, il semble que la société française en général et le monde du football en particulier aiment à se faire des montagnes de la moindre stridulation buccale dans l'enceinte de Saint-Denis, ou en tout cas que chaque manifestation de ce type va donner lieu à des indignations aussi calculées que démesurées. Nous avons donc eu une nouvelle illustration de cette tendance, samedi soir lors de la finale de la Coupe de France, durant laquelle Frédéric Déhu a été conspué par une partie des supporters parisiens. Pour une finale peu spectaculaire, conclue sur un score étriqué et un résultat logique, l'incident était pain béni. Du direct de TF1 au différé des pages de journaux, chacun y donc est allé de sa "fête gâchée", de ses "lamentable" et autre "honteux", autant de figures obligées permettant de faire l'économie de toute nuance et de dramatiser l'événement à peu de frais.

Théorie du sifflage Arrêtons-nous un instant sur la façon dont sont perçus — au propre et au figuré — les sifflets dans un stade. Un constat s'impose: il suffit qu'un spectateur sur cent siffle pour que, stridence oblige, le niveau sonore de cette manifestation soit impressionnant. C'est précisément cette faculté à couvrir les autres expressions qui explique son succès… La façon dont les micros d'ambiance des télévisions la captent est même un facteur plus déterminant que la proportion effective des mécontents. Les médias parachèvent cet effet de grossissement en s'appliquant systématiquement à mettre l'ensemble des spectateurs dans le sac des siffleurs, garantissant ainsi le pouvoir de nuisance de ces derniers. Ainsi, "L'ancien Lensois et Barcelonais s'est fait siffler par tout un stade", dont il a "subi l'injure" peut-on lire dans L'Équipe, qui choisit explicitement de réduire le match à ce seul aspect en titrant sur toute la largeur de sa Une "La coupe à la grimace". Les supporters parisiens qui se sont refusés à se joindre à l'opprobre, ou qui ont applaudi leur capitaine, sont tout simplement privés d'existence…



Projet de statue pour le rond-point de la Porte de Saint-Cloud.

Le bal des faux-culs et des vierges effarouchées
Il faut également aux médias une bonne dose d'hypocrisie pour stigmatiser l'attitude des supporters s'agissant d'une rivalité Paris-Marseille qu'ils ont contribué à créer (1) et dont ils continuent de faire leur beurre à chaque nouvelle confrontation. En réalité, la réaction de cette frange de supporters — qu'elle soit majoritaire ou minoritaire — n'acceptant pas un transfert à l'OM est tout sauf surprenante, même si elle est effectivement triste, bête et injuste pour le principal intéressé. Il y a quelques semaines, Christophe Bouchet déclarait qu'aucun joueur emblématique n'était passé de l'OM au PSG ou inversement, déclassant ainsi une kyrielle de seconds couteaux comme Laurent Fournier, Bruno Germain, Xavier Gravelaine, Stéphane Dalmat, Peter Luccin, Djamel Belmadi, Jérôme Alonzo ou Jérôme Leroy.
Emblématique, Déhu l'a été cette saison pour le Paris Saint-Germain dont il a été l'excellent capitaine, au prix d'un replacement en défense centrale qu'il a par ailleurs eu du mal à accepter (2). En choisissant de rejoindre un OM qui lui fait de meilleures conditions financières (encore faudrait-il que cette information soit confirmée), il devrait savoir qu'il compromet forcément ce statut chez les plus radicaux des supporters parisiens. Il peut même redouter que l'accueil du Vélodrome ne soit pas, au moins dans un premier temps, des plus chaleureux…

Dans un autre contexte, Christian Karembeu avait lui aussi été victime des sifflets et déjà, le chœur des journalistes avait joué l'incompréhension et les vierges effarouchées, allant chercher toutes sortes d'explications saugrenues (ses prises de position contre le nucléaire ou en faveur du peuple Kanak, les jalousies suscitées par sa compagne) en faisant mine d'ignorer la bonne: à tort ou à raison, le niveau du joueur était considéré comme insuffisant pour l'équipe de France.


La loi du genre
En filigrane, il y a également dans ces "condamnations unanimes" l'idée que les supporters parisiens seraient plus cons que les autres, et que l'incident en rejoindrait d'autres, comme celui des "célébrations" lamentables de la Coupe des coupes 1996, pourtant autrement plus graves. Ils ont, il est vrai, une extraordinaire propension à donner le bâton pour se faire battre et parachever leur image de public le plus bête de France. Mais en l'occurrence, on voit mal la spécificité de leur attitude: le "partisanisme" footballistique engendre inévitablement de telles réactions. Il faut certes le déplorer, mais faire mine de s'en étonner en jouant les père-la-morale relève soit de la niaiserie, soit de la mauvaise foi. Imagine-t-on des réactions foncièrement différentes dans d'autres clubs dont le capitaine partirait pour le rival historique? N'y a-t-il pas déjà suffisamment d'exemples en France et ailleurs pour répondre sans l'ombre d'un doute à cette interrogation?

C'est la loi du genre, un mauvais genre s'il en est, qui conduit certains à siffler leurs joueurs et à gâcher leur propre plaisir dans des circonstances aussi inadéquates qu'un premier titre parisien depuis six ans. Pour éradiquer l'intolérance en vigueur dans les tribunes — si tant est qu'il existe des Don Quichotte pour accepter une telle mission —, il faudra autre chose que des réprobations convenues…


Cruelle petite histoire

L'épisode témoigne surtout de la cruauté et du cynisme ambiant des rapports professionnels dans le football d'aujourd'hui, où les joueurs comme les clubs laissent de côté toute considération par trop sentimentale dès lors qu'il s'agit de négocier des contrats. Il s'inscrit aussi dans un contexte de crise économique qui met les clubs dans l'obligation de programmer la réduction de leur masse salariale et de baisser d'un cran les émoluments consentis jusqu'alors à leurs meilleurs joueurs. On voit dans toute l'Europe les difficultés et les conflits que suscite cette politique (avec des clash au Bayern, à la Juventus…) chez des joueurs qui s'accrochent naturellement à leurs acquis. Les intérêts du club et du joueur n'étaient de toute évidence pas compatibles, il est donc bien difficile d'émettre des jugements moraux sur l'attitude de l'une ou l'autre des parties, voire sur celle des supporters: toutes obéissent à leur propre logique.

Ensuite, cet épisode a aussi été un moment d'émotion, fut-il tragi-comique, avec le soutien du capitaine par ses joueurs, avec son retour sur la pelouse, les images de ses yeux rougis, de son refus de lever la coupe comme il est d'usage ou de sa façon de retirer sa médaille. Il a permis de raconter une de ces histoires qui font le sel du football, pour le meilleur et pour le pire. Frédéric Déhu a un peu péché par naïveté s'il croyait d'abord que ses négociations avec les dirigeants marseillais ne filtreraient pas dans la presse, et s'il s'imaginait ensuite qu'elles n'ulcèreraient pas une grande partie des supporters. Il aurait pu opter pour la posture consistant à garder jusqu'au bout la tête haute sous un prévisible affront, il s'est abandonné à des larmes tout aussi dignes de respect, qui montrent cependant que les footballeurs sont décidément de grands enfants qui délèguent leurs responsabilités d'adultes à leurs agents.

Il y en a un, en revanche, qui a su éviter les sifflets en arrivant en tribune avec un quart d'heure de retard, comme il en a courageusement pris l'habitude depuis son départ fracassant de la tribune présidentielle lors de l'édition 2002. Mais Jacques Chirac n'est le capitaine de rien.


Sur le plateau de Téléfoot, Vahid Halilhodzic a montré que parfois, il n'y a pas loin de la coupe aux lèvres.

(1) "OM-PSG, PSG-OM, les meilleurs ennemis, enquête sur une rivalité" de Jean-François Pérès et Daniel Riolo, Mango Sports.
(2) On a cru comprendre, au détour d'une interview de son coéquipier Bernard Mendy, que l'OM exaucerait son vœu de retrouver le milieu de terrain.

Réactions

  • Loul le 01/06/2004 à 20h22
    Horreur !
    Le capitaine du PSG a été sifflé par SES PROPRES SUPPORTERS lors de la finale de la Coupe de France au Stade de France.

    Pourquoi ? Parce qu'il semble bien qu'il ira rejoindre les rangs de l'Olympique de Marseille la saison prochaine.

    L'OM / Le PSG, la rivalité la plus forte et la plus théâtralisée du football Français depuis environ 15 ans.
    Le clivage entre ces deux clubs s'est institué comme un des facteurs d'animation traditionnels de notre championnat. L'émulation instituée entre ces deux clubs anime fortement les discussions entre les supporters olympiens ou pariso-saint-germanois mais a tellement été développée qu'elle trouve écho chez ceux qui ne suivent pas directement ces équipes.

    Chacune de leurs rencontres fait saliver tous les journalistes sportifs de France longtemps avant chaque match.
    Canal + le plus gros financier du football français (et un de ses principaux diffuseurs) sort à ces occasions l'artillerie lourde et matraque à tout va pour bien rappeler à toute la France que LE match, LE CHOC tant attendu aura lieu à telle date. C'est à n'en pas douter le produit phare du championnat de France.

    A chaque fois l'événement permet même au football de sortir du ghetto de la presse sportive pour se voir accorder une visibilité intéressante au travers des médias généralistes (presse/radio/télévision)

    Monsieur Déhu, joueur natif de la région de son club, enfin performant cette saison sur le terrain, capitaine prévenant vis-à-vis des supporters qui n'a jamais manqué une occasion de les saluer, tant de fois acclamé et soutenu, Monsieur Déhu donc, en ne démentant aucune des rumeurs pressantes, laisse supposer qu'il ira bien rejoindre l'équipe de la cité phocéenne la saison prochaine.
    Il changerait de camps, sautant allégrement un fossé si difficilement creusé, menaçant une polarisation si patiemment établie.

    Imaginez donc un monde ou les fans de l'OM adoreraient tous le PSG et réciproquement. Pire ! Imaginez un monde où régnerait une totale indifférence entre les différents clubs et les différents supporters.
    Dans ce football aseptisé non seulement on se ferait bien ch*er, mais on aurait perdu cette passion qui l'entoure et fait de quelque chose de si superflu mais tellement attachant.
    Les stades seraient vides, les tirages de la presse sportive en chute libre et les cahiers du football disparus.

    Le désormais ex-capitaine du PSG fait donc bien plus que de menacer ce produit d'appel qui constitue un pan entier de l'économie du football français (et subséquemment nombre d'emplois), il met en péril le football tout court et tous les milliers (millions ?) d'emplois qu'il représente dans le monde.

    Tout cela pourquoi ? Pour son simple petit profit personnel !!

    Quel égoïsme aveugle !
    Face à un tel comportement TOUT le stade aurait dû le siffler y compris le président de la République.

    Les fans de l'OM (à jamais les premiers grâce leur en soit rendue) avaient eu il y a deux ans la lucidité d'infliger pareil traitement à Andre Luiz lorsqu'il se décida à mener le chemin opposé.
    ( lien )

    Félicitons donc les supporters du PSG qui les rejoignent au tableau du mérite citoyen.
    Messieurs bravo !

  • ouais.super le 01/06/2004 à 21h56
    Lol !! :-)
    Le plus beau troll du fil ! Joli travail !

  • Moser le 01/06/2004 à 23h11
    j'ai lu 7 pages et j'ai craqué. :-)

    Juste pour dire : je ne sais pas le pourcentage de siffleurs parmi les supp mais je me dis comme ça en passant, que passer sa soirée, focalisé sur dehu et le siffler dès qu'il touche la balle, alors que son club chéri, au sortir d'une très belle saison, se bat sur le terrain pour remporter un beau trophée qui terminera cette saison en apothéose alors je dis : c'est vraiment trop con. :-))

  • inavigli le 02/06/2004 à 00h18
    delfarilie - mardi 1 juin 2004 - 18h15
    1000 témoins ! Elles sont publiques, les visites médicales ? J'en connais une qui doit être impatiente d'assister à celle d'Heinze dans son futur club… Même avec 1000 concurrentes !

    ne joue pas sur les mots, il s'est pas rendu a marseille par les egouts, c'est evident que beaucoup de gens l'on lien qu'on vienne pas me casser les c... apres sur les boites qui demenagent en asie ou en afrique apres tout, puisque seul l'interet financier compte...

  • suppdebastille le 02/06/2004 à 00h19
    Moser pour conclure sur cette histoire, moi qui était au sdf je ne connais pas non plus le pourcentage des siffleurs mais ce qui est sur, c'est que Déhu a été nettement sifflé à la présentation des équipes et à la remise du trophée mais très peu voire pas du tout pendant le match quand il touchait le ballon.

  • Moser le 02/06/2004 à 07h51
    Supp,

    Tu m'en vois ravi puisque je n'ai pas vu le match mais lu à peu près partout qu'il avait été sifflé durant tout le match ????

    On m'aurait donc menti ?

  • jeannolfanclub le 02/06/2004 à 08h56
    J'aime beaucoup les exemples sur le modèle anglais que j'ai pu lire ici et là sur les forums. Les anglais sont loins d'avoir un comportement parfait et il ne doit pas être difficile de trouver un joueur de sa propre équipe sifflé par ses supporters. Quand on sait que rien que cette saison, Alan Smith se balade avec un garde du corps depuis qu'il a été transféré chez l'ennemi, que Houillier a reçu des menaces de mort émanant de ses propres supporters, on se dit que les sifflets pour Dehu sont une aimable plaisanterie. Moi aussi j'aime bien les belles histoires relayées par l'équipe du dimanche et Téléfoot, mais il faut quand même creuser un petit peu pour voir que ce n'est pas si rose.

  • suppdebastille le 02/06/2004 à 09h36
    Et voila que le "Canard enchainé " pompe les titres des articles des cdf.

  • Dero le 02/06/2004 à 09h46
    Supp, je peux confirmer ce que tu dis (du stade, on n'a que très peu entendu de sifflets pendant le match), mais j'ai revu des images TV, et on a l'impression que tout le virage siffle.
    Je pense que la vérité est entre les deux, et que, quand même, pour faire cet effet à la TV, il devait y avoir un paquet de siffleurs.

  • robin_wood le 02/06/2004 à 11h55
    Fil vraiment interessant, je suis fier de soutenir la meme equipe que Peter l'elephant, meme si contrairement a lui je SAIS bien moi que ce que je fais (ecouter le match sur Europe 1 ou France Inter, ...) aura une influence directe sur les resultats de mon equipe

    Mais treve de disgretions.

    Le paradoxe des larmes de Dehu est qu'il est apparu humain alors qu'il lui est reproche d'etre un cynique coureur de cachets. Je ne sais plus ou j'ai lu que les joueurs deleguent leurs responsabilites d'adulte a leurs agents, mais ca m'a semble intelligent comme remarque. Braves joueurs qui achetent a leur agent le droit de rester en enfance !

    Pour moi, le vrai scandale du traitement mediatique de cette histoire est que plus personne ne parle des castelrousains, qui pourtant ont du verser bien plus de larmes que Dehu samedi soir.

    Mais bon, la rivalite Paris-Marseille est sans doute plus interessante. Pour qui au fait?

La revue des Cahiers du football